Reddition
massives : AQMI se vide de ses kamikazes endoctrinés
Une
trentaine de jeunes mauritaniens, ex membres d'Al-Qaïda au Sahel, se
sont rendus dimanche et lundi derniers aux mains de l'armée
nationale.Les redditions au sein des rangs d’Aqmi deviennent de
plus en plus collectives et massives ces temps-ci, encouragées par
la politique de clémence affichée par les autorités de Nouakchott
et leur ferme volonté d’apporter le soutien moral et matériel à
tout salafiste qui claque les portes de l’organisation terroriste,
se repenti et rejoigne le pays.Ces désertions devenues intensives
avaient commencé il y quelques jours avec la reddition de Ould
Weiss, suivi de 5 autres ex-salafistes, qui avaient réussi à
échapper à la mainmise d’Aqmi et à regagner le pays. En
effet, rien n’interdisait plus le retour à Nouakchott, après
cette décision prise par le pouvoir d’encourager les désertions
dans les rangs de cette organisation responsable de rapts
d'étrangers, dont cinq Français. La fuite de ces jeunes
combattants, depuis le début du mois, hors des camps dans le Sahara
d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a été annoncée dimanche
dernier par des sources militaires et indépendantes, dans le nord du
Mali et à Nouakchott. "Les 28 sont toujours aux mains de
l'armée et n'ont pas encore été transférés à la police pour
enquête et décision à prendre à leur encontre", a assuré,
hier, une source sécuritaire à Nouakchott. Ils sont en route vers
la Mauritanie, selon une source militaire mauritanienne dans le nord
du Mali. "Ils ont été endoctrinés", a expliqué par
téléphone à un officier mauritanien, sur le terrain. "On leur
a mis dans la tête que mourir, c’est aller au paradis". Début
novembre, des sources militaires avaient déjà annoncé la désertion
d'Aqmi de six Mauritaniens, des hommes "très jeunes" parmi
lesquels figureraient des adolescents âgés de seulement 14 ans. Le
2 novembre, un adolescent, Ahmed Ould Weiss, avait été présenté
comme le premier jeune à avoir fui Aqmi. Il avait fait ensuite une
déclaration à la télévision nationale, accusant cette
organisation de "faire des choses contraires à l'Islam". Ces
désertions interviennent alors qu'Aqmi --qui détient cinq otages
français enlevée à la mi-septembre au Niger-- a récemment lié
ses exigences à celles d'Oussama ben Laden, le chef d'Al-Qaïda. Le
chef d'Aqmi, l'Algérien Abdelmalek Droukdel, a exigé notamment que
Paris retire ses troupes d'Afghanistan, pour élargir ses
prisonniers. Pour contrer les agissements de cette organisation, le
gouvernement mauritanien a promulgué en juin une loi qui offre aux
extrémistes qui se rendent aux autorités "avant leur
arrestation" des conditions spéciales pouvant aller jusqu'à
leur mise en liberté sous contrôle. Commentant les récentes
désertions, un Malien impliqué par le passé dans plusieurs
médiations pour la libération d’otages européens, a estimé que
les jeunes gens rentrent chez eux "parce qu’ils constatent
qu’ils ont été mis sur le mauvais chemin. Leur vie dans les
camps, c’est le Coran, les corvées, l’entraînement militaire,
la discipline, rien d’autre". Un membre d'une ONG étrangère
travaillant à la frontière entre Mali et Mauritanie va jusqu'à
décrire la "technique de fuite" de ces jeunes: "certains
feignent d'être malades ou même les mourants et sont abandonnés
par Aqmi; d’autres fuient dès qu’ils s’éloignent des bases
pour les corvées d’eau". Pour susciter ces désertions,
l'armée mauritanienne aurait infiltré ou fait infiltrer les camps
d’Aqmi, selon des sources sécuritaires. Et globalement,
l'offensive lancée le 17 septembre par l'armée mauritanienne dans
la région malienne de Tombouctou (900 km au nord-est de Bamako)
aurait aussi changé la donne. Pour
le journaliste Mohamed Fall Ould Oumère, du quotidien La Tribune,
"la présence militaire mauritanienne dans le nord du Mali et
les patrouilles mixtes avec l'armée malienne ont perturbé le
trafic, coupé les voies des échanges et rompu la +normalité+ qui
s'offrait à Aqmi parmi les populations locales. L’organisation
terroriste a dû céder, abandonnant les plus fragiles, et ses
dirigeants s'en tiennent désormais à leur propre sécurité".
LE
RÉNOVATEUR
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