UNION DES FORCES
DE PROGRES (UFP)
Souveraine
gabegie
Sommaire
La
présente note, intitulée « Souveraine gabegie », est relative à
la gestion par le pouvoir des grandes Entreprises Publiques en
particulier, et des finances publiques en général.
Elle
rappelle tout d’abord la tendance du gouvernement d’Ould Abdoul
Aziz à ne pas respecter la réglementation en matière de dépenses
publiques. Tendance qui s’explique par « l’origine putschiste »
du pouvoir actuel. Quelques exemples : le sort réservé aux 50
millions de $ octroyés par l’Arabie Saoudite et dépensés sans
avoir été soumis au parlement ; les 9 milliards engagés dans le
cadre de la dernière opération d’urgence sans que soit
préalablement pris le décret d’avance les
programmant.
S’agissant de la gestion des Entreprises
Publiques, le document révèle que trois d’entre elles (SOMELEC,
SNDE, SOMAGAZ) croupissent sous une dette colossale des banques
privées (55 milliards) consentie sous forme de découverts avec des
intérêts de 25%, situation qui profiterait à « 4 ou 5 hommes
d’affaires et banquiers mauritaniens qui se verraient offrir
l’équivalant de 10 fois le budget alloué aux projets prioritaires
de lutte contre la pauvreté et destiné à un million quatre cent
mille (1 400 000) Mauritaniens vivant dans l’extrême pauvreté :
le tout, en dormant sur leurs deux oreilles et sur le dos du
contribuable ».
La note cite une étude réalisée sur
financement de l’Agence Française de Développement, selon
laquelle la situation de la SOMELEC serait catastrophique et donc
révélatrice de cette politique démagogique, dans la mesure où la
charge financière de cette société pour 2010 s’élève à « 15%
du chiffre d’affaires, plus que la charge du personnel 12%, mettant
la SOMELEC en situation de quasi-faillite ».
Le document
précise en outre que le pouvoir, non seulement gère mal les
Entreprises existantes, mais continue d’en créer de nouvelles «
qui sont autant de gouffres financiers ». Il cite à ce propos la
création de deux Entreprises nouvelles : Maurtanian Airlines et la
Société de Transport Public, la STP, et se pose la question de
savoir « à quoi rime cette obsession des autorités à créer des
Sociétés Publiques ? ». Réponse : la volonté du pouvoir de
régler des comptes avec des hommes privés à la fidélité
politique douteuse ou encore plus « simplement de mettre la main sur
toutes les ressources de l’Etat à travers des Entreprises
Publiques aussi déficitaires et inopportunes qu’elles soient, mais
qui sont autant de sangsues permettant de ponctionner les maigres
ressources du trésor public ».
En conclusion, l’UFP
suggère la création de Commissions parlementaire sous le haut
patronage du Président du Sénat, du Président de l’Assemblée
Nationale, du Premier Ministre et du leader principal de
l’Opposition. Leurs missions:
Commission 1 - Etablir la
situation exhaustive des engagements des entreprises publiques et
clarifier les conditions d’attribution des marchés
publics.
Commission 2 - Réaliser l’audit des comptes du
trésor public et établir la situation d’exécution du budget de
l’Etat en recettes et en dépenses sur les trois dernières
années
Commission 3 -Etablir la situation exhaustive des
engagements hors budget de l’Etat. Introduction
Bien
gérer les Entreprises Publiques est une condition nécessaire de la
bonne santé de ces entités dont l'existence et la pérennité sont
importantes pour la fourniture de biens et services aux citoyens, en
particulier les plus démunis.
Au lieu de s'atteler à cette
tâche, le pouvoir en place s'est évertué, par une gestion
calamiteuse et irresponsable, à enfoncer les Entreprises Publiques
les plus importantes au plan social (SOMELEC, SNDE, SOMAGAZ, ....)
dans une situation financière catastrophique qui, si elle
continuait, conduirait fatalement à leur faillite, privant ainsi le
citoyen de services et produits de base essentiels.
Au lieu de
sauvegarder la pérennité de ces Entreprises, de concevoir et mettre
en œuvre des politiques pour la fourniture des services et produits
de base aux citoyens à des conditions accessibles, le pouvoir s'est
lancé tous azimuts dans la création de nouvelles entreprises, sans
étude préalable et avec un grand tapage médiatique et démagogique
vantant sa prétendue volonté de créer des entités au service des
plus démunis. Et ce, au moment où l'on a purement et simplement
abandonné la SONIMEX, laissant ainsi le champ libre à des monopoles
privés de fait, régnant sans partage sur le marché de denrées de
première nécessité avec les conséquences que l'on sait en matière
de montée vertigineuse des prix.
Cette vaste entreprise
s’accompagne d’une gestion princière des finances publiques
depuis près de trois ans.
Dans ce qui suit, nous tenterons de
lever le voile sur la partie visible de l’iceberg afin d’attirer
l’attention sur le danger, que cela représente pour le pays et
suggérer une démarche pour y mettre un terme.
I Gestion
princière des Finances Publiques
On savait le pouvoir très
peu enclin, en général, au respect de la légalité (peut-il en
être autrement pour un régime issu d'un coup d'Etat ?). On pouvait
deviner que ses origines et sa culture putschistes auraient des
effets sur son respect des procédures de Dépenses Publiques. De
nombreux indices montraient que la seule légalité qui valait pour
le régime en place, était celle qui allait dans le sens des seules
volontés de son Chef Suprême. Bref rappel de quelques exemples
récents :
- Les 50 millions de $, offerts par l'Arabie
Saoudite, et destinés au renforcement de notre système de sécurité,
dont le sort n'a jamais été éclairci, et dont l’utilisation n’a
jamais été soumise à l'examen du Parlement. N’empêche, le
Président de la République a publiquement fait l’aveu d’en
avoir dépensé une partie, ce qui constitue une très grave
infraction économique passible de poursuites judiciaires. - Le
Décret d'Avance de la dernière opération de solidarité (9
milliards) a été signé deux mois après l'exécution du volet de
cette opération relatif à la stabilisation des prix. C'est ce qu'on
appelle mettre la charrue avant les bœufs. La vente des terrains des
anciens Blocs Rouges, qui a été le prétexte au racket des deux
plus importantes institutions économiques du pays (la BCM et, plus
particulièrement, la SNIM) était, semble-t-il, destinée à couvrir
une partie de l’opération, en attendant la bienveillance de la
prochaine mission du FMI. - Deux localités (Termesse et M'Beit
Lahwach), fruits de l’imagination du chef de l’Etat, surgissent
des sables, financées à coût de milliards, sur fonds publics, sans
que les budgets relatifs à leur création aient été soumis à
l'avis des élus du peuple. - L’ultra concentration du pouvoir
de décision financière entre les seules mains du chef de l’Etat
permet à celui-ci de piétiner au quotidien, sans gêne, et la loi
des finances et les procédures et règlements en vigueur. De ce
fait, les finances du pays sont gérées comme un bien personnel. Il
était prévisible qu’une telle gestion mette l’économie du pays
dans un état déplorable. Comme l’a confirmé l’équipe du FMI
dans son rapport sanctionnant la Première Revue de l’Accord
Triennal au titre de la Facilité Elargie de Crédit (séjour en
Mauritanie du 15 au 26 septembre 2010) « fortement tributaire du
secteur minier, qui, en 2010 représente 75% des exportations du
pays, mais seulement 3% de l’emploi. Près d’un Mauritanien sur
deux vit en deçà du seuil de pauvreté, et une partie importante de
la population continue d’être aux prises avec l’insécurité
alimentaire »
II Faillite des Entreprises Publiques et
menaces sur le système financier et bancaire
On savait tout
ce qui précède, ou on le pressentait. Ce que l’on ignorait, c’est
qu’une catastrophe autrement plus sérieuse se préparait, dont les
dimensions dépassent l’entendement du Mauritanien moyen. Un
tsunami dont l’épicentre se situe au cœur des Entreprises
Publiques les plus importantes.
La question est on ne peut
plus sérieuse. Il ne s’agit ici ni des 90 milliards que l’Etat a
empruntés allègrement sous forme de Bons du Trésor, ni des
arriérés fournisseurs sur l’Etat qui avoisinent les 40 milliards
d’ouguiya cumulés en seulement 3 ans (soit près du double des 22
milliards que le régime du colonel Taya avait accumulés en 20 ans).
C’est beaucoup plus insidieux et juridiquement plus complexe : il
s’agit de la dette des Entreprises Publiques auprès des banques
privées locales et donc de la gestion de cette partie vitale du
patrimoine de la collectivité.
Que l’on s’entende bien,
il ne s’agit pas ici de remettre en cause la pertinence pour un
Etat de disposer d’Entreprises Publiques, particulièrement dans
des secteurs sociaux où l’obligation de résultat ne se mesure pas
seulement à travers le solde du bilan comptable, mais aussi à
travers(i) la qualité du service rendu aux populations et (ii) la
santé économique de l’Entreprise confirmant sa viabilité et donc
son aptitude future à remplir la mission qui est la sienne.
Il
est aujourd’hui établi, que trois Entreprises Publiques totalisent
à elles seules 55 milliards d’ouguiya de dettes (Somelec ; 35
milliards ; SNDE : 12 milliards ; Somagaz : 8 milliards) pour un taux
de découvert moyen effectif de 25%, soit une charge bancaire
annuelle de 13 milliards 750 millions d’ouguiya (ou l’équivalent
de 2 fois le budget de la Santé, 2.5 fois celui du Développement
Rural ou encore 7 fois celui des Affaires Sociales de l’Enfance et
de la Famille).
Face à une telle situation, tout observateur
doué d’un minimum de bon sens est en droit de se poser les
questions suivantes :
Le remboursement de la dette des
Entreprises Publiques est-il envisageable ? Essayons d’être
optimistes et prenons l’hypothèse d’un rééchelonnement, en
faisant abstraction des inévitables nouveaux besoins en financement
de ces Entreprises structurellement déficitaires. Il faudrait, dans
cette hypothèse, verser aux banques un montant annuel de 19
milliards 368 millions d’ouguiya. En d’autres termes, 4 ou 5
hommes d’affaires et banquiers mauritaniens se verraient offrir
l’équivalant de 10 fois le budget alloué aux projets prioritaires
de lutte contre la pauvreté et destiné à un million quatre cent
mille (1 400 000) Mauritaniens vivant dans l’extrême pauvreté ;
le tout, en dormant sur leurs deux oreilles et sur le dos du
contribuable.
L’Etat peut-il, dans de telles conditions,
échapper à la faillite financière ? Derrière la faillite des
Entreprises Publiques concernées, c’est celle du système bancaire
lui-même qui se profile. Le non-paiement de cette dette provoquera
la faillite automatique du système bancaire et donc la perte des
avoirs des déposants entraînant des banqueroutes en cascades, dans
tous les secteurs économiques.
L’ossature de l’Etat
fragilisé à l’extrême par la déstructuration de l’appareil
administratif, ne pourra y résister, et aucune force n’aura le
pouvoir de maintenir la cohésion d’un tissu social fragmenté,
miné par l’injustice, l’ignorance et la misère.
Il est
évident que la faillite prévisible et inéluctable des principales
Entreprises Publiques, aura des conséquences désastreuses sur les
finances de l’Etat et sur toute l’économie. En attendant, on
devine aisément le calvaire moral des dirigeants de ces entités, du
moins ceux d’entre eux dotés d’un minimum de conscience
patriotique ou entrepreneuriale, face au spectacle de leurs
Entreprises saignées à blanc par les banques.
Les décideurs
politiques pensent-ils sérieusement pouvoir afficher, à perpétuité,
« des réalisations » financées sur découvert bancaire ? Un
tel comportement en dit long sur le phénomène «Président des
pauvres ». On le sait bien, il ne dispose pas d’une baguette
magique pour réaliser ce que ses prédécesseurs n’ont pu
accomplir. Son seul « atout », pour multiplier les « réalisations
», est qu’il est infiniment plus porté à prendre à la légère,
des engagements sans se préoccuper de sa capacité à les respecter
et encore moins de leurs éventuelles conséquences négatives sur le
patrimoine de la Nation. Car obliger des Entreprises Publiques
aux missions sociales fondamentales, à systématiquement financer
leurs activités par des découverts bancaires, est techniquement
absurde et ridicule, économiquement suicidaire et juridiquement
passible de poursuite pour crime économique. Toute entrée de
trésorerie est aussitôt engloutie par les intérêts sur les
découverts présents. Et tout besoin nouveau de financement ne fera
qu’alourdir davantage la charge financière dans un infernal
engrenage dont le terme fatal sera sinon la mise en faillite, du
moins une privatisation au rabais.
A-t-on eu à l’esprit ce
réflexe premier, de tout planificateur responsable, qui consiste à
hiérarchiser les priorités en faisant un bon arbitrage entre des
secteurs sociaux tous prioritaires ? Dans cet ordre d’idées, à
quoi peuvent bien servir l’extension limitée d’un réseau
électrique ou la construction de quelques kilomètres de routes
goudronnées, quand l’une et l’autre sont réalisées au
détriment des exigences élémentaires en matière d’Education, de
Santé et de lutte Contre la Pauvreté ? C’est un peu comme si
un chef de famille, non content d’arracher ses enfants à l’école,
de les « mal-nourrir » et de sacrifier leur santé, s’endettait
pour le seul plaisir de les exhiber dans des habits neufs, deux ou
trois jours de fête par an. Le rapport de l’étude sur la
Restructuration du Secteur de l’Electricité en Mauritanie,
réalisée cette année sur financement de l’Agence Française de
Développent (AFD), affirme que la SOMELEC paie aux banques privées
sous forme d’intérêt sur les découverts, des montants supérieurs
à sa masse salariale ! Ainsi, la charge financière de la société
de l’électricité a englouti en 2010 « 15% du chiffre d’affaires
(plus que la charge du personnel 12% !), mettant la SOMELEC en
situation de quasi-faillite »
Les perspectives à court et
moyen terme sont encore plus sombres, dans la mesure où la SOMELEC,
déjà structurellement déficitaire (la production d’un kw n’est
couverte qu’à 25% par la vente), entend doubler sa production en
2012. Aussi, comment compte-t-on faire pour lui éviter la
banqueroute financière qui se profile à l’horizon et qu’induit
son modèle de fonctionnement ? Plus elle produit, plus elle perd,
dans les proportions d’un facteur démultiplicateur. A un moment où
le plan d’action élaboré pour un réel redressement de cette
Entreprise et qui s’étale sur six ans (2009-2015), chiffre les
besoins de financement à 244 millions d’Euros soient cent
milliards d’Ouguiyas ! Croit-on réellement pouvoir relever ce
défi en recourant aux découverts bancaires ?
La SOMAGAZ,
quant à elle, n’est pas dans une meilleure situation. En sus du
poids de la dette soulignée plus haut, elle est l’objet d’une
gestion calamiteuse que symbolisent ses coûts d’importation deux
fois supérieurs à ceux de nos voisins du Sénégal (1420 $ la tonne
contre 600 $). Son approvisionnement traverse lui aussi une
période de grande incertitude, dans la mesure où son appel d’offre
lancé cette semaine a été déclaré infructueux, faute d’un
nombre suffisant d’offres (un seul soumissionnaire). La légitime
question se pose alors de savoir à qui profite sa mort programmée,
comme l’est celle de la SONIMEX, toutes deux piliers de toute
politique d’approvisionnement au profit des populations les plus
pauvres.
De manière plus générale, le secteur stratégique
de l’énergie travers ces jours-ci, par la faute des tâtonnements
du pouvoir, une zone de fortes turbulences, au point ou
l’approvisionnement du pays dans les trois volets du secteur n’est
plus sécurisé.
Ainsi : - i) l’étude financée par
l’Agence Française de Développement (l’AFD), censée constituer
une feuille de route pour la SOMELEC, lui donnant une visibilité sur
l’avenir, tarde à être validée par le Gouvernement. - ii)
l’appel d’offre pour le cabotage (transport de Nouadhibou à
Nouakchott) du carburant, lancé cette semaine, a été lui aussi
déclaré infructueux par manque de candidats intéressés.
Exactement comme l’a été celui de l’approvisionnement du pays
par la Somagaz. C’est comme si le manque de transparence du
pouvoir, dans le domaine de l’attribution des marchés publics,
fait fuir les fournisseurs étrangers.
Le plus affligeant
dans tout cela, est que les pouvoirs publics ne semblent pas avoir
conscience de la gravité de la situation. Á moins qu’il ne
s’agisse d’une politique délibérée.
III Créations
anarchiques de nouvelles Entreprises Publiques : nécessité sociale
ou démagogie populiste ?
Incapable de gérer correctement les
Entreprises Publiques existantes, le pouvoir ne cesse d’en créer
de nouvelles, qui sont autant de gouffres financiers potentiels. Et
ce, sans avoir tiré toutes les leçons des échecs passés.
A
cette fin, la SNIM désormais perçue comme la poule aux œufs d’or
du régime, est sans cesse sollicitée, au risque de mettre en péril
sa santé financière encore fragile, obtenue au prix d’innombrables
efforts et de sacrifices de son personnel. Quarante millions de $ ont
ainsi été mobilisés par la société minière pour le projet d’une
société aérienne (Mauritanian Airlines) dont aucune étude de
rentabilité n’a pu déterminer la pertinence.
Trois avions
dont deux au moins sont de véritables épaves, sont achetés dans le
cadre d’un marché aux conditions on ne peut plus opaques, faisant
jaser à propos d’énormes dessous de table. L’improvisation a
fait le reste. La nouvelle Compagnie n’a jusqu’à présent pas
obtenu son agrément (CTA) devant lui permettre d’effectuer ses
premiers vols commerciaux. En attendant, les appareils si chèrement
acquis, sont immobilisés sur le tarmac, générant des charges fixes
d’au moins 30 millions d’Ouguiyas par mois, sans compter le
manque à gagner induit par cette immobilisation. Une certitude
demeure : ce projet a déjà fait des dégâts collatéraux très
graves. Dès l’annonce de la création de la nouvelle société, la
compagnie Mauritanie Airways a mis la clef sous le paillasson, et des
centaines d’employés ont été mis au chômage rejoignant dans la
détresse ceux de la défunte Air Mauritanie, en plus des préjudices
subis par la clientèle et les Agences de voyages
mauritaniennes.
Pourquoi le pouvoir s’arrêterait-il en si
bon chemin ? Une nouvelle société de transport urbain, STP a
également vu le jour. « Sur instruction du Chef de l’Etat ». Et
là aussi, en toute improvisation, sans étude préalable ni cahier
des charges ! Il n’est pas alors étonnant qu’au bout de
seulement quelques semaines, elle s’est mise à battre de l’aile.
Cette fois, ce sont les hommes d’affaires qui sont priés de
mettre la main à la poche, à coups d’intimidations, de menaces et
de chantages. Et pourtant la rentabilité de la dernière idée de
notre « guide éclairé » est loin d’être établie. En effet,
la situation présentée par le directeur lors du dernier Conseil
d’Administration, a fait ressortir que le prix autorisé d’un
ticket de bus, ne couvre que 30% du coût du transport d’un
passager. Avec en perspective, l’inéluctable détérioration de
cette situation, au fur et à mesure que le matériel de transport
vieillit et que les coûts d’entretien et de maintenance
s’accroissent.
La dizaine d’hommes d’affaires qui ont
accepté de contribuer à ce projet, à raison de 100 millions
d’ouguiya chacun, l’ont fait pour s’acheter une paix avec le
régime. Sous d’autres cieux, cela s’appelle extorsion de fonds
ou racket, toutes pratiques dignes des seigneurs de la guerre, et
réputées peu rassurantes pour le climat des affaires. Les seuls
bénéficiaires de cette dernière trouvaille se trouvent être de «
nouveaux riches » de la «Mauritanie Nouvelle », connus pour leurs
entrées au sommet de l’Etat. On leur aurait adjugé les juteux
marchés de l’approvisionnement en carburant de la flotte de la
STP, de son entretien et de sa maintenance. Car dans la précipitation
qui a présidé au lancement de ses activités, on a oublié de doter
cette société du minimum vital à savoir : un atelier mécanique,
une cuve de stockage et une pompe à gasoil. Devant de tels
agissements, l’observateur ayant à cœur les intérêts de son
pays ne peut que se demander à quoi rime cette obsession des
autorités à créer des Sociétés Publiques. En toute
improvisation, au risque de mettre en péril le bien collectif, au
moment ou elles prônent à tout vent la lutte contre la gabegie.
Est-ce pour régler un compte avec certains privés nationaux
dont la fidélité politique est mise en doute ? Ou s’agit-il plus
simplement de mettre la main sur toutes les ressources de l’Etat à
travers des Etablissements publiques, si déficitaires et inopportuns
soient-ils mais qui sont autant de sangsues, permettant de
ponctionner par l’intermédiaire d’hommes de confiance, nommés
complaisamment, les maigres ressources du trésor public ?
Il
y a en tout cas des signes qui ne trompent pas, car révélateurs des
usages des Républiques bananières et puisées dans la culture des
mafias. Ils se déclinent en trois étapes :
(1) jeter les
anathèmes sur les agents de l’administration afin de les
culpabiliser; (2) procéder à des nominations clientélistes ;
(3) multiplier les marchés de gré à gré et s’ouvrir ainsi
des boulevards de malversation tout en jouant au moralisateur.
IV
Que faire pour sauver l’économie et la stabilité ?
On le
voit donc, cette politique de mise en faillite d'Entreprises
Publiques et de création anarchique de nouvelles, rentre dans le
cadre d'une vaste opération de souveraine gabegie tout en cherchant
à duper les citoyens sur une prétendue prise en main de leurs
besoins essentiels. Pour nous faire démordre de ce constat, il
faudrait alors qu’on nous donne des réponses convaincantes aux
questions suivantes :
Comment va-t-on rembourser des bus
achetés aux Iraniens à crédit, à 30 millions d’ouguiya l’unité,
alors que les conditions de départ de cette Entreprise font état
d’une perte prévisible d’au moins 600 millions d’ouguiya par
an ? Comment va-t-on assurer la pérennité d’une compagnie
d’aviation dont les vieux appareils, achetés à coup de dizaines
de millions de dollars, ne sont pas autorisés depuis des mois à
voler sur les lignes internationales ? Où sont passés les 8
milliards d’ouguiya avancés par la BCM à la SONIMEX ? La question
est d’autant plus légitime que l’ancien directeur général M.
Moulaye El Arbi, affirme, documents à l’appui, avoir laissé la
contrepartie sous forme de stocks et de dépôts au Trésor ; des
témoins attestent que ces stocks ont été bradés pour, semble t
il, financer la campagne du Général candidat. Quoi qu’il en soit,
il est intriguant que personne ne réponde aujourd’hui devant la
justice de cet énorme gâchis, au moment où d’autres croupissent
en prison pour beaucoup moins que cela. Comment est-il possible
que le Trésor public continue d’effectuer des règlements en
dehors du circuit budgétaire, comme c’est le cas pour les 500
cents millions utilisés pour faire bâtir la localité de Termesse,
montant dont la dépense a été autorisée par simple lettre
ministérielle au Trésorier Général ? Nous avons déjà connu
par le passé une situation semblable, où un pouvoir, se croyant
affranchi de tout compte à rendre à l’opinion, qu’elle soit
nationale ou autre, s’était arrogé le pouvoir d’agir à sa
guise, ne tenant compte ni des intérêts collectifs du moment ni de
ceux des générations futures. Dans sa course folle, il avait
entraîné le pays entier vers l’abîme, et gravement entamé sa
crédibilité vis-à-vis de ses partenaires internationaux. Ce fut
l’affaire des faux chiffres, révélée au cours de la première
transition 2005-2007. Malgré leurs multiples Missions de Revues,
qui séjournaient dans le pays tous les trois mois, les bailleurs de
fonds ont fait preuve d’une indulgence coupable en fermant les yeux
sur des pratiques frauduleuses qui étaient pourtant un secret de
polichinelle. Et la Mauritanie dut payer par la suite un tribut très
lourd, sous forme de pénalités sur le Droit de Tirage pour les
agissements de l’ancien pouvoir. Nous avons, aujourd’hui,
toutes les raisons de penser que l’Histoire est entrain de se
répéter, en bégayant. Car nous ne voyons pas comment, avec les
pratiques aventuristes que nous venons de décrire, le pouvoir actuel
pourrait se sortir des lacets de ses propres pièges, autrement que
par l’usage de faux et la manipulation des chiffres. Cette
inquiétude est d’autant plus légitime que le Rapport de la
Mission du FMI, cité plus haut, reprend à son compte les chiffres
très optimistes communiqués par les Pouvoirs Publics. Prenons donc
acte, pour l’Histoire, de ce bel optimisme dont a fait encore
preuve l’Equipe Mauritanie de cette Institution : -Inflation à
un chiffre, 6% en 2010 - Dépréciation de l’Ouguiya de seulement
9% par rapport au $ en 2010 - Déficit budgétaire contenu à 3% du
P.I.B hors pétrole en 2010 - Croissance du P.I.B de 5.6% pour 2011 -
2.7 mois de réserves pour les importations pour 2011 Nous devons
savoir qu’il n’est plus permis que la vigilance soit à nouveau
mise à défaut. Que le FMI ne nous dise pas demain : « nous ne
savions pas », et vous devez payer pour les mauvais agissements de
votre gouvernement. Par delà nos différences, et en dépit de
nos divergences politiques, il est une évidence : il est absolument
impossible d’assurer la pérennité de notre pays dans les
conditions de gouvernance que nous venons de décrire sommairement.
Tous, ensemble, nous sommes obligés d’y faire face et avant tout
disposer d’un état des lieux et le préalable indispensable à
l’adoption de toute solution. Aussi réclamons-nous la constitution
en urgence de Commissions Parlementaires (Majorité –Opposition)
chargées des missions suivantes :
Commission 1
Etablir
la situation exhaustive des engagements des Entreprises Publiques et
clarifier les conditions d’attributions des marchés de l’Etat en
cours d’exécution.
Commission 2
Réaliser l’audit
des comptes du Trésor Public et établir la situation d’exécution
du budget de l’Etat en recettes et en dépenses sur les 3 dernières
années
Commission 3
Etablir la situation exhaustive
des engagements hors budget de l’Etat
Afin de garantir la
transparence et la neutralité politique de ces Commissions, la
coordination de leurs travaux sera assurée par une cellule composée
soit des présidents de tous les groupes parlementaires, soit:
-
du Président du Sénat
- du Président de l’Assemblée
Nationale - du Premier Ministre - du Leader de l’Opposition
démocratique
Nouakchott, le 21 avril 2011 La Commission
d’études
Mauritanie:
UFP-Communiqué
Le pouvoir en place a
recouru, hier après-midi, à la brutalité aveugle et
disproportionnée pour réprimer les jeunes manifestants en dépit du
caractère délibérément pacifique de leur mouvement, depuis son
déclenchement, il y a quelques semaines. D’ailleurs, jusque-là,
le régime a bien toléré ces manifestations et eu une réaction
positive allant de leur couverture médiatique à la tentative de
récupération politique.
Que s’est-il donc passé,
entre-temps, pour que cette jeunesse perçue par le régime comme
exerçant, pacifiquement,son droit constitutionnel de manifester ,
devienne , tout à coup, à ses yeux, une bande de hors-la loi qui
doit être réprimée avec une telle violence ?
Le régime a
très mal apprécié la situation à double titre : d’abord
lorsqu’il a misé sur la faible détermination des jeunes à
poursuivre leurs manifestations pacifiques jusqu’à la satisfaction
de leurs revendications légitimes et en optant pour la politique de
l’autruche plutôt que de traiter, avec la célérité requise,
lesdites revendications. Il se trompe encore aujourd’hui en
faisant le choix de la provocation et en tentant d’étouffer, dans
l’oeuf, ce mouvement.
Nous avions mis en garde le pouvoir de
céder à la tentation de la répression pour bafouer les libertés
et droits publics dans ce contexte où le vent de changement balaie
l’ensemble du monde Arabe. Nous précisions, alors que la meilleure
façon d’y faire face, serait de traiter ce mouvement de manière
positive. Force est de constater, cependant, qu’en dépit des
mutations régionales et internationales, le régime en place
persiste dans son style fait de répression et d’exclusion face aux
opposants. C’est dans ce cadre que vient d’être interpellé,
une nouvelle fois, le vice-président du parti de l’avant-garde, M.
Moulay El Arby , sous le prétexte fallacieux de lutte contre la
gabegie qui s’est avéré n’être qu’un alibi pour régler des
comptes avec les opposants .
Tout le monde se souvient, en
effet, des pressions que des lobbies connus avaient exercé sur M.
Moulay El Arby lorsqu’il était directeur général de la SONIMEX
avant le coup d’Etat de 2008 et la résistance courageuse qu’il y
avait opposé, ce qui conduira les mêmes groupes à s’acharner sur
lui dès le lendemain du coup d’Etat en le limogeant de son poste
et lui imposant des poursuites judiciaires avant de le jeter en
prison d’où il finira par être libéré une fois son innocence
établie. Mais cela n’a pas suffi pour convaincre les lobbies de
cesser leur acharnement en le faisant interpeller, une nouvelle fois,
pour les mêmes motifs infondés. Devant ces développements
graves, l’ UFP :
- condamne fermement la répression
pacifique d’hier ; - met en garde le régime contre
l’entêtement à réprimer les citoyens qui exercent leur droit
constitutionnel de manifester pacifiquement et réitère son soutien
total aux manifestants ; - exige la libération immédiate et
inconditionnelle de M.Moulay El Arby ; - appelle l’ensemble des
forces vives du pays à se dresser, fermement, contre la violation
des libertés publiques.
Nouakchott, le 09/03/2011 Le
département de la communication
UFP-Mauritanie
: La flambée des prix - Causes réelles et propositions
Après avoir ignoré la question de la
flambée des prix (cf. le discours de politique générale du Premier
Ministre devant le Parlement le 6 janvier dernier), et brutalement
réveillé par la révolution tunisienne, le Gouvernement vient de
lancer dans la précipitation et une médiatisation indue l’opération
dite des « boutiques de solidarité ». Pour se tirer d’affaires,
il s’évertue à mettre exclusivement sur le compte du marché
international la responsabilité de la hausse vertigineuse des
denrées depremière nécessité dans notre pays.
Certes, il
est indéniable que notre pays n’a aucune prise sur les cours
mondiaux. Par contre, le Gouvernement a tort de vouloir cacher
l’impact très négatif de facteurs internes qui amplifie la hausse
des prix. Citons-en :
1 - La concentration monopolistique de
l’importation des denrées de première nécessité. Ce processus
qui s’est accéléré particulièrement ces dernières années, a
eu pour conséquence de réduire le nombre d’importateurs de 15 à
seulement 5 (qui ne sont en réalité que 3). L’un, par la part de
marché qu’il contrôle, est désormais capable à lui seul
d’imposer ses prix aussi bien aux consommateurs qu’à ses
concurrents encore en lice. Cette emprise monopolistique privée sur
la vie des Mauritaniens est le résultat, en grande partie,
d’accointances avec le pouvoir en place et de privilèges et
passe-droits qui font désormais de la libre concurrence un vain
mot.
2 - Les marges bénéficiaires exorbitantes. Ce que
révèle une analyse attentive de la structure des prix : 32,9%
pour le sucre, 49% pour le riz et 16,5% pour le blé par rapport au
prix de revient rendu magasin du grossiste. Ces marges s’ajoutent à
des taxes et charges multiples qui, toutes, dépendent de la volonté
des décideurs.
3 - La manipulation des prix des hydrocarbures
( taxes et hausses successives) pour renflouer les caisses de l’Etat
lourdement grevées par la mauvaise gestion, est un autre facteur
d’amplification de la hausse des prix ; il est en effet bien connu
que l’inflation de ce produit est la plus diffuse dans l’économie.
Au lieu de s’attaquer à ces facteurs internes de la hausse des
prix, le pouvoir a préféré lancer une prétendue « opération
boutiques de solidarité », (au coût de neuf milliards d’ouguiyas
dégagé hors budget et sans accord du Parlement) dont la mise en
œuvre est confiée à un ou deux gros importateurs. Sur une
population pauvre estimée officiellement à 1.380.000, seuls 600.000
sont pris en compte. De surcroît, la conception même de l’opération
rend les boutiques du « Président des pauvres » pratiquement
inaccessibles aux ruraux (77% de la population pauvre), voire aux
défavorisés des villes, contraints à souffrir une peine et une
humiliation disproportionnées pour accéder à une maigre ration
quotidienne. D’où la désaffection notable des populations envers
ces boutiques. La « solidarité » du Gouvernement, opération
plutôt de propagande, risque de ne profiter qu’à quelques gros
importateurs et distributeurs privilégiés.
Il est pourtant
possible d’alléger les souffrances de nos populations par un train
de mesures immédiates. Entre autres, le remplacement de l’opération
« boutiques de solidarité »par un système de distributions
gratuites périodiques aux groupes les plus vulnérables ou sans
ressources ; le démantèlement de la situation de monopole
d’importation de fait ; l’adoption du système de
l’administration des prix des denrées de première nécessité et
la décision d’une baisse générale d’au moins 15% qui laisse
aux importateurs et distributeurs des marges bénéficiaires
raisonnables ; la création d’un observatoire des prix.
Introduction
Notre pays est aujourd’hui l’objet d’une
crise économique sans précédent caractérisée par une pauvreté
aggravée par : Un chômage qui touche plus de 30% de la
population active ; La contraction des activités du
secteur privé national ; L’orientation des ressources de
l’Etat vers des soi-disant projets d’infrastructures sans rapport
avec les priorités du pays (Eléphants blancs) ; La
cessation de paiement de certains établissements publics au moment
où l’on en crée d’autres dont la rentabilité et l’intérêt
économique sont loin d’être établis ;
La chute des
revenus des ruraux, consécutive, entre autres, à la baisse des prix
des petits ruminants Une montée vertigineuse des prix
des denrées de première nécessité. Après avoir minimisé cette
situation (le Premier Ministre ignore totalement la question des prix
dans son discours devant l’Assemblée Nationale et accuse même
l’opposition de mettre de l’huile sur le feu), le gouvernement,
paniqué par l’exemple de la révolution du jasmin en Tunisie,
lance brusquement, en grandes pompes, une opération dite de
solidarité avec pour objectif annoncé, de venir en aide aux
populations les plus démunies (deux ministres ont sillonné le pays
pour propager une contre-vérité flagrante, à savoir une réduction
des prix de 30%). Même si, en même temps, certains de ses
supporters, tenaient un autre discours, clamant que, bien avant les
pays arabes en ébullition, la révolution a déjà été faite
en Mauritanie par Mohamed Ould Abdel Aziz.
Au delà de la
légalité plus que douteuse de cette opération, qui a consisté à
puiser dans les maigres ressources du trésor public, plus de neufs
milliards, hors budget, (Aucun acte légal ou réglementaire n a été
présenté à la session parlementaire extraordinaire qui devait
s’ouvrir les jours suivants), nous présentons dans ce qui
suit, une analyse du système d’approvisionnement du marché en
denrées de première nécessité, et une critique de l’opération
« boutiques de solidarité », afin de dévoiler sa nature réelle
et faire des suggestions de mesures concrètes visant à alléger les
souffrances des populations face à la montée vertigineuse des
prix.
II. Principaux facteurs internes
de la flambée des prix
La constitution de monopoles avec la complicité de
l’Etat
Le marché est approvisionné
principalement par des importateurs, la production nationale de
riz, de blé, et d’huile étant très faible et quasi inexistante
pour beaucoup d’autres produits. Près de 80% des
approvisionnements importés en riz, blé et sucre proviennent de
trois gros importateurs. Le tableau ci-après donne les parts de
marché de ces importateurs ainsi que leur évolution de 2009 à
2010 pour les trois denrées citées ci dessus.
Tableau
1 : parts de marché des trois principaux
importateurs
Importateurs
Parts de marché 2009 Parts de marché 2010
Groupe Ghadde 36% 43%
Groupe MAOA 27% 24%
Groupe AON 7% 12% TOTAL
70% 79%
Il est très
clair que nous faisons face à une situation de monopole avec
position largement dominante pour le groupe Ghadde qui contrôle
désormais 43 % du marché contre seulement 36 % pour les deux
autres concurrents réunis les plus en vue, premiers importateurs
du pays jusqu’en 2005. Il est aujourd’hui en mesure
d’imposer les prix du riz, du blé, du sucre et de l’huile à
tous les importateurs, y compris aux deux autres Groupes cités.
Ce
renversement des positions et le processus de concentration
monopolistique se sont particulièrement accélérés au cours des
deux dernières années. Il est alors plus que légitime de
s’interroger sur l’incidence de la proximité avec le pouvoir
actuel, dans cette évolution fulgurante. Par les accointances
développées avec les régimes politiques successifs, et les
avantages injustes que ces derniers accordaient (taxes douanières
supprimées, transfert de devises aux meilleurs taux, accès
prioritaires au quai des navires) les importateurs proches du
pouvoir ont réussi à inverser les positions sur le marché et à
en exclure les autres, les unes après les autres, ou à en faire
leurs distributeurs.
C’est ainsi qu’en dix ans, le
nombre d’importateurs de blé, sucre et riz est passé de plus de
15 à moins de 5 importateurs. Un tel monopole d’un groupe
réduit ouvre la porte à tous les abus : entente illicite sur le
prix, contrôle de réseaux de distribution, création de pénuries
fictives, fausses déclarations sur la marchandise, prise en otage
du consommateur, etc.…
En plus d’être importateurs et
réceptionnaires, ils sont pour la plupart, transitaires et
manutentionnaires de leur propre marchandise. Face à leurs
déclarations contradictoires sur la même marchandise auprès des
différents guichets (douane, BCM etc.), les pouvoirs publics
préfèrent fermer l’œil, prendre le risque de manques à gagner
importants pour le trésor public sans impact par ailleurs sur
le niveau des prix. La porte est ainsi ouverte aux manipulations de
tout genre.
La libre concurrence, « la main invisible et
régulatrice du marché », invoquée par le libéralisme,
disparaît ainsi. Des prix de monopole sont imposés sans égard à
la loi de l’interaction libre entre l’offre et la demande.
Pourtant aux USA, pays du libéralisme par excellence, les lois
anti trusts ont été créées pour lutter contre ce diktat d’un
groupe restreint sur la collectivité nationale. Chez nous, on
fait la politique de l’autruche en laissant la voie libre aux
monopoles privés. Serait-ce le renvoi de l’ascenseur en
compensation du financement « salutaire » de la fameuse motion de
censure pour renverser le gouvernement du Président Sidi Ould
Cheikh Abdallahi en juin 2008 ou des grandes contributions à la
campagne présidentielle 2009 ?
Tout comme il est légitime
de se poser la question de savoir à qui a profité la mort
programmée de la SONIMEX, unique outil d’action de l’Etat sur
le marché, auquel les pouvoirs publics avaient confié jadis,
la difficile mais nécessaire mission, de stabiliser les prix en
cassant les monopoles privés. La preuve irréfutable de cette mort
programmée, est le fait que depuis le coup d’état de 2008, le
registre au port affiche zéro bateau reçu par la SONIMEX.
Cette
société s’est pourtant, admirablement bien acquittée de sa
tache de stabilisation des prix en contrôlant 10% du marché en
2007 et 2008, quand elle recevait régulièrement des bateaux.
L’abandon de cette société et le sort qui lui est réservé
aujourd’hui, après une si bonne performance, ne peut être le
fait du hasard.
<
II.2 Flambée des prix, marges exorbitantes et
inflation :
Dans son plaidoyer
cherchant à justifier l’augmentation des prix, le gouvernement
cite exclusivement des facteurs internationaux ; en particulier « le
déséquilibre structurel entre offre et demande mondiale et d’une
part et d’autre part, l’occurrence de phénomènes naturels tels
les incendies en Russie et les inondations en Australie ». S’il
est indéniable que les cours mondiaux de certaines denrées
connaissent à l’heure actuelle une flambée inquiétante, il n’est
cependant pas admissible de passer sous silence que le prix de vente
sur notre marché est composé d’une part, d’un prix à
l’importation (CAF) sur lequel nous n’avons pas de prise, et
d’autre part d’une composante nationale, constituée de frais
divers et autres bénéfices, et dont l’importance dépend bien de
nos décideurs.
Une analyse sommaire permet de se rendre
compte que la flambée des prix sur nos marchés, est due à la
conjonction du facteur externe et du facteur interne.
La cause
principale de cette flambée des prix sur le plan interne, est le
contrôle du marché des denrées de première nécessité par des
monopoles de fait, voire par un seul, avec le consentement voire la
complicité des pouvoirs publics. Ici sont plutôt en cause les
marges exorbitantes que ces monopoles réalisent sur le dos du
consommateur. Le tableau 2 ci-dessous montre le niveau très élevé
voir scandaleux des marges dégagées par les commerçants. Le
tableau 3 Indique les surcoûts directs induits par la gestion
portuaire. Le tableau 4 démontre que l’augmentation des prix ne
peut être mise sur le compte de l’inflation.
Tableau
2 : Marges bénéficiaires
-
Prix de revient de la tonne Prix de vente de la T
aux détaillants Marge de l’importateur
Marge importateur en % Prix de vente T aux
consommateurs Marge du détaillant
Marge détaillant en % Total marges Sucre
225 950 248 000
22 050 9,75% 300 000
52 000 20,96% 74 050 Riz
147 650 175 000
27 350 18,5% 220 000
45 000 25,7% 72 350 Blé
120 081 130 000
9919 8,3% 140 000
10 000 7,69% 19 919
Les
marges sont trop élevées tant au niveau du grossiste que du
détaillant, le tout étant supporté par le consommateur : 74 UM
sur le kg de sucre par rapport au prix rendu magasin du grossiste,
72, 35 UM sur le kg de riz par rapport au prix rendu magasin du
grossiste et 19,9 UM sur le kg de blé par rapport au prix rendu
magasin du grossiste. C’est exorbitant. On a des différences de
32,9% pour le sucre, 49% pour le riz et 16,5% pour le blé, par
rapport au prix de revient rendu magasin du grossiste.
Par
ailleurs, l’examen des charges venant s’ajouter au prix CAF pour
aboutir au prix rendu magasin du grossiste importateur (tableau II.3
ci-dessous) montre qu’il y a à ce niveau des éléments non
négligeables pouvant être réduits et qui pèsent également sur le
consommateur. Il s’agit de la manutention bord, des droits du port,
de la douane, du BEMOP et du transport du port à la ville. L’Etat
peut également intervenir sur une partie de ces coûts pour
contribuer à la diminution des prix.
Tableau
3 : Charges s’ajoutant au Prix CAF
- Sucre Blé
riz brisures Coût CAF $US
800$ 300€ 500$ Coût CAF
UM 220 000 114 600
13700 Douane 1 500 2 021
7 500 Droit de port 1 000
410 1 000 Manutention bord
1 300 1 000
1 000 BEMOP 1 000 1 000
1 000 Transport port – ville 800
800 800 Déchargement magasin
350 350 350 Total Douane et
freigh forwarding 5 950 5 581
11 650 PRIX DE REVIENT RENDU MAGASIN
225 950 120 081 175 450
Bien
que les taux officiels de la tarification douanière soient
respectivement de 32.8% pour le sucre, 3.5% pour le blé et 8.6% pour
le riz, les pouvoirs publics recourent plutôt à un système de
forfait en matière de perception tel que révélé par le tableau ci
dessus.
L’objectif déclaré de cette violation de la loi de
finances, est d’éviter au consommateur un renchérissement encore
plus important des prix qu’aurait engendré l’application stricte
des taux de perception officiels. Ce « noble souci » pour les
intérêts des plus démunis, ouvre en réalité la porte à
l’opacité, et profite au premier chef aux proches du pouvoir. Il
est de notoriété publique aujourd’hui, au port de Nouakchott, que
le système de forfait se fait à la tête du client. Ce qui
contribue fortement dans le processus de concentration monopolistique
de l’importation mentionnée plus haut.
Tableau
4 : Variation des prix de 2008 à nos jours
-
Prix de vente T aux consommateurs actuel Prix de
vente T aux consommateurs 2008 Variation
actuel/2008 Variation actuel/2008 en % Sucre
300 000 130 000
170 000 130%
Riz 220
000 120 000 100 000
83% Blé 140 000 50 000
90 000 180% Tableau 5 : Inflation -
2008 2009 2010 Inflation
7,3% 2,2%
6,1%
Les variations des prix de ces denrées ne peuvent
nullement être mises sur le compte de l’inflation. En effet, le
tableau 5 ci dessus montre que l’inflation cumulée de 2008 à 2010
est estimée à 15,6%. Cette inflation est largement inférieure à
la variation des prix pour la même période. Nous avons des
variations largement supérieures : 130% pour le sucre, 83% pour
le riz et 180% pour le blé (Tableau 4).
II.3
Augmentation répétitive du prix des hydrocarbures
En plus des marges imposées par les monopoles,
se trouve également l’augmentation par le gouvernement de manière
répétitive et substantielle des prix des hydrocarbures. Le cumul de
ces augmentations pour l’année 2010 est de près de 20%. Les
hydrocarbures étant le produit dont l’inflation est la plus
diffuse dans l’économie, on ne pouvait mieux faire si l’on
voulait provoquer une flambée des prix ! D’autant que la structure
des prix de ce produit comporte de multiples taxes destinés à
renflouer les caisses de l’Etat pour compenser les déficits
provoqués par une gestion chaotique. D’ailleurs, les pouvoirs
publics ne se préoccupent guère de surveiller cette dimension
importante du problème de la hausse des prix.
La situation à
ce propos est d’autant plus cocasse, que des augmentations du prix
des hydrocarbures se font au moment où le directeur des
hydrocarbures prétend avoir ramené le coût du cabotage du
gasoil de 22 à 15$. Soit un gain de 7$ par tonne métrique
transportée, et de plus de 5 millions de $ sur les 700 000 est
consommées par an. Si cette réduction est réelle, pourquoi ne l’a
t’on pas déduite directement de la structure de coût des
hydrocarbures ?
III . Critique
du système des « Boutiques de solidarité » :
Le
principe d’alléger le prix des produits de première nécessité
pour les populations les plus défavorisées est en soit louable.
Mais le système des boutiques de solidarité mis en place, plutôt
que de répondre à l’impérieuse nécessité d’endiguer la
flambée des prix, va plutôt dans le sens de profiter de la
situation d’urgence pour faire à nouveau des cadeaux aux
monopoles, sans assister véritablement les plus pauvres.
III.1
Le renforcement des monopoles
En mettant l’argent du contribuable à la
disposition des importateurs privés, sous le couvert d’une
opération de solidarité (sans appel d’offres ni même
consultation restreinte), dans le cadre d’un marché de gré à gré
accordé à deux importateurs, le gouvernement aggrave la situation
de monopole. Mettre en avant la Fédération du Commerce, est un
leurre qui ne trompe personne. Les stocks dans lesquels on a puisé,
appartiennent à un ou deux monopoles privés. De plus, les denrées
mises dans les boutiques de solidarité sont achetées auprès des
monopoles, plus cher que le prix de vente en gros sur le marché
(voir tableau ci-dessous) au lieu de réduire les marges
bénéficiaires déjà exorbitantes. A ce gain facile, s’ajoute
d’autres frais supportés par le contribuable comme le transport
(2000 UM la tonne) et les frais de gestion de la boutique à 15 000
UM la tonne. En plus, la non généralisation de la mesure de
réduction des prix fait que des produits identiques sont vendus sur
le même marché à des prix différents. Il y a donc une opportunité
d’arbitrage permettant à certains commerçants de gagner de
l’argent sans dépenser une seule ouguiya, en vendant une partie
des produits de l’opération de solidarité au prix du
marché.
III.2 Attribution illégale de
fonds publics à des monopoles et absence totale de contrôle
L’argent du contribuable est donné à des
monopoles privés que l’on charge d’approvisionner des points de
vente choisis par des semi - grossistes choisis eux-mêmes par le
cartel constitué pour l’opération solidarité. Cela ressemble à
un détournement de biens publics. Par ailleurs, le dispositif de
contrôle est purement formel. Dans les faits, cette opération est
entièrement laissée à la discrétion des opérateurs qui sont à
la fois fournisseurs et livreurs de leurs marchandises à des points
de vente choisis par eux (au moins pour les 250 boutiques prévus à
Nouakchott) !III.3 La majorité des plus pauvres ont été
oubliés.
L’opération élaborée par le gouvernement vise
selon ses concepteurs, une population dite pauvre estimée à 120
000 familles à raison de 5 membres par famille, soit 600 000
personnes seulement, alors que le Cadre Stratégique de Lutte contre
la Pauvreté 2011-2015 qui vient d’être adopté par le
gouvernement, estime à 1.382.200 le nombre de pauvres en Mauritanie
en 2008 et ajoute même que ce nombre ne cesse d’augmenter (page
10).Le document souligne qu’en 2008 « 42% de la population
mauritanienne vit en dessous du seuil de pauvreté, tandis que 25.9%
vit dans l’extrême pauvreté. »
Il apparaît ainsi, que
les planificateurs du gouvernement ont laissé à leur triste sort
près de 60% de la population concernée. Autre insuffisance
majeure dans cette opération à laquelle pourtant une gigantesque
promotion a été assurée à travers les medias publics : la
répartition géographique arrêtée. En effet, et au-delà du fait
que le nombre de boutiques ouvertes est très insuffisant (600 pour
toute la Mauritanie) leur répartition géographique fait une
confusion énorme entre densité de population et pauvreté. Laissant
ainsi supposer que la population pauvre est principalement urbaine.
C’est ainsi que le nombre de boutiques à Nouakchott seule (250)
équivaut à celui de 8 régions : Hodh Charg, Tagant, Brakna,
Gorgol, Guidimakha, Assaba, Trarza et inChiri (249 boutiques).Et
pourtant le Cadre Stratégique cité plus haut,souligne que La
pauvreté "reste d’abord un phénomène rural, avec une
incidence de 59.4% contre 20.8% en milieu urbain. En outre la zone
rurale abrite plus de trois quarts (77,7%) des pauvres du pays" En
plus de tout cela, le manque de contrôle et de transparence
soulignés plus haut, ne permet nullement de s’assurer que les
populations ciblées officiellement, profitent réellement de cette
opération
III.4 L’impact de
l’opération est insignifiant
En milieu urbain, le temps d’attente pour être
servi dans une boutique de solidarité est très long, 3 à 4 heures.
Chaque boutique de solidarité étant chargée de servir 200
familles, avec un temps de service d’au moins cinq minutes par
personne, il faudrait 1000 minutes, soit plus de 16 heures par jour
pour servir tout le monde. Dans certains quartiers, le prix du taxi
ou la peine à prendre pour rejoindre le point de vente le plus
proche et pour le retour, ajouté au prix de la ration à acheter (1
litre d’huile, 1 kg de sucre et des 2 kg de riz, le blé reste
introuvable), rend plus économique d’ignorer les « boutiques
du président des pauvres » et de faire ses achats dans la boutique
ordinaire d’à côté.
Pourquoi faut-il imposer tant de
peine pour obtenir si peu à des populations déjà accablées par la
misère ? Pourquoi les soumettre à cette humiliation quotidienne de
faire la queue des heures durant pour acheter de surcroît ce qui
équivaut traditionnellement à de la charité ?
En milieu
rural, la situation est pire, le délai de route pour rejoindre une
boutique peut prendre une journée tout entière. Les ruraux pauvres,
comme tous les autres ruraux, ne peuvent donc se soumettre au régime
des emplettes quotidiennes propres à des populations
urbaines.
C’est pour une telle opération inefficace,
illégale et sans aucun impact, que deux ministres ont sillonné
le pays au frais du contribuable, pour témoigner auprès des
populations que 600 boutiques de solidarité ont été ouvertes afin
d’alléger la souffrance de 600 000 « pauvres » par une
diminution de 30% des prix. Et occultant le fait gravissime que 800
000 autres vrais pauvres ont été abandonnés à leur sort.
Le moins qu’on puisse dire, est qu’il s’agit
là, d’une grossière insulte à l’intelligence des Mauritaniens.
La désaffection des populations à l’encontre des « boutiques du
président des pauvres », observée tant dans les villes que dans
les campagnes, en dit long sur l’échec de
cette lamentable et désastreuse opération de manipulation de
l’opinion.
IV. Propositions de
mesures immédiates 1)
Transformer « l’opération boutiques de solidarité » en
opération de distribution gratuite à des groupes cibles d’extrême
pauvreté et en confier la mise en œuvre au CSA, au Croissant rouge
mauritanien avec la participation des conseils communaux.
2) Une baisse immédiate et généralisée des prix des denrées de
première nécessité : Riz, sucre, blé, huile et lait. Compte tenu
de l’ampleur des marges bénéficiaires (par rapport aux prix de
revient rendus magasin de l’importateur) et des autres charges
imposées par l’Etat, il est impératif et possible d’opérer une
réduction généralisée des prix de ces denrées d’au moins 15%
pour alléger les souffrances de nos populations très
majoritairement pauvres tout en permettant aux importateurs et
détaillants de faire des marges raisonnables.
3)
Empêcher les situations de monopoles. La lutte contre la
concentration de l’activité d’importation entre les mains
d’ungroupe d’importateurs restreint, passe par un retour à des
règles transparentes, connues de tous et équitables dans
l’attribution des devises, le paiement des droits de douanes, à
l’application, pour l’accostage des bateaux au port, de la règle
« premier venu premier servi » et priorité pour les lignes
régulières. Cela passe également parl’arrêt de cette vilaine
pratique d’un service public rendu à la tête du client. Dans
le même cadre, interdire le contrôle de plus de 20% des
importations d’une denrée de première nécessité par un seul
importateur.
L’Etat, s’il veut réellement empêcher la
constitution de monopoles, devrait aussi encourager l’émergence
d’un pôle d’importateurs moyens, en leur accordant des moyens et
des facilités pour la mise en place de circuits de distribution
concurrents. A défaut de réussir un tel objectif, faire revivre
la SONIMEX en l’améliorant et en lui accordant des moyens
suffisants pour assurer de 10 à 15% des importations des denrées de
première nécessité pour contribuer à la baisse et à la
régulation des prix.
4) Mise en place d’un
Observatoire des prix :La principale faiblesse dans le dispositif
actuel, est l’absence d’un outil à la disposition des pouvoirs
publics et permettant de centraliser les données relatives au
circuit d’importation en particulier des matières de première
nécessité.
Il existe bien une direction de la concurrence au
niveau du ministère du commerce, mais cette direction est
complètement inopérante, du fait du manque de ressources humaines
et de moyens matériels. La mission de cet outil est pourtant
fondamentale et peut se situer à trois niveaux :
a) Suivre le
niveau des stocks nationaux par rapport aux besoins avec pour
objectifs de : Anticiper d’éventuelles pénuries,
particulièrement dans les périodes sensibles comme les catastrophes
naturelles, au plan national ou international, le Ramadan, la période
de soudure ;
Identifier le calendrier ainsi que le
volume de la production nationale afin de définir avec la plus
grande précision, le déficit céréalier national périodique
(3mois) et sur l’année. Dans la perspective d’éviter que les
importations ne viennent gêner l’écoulement de la production
nationale, ou qu’à l’inverse la période de soudure ne puise pas
être couverte par des quantités d’importation adéquates ;
Suivre le cours des denréessur le marché international, afin de
fournir aux décideurs privés et publics les éléments objectifs
permettant de reconstituer les stocks aux moindres coûts
; Définir annuellement et scientifiquement le niveau de
l’aide d’urgence dont le pays a besoin, avec suffisamment
d’avance pour permettre aux donateurs d’agir efficacement.
b)
Etablir la structure de coût de chaque matière d’importation avec
pour objectifs : Identifier les éléments objectifs de
cette structure (coût d’achat, fret, assurance, manutention) afin
de proposer des solutions pour les réduire. A titre d’exemple, un
encadrement des importateurs nationaux à travers un regroupement des
besoins, peut réduire les coûts d’achat et de fret. Des tribunaux
de commerce plus justes et moins corrompus et dotés de moyens
peuvent réduire les coûts d’assurance ; Identifier les
éléments subjectifs de cette structure, à savoir des marges
bénéficiaires exorbitantes réalisées par les importateurs et les
demi-grossistes et proposer les solutions de rechange. 5-
Instaurer une administration des prix pour empêcher les marges
énormes réalisées par les importateurs sur les produits de
première nécessite (voir la structure des coûts
d’importation).Pour faire face aux abus des monopoles, en plus des
suggestions ci-dessus, nous devons nous inspirer des expériences de
nos voisins, notamment le Sénégal.
Notre voisin du sud vient
de décider de revenir sur ce régime de la liberté des prix et
d’appliquer un système d’administration des prix. « L’avantage
de ce régime, selon le ministre sénégalais du commerce, Amadou
Niang, est qu’il nous permet de suivre l’évolution des cours
internationaux .Mais il permet aussi de suivre les marges des
industriels, les marges des distributeurs, et les marges des
micro-détaillants."
Pour réaliser ce projet beaucoup
plus ambitieux que le nôtre, six matières de première nécessité
sont concernées (sucre, riz, savon, tomate, huile et lait), les
autorités sénégalaises disposent d’un outil efficace qui nous
fait défaut. Il s’agit du Conseil National de la Consommation. Le
résultat de l’opération sénégalaise est une réduction générale
des prix de 15%.
6) Subventionner les agriculteurs nationaux à la
production .Pour réduire la dépendance vis-à-vis de l’extérieur
en matière d’approvisionnement en denrées agricoles de première
nécessité, subventionner les agriculteurs à la production au
détriment des importateurs des mêmes denrées.
7)
Démocratiser l’élaboration de la structure des coûts des
hydrocarbures en la confiant à une Commission Nationale élargie aux
associations de consommateurs ainsi qu’aux opérateurs impliqués
avec un exercice régulier du contrôle parlementaire afin d’en
assurer la transparence et la pertinence. Il est en effet scandaleux
que la gestion d’une variable économique aussi sensible, parce
que redoutablement inflationniste, que le prix des hydrocarbures soit
proposée par un seul individu (le directeur des hydrocarbures) et
arbitrairement fixée par un ministre, en fonction des besoins
momentanés de recettes d’un gouvernement, quelle que soit par
ailleurs sa légitimité.
8) Faire revivre le Conseil Economique et Social,
comme cadre national de débat et de validation des politiques et
mesures envisagées face aux grandes questions sociales
de l’heure.
28/02/11
Question
orale de la députée UFP Kadiata Malick
Diallo relative à l’Etat Civil
I.
L’Etat-civil après le Ranvec de 1998 : Malgré les
insuffisances, lacunes et dysfonctionnements, le Ranvec 1998 a permis
une amélioration sensible de l’Etat-civil (en particulier les
actes de naissance et l’établissement de la carte nationale
d’identité dite « infalsifiable »). Il y avait certes des
omissions, des erreurs (qu’on tentait de corriger), des contraintes
(retour à la commune de naissance pour avoir une copie, problème
dépassé par la suite) etc. mais malgré tout le service est resté
disponible. Au cours de la première session parlementaire
2009-2010, au moment de présenter les projets de loi modifiant la
loi sur l’Etat-civil et le code de la nationalité, vous aviez
évoqué l’imminence du démarrage d’un nouveau recensement
administratif (vous parliez d’avril 2010). Déjà à ce moment,
votre présentation de l’opération avait suscité des inquiétudes
avec le ton menaçant que vous aviez utilisé (had maa hu minne, maa
hu minne…… on n’a pas oublié la déportation). En juillet
2010, l’Agence Nationale du Registre des populations et des titres
sécurisés a été créée par décret 2010-150 du 06/07/2010 et a
commencé à se mettre en place. On dira plus tard que le
recensement sera lancé le 28 novembre 2010 et il semble qu’il a
été reporté à 3 reprises (02/01- 02/02 – 15/02) et jusqu’à
présent rien. Entre temps vous avez compris peut être que les
dispositions du décret 2010-150 n’étaient pas en harmonie avec la
loi organisant l’Etat-civil et qu’il fallait la modifier. Ce qui
a été fait lors de la dernière session ordinaire (novembre 2010 –
janvier 2011). Votre décret 2010-150 du 06/07/2010 a été donc été
la fille qui est plus âgée que sa mère. Nous avions en son
temps dénoncé deux aspects graves de la loi (aspect sécuritaire et
centralisation à l’extrême). Les actes qui relevaient de la
police, des walis, des Hakems, des maires et du service des
transports ont tous été transférés à une personne. Nous avions
clairement dit que c’était une mauvaise loi. Et vous disiez dans
l’exposé de motifs du projet de loi que l’Etat-civil est faux,
complètement faux et qu’il avait besoin d’être repris
totalement. « Il fallait donc l’écraser et le reconstituer ». Ce
qui paraissait encore plus curieux c’est la sécurisation du décret
2010-150 par la loi en son article 72 que j’ai voulu amendé et
vous vous êtes opposés même au principe de la discussion de
l’amendement. Dans ce décret, vous créez un établissement
public à caractère administratif (EPA) avec un comité technique de
pilotage. Ce dernier est nommément constitué et le fait que cela
soit mis dans le décret organisant l’agence n’a pas manqué de
susciter des interrogations. Qui sont-ils ? Auraient-ils eu des
consignes précises ? Pourquoi toutes les composantes nationales n’y
ont pas été représentées ? L’agence est présidée par un
Administrateur Directeur Général (ADG), alors que tous les EPA sont
dirigés par un Directeur Général. Cet EPA est plutôt un
établissement privé parce qu’ayant un administrateur qui le gère
et se contrôle lui-même. Son CA est pour la forme. Or cet ADG est
pour plusieurs raisons disqualifié pour diriger l’Etat-civil. 1
- Administrativement : ce n’est pas un fonctionnaire (aucun rapport
avec la fonction publique) 2 - Techniquement : c’est quelqu’un
qui a fait sa carrière dans le business.Or l’Etat-civil (une
mission régalienne du ministère de l’intérieur) est une gestion
technique de toute la vie des citoyens tant sociale, économique que
politique. 3 - Politiquement : c’est un homme marqué parce que
responsable de la logistique de la campagne électorale de Mohamed o/
Abdel Aziz candidat en juillet 2009, et celui qu’il a pris pour la
gestion du système informatique est celui là même qui gérait le
système informatique du candidat Mohamed O/ Abdel Aziz.
II. Qu’est devenu
l’Etat-civil depuis la mise en place de l’agence et la mise en
application des nouveaux textes Selon les informations que j’ai
pu recueillir, et vous pourrez rectifier celles qui vous paraissent
erronées en apportant les clarifications nécessaires, on a procédé
purement et simplement à la liquidation de l’Etat-civil :
La première décision curieuse de l’ADG est de demander à ce que
tout l’équipement informatique de l’intérieur soit ramené à
Nouakchott avec interdiction aux services régionaux de délivrer des
actes d’état-civil ou des extraits. Au niveau de
Nouakchott, il ya une seule personne qui a la clé du nouveau
logiciel avec un nouveau programme d’exploitation. La plus petite
erreur commise au niveau d’un centre d’état-civil de Nouakchott
doit attendre ce Monsieur pour être corrigé. Alors toutes les
machines des 9 centres de Nouakchott sont systématiquement
transportées à l’agence pour subir les corrections (les samedis)
et elles sont renvoyées dimanche en fin de matinée, donc dimanche
pas d’Etat-civil !!! Vous conviendrez avec moi qu’il s’agit là
d’une procédure archaïque au moment où on a l’internet.
Plus grave encore, dans la gestion du fichier des actes de naissance
existant, l’ADG aurait demandé au bureau d’études qu’il a
commis de trier et de mettre de côté tous les actes de naissance
qui avaient fait objet de correction (de nom, de date ou de lieu de
naissance, etc.) et au cours d’une manipulation d’une machine, il
semble que le fichier a été écrasé (de milliers de mauritaniens
seraient aujourd’hui sans acte de naissance). Les
auxiliaires de l’Etat-civil qui constituaient l’interface entre
les citoyens et l’administration ont été dans leur grande
majorité remerciés. Ces auxiliaires dont les services étaient même
sollicités par les ambassades étrangères dans notre pays faisaient
un travail de proximité dans les quartiers et villages :
renseignements sur les naissances, les décès, les mariages, etc. et
établissement de procès verbaux servant à l’établissement
d’actes d’état-civil. Ce sont donc des facilitateurs.
III. Les conséquences de
cette situation : Il y a complication du système
d’obtention des actes d’état-civil. • Pour la déclaration
de mariage, on exige la présence des époux, du tuteur de la femme
et deux témoins (formule très gênante pour les mauritaniens). •
Il y a interdépendance des différents actes qui a conduit à un
blocage complet du système. Exemple : - un nouveau-né ne peut être
enregistré sans l’acte de mariage de ses parents (or beaucoup de
couples n’ont pas d’actes de mariage, surtout dans les zones
rurales ; un acte de divorce ne peut être établi sans acte mariage
; un acte de décès ne peut être obtenu s’il n’y a pas un acte
de naissance. • Limitation extrême des formulaires d’extraits
de naissance : aujourd’hui, alors que les tirages ne se font qu’à
Nouakchott, chaque centre d’état-civil d’une commune a droit à
100 formulaires par jour. Vous voyez donc la pression que ça fait.
Les gens font la queue depuis 4h du matin et lorsqu’on donne 100
tickets, il faut attendre le lendemain. Certains citoyens sont ainsi
privé de leurs droits qui nécessitent la présentation de tel ou
tel acte et d’autres ratent des opportunités (faire un concours,
postuler à un emploi. Etc.) et on ouvre la voie à la corruption
(500um/copie). La crise de l’état-civil vous a conduit
semble-t-il à faire des dérogations pour les candidats aux examens
(concours, BEPC, BAC) sans qu’on sache sur quel support juridique
vous vous basez. L’établissement de l’élève lui donne une
attestation qui prouve qu’il est inscrit là, envoyé à
l’établissement de l’enseignement concerné puis envoyé au
hakem qui délivre une attestation tenant lieu d’un acte
d’état-civil alors que les gens avaient facilement et légalement
leur état-civil. Des problèmes techniques graves sont également
notés au niveau des extraits des populations des deux hodhs (un acte
sort sans le nom de la mère, ou celui du père ou des deux).
IV. Recrutement du
personnel de l’agence et problème de logiciel : L’agence
semble être confrontée à un problème inextricable de logiciel qui
est inopérant et non intégré et qui vous bloque depuis 2ans. Deux
bureaux d’études commis pour l’état-civil (acte de naissance et
carte d’identité nationale), il n’y a pas de collaboration
possible. Pour le personnel, on procédé à un nouveau
recrutement. Un concours a été organisé pour recruter 118 cadres
(54 gérants, 54 techniciens et 10 ingénieurs informatiques). Après
le concours et après avoir pris le nombre recherché, on a procédé
à un autre recrutement sans critères connus. Aujourd’hui les
ingénieurs font plus de 20. Peut-on savoir sur quelle base a été
effectué le recrutement d’après ? Mais le problème aussi
c’est que les gens recrutés sont considérés comme fonctionnaires
depuis mai 2010 mais sont toujours sans salaires et les anciens sont
dans une situation de confusion.
V. Le problème de la
carte d’identité nationale et du fichier électoral. Avec un
état-civil désorganisé et détruit en grande partie, on se demande
comment va-t-on élaborer un fichier électoral ? L’un des
objectifs du recensement devait être l’élaboration d’un nouveau
fichier électoral avant les prochaines élections prévues dans
quelques mois. Le projet carte nationale d’identité est arrêté
depuis 2ans et ses travailleurs couraient derrière leurs droits. Les
CIN établies en 2000 ne sont plus valides (expirées) et depuis 2ans
il n’ ya pas d’établissement de nouvelles CIN et tous les
services nécessitant cette pièce sont bloqués (voyage, passeport,
ouverture de compte bancaire, etc.) mais le plus grave c’est qu’on
a vu des gens avec des déclarations de perte de CIN avec photo, avec
un numéro quelconque. Des déclarations complètement fausses. N’est
on pas là en train de préparer la plus grande fraude électorale ?
Les partis sont avertis. Conclusion : 1. Au lieu
de sécuriser l’état-civil, on l’a privatisé et on l’a
détruit. C’est un chaos général dont l’ADG s’est rendu
coupable. Mesure à prendre : son limogeage (non seulement il
était disqualifié dès le départ, mais la faute est lourde).
2. Le système actuel, si on peut parler de système, a engendré une
cassure entre les citoyens et les services de l’état-civil (le
tout est centralisé au niveau d’une personne). Mesure :
Les textes régissant l’état-civil doivent être révisés pour
les rendre applicables. 3. Inquiétudes justifiées des
populations : tous les actes régissant leur vie de citoyens sont
entre les mains d’une seule personne dont le lien avec la
collectivité est méconnu (ce n’est ni un fonctionnaire, ni un élu
ni une personnalité morale)Seules des mesures claires, précises et
transparentes peuvent les rassurer. 4. La dernière
question qui mérite d’être posée est celle-là : sur quelle base
va-t-on organiser les prochaines élections ? Va-t-on attendre le
nouvel Etat-civil (qui semble être bloqué) ? Ou alors fera-t-on des
élections sur la base des données actuelles ? Dans tous les cas,
Monsieur le Ministre, une chose doit être claire, personne
n’acceptera plus jamais des élections truquées. le
20/02/11
• Déclaration relative aux
déportés, du passif humanitaire et à l’esclavage
UFP:
Déclaration : Scandale du BEMOP
Les dockers
de ville continuent de vivre le calvaire d’une
répression dont tous
les Mauritaniens (partis politiques, société civile, citoyens…) sont les
témoins
indignés : des dizaines d’arrestations, de nombreux blessés. Malgré les
exhortations de l’opinion publique, le pouvoir affiche une attitude brutale et
méprisante et refuse tout dialogue. Et pourtant, par ces temps de misère
générale, ces dockers ne demandent pas grand-chose : une augmentation du
forfait de 500UM à la tonne pour les aligner sur leurs camarades journaliers du
port.
Mais en regardant de ce côté, on découvre un scandale sans nom qui se perpétue
depuis belle lurette, couvert par les différents pouvoir qui se sont succédé.
Il
s’agit du scandale BEMOP (Bureau d’Embauche de la Main-d’œuvre Portuaire)
Créé en 1972 suivant les dispositions de la loi n° 64 098 du 09 juin 1964
relative aux associations, cet établissement était géré collectivement par les
sociétés de manutention du port pour un emploi plus organisé de la main
d’œuvre.
Au fil des ans, le BEMOP s’est transformé petit à petit en véritable officine
de
négriers modernes, contrôlée exclusivement par le Directeur Général du port et
d’un gérant omnipuissant imposé par le pouvoir. Totalement affranchi de tout
contrôle du Conseil d’administration, mis en veilleuse depuis plus de 20 ans,
les gérants du BEMOP se font le plaisir de fixer comme bon leur semble les
contributions des sociétés privées de manutention du port et surtout d’imposer
un prélèvement arbitraire sur la maigre rétribution journalière des dockers
occasionnels, leur extorquant 250 UM du forfait de 900UM/T. Tout cela sans
l’assentiment des dockers et en dehors de tout texte légal quelconque.
Ces prélèvements institués illégalement rapportaient au BEMOP un pactole
considérable qui est passé de quelques milliers dans les années 80 à plusieurs
centaines de millions d’ouguiya aujourd’hui. Ainsi, cette exploitation des
dockers est passée de 270 195 000 en 2007 à 338 020 000 en 2009, compte tenu du
volume débarqué par les dockers.
Le scandale se révèle dans toute sa dimension lorsqu’on s’interroge sur la
destination de ce butin faramineux.
Jugez- en :
les gérants du BEMOP ne rendent compte à aucune autorité connue ;
les montants prélevés aux dockers occasionnels ne sont pas destinés à couvrir
les frais d’administration du BEMOP comme on aurait pu le penser. De tels frais
étant pris en charge totalement par les sociétés de manutention de la place ;
ces prélèvements ne constituent pas non plus une contrepartie à des services
quelconques rendus aux dockers, qui ne bénéficient ni du droit aux soins
médicaux, ni d’aucun autre droit social.
Le pactole du BEMOP est une véritable caisse noire à la destination inconnue,
cet établissement - tenez-vous bien - n’ayant ni comptable ni comptabilité ni
compte bancaire ! Il s’agit donc bien d’une entreprise mafieuse au grand jour,
couverte par les pouvoirs publics à des fins inavouables et qui soumet à une
exploitation quasiment esclavagiste les 5000 dockers occasionnels du port.
le seul usage perceptible des ressources du BEMOP est la distribution
ponctuelle d’enveloppes pour obtenir le silence ou la complaisance de certains
syndicalistes et autres responsables.
Le scandale du BEMOP illustre à lui seul tout le mensonge des slogans du régime
actuel, « lutte contre la gabegie », « président des pauvres… » Il est temps de
mettre fin à ce scandale. Le pouvoir actuel ne veut ni voir ni entendre. Des
dénonciations émanant de certaines centrales syndicales sont restées lettres
mortes. Il a visiblement un intérêt très spécial à perpétrer l’exploitation
négrière des dockers occasionnels.
Mais la lutte juste et courageuse des dockers doit être aussi l’occasion d’une
dénonciation générale de ce scandale. Les partis politiques, les syndicats, les
parlementaires, les ONG des Droit de l’Homme, la presse nationale etc., se
doivent d’exiger que la lumière soit faite sur cette situation, et une
réhabilitation de la condition du docker respectueuse des droits de l’homme et
du travail.
Nouakchott, le 24 mai 2010
Département de la Communication.
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