13ème législature
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de
M. Candelier Jean-Jacques ( Gauche démocrate et républicaine -
Nord )
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QE
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Ministère interrogé
:
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Affaires étrangères
et européennes
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Ministère
attributaire :
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Affaires étrangères
et européennes
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Question publiée au
JO le : 29/09/2009 page : 9127
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Rubrique :
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politique
extérieure
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Tête d'analyse
:
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Mauritanie
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Analyse :
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droits de l'Homme
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Texte de la
QUESTION :
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M. Jean-Jacques
Candelier attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères et européennes
sur la survivance de l'esclavage en Mauritanie. Travail non rémunéré, vente,
viol, lynchage, castration ou « suppression de la vie », tout ceci est vécu
encore aujourd'hui par les Haratine (esclaves des Maures) de Mauritanie.
L'Association des Haratine de Mauritanie en Europe (AHME) milite contre
l'esclavage en Mauritanie, ancienne colonie française où l'esclavage a été
aboli par le décret du 12 décembre 1905. Cette abolition a été plus au moins
appliquée (création des villages de liberté, acceptation des Haratine à
l'école...), mais ce décret n'a pas été intégré dans la législation
mauritanienne après l'indépendance en 1960. L'État postcolonial a adopté
l'ordonnance n° 81-234 du 09 novembre 1981 et la loi n° 2007-048, mais
celles-ci n'ont jamais été appliquées. Cette absence de volonté politique a
conduit à la persistance au fléau social de l'esclavage. La Mauritanie est
membre de la Francophonie et l'Union européenne demeure son premier bailleur
de fonds. Il lui demande de bien vouloir lui donner son appréciation de la
situation des Haratine. Il lui demande quels moyens il compte mettre en
oeuvre pour aller vers l'abolition effective de l'esclavage et du racisme en
Mauritanie, condition préalable à l'existence d'un État de droit fondé sur
l'égalité, la justice et le respect mutuel entre les trois communautés
(Maures, Négro-mauritaniens et Haratine).
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Texte de la
REPONSE :
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La question de la lutte contre l'esclavage est un sujet de préoccupation majeure
pour la France. La loi adoptée unanimement par les parlementaires mauritaniens
en 2007 incrimine et réprime les pratiques esclavagistes. Elle criminalise
également les pratiques discriminatoires à l'égard des hommes, des femmes et des
enfants. Même si elle demeure perfectible, elle consacre des avancées par
rapport aux textes antérieurs et permet à la Mauritanie de progresser dans la
mise en conformité de sa législation avec ses engagements internationaux. Les
résultats concrets concernant la protection de la communauté « haratine » sont
cependant insuffisants et l'application effective du droit requiert à la fois la
détermination des administrations, la modernisation du fonctionnement de la
justice, le renforcement des acteurs de la société civile et la sensibilisation
des populations concernées. Le président nouvellement élu de la République
islamique de Mauritanie s'est engagé à régler un certain nombre de questions
cruciales pour la stabilité et la cohésion de la société mauritanienne, dont le
règlement du « passif humanitaire » et la mise en oeuvre de la loi sur les
pratiques esclavagistes. Ces questions doivent notamment faire l'objet du
dialogue politique inclusif prévu par l'Accord intermauritanien de Dakar, signé
le 4 juin 2009 à Nouakchott. À titre bilatéral, la France soutient activement
plusieurs actions dans le domaine de la lutte contre les formes modernes
d'esclavage en Mauritanie. Le fonds social de développement (FSD) finance de
nombreux projets portés par la société civile mauritanienne comme le
développement d'activités économiques par les Haratine, esclaves affranchis.
D'autres projets sont plus largement centrés sur la dignité des personnes (lutte
contre l'extrême pauvreté, importants soutiens aux fédérations des personnes
handicapées, projets ciblant les femmes victimes de violence). Notre ambassade
en Mauritanie apporte également son appui à différents projets en faveur d'une
abolition effective : financement d'associations nationales, actions de
sensibilisation et de formation, notamment dans les lycées. Des conférences sur
ce thème ont par exemple été organisées au centre culturel français, à
l'occasion des célébrations du 60e anniversaire de la déclaration universelle
des droits de l'homme. La France continue également de porter ce sujet à un
niveau multilatéral. Au conseil des droits de l'homme de l'ONU, elle avait
soutenu la création en 2007 du mandat de rapporteur spécial sur les formes
contemporaines d'esclavage, y compris leurs causes et leurs conséquences, qui a
succédé au groupe de travail sur les formes contemporaines d'esclavage.
L'experte indépendante des Nations unies, Mme Gulnara Shahihian, vient
précisément d'effectuer une visite en Mauritanie (24 octobre - 4 novembre 2009).
La France étudiera attentivement les conclusions et recommandations de son
rapport, attendu prochainement. De manière générale, notre pays accorde une
attention toute particulière à cette question, notamment lors de l'examen
périodique de la Mauritanie dans le cadre du conseil des droits de
l'homme. |
GDR 13 REP_PUB
Nord-Pas-de-Calais Os
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