A.H.M.E.
ARTICLE 95 :
Pour une métaphysique volontaire de la politique en Mauritanie
L’Islamisme renferme la plupart des signes d’inquiétude d’une Mauritanie qui se cherche et vacille entre la quête d’une modernité politique et l’attachement à une identité contestée et contestable par son instrumentalisation aux fins du pouvoir. Dans la constitution de ce qui ressemble à un Etat, la Mauritanie apparaît sous les traits imprécis d’une sous-banlieue lointaine du monde arabe et d’un faubourg gris de l’Afrique; point besoin n’est, donc, d’en recenser les handicaps à la naissance ! Les événements de ces derniers mois, avec l’assassinat de
touristes français en décembre et les tirs d’armes sur la façade de l’ambassade
d’Israël en janvier, suivis de la revendication, par une partie de l’opposition
institutionnelle, de rompre les relations diplomatiques avec cet état,
dévoilent l’impératif, pour notre génération et celle en devoir de forger
une modernité transversale dans ce pays, d’une vigilance sans relâche.
En effet, dans le monde arabe en général et la Mauritanie en
particulier, il ne nous échappe que les dirigeants, faute de légitimité
populaire ou historique, ont toujours été enclins à en rechercher, de
substitution ; leur choix, comme souvent chez les paresseux incapables
d’originalité, se portait sur la religion. L’alibi-bouclier-prétexte
confessionnel- ici l’Islam comme fondement de l’Etat, un concept étranger à la
première Constitution en 1959 – recelait une trouvaille pour asseoir la
médiocrité politique au sommet et permit, à partir du 10 juillet 1978 , de
vulgariser le recrutement des cadres publics en fonction des critères de piété,
de charité et de notoriété religieuse .
Aujourd’hui, nous pensons que nul parmi nous ne peut se
concevoir en tant que citoyen commandé par l’au-delà ! Quelles que soient
nos divergences d’idéologie - nombreuses au demeurant -nous œuvrons, en
qualité d’hommes en situation, à créer et entretenir une communauté de destin
sur le seul espace où nous pouvons vivre . Un mauritanien qui s’est empli
les poumons de l’air et de la poussière de chez soi ne peut que survivre
ailleurs. La cité de Dieu sur terre est étrangère à notre besoin congénital de
liberté. Mêler l’idée d’un Dieu à l’ordre
de l’ici-bas semble un sacrilège au regard de la relativité humaine et un frein
aux efforts déployés, ici et là, pour la libération de l’individu pionnier,
novateur ou simple architecte d’un devenir indéterminable. Il y’a, dans l’idée
de satisfaire aux injonctions du Ciel sur terre, une insolence et une vanité
égales. Par bonheur, la vie et ses joies auront toujours le dernier mot, face
aux censeurs ; ici, avant d’élever un minaret de la dérision – il suffit
de les voir minuscules par le hublot d’un avion - à la gloire de la Toute Puissance,
il importe de se demander quel crime l’on ne commet pas à oublier la subvention
Le prisme de la singularité
mauritanienne dans la généralité du monde arabo-musulman est un balancement
instable ; en oscillation entre la déperdition des foules attachées à
l’artefact Oui, n’en déplaise au Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui se
fit bâtir une mosquée dans le domaine du Palais et nous ramena à l’inefficace
démagogie du vendredi jour de congé hebdomadaire, la laïcité frappe, poliment,
aux portes délabrées de la République Islamique de Mauritanie. Nous sommes
ravis de citer ce mot de raison, pour le dépoussiérer de son interprétation
simpliste que renforcent les esprits conservateurs et réfractaires à la
possibilité d’un futur dont l’homme serait l’acteur démiurge. La rupture ainsi esquissée, nous la souhaitons, l’appelons de nos vœux, voire l’exigeons pour que la Mauritanie s’affranchisse du bricolage bédouino-marchand que symbolique le scandale désormais courant d’une mosquée entourée de boutiques. L’indépendance d’un peuple, se mesure un peu à la capacité
de ses dirigeants à expérimenter, avec audace, des visions claires, lesquelles
ne retiennent, en dernière instance, que les intérêts pratiques de la
population. Oui, les collectivités citoyennes n’ont pas de religion mais des
défis temporels. Dans le lexique de nos élites, ces terminologies agissent
comme une soupape de sécurité à la médiocrité depuis longtemps domestiquée au
point de devenir le naturel du chasseur revenant au galop. Le pays entre dans une phase de l’histoire où toute communauté dépourvue des moyens de traiter ses contradictions se condamne à régresser. Si nous dédaignons de nous réapproprier, à reculons, le passé sombre des autres que nous tenons pour frères, nous contribuerions, de facto, à la métamorphose de l’Espèce vers davantage d’autonomie et de prévoyance. Paradis ou enfer, ici, maintenant, nous ne sommes encore que des ressortissants de la vie concrète. Le 27/02/2008
El Arby OULD SALECK ,
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