« Je suis
allé à la gendarmerie sans suite. J’ai vu le Hakem, il ne m’a pas écouté.
Le commissaire est du coté de mes anciens maîtres…. »
Ces propos son récurrents dans le témoignages des présumés victimes de
pratique esclavagistes. La campagne de sensibilisation actuelle sur
la loi portant incrimination des pratiques esclavagistes va-t-elle
pousser les administrations locales à traiter avec diligence les plaintes
relatives à l’esclavage ?
Au Trarza,
au Gorgol, en Adrar… sur toute l’étendue du
territoire nationale, une campagne de sensibilisation sur la loi portant
incrimination de l’esclavage a été lancée. Les membres du gouvernement,
de la société civile et de la commission nationale des droits de l’homme
sillonnent la Mauritanie
pour vulgariser les dispositions de cette loi.
Malgré le vote de cette loi incriminant les
pratiques esclavagistes, les ONG dont SOS esclaves et l’AFCF (association des femmes
chefs de familles) reçoivent presque chaque jour des présumés victimes de
pratique esclavagistes. Et dans presque tous les témoignages de ces
victimes, il est fait état de réticences des autorités locales. Presque
tous accusent la gendarmerie, la police et les hakems d’être de
connivence avec les présumés maître.
Ils ressorts presque toujours de ces témoignages que ces autorités
locales font obstruction ou traînent les pieds quand des affaire
relatives à l’esclavage sont portés devant eux.
Les populations victimes de pratique esclavagiste
sont de plus en plus portées à s’adresser aux autorités locales pour se
plaindre. En cas de blocage, comme ça arrive très souvent, elles
s’adressent à SOS Esclaves
qui, très rarement, arrivent à amener les hakem ou walis à se saisir de
certaines affaires.
Les dispositions de la loi portant incrimination des
pratiques esclavagistes sont pourtant claires et prévoient des sanction
dans les cas ou les autorités ne donneraient pas suite aux plaintes.
(Voir encadré article 12). Tant que les affaires relatives à l’esclavage
ne sont pas traitées avec diligence par
l’administration territoriale, la
nouvelle loi aura du mal à être effective.
La semaine dernière, au PK 11, à Nouakchott, l’ONG SOS Esclaves a reçu des
dizaines de personnes « victimes »
de pratiques esclavagistes. Face à la réticence des administrations
locales, elles sont venues se plaindre auprès de cette ONG.
Cette campagne de sensibilisation sur la loi
incriminant l’esclavage et les pratiques esclavagistes visera les
populations. Il s’agira de faire comprendre aux « maître » qu’ils ne peuvent
plus disposer de citoyens comme eux et aux « victimes » qu’ils sont des citoyens à
part entière protégées par une loi.
La sensibilisation doit aussi toucher les
administrations locales pour qu’elles cessent de faire obstacle aux
plaintes relatives à l’esclavage.
Khalilou Diagana
Article 12 : Tout
wali, hakem, chef d’arrondissement, officier ou agent de police
judiciaire qui ne donne pas suite aux dénonciations de pratiques
esclavagistes qui sont portées à sa connaissance est puni d’un
emprisonnement de deux à cinq ans et d’une amende de deux cent mille
ouguiyas (200.000 UM) à cinq cent mille ouguiyas (500.000 UM).
Le 11 février 2008
Source : Nouakchott Info