ARTICLE 9:
A.H.M.E.
Une
situation qui suscite une réaction
Samory Ould Beye répond
à Isselmou Ould Abdel Kader :
A travers cet article Samory Ould Beye
répond à l'article de Isselmou Ould Abdel Kader, publié dans
notre édition Nouakchott Info N° 774 du 9 mai 2005 sous le titre
: "Lutte contre l'esclavage ou soif de démocratie sociale
" . Tout d'abord, je remercie Monsieur Isselmou O/ Abdel
Kader de son article visant à ouvrir un débat national sur la
question de l'esclavage, ce phénomène odieux qui demeure persistant
et distingue la société Mauritanienne en ce 3è millénaire et
bénéficie d'une large protection aussi bien dans les milieux
esclavagistes traditionnels que dans les milieux des intellectuels
et de l'élite nationale. Si pour Isselmou O/ Abdel Kader certains
compatriotes continuent de brandir le drapeau de la lutte contre
l'esclavage, d'autres malheureusement ne se sont jamais lassés
de hisser très haut le drapeau des pratiques de l'esclavage
dans son habillage classique que moderne pour satisfaire leur
satiété de dominance et de domestiquer l'autre en vue de son
exploitation et lui ôter sa personnalité morale et détruire
sa dignité humaine. Si de telles pratiques constituent pour
ceux là des pratiques ordinaires qui ne doivent pas susciter
de réaction de rejet ou de révolte elles constituent chez les
victimes une agression, une attitude de haine, de mépris et
une volonté d'abdication. Monsieur Isselmou O/ Abdel Kader vous
dites et je cite : "ce phénomène unanimement condamné et
dont personne parmi les vivant n'est responsable". Ce phénomène
malgré qu'il constitue une violation grave des droits fondamentaux
de l'homme, une insulte à l'humanité et une source de déstabilisation
sa condamnation n'a jamais fait l'unanimité d'un front virulent
contre (ceux qui brandissent le drapeau de la lutte contre l'esclavage),
mais au contraire l'unanimité a été faite autour de ce front
de la honte qui a regroupé autour de lui la féodalité esclavagiste,
les soit disant démocrates, les nationalistes se disant progressistes,
les islamistes ou religieux qui connaissent mieux que quiconque
la non légitimité de l'esclavage en Mauritanie. Et l'Etat
qui est sensé protéger ceux qui ont eu le courage ou se sont
révoltés contre les pratiques avilissantes de l'esclavage, les
a emprisonné, torturés, humiliés, privés de leurs emplois (dirigeants
du mouvement El-Hor) dans les années 1980 et 1990. (Les forces
progressistes), les intellectuels et autres acteurs de la société
civile ont soutenu d'une manière ou d'une autre cela. Si l'esclavage
est un phénomène de société est une pratique primitive que des
aïeuls ont pratiqués dans leur temps demeure vivant dans notre
société d'aujourd'hui en ce 21ème millénaire, il est encore
pratiqué par certains parmi nos vivants dont la responsabilité
est indéniable. Mais l'important ici se n'est pas la recherche
de l'incriminé ou du coupable, non plus la recherche de la revanche,
l'important c'est la reconnaissance du fait et l'action collective
pour son éradication, la volonté politique de mobiliser les
forces vives de la nation (mouvements associatifs, partis politiques,
oulémas) mais aussi les moyens de l'Etat ect, dans une vaste
campagne de sensibilisation à l'image de celles organisées pour
l'alphabétisme, la femme ou les maladies endêmiques. Ne pas
vouloir aller dans cette voie constitue non seulement une opposition
mais également une protection et un encouragement de ces pratiques.
Le débat sur cette question est plus que nécessaire et utile,
il doit être un débat national et non un débat de société comme
préconise certains. Les gouvernements successifs depuis la naissance
de l'Etat Mauritanien n'ont jamais prouvé une volonté véritable
d'aller au concrêt au fond des choses en instituant des lois
réprimantes et protectrices des victimes ; aucun programme socio-économique
spécifique n'a été réalisé au profit des esclaves et anciens
esclaves laissés pour compte, confinés dans l'étouffement et
la domestication fatale. Les législations et décisions d'abolition
de l'esclavage prises à nos jours sont destinées à la consommation
extérieure et pour le besoin de redorer un blason trop sale.
L'élite ou intellectuels mauritaniens, quel rôle ! Nous
avons vu la majorité de cette catégorie pour ne pas dire la
majorité des maures se vanter et se glorifier de l'héritage
esclavagiste qui pour certains est une valeur et une source
de grandeur, de primauté, d'orgueil flattant et de force sociale
qui leur assure respect et privilège. Grâce donc à cela, il
y a ce déséquilibre profond au plan économique, social et politique
situation qui a permis d'éjecter de la société les esclaves
ou anciens esclaves (haratines) et leur condamnation à vivre
en marge de cette société sclérosée et réfractaire à tout changement
civilisationnel ou démocratique que certains on taillé sur mesure.
Même si les pratiques de l'esclavage existent dans la communauté
négro-africaine comme dans la communauté maure et que les esclavagistes
des deux bords ont le même esprit, la même velléité, la même
soif de faire domestiquer d'autres personnes et les assujettir,
seulement l'esclavage dans la communauté maure s'est distingué
par une certaine sévérité et atrocité par notamment : La violence
physique et morale - l'humiliation - la vente - privation de
droit d'héritage - la liberté de mariage et de mouvement sans
autorisation préalable du maître etc. Tandis que chez les négro-africains
les esclaves jouissent d'une certaine autonomie et liberté.
Le concept de maure noir ou n'est pas du tout une invention
de l'administration coloniale, il s'agit d'un concept crée et
véhiculé par les maures particulièrement esclavagistes qui ont
attribué plusieurs appellations dont : maures noirs (khadhri,
khadara : teint noir - gens de teint noir) ; (abid : esclave)
- (hartani : affranchi). Les esclaves qui fuyaient leur maître,
et partaient chercher refuge dans les postes coloniaux prouvent
que depuis toujours ils cherchaient à se libérer de leur condition
lamentable ; le colon au départ a voulu les aider à se libérer
à un certain moment avant de buter aux intérêts des esclavagistes
et finir par marchander avec ces derniers sacrifiant ainsi ceux
qui regardaient obstinément et font appel aux hommes libres
afin de les aider à briser les chaînes hideuses de l'esclavage,
pas pour se venger mais pour vivre libre, digne, accepté dans
sa société. Mais malheureusement ces cris d'alarmes et
de détresse n'ont jamais eu d'écho et le calvaire continue à
nos jours sans esprit à un lendemain proche où ces centaines
de milliers d'hommes, asservis, affamés exclus même du savoir,
retrouvent leur liberté et aussi leur place dans l'échiquier
national en tant qu'hommes entiers jouissant de tous les droits
et bénéficiant de tout ce dont bénéficie les autres mauritaniens
dans un environnement propice au progrès social, à la justice
et à l'égalité. Monsieur Isselmou si la pauvreté absolue frappe
sans distinction et qu'à l'époque des Samory Ould BEYE
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