Depuis
quelques jours, des missions de sensibilisation et d’explication du contenu
de la loi incriminant l’esclavage sillonnent le pays. Toutes les localités
de la Mauritanie
seront visitées par les responsables en charge de cette campagne qui
intervient à un moment où les nouvelles autorités mettent en œuvre un
programme destiné à aider les anciennes victimes à s’insérer sur le tissu
socio-économique et d’acquérir tous les droits civiques et moraux.
Aussi toutes les mesures d’accompagnement doivent être adoptées pour
éradiquer définitivement les séquelles de l’esclavage. Mais le problème
n’est pas aussi simple en raison de certaines résistances d’ordre sociales
et mêmes religieuses qui continuent de caractériser l’esprit féodal incarné
encore par les inconditionnels de la domination.
Dans les contrées reculées du pays, le combat n’est pas aisé. Des milliers
d’individus continueront pendant longtemps d’être l’otage de leur « seigneurs »
qui useront de toutes les astuces et de tous les moyens de pressions pour
les maintenir dans la servitude.
L’exemple de Ain Ehl Taya
qui a été dénoncé par les associations de lutte contre l’esclavage et
qui été démenti par les enquêteurs de l’administration est là pour
illustrer la survivance de la pratique.
L’esclavage lui-même ignore tout des ce qui se décide actuellement à sa
faveur. Ceci est
d’autant plus vrai que les ex-esclaves continuent de
s’accrocher à leur ancien statut malgré cette libération qui perce
difficilement leur esprit. Le discours du maître est tellement sacré pour
l’esclave qu’une simple campagne de sensibilisation ne suffit pas pour
briser ses chaînes.
L’immensité géographique du pays est un facteur favorable à la mobilité. Et
par conséquent, celui-ci favorise le cloisonnement social. Combien de
personnes victimes de l’esclavage sous ses formes multidimensionnelles
existent dans la Mauritanie
des profondeurs ? Comment les missionnaires officiels pourront-ils
porter convenablement le discours libérateur et salvateur jusqu’aux
confins des « Adwabas » où les populations affamées
n’arriveront jamais à comprendre sans qu’elles préoccupées par la précarité
de leurs conditions de vie ?
Comment convaincre l’ancien sujet que désormais, il jouit des mêmes droits
et devoir que son ancien maître, alors qu’il n’a sous les mains que les
biens celui ? Autan d’obstacles qui risquent de limiter la portée de
cette loi criminalisant cette vieille pratique. En Mauritanie,
les réfractaires au changement attendent toujours que l’orage passe pour
revenir à la charge. Cette fois tous les instruments juridiques sont en
place pour combattre l’esclavage dans toutes ses formes et dans tous les
milieux socioculturels de la
Mauritanie.
Le
14/02/2008
Cheikh Tidiane Dia
Source: Le Rénovateur Quotidien (Mauritanie)