Messaoud Ould Boulkheir :le
lion noir rugit
LA TRIBUNE
« Vous me voyez ! Je ne suis
pas boiteux, je ne suis pas perclus de jambes, je ne suis pas dans un fauteuil
roulant, je ne suis pas atteint d’une maladie honteuse, contrairement aux
rumeurs qui ont couru à mon sujet… » Ainsi parla le leader harratin,
dirigeant du parti de l’Alliance populaire progressiste et président de
l’assemblée nationale de Mauritanie. De retour de Paris où il s’était rendu
pour des soins, Messaoud Ould Boulkheir s’est montré très énervé à l’occasion
de la conférence de presse meeting que son parti avait organisé jeudi 24
janvier au siège de l’APP. Debout devant une foule de partisans et
d’admirateurs, Ould Boulkheir qui a dit que sa voix n’a pas changé a failli
renverser la table sur laquelle il s’appuyait. C’est qu’il est apparu très
fâché. Visiblement par ce qu’il a considéré comme une offense à l’endroit d’un
député du parti. L’intéressé Khalil Ould Tayyeb avait été chahuté par des
militants du parti, et peut-être par d’autres personnes, qui l’ont empêché de
prendre la parole à la maison des jeunes à la faveur d’une rencontre. Le député
de l’APP avait notamment été traité de traitre à la cause de la Palestine.
« Mon amour pour le pays et pour la Palestine n’a pas changé », a
crié Messaoud Ould Boulkheir. « Ceux qui nous accusent de trahison ont
applaudi Ould Taya au moment où nous étions les seuls à avoir protesté parce
qu’il nouait des relations honteuses avec l’entité sioniste », a-t-il poursuivi,
non sans accuser ses détracteurs d’ « hypocrites ».
Le président de l’assemblée nationale
a encore dit : « c’est moi qui ai dit que je vais rompre les
relations avec Israël une fois élu président. » Il n’a pas été élu. Mais
il a soutenu l’actuel président de la République. Cela lui a valu un perchoir
au parlement, à son parti quelques portefeuilles ministériels… Depuis, quelques
avancés en termes de revendications dont il avait fait son cheval de
bataille ; du mouvement El Horr à l’APP en passant par l’UFD et l’Action
pour le Changement…Une loi criminalisant les pratiques esclavagistes a été
votée et adoptée. Des promesses de mesures d’accompagnement sont là. De quoi
donner l’impression au leader harratin du devoir accompli ou presque. La
preuve, même un maintien des relations avec l’Etat d’Israël ne compromettra
nullement le soutien de l’APP au Président de la République. En effet, à la
question de savoir si l’APP renoncerait à soutenir le Président au cas où
celui-ci maintenait les relations avec Israël malgré la déclaration appelant
les autorités à en « expulser immédiatement » l’ambassadeur de
Nouakchott, Ould Boulkheir répond : « De façon claire et précise la
réponse c’est non »… Comme quoi, ce n’est pas à n’importe quel prix
que les pactes de l’entre deux tours de la Présidentielle de 2007 seront
compromis. La preuve, « les ministres de l’APP présents dans le
gouvernement sont comme tous les autres ministres et ne sauraient être jugés en
dehors du tissu auquel ils sont étroitement liés ».
Pourtant, Ould Boulkeir a encore dit
durant sa conférence de presse être le candidat qui avait écrit dans les
clauses de son soutien à Ould Cheikh Abdallahi, que celui-ci devait résoudre
l’épineuse question des relations diplomatiques avec Israël. Bientôt un an que
l’idylle dure entre l’ancien opposant farouche et le tout nouveau président de
la République…Bientôt un an également qu’à l’assemblée nationale, certains
députés réclament le divorce d’avec l’entité sioniste ; allant jusqu’à
demander la réduction du budget de l’ambassade de Mauritanie à Tel-Aviv à cinq
million au lieu cent huit millions…Quoiqu’il en soit Messaoud Ould Boulkheir a
dit avoir confiance à l’actuel président, selon lui « qui est un homme de
parole » et qui avait promis de soumettre la question à l’appréciation du
peuple mauritanien…Reste à savoir, si malgré tout, l’APP qui, à l’origine est
un parti d’obédience nassériste et extrêmement panarabiste, est sur la même
longueur d’ondes que son président quant à l’appréciation des options
diplomatiques du pays. Ould Boulkheir a dit : « Si nous, nous
n’aimons pas la Palestine, qui va l’aimer ? » Il a dit aussi :
« la Mauritanie avant tout ».
Kissima Diagana
Source :La Tribune n°384
Tiré
de Flamnet
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