Le 12 janvier, M Sidatty Ould Dembe, représentant des SOS Esclaves à Kiffa, accompagné de
quelques habitants de Ademba El
Atchane, une localité située à 60 Kms à l’Est de Kiffa ont organisé une
conférence de presse au FONADH.
Une conférence supervisée par Boubacar
Ould Messaoud président de SOS Esclaves et Aminettou mint Ely présidente
de l’Association des Femmes Chefs de Ménages
(AFCF).
Au cours de cette rencontre avec la presse M. Ould Dembe a présenté un
rapport circonstanciel sur le violent incident qui a eu lieu le 5
janvier dernier à Adembe El
Atchane occasionnant une vingtaine de blessés parmi les
protagonistes, dont certains ont été blessés par des armes à feu.
Un incident grave qui n’est pas sans rappeler des vendettas similaires qui
se sont produites notamment en 1994 à
Aioun entre deux puissantes tribus, sauf que
dans le cas de Adembe
El Atchane, les affrontements ont opposé les membres
d’une même tribu : les Bazoug de Ehel
Sidi Mahmoud.
Selon le rapport du représentant de SOS Esclaves, le litige
serait consécutif l’animosité d’un groupe au sein de la tribu des Bazoug à
l’indépendance et l’autonomie des Hratines qui ont bénéficié
d’investissements publics sur leurs terres tribales.
Ce groupe a tenté dans un premier temps de les chasser de leurs terres en
utilisant le pouvoir des chefs tribaux mais n’a pas réussi à le faire.
C’est la raison pour laquelle il aurait donc décidé
d’entreprendre des actions en creusant notamment un puits pour changer la
donne sur le terrain ou pour créer un incident afin que l’usage de la
terre soit interdit à tout le monde. Les Hratines se sont donc opposés au
creusage de ce puits. L’administration locale leur avait donné raison d’où
l’étincelle qui a allumé le feu.
Ainsi, ajoute le rapport « est
intervenue l’opération du samedi 5 janvier et les affrontements se sont
poursuivis entre 9 h et 12 après que Mohamed Lemine Ould Mohamed qui conduisait son troupeau a été intercepté
par un groupe de Bidhanes comprenant Valili Ould Mohamed Sidi Ould Ma’ine,
Salem Ould Mohamed (…).
En comprenant qu’ils étaient
malintentionnés parce qu’ils étaient porteurs d’armes, il est revenu
informer les siens, lesquels, pendant qu’ils se concertaient furent
agressés. Les bâtons et les poings ont été utilisés bataille mais
quand les agresseurs furent battus, ils eurent recours aux armes
qu’ils avaient cachées», indique le rapport.
Le représentant de SOS Esclaves
a informé l’assistance d’un véritable scandale en indiquant dans
son rapport qu’un habitant de Adembe
El Atchane a bien informé les autorités administratives à
Kiffa des intentions des agresseurs mais que ces dernières n’ont pas
réagi. Il est même attribué au Wali de l’Assaba des propos comme quoi, il ne se
déplacera à Adembe el Atchane
que «quand il y aura un problème».
Le rapport indique qu’une unité de la Gendarmerie Nationale
occupe maintenant les lieux du litige et qu’elle humilie spécialement les
habitants de Adembe El Atchane,
en leur faisant enlever leurs grillages et en égorgeant leurs animaux .Et
le rapport de conclure: «La terre
n’appartient-elle pas à celui qui l’a mise en valeur ou appartient-
elle à la tribu ? Et à quand un Etat de droit où les citoyens sont égaux et
la loi au dessus de tous ?»
Par la suite, Toutou mint Laghdaf habitante de Adembe El Atchane est
intervenue pour donner plus de précisions et répondre aux questions des
journalistes soulignant que
l’administration était intervenue il y a
deux mois pour arrêter le creusage du puits des agresseurs qui tiennent
souvent des propos racistes et esclavagistes contre les habitants de Ademba El Atchane. Elle a
demandé que soit levé «la double
oppression de la tribu et de l’Etat».
En réponse à une question posée par un journaliste, le représentant de SOS Esclaves à Kiffa a indiqué ne pas s’être
rendu sur les lieux à Ademba El
Atchane et qu’il s’est basé sur des témoignages recueillis
à Kiffa pour établir son rapport.
Pour une société juste et unie
A la fin de la conférence de presse Boubacar
Ould Mesaoud a déclaré : « Depuis l’adoption de la loi, nous avons tenu plusieurs
conférences de presse sur des cas d’esclaves et de Hratines ainsi que sur
le traitement réservé par l’administration à des affaires à Rkiz, Guerrou , Nema Nouadhibou. Nous devons être conscients et
conscientisés des problèmes de notre peuple. Il ne sert à rien de masquer
les réalités. Nous avons choisi de soutenir les opprimés qu’ils soient
noirs ou blancs.
La couleur ne veut rien dire. Il y a
des maures noirs et des esclaves blancs. Nous voulons une société juste et
unie. Nous voulons que l’administration cesse de couvrir les cas
d’oppression et qu’on cesse de dire que les esclaves qui fuient ont
abandonné leurs enfants. Non, ils ont fui l’esclavage. Nous ne cherchons
nullement la confrontation. Nous voulons que la loi soit appliquée et que
les autorités administratives soient formées sur la nouvelle loi
anti-esclavagiste». Ould
Messaoud a demandé à
l’occasion le limogeage de Boubecrine Ould khourou, Hakem
de Rkiz suite
à l’affaire de Lemteyine
et s’est indigné de sa récente décoration.
Et d’ajouter : «Il y aura
bientôt des missions d’Amnesty International et l’organe des Nations Unies contre le racisme et nous n’allons pas
cacher quelques chose». Par la suite Mme Amintetou Minrt Ely présidente
de l’AFCF a exigé
la formation des autorités sur la loi et demandé aux victimes de s’exprimer
et de dénoncer. «Cessez de cacher ce
dont vous souffrez. Venez témoigner et dites : Tel me maintient en
esclavage.»
Le 18/01/2008
IOM
Source : Tahalil
Hebdo (Mauritanie)