Le
siège du Fonadh a vu défiler mercredi dernier,
plusieurs personnes de toutes les communautés nationales, victimes,
ou se présentant comme telles, de violences,
d’injustices, ou d’atteintes aux droits de l’Homme. Les concernés
ont témoigné directement exposant eux-mêmes, leurs problèmes devant les
médias et en présence de Mohamed Said Ould Hamody Président de la Commission
Nationale des Droits de l’Homme, de Khatou mint Baham Présidente du
Cyberforum et de Sarr Mamadou, Secrétaire Exécutif du Fonadh.
Une
démarche transparente de la part de l’organisateur de la
manifestation, Birama Ould Dah Ould Abeidi.
Certains
intervenants venant pour la plupart du Trarza ont développé un
nouveau concept :
l’esclavage agricole dont ils déclarent être victimes
par la force de la propriété traditionnelle de la terre et d’une collision
entre les forces traditionnelles et l’Administration qui ferait que les
propriétaires de la terre ne sont pas nécessairement ceux qui la
travaillent, de leurs mains.
Il s’agirait d’un esclavage -comme a eu à le souligner Birama Ould
Dah Ould Abeidi- qui n’est pas criminalisé par la loi comme l’esclavage
domestique.
Le moment fort de la rencontre fut incontestablement une sorte
d’heure de vérité (non suivie malheureusement de réconciliation) après
l’intervention de Messoud Ould Moutbeibib (qui accusait d’esclavagisme le
sénateur de Ould Yengé, Tiyeb Ould Sidbatt), quand ce
dernier, est venu à la conférence de presse pour se défendre,
déclarant qu’il n’a pas réduit Messoud en esclavage et qu’il n’a pas non plus
spolié ses terres.
Paroles
aux victimes (EXTRAITS)
Moctar
Ould Telly, a parlé de l’affaire de la localité El Wivagh (14 km à l’ouest de
Boutilimitt) où des individus s’opposant à l’occupation d’un terrain attribué
par l’Administration ont organisé une opération commando, au cours de
laquelle il y eut des blessés dont deux femmes percutées par une voiture.
C’était le 31 août 2007 quant la voiture des assaillants
( une 4x4
Mitsibushi L200) avec à bord deux hommes a attaqué ce village et jeté
des produits inflammables sur ses habitations. Les conducteurs de la voiture
se sont mis par la suite à poursuivre les habitants blessant
grièvement plusieurs personnes. Des coups de feu ont également été tirés à
partir de la voiture -toujours selon le témoignage de Moctar Ould
Telly- qui a estimé que les autorités n’ont pas réagi comme il faut, face
à ce événement grave et que le lieu du crime n’a pas été visité par un
enquêteur alors qu’ il s’agit d’une opération terroriste . Ould Telly s’est
demandé : Où est la République ? Où est la protection du
citoyen ?
Messoud Ould Metbeibib, agriculteur de la commune de Kouroudjel
(Assaba) s’en est pris dans son intervention (forte et passionnante
malgré un perceptible déficit de formulation) à Tiyeb Ould
Sidbatt sénateur de Ould Yengé. Ould Metbeibib l’accuse de lui
avoir spolié ses terres, d’avoir orchestré le transfert d’une
classe d’alphabétisation, la confiscation d’un moulin et d’avoir
tenté de fermer une école à Mesyel Lehbeche, le tout, en raison de
divergences politiques
Venu à la conférence de presse dans une démarche courageuse et
appréciée par les militants des droits de l’Homme, le sénateur de Ould
Yengé a rejeté ces accusations affirmant qu’il n’a pas de problèmes
avec Messoud qu’il n’habite pas avec lui et qu’il ne cultive pas le terre non
plus avec lui. Messoud a-t-il indiqué est manipulé par un groupe. Le
sénateur a brandi des documents pour prouver ses assertions. Il a affirmé
qu’il n’a rien à se reprocher précisant que Ould Metbeibib à plutôt un
litige avec ses propres parents. Interrogé si les belligérants de Ould
Metbeibib ne sont pas manipulés par ses soins, le sénateur s’est limité à
dire : «Il a des problèmes avec ses cousins germains».Un activiste d’El
Hor, lui rétorquera : «Un Ould Metbeibib n’a pas de cousins
germains!»
Amadou Diop : «Je viens de Lexeiba, je voulais pour cultiver
mon périmètre et bénéficier du crédit agricole mais on m’a dit que c’est
impossible parce que cela dépend d’un chef tribal Ould Habibourahmane.
Il y a 56 hectares mais nous avons pu faire mes parents et
moi seulemen,t 11 hectares avec nos moyens .Nous avons obtenu notre
titre foncier en 2006 alors que nous avons déposé notre demande en 1999.
Maintenant on fait les dossiers ave
l’argent et non avec le droit.»
Abdellahi
Ould Mohamed Salem
S’exprimant au nom d’un collectif de reconquête des terres de Lexeiba,
il déclare : « Nous avons un litige depuis 2005 avec trois familles
représentées par Yacoub Ould Moussa Ould cheikh Sidiya, Abdellahi Salem Ould
Ahmedoua et Ould Habibourahmane. Ils nous empêchent de cultiver les terres
reparties entre les tribus qui détiennent les papiers et
l’influence. Avec le
3 août 2005 nous avons pensé qu’il y a un changement et nous avons concocté
notre propre liste aux élections car nous sommes majoritaires chez nous. En
représailles à cela, les tribus ont confisqué les terres en se basant sur des
papiers établis dans des contextes d’injustice».
Yeslem Ould Hweimed : «Je parle au nom des habitants
du village Ehel Imigine (Lexeiba ) qui cultivent ses terres depuis
la nuit des temps Des terres qui appartiennent à des gens qui ne peuvent pas
prouver qu’ils les ont achetées ou qu’elles leur ont été donnés. Nos
ancêtres ont travaillé ces terres sous l’autorité des tribus et nous n’y
voyons pas d’inconvénients compte tenu des liens historiques, mais les
nouveaux chefs tribaux n’ont rien à voir avec leurs ancêtres et ne leur
ressemblent pas. Les nouveaux chefs tribaux n’habitent pas avec nous, ils
sont à Boutilimitt, Ain Selama et Nouakchott. C’est nous qui y résidons.
Ils nous ont abandonné et ne nous ont jamais fourni un quelconque soutien.
Récemment un bienfaiteur Idawali est venu nous voir, il nous a donné du
ciment et du fer et nous a demandé de choisir un site pour construire un
puits, mais le Hakem est venu bloquer sa construction arguant
qu’il y a un
litige foncier le concernant avec Ehel Chbariya. Il n’ y a jamais eu de
confrontation entre nous et Ehel Chbariya autour du litige évoqué».
Moctar
Ould M’kheitrat : «Mes enfants ont été torturés après leur
arrestation le 27 février 2005 par les gendarmes : (Mohamed Ould Ahmed
Mahmoud, Cheikh Ould Ndoumry, Ahmed Ould Abdel Kebir et Sidi Brahim Ould
Brahim Vall) à Rkiz, suite à une accusation de cambriolage formulée
contre eux par un commerçant. Ils ont été acquittés par la suite par un
jugement. Nous n’avons pas de recours après les sévices qui ont été infligés
à nos enfants. Je demande aux organisations de nous aider».
Mohamed Mahmoud Ould Oumarou : «Je dénonce les conditions
dans lesquelles se trouvent les dockers du Port Autonome de Nouakchott qui
sont victimes de ce que certains qualifient d’esclavage moderne pratiqué par
des hommes influents depuis l’ère Ould Taya et qui sucent leur sang. Parmi
ceux-ci, je cite Ahmedou Ould Mohamed El Hacen et son complice mon
collègue syndicaliste Cheinbany Ould Bilal, ici présent. J’estime d’ailleurs que
le cas des dockers du Port Autonome peut relever de l’esclavage traditionnel.
Le Port Autonome c’est notre source de ravitaillement à tous, et il ne
faut pas -qu’ à Dieu ne plaise- qu’il devienne un foyer de tension. Nous
devrons œuvrer tous, pour qu’il soit un foyer de sécurité et de
stabilité. Les hommes d’affaires doivent être patriotes et comprendre que
leurs intérêts résident dans le bien être des travailleurs. Je rappelle que
42 dockers sont exclus depuis 2002. Des affrontements ont eu lieu sous le
régime de la transition devant la présidence de la République. Les
occasionnels du Port Autonome ne peuvent plus supporter leurs conditions. Il
y a un risque réel d’explosion. Conjuguons nos efforts pour éviter cela».
IOM