Messaoud
Ould Boulkheïr/Birame Ould Dah : Les raisons d’un désamour
Messaoud
Ould Boulkheïr et son parti APP sont enfin sortis de leur
torpeur. En effet dans un communiqué rendu public le mardi 17
juillet, le parti s’est finalement attaqué à la diffusion par
Radio Coran en date du 9 juillet des enseignements de Khlil qui
font l’apologie de l’esclavage.
Mais
à la différence de Mohamed El Moustaph Ould Beddridine le premier
homme politique du pays à s’insurger contre la diffusion desdits
enseignements, Messaoud et l’alliance populaire progressiste n’ont
pas pris la peine d’appeler à la libération de Birame incarcéré
depuis la fin du mois d’avril dernier pour avoir passé au feu un
exemplaire du Khlil et d’autres œuvres du même genre dont le
caractère anti-islamique n’est plus à démontrer. Á la
différence de Moustapha Ould Beddridine, ils n’ont pas voulu
saisir l’occasion de se racheter en appelant à l’élargissement
de Birame, qu’ils avaient qualifié en substance - lors de son
arrestation consécutive à l’acte d’incinération - de
«marginal ; d’irresponsable, de malade mental à la tête
d’une poignée d’hommes qui visent à raviver l’esprit de
la revanche et de haine entre les couches sociales ; qui se sont
lancés dans une opération de séduction qui rentre dans le cadre
d’un processus dont la finalité est d’installer le judaïsme en
Mauritanie », abondant ainsi dans le même sens que les milieux
esclavagistes qui ne visaient qu’une chose : l’élimination
du gênant militant des droits humains.
La foi n’y est pour
rien
Pourquoi
donc après avoir toujours soutenu Birame, un tel revirement de la
part de Messaoud? La foi n’y est certainement pour rien. En effet,
si vraiment les œuvres incinérées par Birame - qui permettent de
vendre des hommes comme du bétail ; refusent de
considérer que le maître et son esclave sont égaux devant le droit
à la vie ; attribuent aux maîtres-esclavagistes le droit
d’entretenir des rapports charnels avec leurs servantes ;
soutiennent que la prière du vendredi n’est pas obligatoire pour
l’esclave- avaient un caractère sacré aux yeux de l’APP,
le parti de Messaoud n’aurait pas condamné l’initiative de
Radio Coran de consacrer un temps d’antenne à leurs enseignements.
Les raisons du désamour de Messaoud pour Birame seraient ailleurs.
Le désenchantement du vieil opposant vis-à-vis de son cadet
viendrait du fait que celui-ci n’a pas hésité à dénoncer les
accointances de l’APP avec des esclavagistes, chose perçue par
Messaoud comme une volonté d’écorner l’image de son parti
Tout
commence le 3 Octobre 2010. A cette date, un cas d’esclavage
est révélé à Rosso. IRA s’empare de l’affaire et
la porte devant les autorités. L’affaire s’ébruite et porte un
sacré coup à l’image que se font les Mauritaniens de l’APP
considérée comme étant un parti anti-esclavagiste. En effet le
maître esclavagiste Yedali est un militant de l’APP, tandis que
son principal soutien qui a usé de mille et un subterfuges pour le
tirer d’affaire n’est autre que le coordinateur de l’APP au
Trarza, en l’occurrence Sidi Ould Messaoud.
L’essentiel
étant que justice soit rendue, les abolitionnistes ne jugeront pas
nécessaire de tenir compte l’appartenance politique du maître
esclavagiste et de son principal soutien qui aura manœuvré à tout
bout de champ afin de soustraire le coupable à la justice.
Au
communiqué de Sidi daté du 7 octobre 2010 qui dénote de la fuite ,
Birame répond par un communiqué daté du 9 octobre 2010 pour dire
«à tous les Mauritaniens, quels que soient leur communauté, leur
rang, leur parti ou association, quelles que soient leur proximité,
leur parenté ou leur degré d’amitiés avec les militants de
l’Ira, que ces derniers n’hésiteraient jamais à les dénoncer
au cas où ils seraient coupables ou complices des crimes ou délits
de racisme, d’esclavage, de torture ou toutes autres formes de
violations des droits de la personne humaine».
Et
comme pour joindre le geste à la parole, Birame revient à la charge
au début du mois d’avril 2012 il pour s’en prendre à Messaoud
Ould Boulkheïr à qui il reproche sa participation au «Dialogue
Inclusif National» qui a eu lieu entre septembre et octobre 2011 et
qui n’était rien d’autre qu’une perche tendue à un
pouvoir garant du racisme, de l’esclavage et de l’exclusion,
contesté de toutes parts et en quête des partenaires.
Son
interview sur les ondes de Kassataya au cours de laquelle il affirme
que Messaoud comme Boidiel est dans le camp qui s’oppose à
l’émancipation des H’ratines, sera saluée par nombre
d’anti-esclavagistes. Parce qu’Oud Boulkheïr et son parti n’ont
pas cherché, lors du «Dialogue Inclusif National», à ce que des
amendements soient apportés à la loi de 2007 criminalisant
l’esclavage, qui ne permet aux ongs de porter devant les
tribunaux les cas d’esclavages concernant les adultes victimes
d’asservissement. Parce qu’ils n’ont pas cherché à ce qu’une
brigade destinée à réprimer les pratiques esclavagistes soit mise
en place. Enfin, parce qu’ils se sont contentés tout juste de
l’inscription de la criminalisation de l’esclavage dans le texte
fondamental du pays.
Mais au lieu de procéder à
une autocritique, le parti de Messaoud Ould Boulkheïr monte
sur ses grands chevaux en considérant désormais Birame Ould Dah
Abeïd comme un ennemi qui ne chercher qu’à lui nuire, un
adversaire à abattre. Pour parvenir à ses fins, à savoir éliminer
Birame, APP trouvera que tous les moyens sont bons quitte à
apporter soutien à une cabale orchestrée par les segments
esclavagistes du pays contre un militant éminemment
anti-esclavagiste, engagé contre toutes les sortes de violations de
droits humains, et sur qui repose l’espoir de milliers d’hommes ;
de femmes ; d’enfants, victimes soit de l’asservissement
soit du passif humanitaire. Lequel militant bénéficie de
l’appui des progressistes issus de toutes les composantes de la
société mauritanie (H’ratines, Beydanes, Wolofs, Pulaars,
Soninkés, Bambaras) qui n’aspirent qu’à une chose : voir
leur pays s’engager résolument dans la voie de la lumière. C’est
dire qu’après l’épisode de l’incinération des manuels dits
de rite malékite qui font l’apologie de l’esclavage, on a du mal
à croire l’APP quant elle déclare œuvrer en faveur
de la cohésion sociale, et de l’unité nationale.
Samba
Camara
Source:
http://www.taqadoumy.com/fr/index.php?option=com_content&view=article&id=2200:messaoud-ould -boulkheirbirame-ould-dahn-les-raisons-dun-desamourn&catid=37:les-opinions-politiques&Itemid=397
|