A.H.M.E.
ARTICLE 549 :
«EXPLOITATION POLITIQUE ET INSTRUMENTALISATION DE L’ISLAM» «La Mauritanie n’est pas islamique mais laïc» L’actualité nationale a été dominée en ce début janvier 2014 par les réactions suscitées par l’écrit du jeune Mohamed Ould Cheikh, jugé offensant contre le Prophète (PSL). Le Prix 2013 des Nation Unies pour les droits de l’homme, président du mouvement Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Birame Dah Abeid, a tenu à cet effet à exprimer la position de son organisation par rapport à ces évènements. Au cours de la conférence de presse qu’il a animée mercredi 15 janvier dernier, il a tiré la sonnette d’alarme sur ce qu’il considère être une «exploitation et une instrumentalisation de l’Islam par la classe politique, les groupes dominants esclavagistes et le clergé local». Selon lui, cette exploitation menace la paix civile et l’achèvement de l’Etat de droit, tout en exacerbant les tensions sociales liées à des stratifications qui n’ont rien à voir avec les idéaux libérateurs et égalitaires de l’Islam. Birame Dah Abeid s’est d’emblée porté en faux contre l’affirmation du président Mohamed Ould Abdel Aziz selon laquelle «la Mauritanie est un Etat islamique et non laïc». Pour le leader d’IRA, «la Mauritanie n’a jamais été une République islamique, car ayant toujours ignoré l’égalité entre ces citoyens, ce principe fondateur et substance centrale du message coranique prophétique». Pour lui, l’Islam est loin d’être l’inspiration essentielle des groupes dominants en Mauritanie qui ont bâti selon lui un Etat basé sur l’esclavage et l’oppression. Pour Birame, la Mauritanie est plus proche de l’Etat laïc qui par définition est un Etat qui n’applique pas la loi divine, en l’occurrence la Chari’a. «Cessons cette démagogie et cessons de tromper les hommes car nul ne peut tromper Allah » dira-t-il. Selon le président d’IRA, «un pays qui continue d’être régi par l’esclavage, le racisme, la ségrégation, l’injustice et le Ribâa, ne peut prétendre être islamique». Birame mettra ainsi en garde contre «la division des Mauritaniens entre bons pratiquants fidèles de l’Islam et mauvais musulmans ennemis de l’Islam ». Pour lui, une telle distinction est fausse et doit être combattue par «les hommes de bon sens » qui doivent selon lui «conjuguer leurs efforts pour tirer la sonnette d’alarme sur les graves dérives qui menacent le pays». S’exprimant au nom de son organisation, Birame dira qu’IRA «est en total désaccord avec ceux qui appellent au meurtre de Mohamed Ould Cheikh Ould MKheïtir», réitérant en même temps son rejet contre tout ce qui peut égratigner la personnalité du Prophète (PSL). A l’adresse des opprimés, esclaves, forgerons, Zanaga, griots, tous ceux que les multiples interprétations de la religion ont légué au bas de la stratification sociale, Birame leur dira «ne vous trompez pas de combat ; celui-ci ne doit pas être dirigé contre l’Islam et son Prophète (PSL), mais contre ceux qui ont instrumentalisé l’Islam pour imposer la domination de classe et l’auréoler du vernis religieux». Selon lui, les opprimés doivent au contraire brandir l’Islam et son Prophète comme arguments de combats contre ces dieux de la supercherie et de la falsification religieuse.
«Politique de deux poids deux mesures»
D’autre part, Birame s’interroge sur cette logique de deux poids deux mesures, qui veut que l’Islam mauritanien ne se sente menacé que lorsqu’il s’agit de gens issus des classes opprimées, esclaves, Haratines ou forgerons. «Beaucoup d’illustres fils de marabouts et de fils de grandes tentes ont pourtant fait des offenses encore plus grands envers Allah et son Prophète, sans que personne n’ait crié au scandale, sans qu’ils n’aient jamais été inquiétés ou que les tribunaux n’aient été saisis » scandera-t-il. Il cite le cas d’un ancien journaliste, fils d’une grande famille de marabout qui, lors d’une visite du président Ould Taya dans le fief de sa famille, lui tendit un exemplaire du Coran en lui disant «acceptez monsieur le président ce modeste présent». Personne n’a bronché, devant cette énormité qui consiste à traiter le Saint Coran de «modeste cadeau», dira Birame en substance. Birame cite également «toutes ces insanités que les groupes dominants ont rattaché à l’Islam, l’esclavage, la stratification sociale, l’inceste et le viol des jeunes esclaves, le captage d’héritage, etc ». Il s’interroge également sur ces «meurtriers élevés au rang de dignes personnalités qui peuplent le rang des partis politiques de la majorité et de l’opposition, coiffent des organisations de la société civile et occupent de hautes fonctions de l’Etat, alors que leurs mains sont souillées du sang de centaines de négro-africains » Et de se demander «pourquoi le président Aziz qui parle d’Etat islamique n’a jamais traduit ces bourreaux devant les tribunaux, ou est-ce que les peines, les sanctions et les pogroms au nom de l’Islam ne sont destinées qu’aux classes dominées ?». De se demander aussi «pourquoi les érudits qui prétendent défendre l’Islam contre le jeune Ould MKheïtir ne l’ont jamais défendu contre l’esclavage et les assassinats collectifs des noirs en Mauritanie ?» Pour Birame, la réponse est simple. «Ils ne dénoncent pas parce qu’ils sont actionnaires dans ces pratiques». S’attaquant à un célèbre érudit de la place, il dira que ce dernier «doit commencer par balayer devant sa tente avant d’émettre des Fatwas tout azimuts ». Selon lui, le père de cet érudit avait un esclave qui avait perdu quelques vaches. Fatigué de les chercher et rattrapé par la nuit, l’esclave aurait passé la nuit avec son épouse qui vivait dans un autre village de la famille de ses maîtres dans un village situé dans l’Awkar. Le lendemain, il rejoignit ses maîtres sans les vaches perdues. Selon Birame, «l’esclave fut pendu devant sa mère, par le propre frère de l’érudit en question. Et de l’apostropher «que dit aujourd’hui cet érudit par rapport à ce crime fait de sang froid pour quelques vaches perdues ? » Pour lui, ce crime n’a jamais fait des remous, mais promet qu’IRA le déterrera dès qu’il aura obtenu l’assentiment des ayants-droits.
Cheikh Aïdara
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Conférence de presse AMDH : « J’ai été doublement choquée par la sortie du Premier Ministre sur radio Saharamedia »
Choquée ! C’est le maître mot qui a dominé la conférence de presse que Me Fatimata MBaye, présidente de l’AMDH, a animée dimanche 29 décembre 2013 dans ses locaux à Nouakchott. Elle considère que le Premier ministre, par la nature de ses charges à la tête de l’Etat mauritanien, devait se placer au dessus de la mêlée. En déclarant dans un mass média que le Prix des Nations Unies décerné à Birame Dah Abeid n’a aucune signification, c’est un désaveu que la Mauritanie, vice-présidente de la Commission des Nations Unies des droits de l’homme et membre de l’instance onusienne, réserve à une décision prise par l’ensemble de la communauté internationale. Le pire, selon elle, c’est lorsque le Premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, assimile cette organisation mondiale d’être sous la botte d’Israël. Et de demander à l’état mauritanien, pour plus de cohérence par rapport à cette position, de se retirer de la Commission des Nations Unies des droits de l’Homme, de se retirer des Nations Unies, et de ne plus accepter les financements de l’Union européenne et des Nations Unies pour l’aide qu’elles lui octroient pour la lutte contre l’esclavage, puisqu’il n’existerait pas. Pour Me Fatimetou MBaye, l’Etat mauritanien doit faire du prix décerné à Birame Dah Abeid, une lecture approfondie, dans la mesure où il constitue une reconnaissance internationale de l’existence de l’esclavage en Mauritanie. « Et pourquoi si l’esclavage n’existe pas en Mauritanie, des lois sont-elles promulguées pour le condamner ? » soulignera-t-elle, rappelant la loi de 1981, celle de 2007 et la dernière modification de la constitution qui réitère cette condamnation dans le préambule de la Constitution. Me Fatimeta MBaye a invité l’Etat mauritanien à être plus cohérent par rapport à la question de l’esclavage et d’œuvrer à son abolition, insistant sur ce mot « abolition » plutôt qu’éradication, car selon elle, tout le monde en Mauritanie sait que l’esclavage existe et continue d’être pratiqué à grande échelle. En conséquence, elle recommande aux autorités d’appliquer la loi de 2007 sur l’esclavage en toute objectivité et de ne pas faire du phénomène une question personnalisée ou communautarisée. Elle rappelle que la Mauritanie a ratifié des conventions et des traités internationaux contre les pratiques esclavagistes, la discrimination et le racisme et doit veiller à leur application. « On peut ne pas être d’accord avec les méthodes de IRA et de BIrame, mais on ne peut pas dire que leur combat est faux » s’insurgera Me Fatimata MBaye, qui compare la diabolisation dont ce mouvement et son président sont l’objet aujourd’hui, avec celle qu’elle a elle-même connu dans les années 90, et qu’ont connu d’autres organisations de défense des droits de l’homme, comme SOS Esclaves, EL Hor, Fonadh etc. Elle s’est demandé d’ailleurs pourquoi l’Etat mauritanien a refusé l’invitation faite par les Nations Unies d’assister à la remise de son prix à Birame Dah Abeid, à l’heure où tous les pays limitrophes se plient à ce protocole lorsqu’un de leurs citoyens est primé, même s’ils ne lui vouent aucune amitié. « Et pourquoi tout ce tintamarre rageur sur le prix de Birame ? » s’interroge Me Fatimata MBaye qui rappelle qu’elle-même a été décorée en 2012 à Washington et que Boubacar Ould Messaoud, président de SOS Esclaves, qui a assisté à la conférence de presse a aussi reçu des distinctions, le Prix Antislavery entre autres, tout comme d’autres défenseurs, comme Aminetou Mint Moctar. « Et cela n’a jamais suscité une telle campagne médiatique comme celle menée contre le Prix reçu par Birame ». Enfin, Me Fatimetou MBaye déplore que la deuxième personnalité du pays, puisse s’investir dans des explications publiques, loin du langage de la neutralité et de la diplomatie, pour procéder à la négation d’une réalité sociale que le monde entier constate. « Il appartient à la société civile de poursuivre le combat pour l’abolition du phénomène esclavagiste en Mauritanie ainsi que de toutes les formes de violation des droits humains » conclura la présidente de l’AMDH qui ajoute « si les autorités mauritaniennes s’évertuent à nier et à récuser les prix décernés aux défenseurs des droits de l’homme, elle doit aussi refuser toutes les aides qu’elle reçoit de l’Union Européenne et des pays occidentaux pour les questions liées aux droits de l’homme ». Boubacar Ould Messaoud, président de SOS Esclaves, présent lors de la conférence de presse, a répondu à une question relative à la cristallisation du combat contre l’esclavage sur la communauté arabo-berbère, alors que cette pratique existe dans les autres communautés. Selon lui, les ONG de défense des droits de l’homme ne peuvent assister que les victimes qui sollicitent leur aide, or ceux qui se plaignent auprès des organisations de défense des droits de l’homme de pratiques esclavagistes sont exclusivement issus de la couche harratine. « Aux autres victimes négro-africaines de nous solliciter et vous verrez si nous ne prendrons pas en main leur cas, mais ce n’est pas le cas jusqu’à présent » dira-t-il.
Cheikh Aïdara. |
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« Quitter IRA n’est pas une information, mais y rester OUI»
Cheikh Aïdara |
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La
révision des livres dits malékite sur l’esclavage : De
plus en plus, la vision posée par l’Initiative de résurgence du
mouvement abolitionniste (IRA) par rapport à la jurisprudence des
livres de la « version falsifiée du rite malékite »
comme aime à le souligner le président du mouvement, Birame Ould
Dah Ould Abeid, semble s’imposer sur la scène nationale. Lors
d’une conférence qu’il vient d’animer, le président du parti
Tawassoul, Mohamed Jemil Mansour vient en effet d’appeler à
libérer le Fiqh du figisme dans lequel certains le confinent, pour
débarrasser l’esclavage de ce carcan religieux dans lequel il a
été injustement enfermé des siècles durant.
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Découverte
d’un nouveau cas d’esclavage :
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IRA à Rosso : « Non à la spoliation des terres agricoles au détriment des Harratines et des Négro-africains au profit des hommes d’affaires » A Rosso, le président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Birame Ould Dah Ould Abeid, a centré son discours prononcé lors du meeting populaire organisé à la Maison des Jeunes, lundi 11 mars 2013, sur la problématique des terres agricoles. Au cours de cette rencontre, il a fustigé l’attitude des cadres du Trarza issus de ces franges, qui auraient préféré selon lui les « dividendes du silence » au détriment de la souffrance de leurs propres communautés. « Ce qui est reproché à Birame, c’est son refus d’accepter les postes et l’argent de l’Etat et sa position radicale et intransigeante pour l’application de la justice sociale et de l’équité dans ce pays », scandera le leader antiesclavagiste. Birame a poursuivi son intervention pour dire qu’il ne sera pas comme « ces chasseurs de primes et de privilèges » de sa Wilaya. « Je suis originaire du Trarza, mais je ne me tairais pas comme les autres, face à la spoliation dont sont victimes les populations Harratines, les Wolofs et les Halpulaar de la Chemama, ces populations dont une partie a été déportée à l’extérieur du pays et les autres marginalisés sur leur sol, pour que la terre de leurs ancêtres soient distribuées à des gens venus d’ailleurs, des hauts cadres de l’administration, des hommes d’affaires, des hauts gradés de l’armée, des religieux, des retraités, confinant dans la pauvreté et la misère comme des serfs, des communautés entières dont la survie est jusque-là liée à l’agriculture ». Le pire, dira Birame, ces nouveaux « agriculteurs » de l’agrobusiness n’ont pas exploité ces terres et n’ont rien produit, profitant des sommes astronomiques du Crédit agricole dont ils ont eu l’exclusivité, pour gonfler des patrimoines immobiliers et des entreprises, si ce n’est pour fructifier des troupeaux de camelins et d’ovidés dans leurs régions d’origine. Les vrais agriculteurs du Trarza et de la Vallée d’une manière générale sont celui confinés dans la misère et la vassalité. C’est dans ce cadre que Birame a décidé de faire de cette problématique l’objet de son combat, promettant d’organiser une marche avant la fin de l’année, qui s’ébranlera de Lexeïba jusqu’aux portails de la Wilaya de Rosso. Encadré : Front Line Defender condamne l’arrestation des militants d’IRA à Kaédi Dans un posting en date du lundi 11 mars 2013, l’organisation internationale des droits de l’homme, Front Line Defender, dont le siège est basé à Dublin (Irlande) a dénoncé l’arrestation des neuf membres d’IRA dans la capitale du Gorgol, Kaédi. L’organisation s’est dite profondément préoccupée par la détention de ses militants, et l’agression physique dont ils ont été victime de la part de la police, alors qu’ils « participaient à une réunion privée et légitime en vue de promouvoir le travail d’IRA » ; selon le communiqué publié à l’occasion. Front Line Defender considère ces faits comme incompatibles avec les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, tels que garantis par le droit international. C’est dans ce cadre qu’elle demande aux autorités de libérer sans condition les militants d’IRA, de mener une enquête pour déterminer les auteurs de l’agression policière contre les militants, d’en publier les résultats et de les traduire en justice. Enfin, Font Line exhorte les autorités à veiller à ce que les défenseurs des droits de l’homme en Mauritanie, exerçant leurs activités légitimes, soient en mesure d’opérer sans restrictions ni représailles, y compris le harcèlement judiciaire. Auparavant, le coordinateur d’IRA au niveau du Trarza, Mohamed Lemine Dieng, qui avait mis à la disposition de la délégation ses deux maisons, appellera la population de la région à s’attacher à Birame Ould Dah Ould Abeid, « ce héros des communautés défavorisées de la Mauritanie, selon lui, afin de rendre réel l’émergence d’un pays plus égalitaire et plus juste ». Le Faqih, Mohamed Vall Ould Mohamedou est revenu quant à lui sur l’histoire des livres et de leur incinération, se félicitant que les populations de Rosso aient démystifié la sacralité de ces ouvrages qui consolident selon lui, la discrimination raciale et sociale ainsi que la pratique de l’esclavage. Une soirée folklorique et de débat a été organisé durant la soirée en présence de plusieurs militants et cadres du mouvement IRA. Cheikh Aïdara. |
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IRA-Italie
: "Tracasseries policières, confiscation de passeports…
La section IRA-Italie, venue assister au deuxième Congrès de l’association tenu les 5 et 6 mars dernier à Nouakchott, a achevé son séjour en Mauritanie après une semaine d’observation. Pour boucler ce séjour plein d’émotions et de nouveautés, selon ses membres, une conférence de presse a été animée samedi dernier au domicile de leur président, Birame Ould Dah Ould Abeid, à Riadh. Assis à même le tapis, le teint déjà bronzé par un séjour d’une semaine en Mauritanie durant lequel, ils sont passés du froid polaire à la chaleur désertique en passant par les vents de sable, les douze activistes italiens des droits de l’homme, membre de la section IRA-Italie, sont revenus sur leur séjour à Nouakchott, ainsi que sur leur périple à Jidrel Mohguen, dans le Trarza. S’exprimant au nom du groupe, Giammarco PISA, président de la section IRA-Italie, traduit par sa compatriote Ivana Danva, a indiqué que le bureau de la section IRA-Italie est basé à Naples et a été fondé en décembre 2011, après un séjour que Birame Ould Dah Ould Abeid venait d’effectuer dans l’île. A la base de cette section, dira-t-il, il y a des activistes, des observateurs et des spécialistes des droits de l’homme italiens issues de deux grandes organisations connues sur le plan local, européen et mondial. Ainsi, les membres de la section IRA-Italie sont tous issus soit de l’organisation AIMA (Paix en campagne) soit de l’organisation "Femmes en Noirs " connus pour leurs interventions dans les territoires occupés à Gaza, mais aussi pour leur activisme dans des causes humaines au niveau de plusieurs pays Latino-américains et d’Afrique, comme au Tchad, au Sahara Occidental… A retenu l’attention… Selon Giammarco PISA, avant l’arrivée de Birame, ils avaient une connaissance assez minime de l’esclavage, tiré pour la plupart de leurs lectures. Ils ont mis un visage sur cet esclavage traditionnel pratiqué en Mauritanie, poursuit-il, grâce aux entretiens avec Birame Ould Dah Ould Abeid à Naples. D’où l’idée d’aider IRA et d’insuffler à son combat un souffle plus élargi, complètera-t-il. Selon Giammarco trois choses ont retenu l’attention de son groupe durant son séjour en Mauritanie. D’abord, le deuxième Congrès d’IRA qui selon lui a permis de mesurer le degré de mobilisation de l’organisation, son ancrage populaire. C’est surtout, selon lui, le niveau des débats qui ont émaillé les travaux du congrès ainsi que le caractère concret et réaliste de ses orientations qui ont frappé. Ensuite, poursuit-il, le voyage à Jidrel Mohguen dans le Trarza qui a permis à la délégation d’observer le quotidien difficile de populations Haratines, dans un environnement dénué des plus simples commodités et de la moindre infrastructure de base. Enfin, c’est le combat des femmes Haratines, sans moyens devant l’adversité et qui tentent de s’organiser à travers des coopératives pour vivre et faire vivre leurs familles, qui ont séduit les membres de la délégation, déclare Giammarco. Tracasseries Selon la délégation de la section IRA, ce qu’ils ont pu constater sur le terrain en matière de pratiques esclavagistes en Mauritanie est pire que ce qu’ils s’imaginaient. C’est surtout, dira Giammarco, le silence obstiné des autorités face aux souffrances des populations qui est dramatique, comme si, dira-t-il "un mur d’incompréhension se dressait entre le monde institutionnel et le peuple". Et c’est cela selon lui qui rend le travail des défenseurs des droits de l’homme encore plus difficile. La délégation a par la suite raconté les tracasseries dont ses membres ont été l’objet au niveau de l’aéroport de Nouakchott où ils ont été les derniers voyageurs à quitter le hall. Finalement, leurs passeports leur seront confisqués, regrettent-ils, rendant par la suite difficile leur déplacement. C’est ce qu’ils endureront sur la route de Rosso, arrêtés à chaque poste de contrôle et interrogés, relatent-ils en substance. Mais les activistes italiens ont minimisé toutes ces tracasseries auxquelles disent-ils, ils sont habitués, un tel traitement n’étant pas spécifique à la Mauritanie, préciseront-ils, avançant que dans tous les pays où les droits humains ne sont pas respectés, l’arrivée de défenseurs de droits de l’homme est partout mal perçue et non tolérée.Au passage, Birame avait tenu devant la presse, à déconstruire un mythe longtemps véhiculé par les officines du pouvoir et selon lequel Ivana Danva travaillerait pour le Sionisme internationale et qu’elle financerait Birame pour déstabiliser la Mauritanie. Ce que l’intéressée à démenti avec humour, soutenant que de telles affabulations sont courantes dans des régimes qui cherchent à salir leurs opposants. Par rapport aux autres organisations qu’ils ont connues à travers le monde, les activistes italiens soulignent que la spécificité d’IRA est qu’elle est la plus populaire et la moins élitiste, ce qui rend son ancrage plus profond et son souffle plus durable. Il s’agit, diront-ils, d’un mouvement dynamique aux dimensions extensibles, ce qui peut à l’avenir lui permettre de se projeter dans un combat politique. Clôturant le point de presse, Birame Ould Dah Ould Abeid a indiqué qu’IRA est engagé dans la lutte contre les inégalités et les injustices. Il s’élève contre les privilèges de rang et de sang, contre la féodalité tribale et le diktat de masse véhiculé par un clergé assujetti à une copie locale du Malékisme intolérant, basé sur l’apologie de l’esclavage et la domination de race. Enfin, Birame a indiqué que sa lutte englobe la chute du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz et du système esclavagiste et de race qui le soutient, appelant à une refonte de la société mauritanienne sur des bases plus égalitaires et plus justes. Cheikh Aïdara |
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