Mémorandum
sur la crise entre le Général Mohamed Ould Abdel Aziz et
l’opposant mauritanien Mustapha Ould Limam Chafi .
Dès
la chute du Président mauritanien Moawiya Ould Sid’Ahmed Taya à
laquelle il avait concouru activement, Mustapha Ould Limam Chafi,
décide de réunir à Dakar, les principaux animateurs de la
contestation en exil. A l’issue de la rencontre, parrainée par le
Président Abdoulaye Wade et son Ministre des affaires étrangères
d’alors Cheikh Tidjane Gadio, ils s’engagent à s’inscrire dans
le processus de démocratisation annoncé.
Mustapha
Ould Limam Chafi et ses compagnons de route, effectuent alors un
retour triomphal au pays, qu’ils sillonnent durant quelques
semaines. Lui-même décline toute ambition politique dans son pays
et revient, à Ouagadougou, en 2006, après quelques mois
d’imprégnation.
Pendant
la campagne pour l’élection présidentielle, il décide de
soutenir le candidat Sidi Mohamed Ould Cheick Abdallahi également
soutenu par le Colonel Mohamed Ould Abdel Aziz et qui remportera
l’élection au second tour face à l’opposant historique Ahmed
Ould Daddah.
Quand
en 2008 Aziz devenu Général entreprend avec certains officiers de
destabiliser le premier président démocratiquement élu de la
Mauritanie,en manipulant certains élus, Mustapha Chafi refuse de
s’engager dans cette entreprise qu’il estime dangereuse pour le
pays et lors d’une rencontre avec les généraux qui tentaient de
le convaincre de l’opportunité et de la justesse de leur
complot ;il les mets en garde du risque d’une aventure pouvant
entrainer la nation vers l’abime. Malgré l’insistance des
généraux, il décide de rester loyal au président démocratiquement
élu, estimant que seules les urnes devaient décider de son sort.
Le
6 août 2008, Mustapha Chafi condamne ouvertement et fermement le
coup d’état du Général Aziz, réaffirme son soutien au président
renversé et s’engage totalement aux côtés du Front
National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) instance mise en
place par les partis politique opposés au coup de force militaire.
Il qualifiera ce coup d’état de prise en otage de la nation par un
homme le Général Mohamed Ould Abdel Aziz.
Après
la visite en Mauritanie du guide Libyen Mouammar Kahddafi mi-février
2009, visite au cours de laquelle il obtient des autorités
issues du coup d’état, la rupture des relations diplomatiques avec
Israël .Il décide alors de leur apporter son soutien sans
limites et d’œuvrer au ralliement des opposants les plus
irréductibles. C’est ainsi qu’il entreprend une action de
rapprochement entre le Général Aziz et Mustapha Chafi.Le
refus de ce dernier d’obtempérer à ses injonctions, de
soutenir la junte va entrainer la rupture des relations qu’ils
entretenaient.
Dans
un entretien fameux que Mustapha Chafi accorde au quotidien
Mauritanien Biladi et publié sur le site électronique Taqadoumy le
11 février 2009, les Mauritaniens découvrent la fermeté de son
discours et sa détermination à s’opposer à la junte.
Les
approches successives en vue de rapprocher les 2 hommes échouent
.Chafi refuse et rejette toutes les offres de Aziz, même s’il
en reçoit les émissaires régulièrement et toujours avec
courtoisie, à Ouagadougou, ou à Rabat entre 2009 et 2011.
Des
sorties virulentes suivront, notamment le 1er
Juin 2011 dans un entretien accordé au quotidien Biladi et publié
par le site électronique arabophone Al Akhbar ; Chafi qui ne
rate aucune occasion de fustiger les erreurs du Général Aziz, y
dénonce notamment le déroulement de l’opération
enrôlement /identification, qu’il compare au concept de
l’ivoirité, concept qui selon lui, catégorise les mauritaniens et
fragilise l’unité nationale du pays. Il appelle le
gouvernement mauritanien à tirer les leçons de l’expérience
ivoirienne et à le retirer.
Ses
sorties médiatiques très critiques et très suivies par l’opinion
mauritanienne agacent au cœur du pouvoir à Nouakchott.
La
fin de l’année 2011 et le début de l’année 2012 sont marquées,
en Mauritanie, par l’affaire du mandat d’arrêt international
lancé par le régime du président Aziz contre l’opposant.
Le
20 décembre 2011, un commando d’AQMI (Al Qaida au Maghreb
Islamique) réussit à enlever un gendarme mauritanien à Adel
Bagrou, localité située à la frontière mauritano-malienne :
coup dur contre un président qui venait d’étaler sa force
militaire au cours d’un grand défilé un mois auparavant, le 25
novembre.
L’opposant
Ould Chafi ne rate pas cette occasion pour démontrer l’échec
total de la stratégie de guerre estimant que les services
Mauritaniens sont infiltrés par l’ennemi.
Dans
la foulée le Général Aziz s’énerve et ordonne le 23
décembre 2011 d’empêcher l’entrée sur le territoire
mauritanien de l’épouse de son opposant, Moustapha Ould Limam
Chafi et de ses enfants mineurs qui s’y rendaient pour être au
chevet du grand père affaiblit et très malade. Tollé dans
l’opinion nationale, où toute la Mauritanie dénonce une mesure
inique et inacceptable
Le
28 Décembre, le pouvoir va encore plus loin dans sa guerre contre
l’opposant en donnant à sa justice, l’ordre de lancer un mandat
d’arrêt international contre lui.Tonnerrre de dénonciations dans
le pays.
La
Coordination des partis de l’opposition (COD), solidaire de Chafi,
publie le 30 décembre 2011 un communiqué qui dénonce et
condamne avec véhémence cette mesure.
Les
organisations en vue de la société civile, ainsi que beaucoup
d’élus déclarent leur opposition à la décision du pouvoir et
continuent de se battre pour son annulation.
Même
au sein de la majorité, on n’est pas content de la mise en
accusation grossière d’un homme considéré par tous les
mauritaniens comme leur ambassadeur en Afrique.
Réplique
immédiate de l’opposant sur la chaine qatarie Al Jazeera ,qui
s’insurge contre une tentative d’instrumentalisation de la
lutte contre le terrorisme afin de neutraliser l’adversaire
qu’il est, et accuse Aziz de dénonciations calomnieuses et
diffamation grave à son encontre, le mettant au défi d’y apporter
la moindre preuve. Il décide de porter plainte contre le général
Aziz et saisit des avocats pour assigner en justice ce dernier
Cette
affaire, appelée à évoluer dans les jours et mois prochains,
continue d’être à la Une de l’actualité en Mauritanie.
Moustapha
Chaavi
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