Le
cran demande la restitution des biens mal acquis de la France à
l'Afrique
Ce
10 décembre 2013, le CRAN a invité la presse à une visite guidée
des biens mal acquis de la France, qui se trouvent pour beaucoup au
musée du Quai Branly. Cette date n'était pas choisie au hasard :
elle correspond à la fois la Journée internationale des droits de
l'homme et à l'anniversaire de la mort du roi Béhanzin, souverain
du Dahomey, déporté en 1894 par les armées coloniales françaises
et décédé à Blida, en Algérie, le 10 décembre 1906.
A
cette occasion, Louis-Georges Tin, président du CRAN, a demandé que
les trésors d'Abomey soient rendus à la famille royale et au peuple
béninois auxquels ils appartiennent légitimement. « Le dialogue
interculturel ne saurait se fonder sur le pillage interculturel »
a déclaré le président du CRAN. Par ailleurs, « la restitution
est une des modalités de la réparation, qui n'est du tout
impossible, quoi qu'en dise François Hollande », a ajouté
Louis-Georges Tin.
Pendant
plus d'une demi-heure, les autorités du musée ont interdit aux
journalistes et au CRAN l'accès du musée, qui est pourtant un lieu
public. En cherchant ainsi à restreindre la liberté de la presse et
la liberté de circulation, la direction du musée n'a pu que révéler
davantage son malaise évident face à ces questions coloniales.
« Voulant apparaître comme le lieu de l'ouverture culturelle, le
quai Branly est surtout le lieu de la culture du recel. Bien des
objets ont été acquis après les massacres coloniaux, après le
sang versé », a commenté Guy Samuel Nyoumsi, vice-président du
CRAN chargé des relations avec l'Afrique. « Il est normal que la
direction ait un peu honte, tout de même, raison de plus pour rendre
tous ces objets volés », a conclu le vice-président du CRAN.
Au
musée du Quai Branly se trouvent les récades, le trône de Glélé,
les statues royales, les portes sacrées du palais et plusieurs
autres objets de grande valeur issus du pillage de 1894. C'est
pourquoi, à cette occasion, Nicéphore Soglo (ancien président du
Bénin) et Louis-Georges Tin ont lancé un appel solennel diffusé
dans Le Monde et dans La Nation (quotidien béninois).
En
2005, déjà, Christiane Taubira avait pris position en faveur du
retour au Bénin des trésors volés d'Abomey. Et une pétition
lancée par Change.org et le CRAN a réuni plus de 2500 signatures en
24h http://www.change.org/behanzin. Le CRAN demande donc à la
ministre de la culture et à la ministre de l'enseignement supérieur
de tout mettre en œuvre pour que cette restitution puisse être mise
en œuvre dès que possible.
Louis-Georges
Tin et Guy Samuel Nyoumsi, du Cran, devant le musée du Quai Branly,
le 10 décembre. (Photo Thomas Samson. AFP)
Source :
Le CRAN
Le
CRAN rencontre le président de l'IRA Le Calame
21
octobre 2013 Écrit par Le
Calame
Dans le cadre de la
campagne que mène le CRAN contre l'esclavage et ses
séquelles en Mauritanie, Louis-Georges Tin et Guy-Samuel
Nyoumsi ont récemment rencontré à Paris Biram Dah Abeid,
président de l'IRA, l'une des principales associations
œuvrant dans ce domaine en Mauritanie. Le
président du CRAN a tenu à saluer l'IRA dont l'action a
permis de favoriser une véritable prise de conscience au
niveau national et international. Renforçant les initiatives
d'autres associations comme El Hor, SOS esclaves et l'AHME,
l'IRA a su alerter les pouvoir publics sur l'importance du
phénomène dans le pays, comme l'a également souligné le
vice-président du CRAN.
Le CRAN plaide
pour que le gouvernement mauritanien ne voie plus les
militants de l'IRA comme des adversaires, mais bien plutôt
comme des alliés indispensables dans le combat essentiel
pour la défense des droits de l'homme et que cette
association soit reconnue par l'Etat en tant que telle.
Esclavage
en Mauritanie : « L’indépendance présumée des juges ne sert en
réalité qu’à protéger les esclavagistes et à leur assurer
l’impunité » dixit Boubacar Ould Messoud, Président de SOS
Esclaves
Les
histoires d’esclavage en Mauritanie se suivent et se ressemblent.
Inexorablement, l’issue de toutes les parodies de procès est la
même : L’esclavagiste, quelque soient les preuves qui
l’accablent est laissé libre en vertu d’une complaisante liberté
provisoire que le juge prononce en sa faveur et la victime délaissée
à elle-même pour aller souffrir le martyr quelques parts avec
d’hypothétiques parents ou retourner d’où elle vient, faute de
structures lui permettant de s’intégrer valablement dans la
société. La récente histoire d’El Gawva Mint M’barek dont la
fille a retrouvé au marché de Bassiknou son maître contre lequel
elle a déposé en 2009 une plainte à la brigade de gendarmerie est
éloquente à ce sujet. Isselkha Mint Sidi voulait juste que son
ancien maître Sidi Ould Hbabe accepte de lui remettre sa maman Gawva
Mint M’barek et ses fils, Sidi Ould El Gawva (8 ans) et Mabrouka
Mint El Gawva (10 ans). La gendarmerie de Bassiknou arrête Sidi Ould
Hbabe, mais sur intervention d’un influent militaire d’une
puissante tribu locale répondant au nom de Sidi Mohamed Ould Ghalla,
il décide de le libérer après s’être engagé de ramener
El Gawva et ses deux enfants. Lorsque le procureur de Néma l’apprit,
il donna ordre à la gendarmerie de reprendre l’esclavagiste et les
victimes et de les acheminer à Néma. Devant lui, El Gawva déclare
qu’elle était la propriété du père de Sidi Ould Hbabe qui n’est
selon elle que son frère de lait et dont elle use des biens à sa
convenance. Visiblement, du n’importe quoi. Des propos que le
maître confirme en ajoutant qu’il a demandé à Gawva de le
quitter, mais qu’elle a refusé. Le procureur, sentant l’éternel
montage que les maîtres apprennent à leurs esclaves chaque fois
qu’ils sont devant les tribunaux, déclare ouvertement à Gawva et
à son maître que leurs propos sont faux et complètement fabriqués.
Envoyé devant le juge d’instruction, celui-ci a, comme d’habitude
dans les affaires d’esclavage décidé de mettre Sidi Ould Hbabe en
contrôle judiciaire au niveau de la brigade de Bassiknou et demandé
à El Gawva d’aller où elle veut. Du ridicule. Une affaire dans
laquelle, le maître et la victime reconnaissent ouvertement des
pratiques esclavagistes à travers leur aveu qu’El Gawva était
propriétaire du père de Sidi et que celui-ci l’a obtenue en
héritage est aussi facilement liquidée en contrôle judiciaire et
autres petites combines qui prouvent que la Mauritanie et ses
appareils administratifs, de justice et de sécurité se mobilisent
pour protéger les esclavagistes au détriment des victimes. En cela
déclare Boubacar Messoud tout en colère :
« « L’ indépendance » des juges que
les pouvoirs publics citent à tout vent ne sert en réalité qu’à
assurer l’impunité aux esclavagistes à travers la mise en liberté
provisoire de tous les inculpés. Le parquet et le ministère de la
justice se cachent derrière cette « indépendance » des
juges pour faire échapper des criminels à leurs peines ».
Depuis 2007, date de l’adoption de la loi, tous les accusés de
pratiques esclavagistes qui se sont présentés devant les tribunaux
ont bénéficié de libertés provisoires. Citons à titre
d’exemples, l’affaire de Zouerate inscrite sous le dossier
21/2013 dans laquelle la cour d’appel de Nouadhibou a tout
simplement mis en liberté provisoire M’Hamed Ould Brahim et son
fils Mohamed Salem, malgré les preuves accablantes retenues contre
eux de mise en esclavage pendant plusieurs années de Shoueida et ses
neuf enfants. L’affaire du jeune Esseh Ould Messe (23 ans), dossier
374/2013 mettant en cause Mohamed Salem Ould Mouhamedou qui a été
tout aussi mis en liberté provisoire. L’affaire 252/2011 dite
affaire de Nouadhibou, la mise en cause Riv’a Mint Mohamed Hassoune
a tout simplement été mise en liberté provisoire avec évocation
par le juge de justifications fallacieuses. L’affaire Oumoulkhair
Mint Yarbe et fils mettant en cause l’ancien colonel Viyah Ould
Maayouf qui n’a même pas été convoqué par la justice. Le
dossier 501/2011 communément connu sous le nom affaire Yarg et Saïd
dans lequel l’esclavagiste Ahmed Ould Hassine qui, au lieu d’écoper
des cinq ans et dix millions d’ouguiyas prévues par la loi n’a
été condamné qu’à deux ans et deux cent mille ouguiyas avant
d’être mis en liberté provisoire depuis un an six mois. L’affaire
Rahma Mint Legreivi ; dossier 179/2013 dans lequel la mise en
cause a bénéficié d’une liberté provisoire. Selon certains
exégètes du droit, spécialistes de l’interprétation
tendancieuse des lois, la constitution du délit d’esclavage est
axée fondamentalement sur la démonstration de l’existence d’un
travail forcé non rémunéré. Visiblement les faits avérés, la
reconnaissance et la flagrance des transgressions ne valent plus.
Sinon comment un juge de Néma devant lequel un présumé esclave a
reconnu que ces personnes sont ses esclaves hérités de son père,
peut-il ensuite lui accorder une liberté provisoire au motif d’être
un bienfaiteur puisque l’un des enfants esclaves récite la Fatiha
où que les autres dressés pour servir le maître pleurent en
apprenant que celui-ci ira en prison ? L’attitude des juges en
faveur des esclavagistes est normale eu égard que le Président par
le déni de l’esclavage au moins par deux fois semble être le
premier défenseur de ces esclavagistes. Dans un pays comme la
Mauritanie, les faits, propos et gestes du chef constituent une
source d’inspiration à tous les autres démembrements de l’Etat.
Le zèle aidant, certains percevront ces attitudes comme des signaux
forts pour faire ou ne pas faire quitte à tordre copieusement et
continuellement le cou des lois et des conventions. Le refus
incompréhensible aux sociétés des droits de l’homme spécialisées
de opouvoir se constituer en partie civile dans les affaires
d’esclavage n’est qu’une autre manifestation de cette absence
de volonté réelle d’éradiquer ce phénomène. La confiscation de
cette partie civile et son assujettissement à une institution
dépendant de l’exécutif est une autre preuve on ne peut plus
éloquente de contrôler effectivement la question de la gestion de
la problématique de l’esclavage.
Source :http://www.lecalame.info/actualites/item/586-esclavage-en-mauritanie---l%E2%80% 99ind%C3%A9pendance-pr%C3%A9sum%C3%A9e-des-juges-ne-sert-en-r%C3%A9alit% C3%A9-qu%E2%80%99%C3%A0-prot%C3%A9ger-les-esclavagistes-et-%C3%A0-leur- assurer-l%E2%80%99impunit%C3%A9--dixit-boubacar-ould-messoud-pr%C3%A9sident- de-sos-esclaves
Esse
Ould Messe est le jeune esclave qui fait l’objet d’une plainte
pour pratiques esclavagistes introduite auprès du parquet par les
organisations des droits de l’homme SOS Esclaves et IRA contre
Mohamed Salem Ould Mohamedou.
L’affaire est depuis quelques
jours devant les juridictions. Le présumé esclavagiste est arrêté
au commissariat de Tevragh Zeina et Esse Ould Mousse, qui n’a que
16 ans, selon les organisations et 23 ans selon ses anciens maîtres
a été confié par la police au Président de SOS Esclaves Boubacar
Ould Messoud. Tout a commencé lorsqu’Esse se confie à Brahim Ould
Samba, un militant d’IRA qui travaille comme gardien à côté de
la maison où loge le jeune Hartani. Celui-ci informe le militant
d’IRA qu’il travaille sans salaire avec cette famille depuis son
jeune âge, lui et ses quatre frères et sœurs (El Varra, Mahmouda,
Daoud et El Id). Esse Ould Mousse révèle à Brahim Ould Samba qu’il
veut se libérer du joug de cette famille. C’est alors que le
militant d’IRA l’aide à aller se plaindre à la police. Selon
lui, c’est Mohamed Salem Ould Mohamedou en route vers le
commissariat qui lui apprendra qu’il a vingt trois ans et qu’il
percevait trente mille (30.000 UM) par mois contre tous les travaux
domestiques (cuisine, lavage des assiettes et des habits, thé,
commissions au marché et à la boutique) qu’il faisait depuis dix
huit à dix neuf ans. Cependant Esse Ould Messe ne se rappelle pas
avoir perçu la moindre ouguiya. Jusqu’à il ya quelques jours il
ne savait pas son âge. Jamais il n’a fréquenté l’école. Le
Coran, il l’a juste commencé du temps où sa défunte maman vivait
encore il ya longtemps. Son père Messe, il ne connaît pas. Déjà
en 1996, sa tante Aichana Mint Boilil a été libérée par le
Président de SOS Esclaves Boubacar Messoud et vit aujourd’hui en
femme totalement libérée à Nouakchott.
Normalement Esse
Ould Messe et les accusés devraient se présenter lundi 18 mars
devant le parquet pour essayer de connaître les tenants et
aboutissants de cette énième affaire d’esclavage qui remet à
l’épreuve la capacité et la volonté des autorités
mauritaniennes d’appliquer les lois nationales et internationales
liées à la pratique de l’esclavage qui vient d’être élevé en
vertu des derniers amendements constitutionnels au rang de crimes
contre l’humanité.
Source :
http://www.lecalame.info/contenu_news.php?id=5514
Oumoulkhaïr
Mint Yarba : une vie d’esclave
Quelque
part, au poteau 11 du quartier d’Arafat, Oumoulkhaïr Mint Yarba et
ses cinq enfants, deux filles et trois petits garçons, survivent,
dans une maison de « fortune ». C’était bien le septième jour
du mois béni de Ramadan, mais ni elle ni sa fille de plus de vingt
ans ne jeûnaient, le Ramadan ne leur dit, probablement, pas
grand-chose. Deux ans après avoir été extraite de sa vie
d’esclave, Oumoulkhaïr ne semble pas encore totalement adaptée
aux nouvelles réalités de sa vie. Elle prétend être née pendant
la guerre du Sahara et devrait, donc, avoir 36 ou 37 ans. Elle paraît
bien en avoir quinze de plus, au bas mot. Regard figé, mine pensive,
sourire incohérent. Jusqu’en 2010, Oumoulkhaïr n’a vécu qu’à
Yaghref, dans les environs d’Atar. Avec ses maîtres. Ses parents,
elle ne les connaît pas. Sa mère est morte, alors qu’elle n’avait
que deux ans. La dernière fois qu’elle a vu son père, qui vit
toujours, pourtant, à Tibergeunt, aux environs d’Akjoujt, elle
n’avait que quatre ans. Oumoulkhaïr Mint Yarba a commencé sa vie
d’esclave très tôt. Dès cinq ans, elle lavait déjà la
vaisselle, partait aux commissions, apportait le bois mort, préparait
le thé, gardait les animaux qu’elle attachait et détachait. Quand
elle évoque sa condition, les traits de son visage, rongé par les
soucis, changent. Le ressentiment et l’amertume se lisent
clairement, à travers ses gestes peu organisés. Un discours en
véritable coq-à-l’âne. Aucune cohérence. Aucune suite logique.
Aucun conformisme. « Regardez-moi, je ne sais pas encore porter
convenablement le voile. Je suis restée, jusqu’à vingt ans
passés, presque sans habits. Juste une vieille robe, souvent
déchirée, qu’une de mes maîtresses m’a lancée. C’est quand
j’ai accouché, au moins trois fois, que j’ai commencé à porter
le voile ». Ses cinq enfants sont tous fils « d’elle-même ».
Totalement ignorants et ne disposant d’ « aucune ligne »
(expression Hassanya signifiant qu’ils ne disposent d’aucun
état-civil).Tout-à-fait symptomatique de la « bonne » esclave.
Oumoulkhaïr le dit sans gêne. Avec ses maîtres, sa journée
commençait aux environs de 4 heures du matin avec l’inspection de
tous les animaux, la supervision de l’allaitement des plus petits
et des plus faibles, la préparation du petit-déjeuner. Et se
poursuivait jusqu’aux heures les plus tardives. Pour la moindre
faute, Oumoulkhaïr subissait les châtiments les plus durs. Avoir
égaré une chèvre, ou laissé le loup blesser une bête, le jeune
maître dont elle dépendait directement lui infligeait les pires
corrections. Parfois, Oumoulkhaïr se tait. Sa fille Selekha est
prise de fou-rire. Ses deux petits-enfants,Yarba et Ben ‘Ich,
rôdent auprès de son petit commerce, espérant un moment
d’inattention pour lui subtiliser les quelques bonbons qui
constituent l’essentiel de ses marchandises. Selon elle, toute sa
vie a constitué un véritable calvaire. Au bord des larmes,
Oumoulkhaïr se rappelle, encore, comme si c’était hier, du jour
où ses maitres l’obligèrent à aller suivre les animaux, sans sa
fille Oumoulbarka d’à peine un an, car, lui disaient-ils, « la
priorité est aux quelques bêtes qui doivent mettre bas aujourd’hui
et, pour cela, tu dois avoir tout le corps [mains et dos] libre pour
pouvoir ramener les éventuels rejetons ». Le soir, à son retour,
les enfants du village lui apprirent la mort de sa fille.
Oumoulbarka, restée toute la journée sans boire, avait,
effectivement, rendu l’âme. Elle gisait à la même place, la
petite robe pleine de sable, les fourmis avaient couvert tout son
petit corps. Oumoulkhair procéda, seule, à l’ensevelissement de
sa fille qu’elle enfouit dans un trou, au coin du village.
Pires
corrections
Dans la véranda où Oumoulkhaïr s’est
confortablement installée, traînent quelques coussins et
ustensiles. De temps à autre, son mouton vient renverser la théière
qui chauffe sur le fourneau. Les reliefs d’un repas attendent
preneur, au coin de la maison. Oumoulkhaïr prétend être devenue
une spécialiste du riz au poisson et le téléphone qui pend à son
cou atteste qu’elle est en pleine reconversion dans sa nouvelle vie
de femme libre et émancipée. Ce n’est qu’en 2010, grâce à une
forte mobilisation de l’organisation SOS-Esclaves, qu’Oumoulkhaïr
a été extraite de sa condition d’esclave. Craignant les
poursuites judiciaires, ses anciens maîtres, en complicité avec les
autorités, procèdent à des manipulations et la « dégagent »,
avec six têtes de chèvre, une petite tente et quelques outils de
leur village, pour aller l’installer à Guediwar, une localité
relevant de la commune d’Aïn Ehl Taya. Quelques semaines après,
Oumoulkhaïr et ses enfants débarquent chez son frère Ben’Ich qui
travaillait avec un célèbre ancien haut-gradé de l’armée. Une
autre vie d’esclave commence. Retour à la quadrature du cercle.
Travaux de toutes sortes, sans aucune rémunération. Abus divers sur
Oumoulkhaïr et sa fille Selekha, prétendument mariée par l’ancien
officier. Intimidations et tracasseries diverses. Nouvelle
mobilisation des défenseurs des droits de l’Homme, Oumoulkhaïr et
ses enfants reviennent à Ain Ehl Taya d’où son demi-frère,
M’barek Ould Mahmoud, l’emmène à Nouakchott, le 15 février
2010. Entre deux bégaiements, Oumoulkhaïr dit, à qui veut
l’entendre, qu’elle ne renonce pas à ses droits. « Je ne récite
pas la Fatiha, ma fille a été violée. Malgré mes cinq enfants, je
ne me suis jamais mariée. Nous avons subi toutes sortes de sévices,
physique et moral ». Oumoulkhaïr sursaute car son mouton et ses
deux petits-enfants s’apprêtent à la ruiner, en lui subtilisant
le peu de choses que sa « table » contenait. « Comme les voleurs
de l’autre soir dont un m’a aveuglée, avec sa torche », raconte
Oumoulkhaïr. Le fourneau refroidit, la théière cessa de
bouillir, la journée avançait lentement. Oumoulkhaïr, sa fille
Selekha et ses autres petits-enfants pensaient, déjà, aux modalités
de leur hypothétique dîner. En attendant que la société lui rende
justice, l’ancienne esclave redevenue libre poussa un long
bâillement et nous invita, ayant enfin compris que nous partions, à
attendre la coupure du jeûne.
Sneïba El Kory Source:
Le Calame
Le
salaire de Birame suspendu
Les
services du ministère des finances ont procédé depuis le mois de
février 2012 à la suspension du salaire du président de
l’Initiative
de Résurgence du mouvement Abolitionniste, Birame Ould Dah Ould
Abeid
qui croupit en prison depuis quelques mois à la suite de
l’incinération de traités du rite Malékite.
Son dernier
traitement lui a été viré au titre du mois de janvier 2012. Or,
le leader d’IRA
est
un fonctionnaire du ministère de la justice en qualité de greffier
depuis la moitié des années 80.
Partout où ses parents
sont passés pour demander des renseignements (Commission nationale
des droits de l’homme, direction du budget, service de la solde,
Primature), c’était le black out total. Personne ne semblait
savoir la raison ni l’origine de la mesure ! Quand bien même,
elle a été précipitamment appliquée.
Pourtant, le
Président de l’IRA
a
été reversé avec un grand groupe au premier ministère depuis
plusieurs années. Tous, à part ceux qui ont été nommés, ont
disparu dans la nature et continuaient à percevoir régulièrement
leur salaire.
D’autres fonctionnaires de tous les
ministères, des centaines voire des milliers ne connaissent plus
leur situation administrative tellement ils ont rompu les amarres
depuis plusieurs années. Ils sont émigrés en France,
aux Etats
Unis,
en Belgique,
en Suède
ou
commerçants au Sénégal,
en Gambie,
en Guinée
Bissau,
au Congo
et
ailleurs. Ces fonctionnaires fantômes continuent à percevoir leur
salaire parfois même assorti d’indemnités diverses dont celles
d’heures supplémentaires !
Que le salaire d’un
fonctionnaire en situation irrégulière soit suspendu n’a
absolument rien d’anormal. Mais pour le cas de Birame
particulièrement,
cela dénote presque de l’acharnement sur un homme qui dérange un
pouvoir aux aguets auquel il a pourtant offert avec l’incinération
des livres une réelle opportunité de détourner l’opinion
nationale de son quotidien difficile vers la condamnation unanime
d’une action exagérément instrumentalisée.
Depuis
l’application de la mesure de suspension du salaire de Birame,
sa famille : Son épouse Leila
Mint Ahmed Ould Khliva,
ses cinq enfants, ses sept sœurs, son grand frère aveugle et leurs
enfants et une poignée de victimes de l’esclavage dont Yarg
et
Said
qu’il
prenait en charge vivent dans une situation dramatique. Une
instrumentalisation en plus pour serrer l’étau autour d’un
homme afin de le dessaisir d’une problématique pourtant réelle.
Destitution d’Ould Hadi et Aziz
déplore la fragilité des services de sécurité
De sources très
informées, le président Mohamed Ould Abdel Aziz aurait sévèrement
critiqué l’ancien directeur général Mohamed Ould Hadi après le
passage de dizaines d’esclaves au Sénégal pour assister à la
conférence d’IRA , qualifiant les rapports de la police de
fallacieux et de mensongers.
Selon la source, Ould Abdel Aziz
aurait constitué une commission pour apporter des clarifications sur
les conditions dans lesquelles des dizaines d’esclaves ont pu
traverser vers Saint Louis dans ce qui constitue l’une des plus
grandes manifestations de droits humains de ces derniers temps.
Selon la source, les investigations de la commission ont
démontré que beaucoup de manifestants ont traversé la frontière
sans papiers officiels et certains même sans aucune identité. Ould
Abdel Aziz aurait donné des instructions fermes pour plus
d’efficience des services sécuritaires et proféré que plus
jamais ça. Sur ce, le Président a démis de manière surprenante le
général Ould Hadi de la direction générale de la sûreté
nationale et nommé à sa place le général Ould Bekrine au cours du
conseil des ministres du mercredi 18 janvier 2012.
Le Calame
Rapt
du gendarme: AQMI pose ses conditions
Le
Calame : Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), nébuleuse terroriste
sous-régionale, a revendiqué, dans un communiqué reçu vendredi
soir par l’Agence Nouakchott Info, le rapt d’ Ely Ould Moctar,
gendarme mauritanien, début décembre, dans la localité d’Adel
Begrou (frontalière du Mali). Le groupuscule à visage islamiste
pose deux conditions à la libération de l’otage. En un, «que les
autorités de Nouakchott remettent en liberté deux de ses membres»
dont l’identité n’est pas précisée. Notons, à cet égard, que
plusieurs membres présumés et même reconnus d’AQMI sont détenus
dans les prisons mauritaniennes. La seconde exigence porte «sur
l’engagement de la famille du gendarme», entendue, ici, au sens de
tribu «à garantir son abandon du service militaire de la
gendarmerie». Pour authentifier sa revendication, AQMI a accompagné
le communiqué d’une vidéo où apparaît «en tenue et menotté,
le gendarme de 4ème échelon, Ely Ould Moctar, né en 1982, à
Timbédra (1.100 kilomètres à l’Est de Nouakchott), en service à
la brigade d’Adel Begrou (près de la frontière malienne), enlevé
et fait prisonnier par l’organisation Al Qaida au Maghreb Islamique
(AQMI)».
Appel pressant au président mauritanien «Je
conjure le président Mohamed Ould Abdel Aziz d’intervenir pour
régler mon problème, comme il l’a fait en faveur de chrétiens
espagnols qu’il a échangé contre Omar Sahraoui [détenu à
Nouakchott et finalement libéré en 2010, NDR]. Je demande à la
tribu de mon père et à celle de ma mère d’intervenir d’urgence,
pour traiter mon cas». Omar Sahraoui est un ressortissant du
Nord-Mali. Arrêté, par les services mauritaniens, pour complicité
présumée dans l’enlèvement, par AQMI, de trois otages espagnols,
sur la route Nouadhibou-Nouakchott, le 29 novembre 2009, il a été
extradé vers le Mali, sur la base d’un accord de coopération
judiciaire signé, entre Nouakchott et Bamako, en 1963 (thèse
officielle). De nombreux observateurs ont perçu, à travers ce
geste, une action du pouvoir mauritanien visant à la libération des
otages espagnols, qui ont été effectivement relâchés, peu après,
par le mouvement terroriste. Une autre partie de l’appel lancé
dans la vidéo «conseille aux militaires mauritaniens de veiller à
l’application de la Chari’a (législation islamique) au lieu de
se consacrer aux autres lois». Avant la revendication, le rapt du
gendarme mauritanien était attribué à un groupuscule d’AQMI
dirigé par le djihadiste algérien Yahya Jouwaidi. Le décryptage de
ce message renvoie à une volonté de la nébuleuse terroriste de
sensibiliser l’opinion nationale sur le «traitement de faveur»
accordée, aux Occidentaux, par nos autorités. De fait, le
raisonnement semble être le suivant: au début de l’année 2011,
la Mauritanie a consent à libérer Omar Sahraoui, un homme contre
lequel pesaient de graves présomptions de complicité dans
l’enlèvement des trois humanitaires espagnols, pour faciliter la
libération de ces derniers. Pourquoi Nouakchott ne serait-elle pas
prête à un «arrangement» similaire, pour récupérer un homme
sous le drapeau, enlevé alors qu’il assurait une mission de
défense de la patrie? Un argument qui peut faire mouche, dans la
mesure où le pouvoir serait désireux de ne pas donner l’impression
d’accorder plus d’importance aux Occidentaux qu’à ses propres
ressortissants, surtout quand il s’agit d’un homme sous les
drapeaux. C’est une manœuvre, à double tranchant, qui met la
Mauritanie dans une posture hautement inconfortable. Un choix,
cornélien, entre négocier avec son pire ennemi, perçu comme un
bandit, se servant du discours religieux à des fins inavoués, et
abandonner «son fils», dans les griffes de la nébuleuse
djihadiste.
Correspondance de Nouakchott Le
calame Mauritanie
L’
IRA aux côtés des expropriés de la Kebba 6e
Près d’une
cinquantaine de personnes tiennent depuis 10 h, à l’invite de
l’IRA de Biram Ould Abeid, un sit-in, devant le ministère de la
justice, pour protester contre « l’expropriation de leurs
terrains, par le ministère de l’urbanisme et de l’habitat »,
selon leur expression.. En effet, ces citoyens ayant bénéficié des
lots, lors du déguerpissement des kebab 6e, en 2007, refusent que
l’état revienne, aujourd’hui, les leur ôter, au profit d’autres
concitoyens non recensés dans la zone. Cette expropriation par
l’administration, intervient après l’ouverture des rues dans le
quartier, opération au cours de laquelle, certaines personnes
touchées, ont profité, pour s’installer sur une partie d’autres
lots mitoyens. Selon les plaignants, d’autres personnes étrangères
au quartier s’en seraient même mêlées. Saisi alors par ce groupe
dit des 46, l’administration décide d’y envoyer des inspections
de vérifications. Les deux premières, menées respectivement par
Mme Ami N’diaye et Mr kone donnent raisons aux plaignants et
ordonnent leur rétablissement dans leurs droits. Un rapport est
envoyé à la cellule de l’ADU à Arafat, et ordre a été donné
au Hakem, par lettre en date du 4/11/10, pour exécution. Après une
longue attente, les victimes s’adressent au Hakem pour exécution,
ce dernier leur répond qu’il n’a reçu aucun ordre dans ce sens.
Loin de se décourager et de se lasser des faux rendez-vous et faux
engagements, le groupe bouge. Une 3e inspection, conduite par Mohamed
Ould kehel est alors dépêchée sur le terrain. Selon les
intéressés, l’inspecteur a mené son inspection en cachette,
pire, il a ciblé ses interlocuteurs, ce qui se confirteme, selon les
membres du groupe, par les conclusions de son rapport qui donne
raison aux non- recensés, occupant illégalement, les lots d’autrui.
Récusant ce rapport, les expropriés approchent le ministre de
l’urbanisme et de l’Habitat qui leur laisse entendre qu’il n’y
a pas de solution à leur problème, pire le préfet et ses gardes
descendent sur le terrain pour démolir quelques baraques. Ce qui
signifie que, les documents par lesquels l’administration a
attribués ces lots, n’ont aucune valeur. Surpris par cette
intervention de l’administration, les expropriés se mobilisent et
l’IRA leur apporte son soutien en organisant un sit-in devant le
ministère de la justice. Dans une lettre distribuée à l’occasion,
l’organisation de Biram dénonce l’usage de la violence contre
les populations paisibles, la politique d’expropriation de leurs
terres des populations noires, Hartani, en particulier, soutient les
esclaves et autres victimes de l’exclusion pendant le déménagement
des gazra, exige l’application d’une loi foncière donnant accès,
la propriété des terres, aux Harratine ….
Source:http://www.lecalame.info/contenu_news.php?id=440
Birame
contre attaque
Birame
Ould ABeid a balayé d’un revers de la main les déclarations
jugées ‘’intempestives’’ du président de la République, le
vendredi dernier qui avaient laissé entendre que ‘ ‘certains
éléments d'une organisation que l'Etat ne reconnaît pas se sont
permis de saccager un commissariat de police". La police a fait
son travail, avait-t-il ajouté, considérant que les présomptions
d'esclavage en Mauritanie sont un fonds de commerce pratiqué par
certains. Lors d’une conférence de presse tenue, dimanche 7 aout,
Birame a indiqué que depuis une année, ‘’nous courons derrière
une reconnaissance.’’ ‘’Ould Abdel Aziz a peur de faire
reconnaitre par son gouvernement notre organisation qui est un
mouvement irréductible qui compte procéder à la refonte de la
société mauritanienne avec l’émergence d’une société
citoyenne. Nous n’entendons pas faire de concession’’, a
déclaré Biram qui a révélé que le général Ould Abdel Aziz a
tenté, à plusieurs reprises de le coopter et de l’attirer à
travers de gros moyens afin de gagner sa sympathie. ‘’Après
avoir échoué dans cette tentative de corruption, il cherche
maintenant à m’éliminer’’, dira-t-il. Le président de l’IRA
a appelé ses militants à la mobilisation jusqu’à la libération
de leurs camarades. ‘’Nous allons persister dans cette lutte en
nous érigeant contre cette impunité. La lutte se poursuivra, nous
sommes prêts au sacrifice. Il n’y a pas d’autres alternatives
que les tombes, l’hôpital ou la prison’’. Il a promis une
intensification de la lutte avec plus de vigueur et d’action sur le
terrain et a dénoncé l’attitude répressive du régime qui veut
coûte que coûte écraser les protestations et étouffer dans l’œuf
les mouvements de contestation. Il a indiqué que les 13 militants de
l’IRA arrêtés le jeudi dernier, subissent des tortures .L es
autorités policières souhaiteraient leur extorquer des aveux et des
témoignages pouvant accabler Birame. A noter qu’un Comité de
soutien avec les détenus a été constitué et est dirigée par
Khadjetou Mint Mohamed Mahmoud. Aminetou Mint Ely, présidente de
l’Association des femmes chefs de famille a exprimé sa solidarité
avec Birame et son organisation. Elle a souhaité la mise sur pied
d’une enquête minutieuse sur le cas d’esclavage dont Aouichitta
Mint Hamady est victime. Elle a affirmé que pour la stabilité du
pays et la préservation de l’unité nationale, il est
indispensable de procéder à une application des lois. ‘’Masquer
les cas d’esclavage, c’est favoriser, aux yeux de Aminetou, la
déchirure sociale et la désunion de la communauté’’. Aminetou
Mint Ely s’est dite déçue par la prestation du chef de l’Etat.
‘’ Il va falloir agir pour faire face à la nouvelle orientation
répressive du régime’’, a conclu la présidente de l’AFCF
Source:
le calame
Affaire Biram : Des dirigeants du parti radical italien à
Nouakchott
|
Le calame-Mauritanie
«Le militant
anti-esclavagiste mauritanien Biram Ould Abeid, en détention
provisoire après une manifestation à Nouakchott, souffre de
blessures mais il est «bien traité» en prison», a affirmé,
vendredi à Nouakchott, lors d’un point de presse, Marco Perduca,
un sénateur italien qui lui a rendu visite. «Nous l'avons
rencontré en prison. Il souffre d'un genou et dort très mal,
à cause d'une blessure au crâne», a affirmé monsieur Perduca,
membre du parti radical non violent, en visite en Mauritanie.
«Les autorités ont commencé à donner, à monsieur Biram, des
médicaments mais celui-ci souhaite faire des radios, pour s'assurer
des conséquences de sa blessure». Le parlementaire italien s’est,
cependant, déclaré assuré que Biram était «bien traité en
prison». Le militant avait été arrêté le 13 décembre, en
même temps que cinq autres membres de son organisation, l'Initiative
pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), à la suite
d'une manifestation dénonçant des pratiques présumées
esclavagistes à l’encontre de deux filles, âgées de 10 et 14
ans. Ces dernières ont, depuis, nié être victimes de telles
exactions. Mais la femme chez qui elles vivaient est poursuivie, par
le Parquet, pour «exploitation de mineurs» et placée sous contrôle
judiciaire, en attendant son jugement. Monsieur Biram et six
autres de ses amis, dont Balla Touré, est inculpé pour
«rassemblement non autorisé, agression contre les forces de l'ordre
et direction d'une association non reconnue». Les députés
radicaux, Marco Perduca et Matteo Mecacci, ont adressé une question,
urgente, au gouvernement italien, alors qu’une initiative similaire
a été adoptée, au Parlement européen et dans un certain nombre de
parlements africains. Dans un communiqué posté de Paris et
Genève, l'observatoire pour la protection des défenseurs des droits
de l'Homme a condamné «la poursuite de la détention» des six
militants. Il estime que ces derniers sont victimes d'un «harcèlement
judiciaire» qui ne viserait «qu'à sanctionner leurs activités en
faveur des droits de l'Homme et de la lutte contre l'esclavage, en
Mauritanie. […] Au moment où l'organisation [mauritanienne] SOS
Esclaves est lauréate 2010 du prix des droits de l'Homme de la
République française, pour de son engagement dans la lutte contre
l'esclavage en Mauritanie et dans la sous-région», l'observatoire
entend, ainsi, dénoncer «la recrudescence des actes d'intimidation,
de harcèlement et l'arrestation de militants abolitionnistes
mauritaniens». Précisons, enfin, que la délégation des
parlementaires italiens qui vient de séjourner à Nouakchott, pour
suivre l’affaire Biram, était conduite par le leader radical
italien Marco Pannella, accompagné du sénateur Marco Perduca et du
député Matteo Mecacci, radicaux et membres de la commission des
affaires étrangères. Mecacci est, également, le rapporteur de la
commission des droits de l’Homme de l’Assemblée parlementaire de
l’OSCE.
Marche
des harratines contre l’esclavage et pour la liberté à Rosso : la
question des terres au centre des préoccupations.
Marche des harratines
contre l’esclavage et pour la liberté à Rosso : la question des
terres au centre des préoccupations. Le président de IRA, Biram Dah
Abeïd a fustigé lundi soir (11 mars), à la maison des jeunes de
Rosso, lors d’un meeting populaire, le comportement répréhensible
de l’Etat, des milieux de l’agro business, des administrateurs
qui ont exproprié des populations autochtones harratines et négro
africaines qui, depuis la nuit des temps ont défriché, assaini et
valorisé des terres agricoles. Selon Biram, qui s’exprimait devant
des milliers de ses sympathisants, « de Ndiago à Lexeiba, des
populations entières ont été déportées dans leur propre pays et
spoliés de leurs biens. Des villages entiers ont été décimés,
leur existence a été à jamais empoisonné. Le retour s’est
effectué sans que les rapatriés ne recouvrent leurs droits ; leurs
terres ne leur ont été pas restituées.»
La Marche des
harratines contre l’esclavage et pour la liberté a sillonné les
principales artères de la capitale de la Chemama sous les vivats des
militants et de sympathisants qui > ont accueilli sous un soleil
de plomb les caravaniers au niveau du PK 7.
Lors de ce grand
rassemblement, Biram s’est inscrit en faux contre toutes les
injustices dont sont victimes les h’ratines et les populations
peulh et wolofs de la part de groupes esclavagistes, de l’agro
business, des officiers supérieurs de l’armée. « Cette
expropriation a également profité à des pseudos hommes religieux,
à des chefs tribaux et à la féodalité tribale aussi. Il a dénoncé
la « réduction des propriétaires terriens de la vallée en simples
vassaux et de l’instrumentalisation de l’Etat par des hommes
d’affaires issus de l’agro business, de la bourgeoisie
burecratique, la féodalité pseudo religieuse et tribale qui se sont
accaparées des terres entières de la vallée. L’Etat a usé de la
force de l’administration, de son sceau pour exproprier les
autochtones ». Poursuivant, le dirigeant abolitionniste a souligné
que « l’Etat a aussi instrumentalisé l’argent public, du crédit
agricole dilapidé par ces pseudo agriculteurs sans que le
développement agricole n’en profite. Les discriminations ethnique
et de classe ont été érigées en règle lors des attributions de
crédit agricole ».
Biram a réclamé la restitution des
terres aux déportés qui sont de retour, aux populations h’ratines
de Lexeïba, de Rosso, de Keur Mour, de Jidr EL Mhguen, de Ndiago. Le
dirigeant abolitionniste considère que cette "injustice doit
être redressée" et lance un appel à l’Etat afin de
redresser cette grande injustice qui empoisonne le développement de
cette région, freine l’activité et la production, le bien être
des populations autochtones. « Nous considérons que ces populations
victimes doivent s’unir pour que d’une manière pacifique, non
violente et démocratique, l’Etat revienne sur cette injustice
issue des dérives du système du passé. Le mouvement abolitionniste
projette d’initier une marche réclamant la restitution des terres.
Cette marche s’ébranlera de Lexeïba 2 jusqu’au chef lieu de
région. Appel a été lancé aux populations victimes des
expropriations, aux villages de prendre part à ce mouvement de
protestation devant exiger des réparations pour les « torts faits
aux communautés noires ».
Biram Dah Abeïd a réitéré à
Rosso « l’engagement de son organisation de respecter les lois de
l’Etat mauritanien et des normes internationales » rejetant du
coup toute manifestation en dehors de la légalité. Il a lancé un
appel aux populations de Rosso afin qu’elles accompagnent IRA dans
son œuvre de faire de la Mauritanie un « avenir de justice et de
fraternité entre toutes les franges ».
Enfin, Biram a
déclaré qu’il renonce à tout poste politique issu d’un
exercice ou d’une fonction ministérielle au sein de l’Etat, à
tous les avantage professionnel et matériel pouvant en découler, et
exprimé son intention de ne pas briguer « pour le moment le
fauteuil présidentiel ».
Plusieurs orateurs ont pris la
parole. Ils ont tous évoqué la question foncière et l’intrusion
de certains politiques dans des activités de la jeunesse. Le dossier
épineux des diplômés chômeurs a été aussi passé au peigne fin.
THIAM Mamadou
Envoyé spécial à Rosso Source :
http://www.lecalame.info/contenu_news.php?id=5448
L'Edito du
Calame : Rude chemin, crevé d’ornières...
Par Ahmed Ould Cheikh
Apparemment, cette année 2009 commence de la plus mauvaise des
manières. Comme a fini 2008. Avec un régime militaire qui a conquis le
pouvoir, par la force, et s’y accroche. Obstinément. Malgré la forte
opposition intérieure, les mises en garde extérieures, les sanctions qui
commencent à pleuvoir et qui feront de nous, bientôt, un pays pestiféré,
les appels à la raison, lancés, tous azimuts, au général.
Rien n’y a fait. Lors du dernier conseil des ministres, dans ce qui
s’apparente à une comédie ubuesque, un ministre interpelle Ould Abdel Aziz
sur ses intentions réelles. Et le général de répondre : «Oui, je serai
candidat». S’en suit une longue dissertation, sur l’échec de la première
transition et du gouvernement qui l’a suivie, les problèmes qu’affronte la
Mauritanie, Ould Daddah, «qui ne pense qu’à être président», la dernière
proposition de sortie de crise du RFD, «qui ne contient rien de nouveau».
Ovation des ministres, inquiétés par les rumeurs d’un probable désistement
du chef de l’Etat mais, surtout, par leur propre avenir, leur sort étant
lié à celui des putschistes.
Ce qu’on craignait, donc, au soir du 6 août dernier, a désormais
toutes les chances de se produire. Sans véritablement mesurer la portée de
son acte, Ould Abdel Aziz va briguer la magistrature suprême, le 6 juin
prochain. Que la communauté internationale brandisse ses menaces ou les
applique, que le FNDD continue sa résistance, que le RFD claque la porte,
que le pays souffre, il n’en a cure. Il a pris sa décision. Et plus rien ne
l’arrêtera. Il a ses parlementaires, ses maires, ses partis politiques et
ses chefs de tribus qui le soutiennent. Exactement comme un certain Maaouya
Ould Taya. Et la ressemblance ne s’arrête pas là. Les appels du pied pour
la candidature de notre nouveau guide «éclairé», les initiatives de
soutien, les réunions à caractère tribal ou régional, ont fait, font encore
florès, depuis le départ de Sidioca. On croyait, pourtant, avoir rompu avec
ce genre de pratiques. Et, effectivement, elles avaient disparu, depuis
2005. Mais elles furent tellement ancrées dans les mémoires, pendant les
années de plomb et la démocratie de façade, qu’elles ne demandaient qu’un
seul geste du pouvoir, pour ressurgir, encore plus fortes.
Du coup, nous assistons, depuis quelques semaines, à un
fourmillement d’invitations dans le seul but de prêter allégeance au
général. C’est la course à qui ameutera le plus grand monde, afin
d’apparaître, proportionnellement , détenteur du plus gros paquet de voix,
le jour du vote. Avec, évidemment à la clé, un poste, un marché, des
«facilités», que sais-je encore? Jeu malsain qui a déjà fait dévier notre
démocratie du chemin qu’elle devait normalement emprunter et qui a permis à
Ould Taya d’asseoir son illusion. Avec les résultats qu’on sait. Dérive
autocratique, digne de la Roumanie de Ceausescu ou de Cuba de Fidel Castro.
Mais, paradoxalement, ce pouvoir clientéliste, sans fondements
solides, s’est écroulé, comme un château de cartes, sitôt décapité.
S’achemine-t-on vers un remake de cette ineptie, la reconnaissance
internationale et l’abondance en moins?
J’entends dire : Ah ! On va retrouver, enfin, les vaches grasses!
N’a-t-on pas compris que le prix à payer de celles-ci fut nos problèmes
d’aujourd’hui? L’argent si complaisamment détourné aurait dû financer les
infrastructures, leur qualité, leur entretien, qui assureraient,
maintenant, notre développement. Un exemple : si l’on avait, depuis 1992,
réellement investi l’argent des bailleurs, à son propos d’urbanisme,
Nouakchott ne ressemblerait pas, ce matin, à un monceau d’ordures,
embouteillé, sous-équipé, dont le coût de rénovation grimpe, chaque jour,
de façon exponentielle… En la matière, le temps perdu ne se rattrape
jamais, sinon à un prix démentiel. Il va falloir faire des choix,
draconiens. Déjà, les fontaines des financements acquis sous les précédents
gouvernements se tarissent. Attendez-vous, messieurs-dames, à une nouvelle
ascendance, dans la spirale des coûts de la survie. On veut bien croire,
certes, qu’il y aura quelques vaches grasses. Pour quelques heureux élus,
rares et se raréfiant. On comprend, dès lors, qu’en prévision de ces
lendemains très sélectifs, on se rue à l’allégeance…
Sinon quoi? Quelle stature, assez forte, assez stable, assez
audacieuse, assez républicaine, peut se dresser, sereinement, dans la
caricature guignolesque du plébiscite annoncé? Le «chef-de-file-
institutionnel- de-l’opposition» ? Voilà des mois qu’il a perdu sa
couronne. Tel ou tel leader du FNDD, espérant rallier, en quelques mois,
les bataillons écartelés des démocrates? Le président d’un défunt CMJD
passablement mouillé dans la dérive actuelle? On se posera, plutôt, la
question subsidiaire : la classe politique mauritanienne a-t-elle, enfin,
atteint le terme de sa corruption, si aimablement aidée, en cela, par les
artisans du 6 août? «Du mort, Il fait sortir le vivant.», nous rappelle le
Saint Coran. Cette renaissance est-elle envisageable avant le 6 juin.
Faudrait-il, alors, parier sur les lendemains «déchanteurs» et
l’écroulement rapide d’un système Taya-bis, héritier souffreteux, miné par
les incohérences du premier? Rude chemin, crevé d’ornières...
Ahmed Ould Cheikh
Le Calame du Mardi 10 février 2009
Va-t-on vers une
guerre civile en Mauritanie ?
Si nul ne peut prédire l'avenir, les événements
tragiques récents, la montée en puissance des extrémismes – quelqu’ils
soient, quelqu’en soient les apparences et dessous de table, un an de
pouvoir calamiteux, la baisse du pouvoir d’achat, la pauvreté
galopante, tous ces ingrédients semblent composer, à s'y méprendre, le
cocktail originel des conflits africains de ces dernières années, en Afrique de l'Ouest en
particulier. Une question vient dès lors à l’esprit : va-t-on vers une
guerre civile en Mauritanie?
La situation du pays se résume ainsi : d’un part, misère extrême et
souffrance sociale quasi endémique, citoyens excédés, économie
brinquebalante, le tout sur fond de braderie des ressources naturelles
de la nation.
De l’autre, ministres gérant leur(s) portefeuille(s), hors de tout compte
envers l’Etat et le peuple; élus de ce dernier, sourds et muets; militaires
puissants et intouchables; barons de la drogue en toute quiétude ;
islamistes ou soi-disant tels semant la terreur. Cerise sur le
gâteau, voici les dinosaures de l’ancien régime «revenus» en force –
étaient-ils jamais partis? – usant de tous les moyens et
subterfuges pour user la corde – jusqu’où? – préserver leurs
privilèges déments et durer, durer – jusqu’à quand?
A l’ère de la fée-démocratie, les injustices multiples persistent et
signent le quotidien des mauritaniens. Voilà de quoi aviver la flamme de la
violence. Qui se souvient de la Mauritanie
d’il y a vingt ans, à peine, pacifique et humaine?
La Mauritanie
d’aujourd’hui vit à l’ère des médias, à l’image du monde environnant,
cruelle et inhumaine, informée tout aussi instantanément de l’assassinat
d’un enfant dans un attentat à Islamabad ou au cours d’une «incursion» israélienne, que des
dernières malversations de la raffinerie de Nouadhibou dont l’Etat semble protéger les
responsables.
Nous voilà en pilotage automatique, il n’y a pas de pilote dans la cabine,
pas de leader charismatique et fédérateur. La molle attitude du
gouvernement lors des tristes événements d’Aleg, de Ghallaouiya
et de Nouakchott
témoigne d’un certain amateurisme et d’une incompétence qui risquent
d’accélérer sa déchéance : une révolte populaire? Militaire? Une
guerre civile?
Tous les conflits meurtriers ont ainsi commencé : un différend tribal,
idéologique ou politique sur fond de crise socio-économique, le tout bien
instrumentalisé par des médias complices. Demandez aux libériens, sierra
léonais, rwandais, ivoiriens, congolais et autres tchadiens quelles
satisfactions ont-ils tirées de leur guerre fratricide. Sinon des cadavres
dans les rues, des enfants mutilés, des orphelins, et des populations
déplacées par les horreurs d’une guerre aveugle et barbare.
Ce désastre humain qui s’esquisse sous nos yeux, aurons-nous assez de
sagesse – un brin y suffirait – pour l’effacer, l’expédier, sans plus
attendre, au rayon des songes chimériques?
Imaginez un peu. Nouakchott,
huit heures du matin, odeurs de poudre et de sang, cris d’agonie. Files
interminables de fuyards, à pied, en charrette, sur des ânes, accrochés aux
portières de voitures surbondées, en route pour l’exil vers la région la
plus proche, le Sénégal.
Même désolation à Nouadhibou,
les gens courant vers le Sahara
occidental. Maisons en flamme, voitures calcinées, et des
cadavres, partout, gisant dans la plus totale indifférence d’enfants armés
jusqu’aux dents. Cauchemar.
A tout cela, une seule véritable cause : l’injustice. Cette pratique
quotidienne, odieuse, d’une minorité vivant dans l’opulence ostentatoire,
insolemment affichée, pendant que d’autres croupissent dans la misère et
l’ignorance. Vous sentez-vous choqués par ce discours effroyablement
pessimiste? Prenez, en tout cas, le temps d’y réfléchir et que ce soit – je
l’espère ardemment – son unique avenir…
La «démocratie homéopathique»
– on en rirait si ce n’était si triste – est une déception majeure,
douloureuse, insoutenable. Le président actuel est devenu la vivante
incarnation d’un homme sans pouvoir et sans personnalité, spectateur
d’une dramaturgie politique où chacun des acteurs politiques
joue – à merveille, hélas ! – son rôle destructeur.
Quant à son premier ministre, parachuté à la tête du gouvernement le plus
anarchique de l’histoire de notre pays, est-il en mesure de faire face à
tous ces défis? Ou devrait-il démissionner, au plus tôt, dans
l’intérêt suprême de la nation et de l’intégrité du pays? De nouvelles
élections?
La Mauritanie a
besoin d’un homme d’avenir et non d’un homme du passé. Un vrai
gouvernement collégial, de consensus national, véritablement
au-dessus des clivages communautaires et idéologiques? Ce pays sans
développement ni démocratie ne demande qu’une bonne volonté, un peu de rigueur
et de fermeté.
Il faut se ressaisir tant qu’il est temps. Sinon, l’éclatement nous guette;
affaire de jours, de semaines, peut-être de mois. Démesurément pessimiste
ou lucidement optimiste, ce que je ne veux surtout pas, c’est la guerre,
l’infâme, la faucheuse. Aussi fais-je appel à la prévention de cette
maudite, car je veux un seul peuple, une seule nation, un peuple uni dans
sa diversité, dans le respect de la constitution rédigée par les
militaires que j'ai, pourtant, dénoncés en 2006, des lois et des intérêts
du pays. Aidons-nous, mauritaniens, et le ciel nous aidera!
LE 26/02/2008
source : Docteur Kleib / Le Calame (Mauritanie)
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