ARTICLE 505 :

  

Mauritanie : l’autre printemps arabe      Drapeau français

Mauritanie. Beaucoup de gens n'ont jamais entendu parler de ce pays, et la plupart ne seraient probablement pas en mesure de le localiser sur une carte, même si sa superficie est plus grande que la France et l'Allemagne réunies. Beaucoup d'Arabes ne savent pas non plus que le pays est membre de la Ligue arabe.

Même Black Berry ne le reconnaît pas. Son service de messagerie automatique corrige "Mauritanie" en "martien" et, compte tenu de l'ignorance du public du pays, la Mauritanie pourrait aussi bien être sur Mars. Toutefois, cela pourrait et devrait changer.

Interviewée pour une émission de télévision récemment, on m'a demandé si la Mauritanie sera le prochain pays à découvrir le printemps arabe. En fait, elle a tenté  l’expérience depuis Janvier 2011, lorsque Yacoub Ould Dahoud s’immola mortellement par le feu devant le palais présidentiel.

Des manifestations ont eu lieu à travers la Mauritanie depuis, stimulées par les mêmes facteurs que dans d'autres Etats arabes : économiques, privation des droits politiques et sociaux. Mais contrairement à celles de la Tunisie, de l’Egypte, de la Libye, du Bahreïn, du Yémen, de la Syrie et d’ailleurs dans la région, les manifestations en Mauritanie ont à peine attiré l’attention des medias internationaux.
Cela a conduit Al-Jazira à les décrire comme le «soulèvement négligé ». L'usage d'Internet étant très faible dans le pays - moins de 2% des ménages y ont accès- il a été difficile pour les Mauritaniens de faire connaitre leurs points de vue, témoignages et images dans le reste du monde comme cela s'est produit ailleurs dans le monde Arabe.


La communauté internationale a toujours fait preuve de  peu d'intérêt pour la Mauritanie depuis son indépendance vis-à-vis de la France en 1960, parce que jusqu'à récemment, elle a été considérée comme une étendue de désert avec une valeur stratégique limitée (le pays a un des plus faibles PIB en Afrique, ce qui en fait un des pays les plus pauvres dans le monde).

Cependant, son importance est susceptible d'augmenter, et avec elle l'attention du monde. La Mauritanie recèle de vastes dépôts de minerai de fer, qui représentent près de la moitié de ses exportations, et qui ont augmenté en valeur en raison de la hausse des prix des métaux, conduisant à plus de prospections et de nouvelles exploitations. Les recettes de l’Etat pour l’année dernière s’élèvent à des centaines de millions de dollars.

En outre, le pétrole a été découvert en 2001, bien que les Mauritaniens n’en aient pas encore bénéficié parce que le pays manque de l'infrastructure nécessaire pour exploiter pleinement ses réserves. Cependant, avec la production à la hausse et plusieurs conventions  d'exploration pétrolière signées l’année dernière, pour une population d'un peu plus de 3 millions, la manne potentielle est énorme.

Du fait de la percée de la Chine et du développement en Afrique, ce ne sera qu'une question de temps avant que les ressources largement inexploitées de la Mauritanie fassent l’objet de plus d’intérêt. Cela pourrait irriter les Etats-Unis qui cherchent aussi une plus grande implication en Afrique, laquelle est en passe de devenir un champ de bataille économique pour les superpuissances actuelles et à venir.

La montée d'Al-Qaida dans le Maghreb a également attiré l'attention. Bien qu'il n'y ait aucune preuve qu'elle a infiltré le soulèvement en Mauritanie, l'instabilité régionale indique qu'il y a toujours une opportunité pour le groupe extrémiste de faire sentir sa présence.

Potentiellement, le développement le plus déstabilisant sur le plan régional est le mouvement sécessionniste dans le nord du Mali, conduit par des combattants aguerris, les forces touareg largement laïques qui ont combattu pour la Libye du défunt dictateur Mouammar Kadhafi, ainsi que des combattants islamistes.

Il y a des tensions croissantes entre ces groupes, avec les islamistes opposés à la déclaration d'indépendance Touareg, ainsi que les différences sur la manière de gouverner le territoire, en particulier en ce qui concerne la loi islamique.

Ajoutez à cela le refus de la communauté internationale de reconnaître l'indépendance touareg, le gouvernement du Mali menace de livrer "une guerre totale et implacable» pour reprendre le terrain perdu, les tensions entre les résidents dans le nord, et la Communauté économique des États d'Afrique occidentale laissant entrevoir la perspective d'une intervention militaire, et vous avez une poudrière potentielle qui pourrait exploser à travers une frontière longue et poreuse. Des milliers de personnes ont déjà fui vers la Mauritanie.

Il y a aussi la possibilité, ou peut-être même la probabilité, que les protestations en Mauritanie vont s'intensifier, principalement parce que le gouvernement ne semble pas avoir appris des erreurs des autres régimes arabes qui sont sous la menace. Il a utilisé une combinaison de répression et des promesses de réformes qui ont plutôt ajouté à la frustration des mauritaniens au lieu de les convaincre.

Les manifestations ont été jusqu'à présent pacifiques et centrées autour des réformes. Cependant, comme dans d'autres Etats arabes, si les manifestants estiment qu'ils sont indéfiniment ignorés ou opprimés, ils pourraient appeler à un changement de régime plutôt qu’à des réformes et, la violence pourrait devenir un moyen de faire avancer ces demandes - un développement particulièrement dangereux si l’on tient en compte la composition du pays en différents groupes ethniques.

Quand le monde commencera à prêter attention  à ce pays, nous espérons que ce sera  parce que les Mauritaniens ne sont pas moins dignes de leurs droits que les autres peuples du monde, pas  du fait que les intérêts personnels de puissances mondiales sont en cause, ni du fait de l’incantation morbide des médias : ". Quand ça saigne, ça appâte"

Sharif Nashashibi

Traduit pour Kassataya
Source:
The Guardian (Royaume Uni)


 

Mauritania's 'overlooked' Arab spring     

 

A woman refilling her bucket from a well in Natriguel, in the south of Mauritania. Photograph: Pablo Tosco/AFP/Getty Images

Mauritania. Many people have never heard of it, and most would probably be unable to pinpoint it on a map, even though its land mass is larger than France and Germany combined. Many Arabs are unaware that it is a member of the Arab League.

Even BlackBerry does not recognise it. Its messenger service auto-corrects "Mauritania" to "Martian" and, given public ignorance of the country, Mauritania might as well be on Mars. However, this could and should change.

Interviewed for a TV programme recently, I was asked whether Mauritania will be the next country to experience the Arab spring. In fact, it has been part of the spring since January 2011, when Yacoub Ould Dahoud fatally set himself alight in front of the presidential palace.

Protests have taken place across Mauritania ever since, spurred by the same factors as in other Arab states: economic, political and social disenfranchisement. But unlike those in Tunisia, Egypt, Libya, Bahrain, Yemen, Syria and elsewhere in the region, Mauritania's have been barely a blip on the news radar.

This has led al-Jazeera to describe it as the overlooked uprising. Very low internet usage in the country – reportedly less than 2% of households – has made it difficult for Mauritanians to get their views, eyewitness accounts and images out to the rest of the world as has happened among other restive Arab populations.

The international community has historically taken little interest in Mauritania since its independence from France in 1960, because until recently it was seen as a poor expanse of desert with little strategic value (it has one of the lowest GDPs in Africa, making it among the poorest countries in the world).

However, its importance is likely to increase, and with it the world's attention. Mauritania's extensive iron ore deposits, which account for almost half of its exports, have increased in value due to rising metal prices, leading to more mines being opened, and hundreds of millions of dollars earned last year.

Furthermore, oil was discovered in 2001, although Mauritanians have yet to benefit because the country lacks the necessary infrastructure to fully exploit its reserves. However, with production on the rise, several oil exploration deals inked in the last year, and a population of just over 3 million, the potential windfall is huge.

As China makes economic and developmental inroads into Africa it may only be a matter of time before Mauritania's largely untapped resources come into focus. This could irk the US into also seeking greater involvement, as Africa is fast becoming an economic battleground for the current and upcoming superpowers.

The rise of al-Qaida in the Maghreb is also attracting attention. While there is no evidence that it has infiltrated Mauritania's uprising, regional instability means there is always potential for the extremist group to make its presence felt.

Potentially the most destabilising regional development is the secessionist movement in neighbouring northern Mali, driven by battle-hardened, largely secular Tuareg forces who fought for Libya's late dictator Muammar Gaddafi, as well as Islamist fighters.

There are rising tensions between these groups, with the Islamists opposing the Tuareg declaration of independence, as well as differences over how to govern the territory, particularly with regard to Islamic law.

Add to that the international community's refusal to recognise Tuareg independence, Mali's government threatening "total and relentless war" to recapture lost ground, tensions among residents in the north, and the Economic Community of West African States raising the prospect of military intervention, and you have a potential powder keg that could explode across a long and porous border. Thousands have already fled to Mauritania.

There is also the possibility, or perhaps even the probability, that the protests in Mauritania will intensify, mainly because the government seems not to have learned from the mistakes of other Arab regimes that are under threat. It has used a combination of repression and pledges of reform that have left Mauritanians unconvinced and more frustrated.

Demonstrations have thus far been peaceful and centred around reforms. However, as in other Arab states, if protesters feel they are being indefinitely ignored or oppressed, not only might calls for reform become demands for regime change, but violence may become a means to advance those demands – a particularly dangerous development given Mauritania's ethnic fault lines.

When the world does start paying attention, let us hope it is because Mauritanians are no less deserving of their rights, rather than the self-interests of world powers, or the morbid media mantra: "If it bleeds, it leads."

 

Sharif Nashashibi
Source: The Guardian (Royaume Uni)

 

 

 

Human rights groups allege Biram Dah Abeid is being held on trumped-up charges


The Mauritanian anti-slavery campaigner Biram Dah Abeid, head of the initiative for the resurgence of the abolitionist movement in Mauritania, has been in custody since 13 December, charged with assaulting two police officers.

Human rights organisations have condemned his arbitrary detention and the harassment Abeid has suffered in his struggle against slavery. He was arrested with five other campaigners, on leaving hospital after treatment for head and leg injuries.

He had been beaten up by the police a few hours earlier, on the outskirts of the capital. Since then he has been in prison awaiting trial. He is in the high-security jail in Nouakchott, which is mainly used to hold Islamic extremists.

The International Federation for Human Rights and the World Organisation Against Torture have condemned "the assault and arrest of Abeid, the only purpose of which is to punish his activities upholding human rights in Mauritania".

The organisations say that his detention coincides with the choice of SOS Esclaves Mauritanie as the winner of France's human rights award, in recognition of the NGO's work campaigning against slavery in Mauritania and neighbouring countries.

Abeid originally went to a police station with two girls, aged nine and 13, who had been forced to work as servants for the family of the local police commissioner, according to the press release published by the NGOs. An argument took place, which allegedly ended with Abeid being injured. The "mistress" of the girls was charged but released on bail.

A 2007 law made slavery illegal in Mauritania. "But in fact no one has ever been sentenced. Charges are dropped because the courts are under constant pressure from traditional, religious and tribal forces, all of which tolerate this practice," said Fatima Mbaye, head of the Mauritanian Human Rights League.

"It is estimated that almost 40% of the Mauritanian population [3.1 million] lives in a state of slavery or have relatives who are slaves." The slaves are mainly black Mauritanians in an Islamic republic that is dominated politically and economically by Moors (of Berber or Arab extraction).

Mbaye is convinced that Abeid is being persecuted "on account of his campaigning". According to Ibrahima Diallo, the spokesperson in western Europe for the African Liberation Forces of Mauritania (Flam), an exiled paramilitary group: "He [Abeid] knew they wanted to end his political activities. Now he fears for his life."

Abeid could face up to five years in prison.


Source:
http://www.guardian.co.uk/world/2011/jan/04/mauritania-slavery-campaigner-human-rights

  

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