Mauritanie
: l'opposition négro- mauritanienne en mauvaise
posture
Après
le ralliement de Kane Hamidou Baba, chef du parti mauritanien le
Mouvement Pour la Refondation(MPR) à l'Union Pour la République(UPR)
de la majorité, c'est au tour maintenant du numéro un de l'Alliance
pour la Justice et la Démocratie( AJD/MR) Ibrahima Moctar Sarr de
lui emboîter le pas. Les deux malheureux candidats négro-africains
des dernières présidentielles de 2009 mettent fin ainsi au long
feuilleton médiatico-politique de connivence avec le président Ould
Aziz. Les observateurs s'interrogent sur l'avenir de l'opposition
négro-africaine dans le processus démocratique en Mauritanie.
Le
parti du président Ould Aziz, l'UPR ( Union pour la République) se
porte bien puisqu'il a réussi en l'espace d'une année l'adhésion
de beaucoup de militants tant à Nouakchott qu'à l'intérieur du
pays. Même son de cloche au niveau des parlementaires qui ont
enregistré la défection de beaucoup de députés et sénateurs de
l'opposition faute de consensus au sein de leur parti ou par pur
opportunisme politique. Ould Aziz ne veut rien savoir. C'est une
situation qui l'arrange et pourrait lui garantir une majorité
confortable pour les prochaines législatives de 2011.L'intégration
d'un des poids lourds négro-africains cette fin de semaine dans la
majorité n'a pas surpris les observateurs qui y voient
l'aboutissement logique de longues négociations du leader de
l'AJD/MR avec Ould Aziz. Une façon pour les deux hommes de clore
définitivement ce contentieux né de l'affaire Hanéfi,le
journaliste du site Taqadoumi qui avait été condamné en 2009 à
six mois d'emprisonnement pour avoir émis une opinion contraire aux
mœurs mauritaniennes mais surtout arrêté pour une plainte
introduite au parquet par le candidat Ibrahima Sarr aux
présidentielles 2009 dont il accusait d'avoir reçu des financements
occultes contre le changement de sa position politique. Au-delà de
ces dessous politiques, ce volte- face du charismatique « Obama
mauritanien » ne conforte plus sa position de leader sur l'échiquier
national et soulève la question de leadership négro-africain dans
le nouveau paysage politique .Critiqué à tort ou à raison par ses
détracteurs, Ibrahima Sarr est en tout cas apparu isolé et faible
politiquement après le score faible enregistré lors des dernières
présidentielles aggravé par des dissensions internes qui ont secoué
le parti et conduit certains militants à démissionner .Aux yeux
même de ses admirateurs, le chef a trahi en flirtant avec Ould Aziz.
L'affaire Hanéfi jetant le trouble dans l'esprit même de son propre
camp. Dans sa conférence de presse qui a scellé un « programme
commun » avec la majorité, des zones d'ombre subsistent sur sa
franchise même si l'ancien détenu des geôles de Oualata promet de
ne pas être passif sur des dossiers brûlants comme la
réconciliation nationale, le passif humanitaire, l'esclavage et la
promotion des langues nationales, sujets qui lui tiennent à cœur.
Avant lui c'était le chef du parti, le Mouvement pour la Refondation
(MPR) Kane Hamidou Baba qui avait montré l'exemple. Lui aussi n'a
pas pu résister au marchandage et s'était vu reprocher avant même
la fin de la campagne présidentielle son désir de rapprochement au
camp de l'ex-général et candidat Aziz. La création de son parti
n'a pas fait beaucoup d'émules et non plus dissipé les
controverses. Un parti qui se voulait pourtant « arc-en -ciel » et
porteur d'espoir de l'intelligentsia mauritanienne. En définitive,
les deux leaders laissent ainsi derrière eux un désert politique
qui devra interpeller l'opposition négro-africaine en exil en
particulier les FLAM( Forces de Libération Africaine de Mauritanie)
pour prendre toute la légitimité dont elle cherche depuis longtemps
à se prévaloir. La diaspora devrait en tout cas prendre à bras le
corps le terrain politique pour combler ce déficit d'opposants
négro-mauritaniens et rétablir ainsi son image longtemps écornée
au plan national. Le renforcement de la majorité par l'AJD/MR et le
MPR est une aubaine pour le président mauritanien qui a bien réussi
son scénario ,le vernis démocratique en affaiblissant l'opposition
négro-africaine. Le grand gagnant est bien sûr l'UPR. Jamais 2 sans
3.Qui sera le troisième homme ?
Kane
Cherif-Journaliste Rouen-France
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