Il
est indéniable que l’incident de l’incinération de certains
livres du vigh, glorifiant l’esclavage par le mouvement IRA, a eu
des répercussions considérables et des résultats ahurissants, du
fait que cet acte a conduit et pour la première fois, les
mauritaniens à revoir leur lecture et leur interprétation de ces
livres, lesquels étaient embastillés dans les malles, servant
d’ornements à leurs détenteurs. Le choc était puissant et le
coup destiné aux sources profondes de l’idéologie esclavagiste,
verrouillée par des concepts religieux, interprétés par leurs
auteurs pour les caprices personnels, contrastant avec la foi
musulmane, avec le Coran et la Sunna. C’est vrai que le régime
d’Ould Abdel Aziz, qui agonisait, a instrumentalisé cet incident,
obligeant la classe politique à naviguer dans sa galaxie, exception
faite de trois partis politiques. Mais si l’attitude des partis
de la majorité était intelligible, la réaction de l’opposition
n’était pas justifiée, en particulier celle du courant islamiste,
qui avait joué un grand rôle dans cet autodafé ; bien que je ne
dis pas qu’il faisait l’objet d’une unanimité de leur parti,
mais de personnalités influentes et de références islamistes en
son sein. Aujourd’hui, après la libération de Biram Ould Dah
Ould Abeid et de ses camarades, nous tirons un ensemble de leçons
dont les plus importantes sont : - La nécessité de dépister les
textes religieux légitimant et interprétant de manière déloyale
et frauduleuse l’esclavage et d’émettre des fatwas des Oulémas
mauritaniens les interdisant, - L’Etat mauritanien doit
s’atteler à réactiver la loi criminalisant l’esclavage de 2007
et organiser des campagnes de sensibilisation la vulgarisant, tout en
dispensant des formations au profit des walis, des hakems, des juges
et de la gendarmerie sur les textes de cette loi, - L’Etat doit
officiellement reconnaitre l’IRA en guise de témoignage à son
rôle dans la lutte contre l’esclavage ainsi que lui permettre de
poursuivre son processus sans lui créer des obstacles juridiques, -
L’IRA doit revenir à sa lutte activiste loin des tiraillements
politiques qui conduisent leurs auteurs à les abandonner à la
première épreuve, - Les abolitionnistes doivent se positionner à
une distance égale de la majorité et de l’opposition, à
reconnaître les institutions constitutionnelles existantes depuis le
président aux autorités régionales …etc., La société
mauritanienne est condamnée dans toute sa diversité à prendre
conscience des dangers de l’esclavage et d’œuvrer pour
l’éradiquer au lieu de nier son existence, si nous ambitionnons à
un Etat mauritanien stable unifié mettant à contribution sa
pluralité ethnique pour son enrichissement et non pour sa division.
Mehdi
Ould Lemrabott Traduction : Md O. Md Lemine
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