Passif
humanitaire : Boidjel Ould Houmeid veut-il solder ses « comptes
» ?
Au cours d’un
meeting de la COD à Riyadh, samedi dernier, Boidjel Ould Houmeid,
président d’El Wiam a affirmé que « l’esclavage existe en
Mauritanie, sous sa forme visible et palpable » et qu’il est «
inutile de parler d’unité nationale tant que ce dossier et
celui des violations des droits de l’Homme ne soient tournés de
façon définitive ».
Une
sortie assez surprenante si l’on se souvient des propos du même
Boidjel, sur le passif humanitaire, en septembre 2005 au cours de
l’émission « Débat Africain » sur RFI quand il a dit : « Je
crois qu’il ne faut pas revenir sur le passif …». Ce qui avait à
l’époque suscité l’indignation de Kane Hamidou Baba qui a
qualifié ces propos « incohérents et imbéciles».
Dans
une interview d’un journal de la place, Boidjel était revenu à la
charge : « Oui, le débat sur RFI a porté, en effet, sur le passif
humanitaire. Je dois dire que lorsque l’on parle de passif, il
s’agit d’un bilan. Et donc, on ne peut pas parler de passif sans
parler d’actif. Or, l’actif du PRDS ou de son président Maaouiya
est un actif positif, donc le bilan est positif. Et quand l’actif
est supérieur au passif en termes comptables, on ne parle que de
résultats. (…) mais revenons au problème des négro-africains et
au passif humanitaire.
Je défie quiconque
en Mauritanie qui connaît mieux ce dossier que moi et je dis qu’on
ne doit pas, en m’adressant à Sidiki Kaba, Président de la FIDH,
pendant le débat qu’il ne doit y avoir deux poids, deux
mesures, qu’en 1989 lors des évènements, il y avait 500.000
maures au Sénégal et je tiens ce chiffre des déclarations
officielles des deux anciens présidents sénégalais Abdou Diouf et
Léopold Sédar Senghor.
Ces
500.000 maures qui détenaient d’énormes moyens financiers au
Sénégal, ont tout perdu et je connais même des familles
sénégalaises qui se sont enrichies des biens des mauritaniens et
vous savez qu’il y a eu des morts. Aujourd’hui, il y a des
mauritaniens qui ont la nationalité sénégalaise qui ont été
expulsés et qui sont là. Donc, on ne peut pas poser les problèmes
de 63.000 et laisser ceux de 500.000 et j’ai dit que c’est
prendre partie et on peut même traiter cela d’autre chose quand ce
sont des négro-africains au Sénégal qui posent le problème. Je ne
répondrai pas à la provocation de Kane Hamidou Baba. Je lui dirai
simplement, comme je le lui ai dit ce matin au téléphone qu’il
est obligé de me respecter parce que j’ai les moyens de me faire
respecter. Et je lui rappelle que quand je dis que je suis à un
kilomètre de la frontière du Sénégal, c’est pour lui rappeler
que je suis à sa droite. Parce qu’il y a des mauritaniens qui se
disent mauritaniens et qui sont à sa gauche, c’est son cas à lui.
Moi, je ne mâche pas mes mots : il habite à Pendaw, il est de
Pendaw, plus précisément du village de N’diayène qu’il connaît
très bien puisque c’est là-bas qu’il est né et je sais quand
est-ce qu’il a falsifié ses papiers et où il les a fait. Ce n’est
pas un Mauritanien et çà, je tiens à le dire et à le répéter.
Il est obligé de me respecter. Il est bien du village de N’diayène,
du côté gauche de la rive et moi, je suis du village de Ebden, je
suis de N’diago, je suis connu et je sais de quoi je parle quand je
dis que je suis à un kilomètre de la frontière. Il y en a qui sont
à un kilomètre mais de l’autre côté et lui, en fait partie».
Comptable
de formation, Boidjel Ould Houmeid tente-t-il alors de solder ses «
comptes » ?
Pourtant, au cours
de ses vingt années de règne dans les allées du pouvoir, Boidjel a
été comme frappé de cécité et n’a jamais pipé mot à ce
sujet quand il occupa, successivement de hautes fonctions de l’Etat
: Trésorier Général, DG des Impôts, Commissaire à la Sécurité
Alimentaire, ministre du Commerce, ministre du Développement
Rural, ministre des Pêches, ministre de la Santé, ministre des
Finances, DG de la Smcp, Dg de la CNAM, ministre SG de la
Présidence.
Henoune
CANALRIM
Réponse
à Henoune, en tout cas, pas Ould Bousseif
Je
tiens à informer celui qui est derrière ce pseudonyme de Henoune
que je ne renie
pas mes déclarations en rapport avec les questions soulevées.
D’abord, il convient de placer mes propos dans leur contexte : je
m’exprimais en tant que président de la COD,
donc je parlais au nom des présidents des partis membres de la COD
et ce que je
disais reflétait leur position sur la question évoquée.
Quant
à ma position concernant les 500 000 Maures expulsés du Sénégal,
elle demeure inchangée, car ces gens avaient été dépossédés et
en partie tués ; je continue à poser leur problème, parce que je
le connais profondément, je l’ai vécu et mes parents en ont été
victimes.
Ma position à moi est qu’il fallait, dans
l’intérêt de la Mauritanie,
dépasser ces problèmes qui divisent, ce qui du reste a été décidé
à l’unanimité par l’Assemblée nationale. Maintenant que les
dirigeants du pays, particulièrement le président Sidi
Mohamed Ould Cheikh Abdallahi,
ont jugé utile de remettre les questions relatives à l’esclavage
et aux réfugiés à l’ordre du jour pour y trouver des solutions,
je me dois de donner mon point de vue là-dessus.
Par
rapport à l’esclavage, je rappelle à votre attention que je fais
partie des dirigeants du Mouvement El
Hor qui ont le
plus donné d’eux-mêmes pour cette cause ; j’ai été emprisonné
et jugé au célèbre procès de Rosso
; j’ai été
le seul dirigeant du Mouvement à être arrêté en 1980 et incarcéré
dans les locaux des Sapeurs-pompiers, suite à une manifestation à
Teyarett qui
dénonçait un cas d’esclavage.
Et puis, vous me faites
dire ce que je n’ai pas dit. Ce que j’ai dit, c’est que des
témoignages qui nous ont été relatés prouvent qu’il existe
encore des cas d’esclavage en Mauritanie
et tant qu’il
y a des cas pareils et des violations ciblées des droits de l’homme,
notre unité nationale sera menacée ; donc, dans l’intérêt de
cette unité nationale, il vaut mieux résoudre ces questions.
Au
passage, vous semblez vouloir minimiser mon cursus et faire un peu
d’esprit, en me qualifiant de comptable de formation, j’en serais
fier ; Sachez toutefois, comme vous avez l’air de vous intéresser
vraiment à ma personne, que je suis, non pas comptable, mais
Administrateur de Régies financières, sortant de l’ENA
en qualité
d’inspecteur du Trésor et de l’Ecole
Nationale des Services du Trésor
de Paris,
après un concours organisé en 1983 à l’Ambassade
de France pour
les inspecteurs des Impôts et les inspecteurs du Trésor (ce
concours était organisé annuellement par le Ministère français
des Finances dans tous les pays francophones); j’étais le seul
Mauritanien admis et le major de l’Afrique.
Je peux vous donner les noms de trois Mauritaniens qui ont
fait cette Ecole : Dr Mohamed
Mahmoud Ould Mah
de la promotion de 1978,
Diop Abdoul Hamath
de la promotion de 1982 et
Thiam Diombar,
trois promotions ou quatre après moi. Si pour vous tout ce monde est
comptable, alors je le suis aussi. Au fait, dans ma carrière qui
vous intéresse tant, vous avez oublié de citer Contrôleur d’Etat,
Inspecteur général des Finances et chef du Service central de la
Solde.
Vous dites que pendant ces vingt dernières années, je
n’ai jamais pipé mot à ce sujet. Je ne sais pas exactement de
quel sujet vous voulez parler, mais remarquez quand même qu’au
retour des réfugiés du Sénégal,
Keur-Macène est
la seule des Moughataa du fleuve à ne pas avoir de réfugiés
revenant du Sénégal.
Vous voulez savoir pourquoi ? Demandez-le aux ressortissants du
département et notamment à ceux de N’Diago
que j’ai fait
revenir au lendemain de leur expulsion, et demandez aussi au Ministre
de l‘Intérieur de l’époque,
Djibril Ould Abdallahi,
combien de fois je l’ai interpelé à ce sujet.
Ils vous
raconteront ce fameux jour de l’Id El Kebir où des centaines de
ressortissants de l’arrondissement de N’Diago,
Oulofs et Peulhs, venant des villages de N’Diago,
Thiouk, M’Bayo, Diahoss
ont été expulsés de l’autre côté du fleuve ou parqués au
barrage de Diama
en vue de leur
expulsion. Ce jour-là, une forte délégation a été envoyée par
les notables de N’Diago,
dirigée par feu Doudou
Fall Samba Nor,
le fils du chef de canton et Souleymane
Diop encore en
vie ((Al hamdoulillah) et cette délégation est venue me voir.
Immédiatement, je me suis mis à résoudre le problème et
le même jour, tous ceux qui étaient parqués au barrage de Diama
ont été
ramenés chez eux et le même jour, feu
Doudou Fall a
été dépêché au Sénégal
pour faire revenir ceux qui avaient déjà traversé le fleuve et
tous étaient revenus à l’exception d’un certain
Oumar Diop, un
maçon de nationalité sénégalaise. Qui a fait revenir ce monde,
qui, malgré sa fonction de réserve, était debout au milieu de ces
citoyens à la plage, affolés à l’idée de devoir quitter le pays
?
En tout cas, ce n’est pas « Henoune,
en tout cas pas ould
Bousseif »
(Anani ?),
qui devait être certainement caché quelque part, comme il le fait
actuellement derrière un prête-nom, n’osant pas dévoiler son
identité.
Quand je dis « Henoune,
en tout cas pas ould
Bousseif »,
c’est que ce dernier était un guerrier des Oulad
M’Barek, connu
pour sa bravoure et ne se cachait donc pas devant ses ennemis et à
fortiori devant ses adversaires politiques. Anani,
pour ceux qui, contrairement à Henoune,
ne comprennent pas le pulaar signifie : tu comprends ?
Donc,
Monsieur Henoune
Kane
rassurez-vous, Boydiel
ne renie pas son
passé, ni ses convictions et encore moins ses positions par rapport
aux deux questions soulevées ; il ne cherche pas à solder ses
comptes, parce qu’il n’y a rien qui l’oblige à le faire. Quant
au bilan du président Maaouya,
ma position est toujours la même : je continue à soutenir que son
bilan pour la Mauritanie
est plus positif
que jamais.
Pour ce qui est de mes positions concernant
l’élevage, vous pourrez lire la dernière interview que j’ai
donnée à ce sujet au journal Le
Calame. Pour
améliorer davantage encore un peu plus la connaissance que vous avez
de moi et de mes positions.
Boydiel
Ould Houmeid
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