ARTICLE 463:
Les Médias d’Etat et l’Esclavage
La face visible de l’exclusion Nous n’avons pas besoin d’une loupe pour voir l’hégémonie d’une communauté sur les medias d’Etat. Tous les organes sont coiffés par des Maures blancs, les adjoints, les DAFs et tous les postes clés, même au ministère. Sauf quand il s’agit des postes où on doit bosser : la rédaction, la traduction et la production. Là, on fait recours aux nègres de service, par nécessité. Les invités au plateau sont souvent des Blancs. Ce n’est pas grave, quand on n’invite que des Maures blancs. Ce qui est grave c’est lorsque ces invités soient exclusivement des Haratines ou des Négro-africains ! Parce que c’est inadmissible dira-on sans gêne. Car ce qui est normal c’est que ces derniers servent de « figurants » noirs en guise d’un dosage déséquilibré. Nous avons vu beaucoup de ministres défiler au département de la communication mais, décidément, rien que pour perpétuer et pérenniser le sur-place. Les patrons de ces medias sont-ils intouchables ? Sont-ils plus forts que le Ministre ? Certes, on enlève quelquefois un directeur général pour restaurer un ancien ; mais le reste du « décor » et les référentiels culturels qui prévalent dans un secteur aussi sensible que celui de la Communication , sont maintenus dans leur ’état ! J’ai vu ce staff avec le ministre à l’Assemblée nationale. Un staff inamovible et d’une même couleur, une seule ; c’est l’Apartheid en substance et cela, apparemment, ne gène personne. C’est du déjà vu depuis 50 ans, et peut-être du toujours comme ça ! Une sorte de statu quo ante qui fait la politique de tous les régimes qui se sont succédés en Mauritanie et qui ne changeront pas de si tôt. Il a fallu des graffitis sur les murs pour voir un Haratine à la télévision; et même celui-là, on le voit plus. Il a peut-être disparu. Et pour les Négro-africains, de par leur temps d’antenne très mal placé, du reste, et non suivi, il faut être NECESSAIREMENT arabisant pour avoir le privilège de monter sur le plateau et présenter le journal. Donc, les medias dits d’Etat appartiennent, comme toute la Mauritanie , à nos frères Maures blancs ! Il est vraiment amer de le dire mais toutes les preuves sont là :
Ce que je tiens à dire ici, ce n’est pas que telle ou telle entité est absente des centres de décisions. Cela est l’apanage de toute notre administration. C’est une administration mauresque, presque à cent pour cent. C’est général. Et l’hégémonie est claire, partout. Mon propos s’inscrit dans la dynamique dont on parle ces derniers temps. Nous sommes entrain d’aider les bonnes volontés, s’il y en a vraiment, pour situer et ôter les obstacles jalonnant la voie du changement souhaité ! Mais un fait est sûr. Tout changement préalable passe par : redistribution des cartes, constat de la volonté dans les faits : tout ce que tu vas faire pour moi, si tu le fais sans moi, son effet sera de courte durée. C’est exactement pour cette raison que les rhétoriques de Ould Taya ont été dépourvues de résultat viable. En effet, pour combattre l’esclavage il évitait d’appeler le mal par son nom préférant trouver des périphrases vaseuses telles que la lutte contre la pauvreté et/ou la lutte contre l’analphabétisme. Des milliards ont été dépensés pour éradiquer, disait-on, ces fléaux sociaux. Et pourtant aujourd’hui le problème reste entier ! On n’a pas su ou voulu appeler un chat le chat et permettre ainsi à l’action d’être efficiente. Si avec cet argent on avait aménagé des terres cultivables, organisé et formé des pêcheurs installés le long de la mer, embauché une classe ouvrière à la SNIM , piloté des projets d’élevage, ouvert et encadré des écoles dans les milieux habités par les esclaves et les anciens esclaves, on aurait solutionné, à plus de 80%, la question de l’esclavage. Et si l’on avait accompagné ces actions d’une campagne de sensibilisation audiovisuelle (radio, télévision) qui dénote une réelle détermination à déraciner et bannir ce phénomène qui perdure dans les pratiques et, surtout, dans les mentalités ralentissant ainsi et, de façon claire, le développement du pays, le résultat serait beaucoup plus tangible. Voila comment il serait possible, en un peu de temps MAIS, avec une volonté manifeste, de mettre fin à ce fléau. Or aujourd’hui, le constat est alarmant: un pays qui vit sur des dons et crédits, acquis entre autres, pour la lutte contre l’esclavage et ses conséquences (la pauvreté, l’ignorances et l’exclusion …) mais, foncièrement détournés et orientés par une seule communauté vers d’autres fins qui sont les siennes (Immeubles, Banques, Bourses et autres projets privés). Tant que le problème n’est pas sujet d’une attention particulière et tant que ses défenseurs sont froidement diabolisés et éloignés des centres de décision, la situation de l’esclavage ne pourrait qu’empirer et continuer à ternir l’image du pays. Si on donne du temps au temps, il y aura sûrement, tôt ou tard, une solution. Mais, quelle solution et à quel prix ?!! Il va falloir donc prendre le devant et exiger les remèdes appropriés que nous privilégions avant que le temps nous exige des solutions indésirables. Le temps presse. Et pour beaucoup, Les dés semblent être jetés. Alors force est de dire que si certains cadres se sont résignés, il y en a d’autres qui sont engagés à aller jusqu’au bout !
Brahim Ould Bilal Ould ABEID Professeur de Philosophie |
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