Quand, au temps de la «grande gloire» du manitou du PRDS
(walaa hawla walaa qawwat illaa billaah), les ouistitis qui composaient
l’essentiel de sa cour couraient qui à Durban, qui à
Dakar, qui d’autre à Banjul et à
Madrid pour noyer dans la fange de leurs esprits brumeux les
malheurs des nôtres déportés à côté, on se disait une chose : c’est un effet de
mode, puisque parler d’effets de manches pour ces avocats dont le diable en
personne ne voudrait s’accommoder serait faire injure à cet être bien cornu dont
la queue s’apparente à une corne d’abondance pour certains.
Quand,
l’ancien Premier ministre de Maaouya (le Mauritanien) – à ne
pas confondre donc avec l’Ommeyyade, le fils de Abou
Soufiane – quand, dis-je, ce Premier ministre, Maître Sghair
Ould M’Bareck, tapait du poing sur la table pour traiter les députés de
l’opposition, et à leur tête Messaoud Ould Boulkheir
d’Action pour le Changement, «d’ennemis de la nation»,
tout le monde se disait une chose : crier haro sur le baudet de la
«mouaarada» était bien payant.
Mais, qu’aujourd’hui, après que l’entreprise PRDS (walaa
hawla walaa qawwat illaa billaah) ait fait faillite, que les créanciers venus
réclamer leur dû n’aient eu que leurs yeux pour pleurer la fuite du gérant et la
dispersion de la troupe folklorique qui animait la cour du roi
Ubu; qu’aujourd’hui, un ministre de la République vienne
soutenir, devant les élus du peuple et le sanctuaire qui légifère, que «la
Mauritanie n’a expulsé aucun citoyen vers le
Mali», il y a lieu de se poser une question : le Gondwana
de l’humoriste Mamane serait-il la
Mauritanie?
Sortie de la bouche d’un simple quidam, la
«chose» aurait pu passer (avec un peu d’eau – du fleuve
Sénégal? – et une pincée de laalo) mais l’inquiétant c’est que
c’est Mohamed Ould Boilil, le ministre de l’Intérieur et de la
Décentralisation, qui ait sorti cette bourde (n’ayons pas peur des mots, car on
ne peut qualifier autrement la sortie tout aussi hasardeuse que bondissante de
cet ancien administrateur reconverti en politicien).
Un journaliste
sénégalais s’était demandé, peu avant le Mondial 2002, après une sortie non
moins hasardeuse du goal des Lions de la Téranga si l’auteur de
cette «Arconada» n’était pas plus un portier de nuit qu’un gardien de
buts.
En effet, c’est inquiétant : Mohamed Ould Boilil
est un administrateur à la retraite; Mohamed Ould Boilil est un
ancien wali; un ancien wali de la Vallée. Ould Boilil n’a donc
aucune excuse : il sait plus que quiconque ce qui s’était passé; il a donc tenu
ses propos sciemment, volontairement, sans contrainte et sans que quelqu’un lui
ait mis du «sucre sur la langue».
Monsieur Ould
Boilil, la question sur l’existence d’expulsés mauritaniens au
Mali ne se pose même pas; la question à laquelle on vous
demandait de répondre c’est : «Quand est-ce que ces expulsés-là allaient
revenir?». Si vous n’aviez pas de réponse conséquente à donner à
l’Assemblée, il y a pourtant toute une panoplie de manœuvres dilatoires pour
s’en tirer sans contusions sur le corps, ni cors au pied – et pour vous et pour
le gouvernement de tambourinaires (du Burundi?) que vous
représentez.
Soulèy, le fameux marabout de la série
«Bobodioufs», aimait dire que «Les consultations familiales, c’est
zéro!» mais moi, une âme charitable, et par charité musulmane (d’autres
diraient chrétienne), je vous offre mes services, sans bourse délier, sans per
diem ni «raghba» de mouton ou reste de «kisré» comme
compensation. Je le fais gratuitement, convaincu que Monsieur Mohamed
Ould Boilil, à prime abord, est un brave type.
Monsieur
Mohamed, devant les offensives des députés de l’opposition –
ceux de la majorité étant, sur la question considérée, des tombeaux – vous
auriez pu :
- faire le dos rond, faculté qui n’est pas donnée qu’aux
chats (consulter à ce propos les aventures de «Tom et Jerry»);
-
faire le mort : on est en pays musulman et quand bien même l’honorable
Kadiata Malick Diallo et ses amis chercheraient le scalp des ministres
de la République, il ne viendrait à l’esprit de personne de demander des comptes
à des cadavres, quoiqu’on voit sous nos tropiques des fossiles et autres
dinosaures diriger des conseils d’administrations ou même - le comble pour des
zombies – «sortir» à la télé (TVM est certes une
pyramide mais les Mauritaniens conçoivent de plus en plus mal que leur boîte de
résonance continue à être prise pour le hangar de Néfertiti,
d’Aménophis, d’Akhenaton et autres
Toutmosis);
- se faire accompagner d’une armada de
souffleurs de «Vuvuzela» qui, à chaque fois que l’opposition entame une
offensive dangereuse, se mettront à faire bourdonner leurs instruments pour
enrayer le péril. Si ce n’est pas suffisant, quelques cars, précédés d’un convoi
de «yaay boy» congelés, feront une tournée du côté de Hay
Saakin pour rameuter les soutiens du Président des Pauvres;
-
apporter 60 matelas, 15 théières, 95 coussins, 2 «kouzounouzou», 7
«couscousseuses» et une troupe de «Khoumbeul» : le matériel
c’est pour endormir les députés genre Moustapha Ould Bedredine,
et la troupe de Khoumbeul c’est pour égailler les élus insomniaques. Mais
attention! L’Assemblée n’est certes pas une mosquée, mais ce n’est pas pour
autant un lieu d’agapes ou de luxure : que les adeptes du «reug-reug
boudian» et autres «wouppaa diam» se calment donc, il ne sera
toléré que le rythme «Armomiin», sans déhanchements lubriques ni
«mbarass» multicolores…
Si, après avoir essayé toutes ces
recettes, l’Assemblée continue de réclamer le retour des expulsés mauritaniens
au Mali, il reste une dernière solution : envoyer à Bamako une
délégation de l’ANAIR avec quelques citoyens lambda des sites
de Rosso. Je vous assure, Monsieur Mohamed, il suffirait qu’on
explique aux candidats au retour à la mère-patrie le calvaire enduré par ceux
qui sont déjà revenus pour les voir plier le barda et s’éloigner de la
frontière. Qui sait? Dans leur ultime «magnanimité», s’en iront-ils au
Darfour?
«La Mauritanie n’a expulsé
aucun citoyen vers le Mali»… On croit entendre les anciens
«waggaava» de Maaouya. Mais ne désespérons pas de
croire que ce n’est pas là le fond de la pensée de Mohamed Ould
Boilil. Que, comme on le dit si bien : on l’a mal compris. Que nous
l’avons TOUS mal compris. Amen.
Rachid LY