Général
Aziz, je vous parle !/Ely Ould Sneiba
Général, Le chômage, la
précarité, l’insécurité, l’injustice, la gabegie, la hausse
des prix et son corollaire la détérioration du pouvoir d’achat,
ajoutés à l’absence de tout repère rationnel pour comprendre
l’action que vous menez à la tête de l’Etat depuis 2008, sont
autant de réalités qui rendent votre temps très pénible à vivre.
L’émeute, hier, de Vassala, au fin fond du pays, en est la preuve
éclatante.
Aujourd’hui, les jeunes, les moins jeunes, les
riches, les pauvres, les mauritaniens de toutes les strates
sociales suffoquent sous le poids écrasant de la crise
multidimensionnelle sans précédent née de votre gestion
calamiteuse des affaires publiques, gestion ‘autocentrée’ sur
votre personne et sur le réseau parental et amical qui vous entoure.
Les révolutions Tunisienne et Egyptienne viennent d’annoncer
au monde entier que les régimes dictatoriaux ne sont plus à l’ordre
du jour sur notre continent. Tenez en compte Général, avant
qu’il ne soit tard. Partout, la peur a déjà changé de camp
et les soulèvements pour la liberté, la dignité et la démocratie
se multiplient et réussissent. La jeunesse mauritanienne, elle
aussi, a pris rendez-vous avec l’histoire le 25 février. Elle
scandera à l’unisson son refus de l’oppression et réclamera,
haut et fort, un régime véritablement au service du peuple et de
ses aspirations légitimes à la liberté, à l’égalité et au
progrès social. Cette jeunesse fera, inéluctablement, échec et
mat à ceux qui voudront la freiner comme ce fut le cas pour les
Généraux Ben Ali et Moubarak qui ont sorti griffes et crocs pour
effrayer leurs peuples en colère afin d’obtenir de petits sursis.
Ils ont bien consenti, par la suite, concessions sur concessions,
mais en vain. Trop tard, les masses victorieuses exigeant un
changement de régime. Général, comprenez que le monde change et
que le temps des dictateurs avides de pouvoir et d’argent est, à
jamais, révolu. Changez donc et ne courez pas le risque de connaitre
le sort humiliant des « accros » au pouvoir que furent
vos deux compagnons d’armes Ben Ali et Moubarak. Epargnez à notre
peuple plus de souffrance et des pertes en vies humaines inutiles,
rendez lui son pouvoir. C’est au peuple, en effet, que le
pouvoir appartient. Le pouvoir, vous ne l’avez jamais mérité.
Ce sont les forces du changement, civiles et militaires, qui ont payé
le prix fort pour mettre un terme au long et douloureux règne du
Colonel Taya. Vous, vous aviez cueilli ce pouvoir sans effort et sans
coup férir, alors que votre unique ambition n’était jamais autre
que de rester au service de la dictature implacable du Colonel Taya.
Vous savez bien que tout votre parcours n’est que forcing,
manipulation et démagogie populiste mensongère et que les
mauritaniens le savent tous, même ceux qui, par peur ou par
opportunisme, vous affichent leur soutien aujourd’hui. Général
Aziz, avant qu’il ne soit trop tard, partez ! Avec votre
départ, une nouvelle ère s’ouvrira. Les fils de ce pays, tous
ensemble, bâtiront une Mauritanie autrement nouvelle, fondée sur
les principes démocratiques universels et sur les valeurs de la
République.
Enseignant Université de
Nouakchott.
Nouakchott, 19 fevrier2011
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