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juillet 2007 : Encore une histoire d'esclavage
Alors
que les autorités politiques viennent de rendre publique la loi criminalisant
la pratique de l’esclavage, voilà que des cas refassent, en toute impunité,
surface. Des citoyens ordinaires qui se disent victimes de la barbarie des
hommes (maîtres) cherchent refuge auprès de la justice qui dit ne rien voir.
Elle s’appelle Ghayba Mint Hartane. Elle habite dans une localité
perdue dans le Trarza du nom de Manhar,
située à quelques kilomètres de Rkiz. Elle avait certainement
de quoi remplir son quotidien par ses diverses responsabilités de mère de
famille. Mais depuis bientôt deux mois son seul souci et de faire la lumière
sur le divorce forcé de sa fille.
L’histoire qu’elle raconte met en présence un négrier du vil acabit qui profite
de ses esclaves (viole les femmes) leur promettant la clef du paradis.
L’incrédulité de ses victimes est telle que certaines, depuis des années, se
plient à tous ses plaisirs bestiaux insatiables. Mais aujourd’hui et grâce au
soutien moral de quelques bonnes volontés, comme l’Ong Sos-Esclaves,
certaines osent relever la tête pour dire " y en a marre de
l’arbitraire et de l’exploitation ".
Ghayba est de ces femmes qui, malgré son ignorance des textes,
sent que les choses ont changé. Elle a le courage et la témérité de vouloir
faire éclater la vérité et braver celui qui l’a longtemps frustrée, elle et les
siens.
C’est donc quand elle apprend que son beau-fils a divorcé sa fille Toueidimatt
Mint Ethmane, parce que le "maître", Mohamedou
Ould Baba, avait mis en garde l’époux de la garder parce qu’elle était
"sa propriété personnelle" qu’elle décide de tester la mise
en application du principe de criminalisation de la pratique esclavagiste dans
notre pays. Un homme est toujours assujetti à l’esclavage du côté maternel. Or,
le brigand croyait avoir des droits de vie et de mort sur la progéniture de Ghayba
qui fut son esclave avant de le quitter pour de bon.
Elle saisit, dit-elle, le poste de gendarmerie et lui explique de quoi il
retourne. Mais cette fois, elle déverse tous les secrets de l’esclavagiste qui
entretenait ses victimes dans une prison psychologique au point de leur faire
croire qu’il pouvait les envoyer en au Paradis ou en Enfer. Mais l’enfer, elles
y étaient.déjà. Celui des fers invisibles avec lesquels ils les enchaînait
toutes ces années durant, privées de leur liberté et asservies. Pour Ghayba,
elle n’avait rien à perdre et tout à gagner.
Son combat personnel, elle ne le percevait pas seulement comme le sien mais
comme celui de sa fille, de son beau-fils qui a quitté la fille sur laquelle le
négrier prétendait avoir des droits. En fait, elle mène ici en combat pour
tous. Elle porte plainte. Elle assiège le poste de gendarmerie tous les jours.
Stoïque, elle croit au discours qu’on lui dispense. L’attente est longue et
finalement, devant sa ténacité, on lui avoue que "son dossier
" a été transmis au parquet de Rosso. Elle ne se fait pas
prier deux fois.
Elle regagne la capitale régionale. Fouine dans les dossiers, un moment perdus,
avant de retrouver le sien. Elle comparaît devant le procureur de la région et
confirme sa plainte contre celui qu’elle accuse d’avoir abusé plusieurs
anciennes esclaves, d’avoir renié sa propre progéniture, d’avoir fomenté le
divorce de sa fille sous un fallacieux prétexte. L’homme recherché est débusqué
et emmené devant le juge. Elle exhorte le parquet à une confrontation avec
l’homme, sans succès. Mais elle attend sûre de son droit qu’une enquête
sérieuse sera diligentée pour faire éclater la vérité. Mais c’est là que ses
prévisions se révèlent fausses.
L’homme est relaxé sans autre forme de procès et lui lance même le challenge de
faire échouer toutes ses envolées libertaires.
Source : Nouakchott Info
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