ARTICLE 381:
Lutte contre l’esclavage et ses séquelles en Mauritanie: Un pas en avant… Cinquante-cinq ans après son indépendance, la République Islamique de Mauritanie poursuit son petit bout de chemin, avec, sur les bras, quasiment les mêmes problématiques auxquelles ses fondateurs faisaient face. L’une d’elles, l’esclavage, constitue, depuis quelque temps, une question centrale autour de laquelle toutes les polémiques, parfois les plus assourdissantes, sont entretenues. Autour de laquelle gravitent des individus, des groupes, des organisations, afin d’en faire, pour certains d’entre eux, « un gourdin du cou » au gouvernement, histoire de lui soutirer diverses faveurs. Les souffrances, les discriminations et les misères d’importantes franges nationales sont, ainsi, sacrifiés à l’autel des calculs, égoïstes et mesquins, d’une poignée d’opportunistes qui ne ratent aucune occasion de verser des larmes de crocodile sur la présumée infortune de « cousins » dont ils se démarquent, souvent, dès que leurs conditions matérielles leur permettent de s’inventer un nouveau statut ou que leurs complexes grégaires les tirent vers une autre composante nationale. Face à eux, une autre bande de manipulateurs zélés, instrumentalisés, par l’Etat, contre promotions, argent et voyages à l’étranger, donne de la voix, pour nier les afflictions des Haratines dont les manifestations sont pourtant si visibles, à travers les adwabas, les quartiers populaires des grandes villes, les prisons, les rues de Nouakchott ou de Nouadhibou… Entre ces deux groupes, le gouvernement, acculé, d’une part, par un contexte international qui ne favorise plus des pratiques aussi rétrogrades que l’esclavage, et, d’autre part, la lutte d’une certaine élite haratine, inaugurée avec la première déclaration, le 5 mars 1978, du mouvement d’émancipation de leur communauté. Depuis, la question creuse son chemin, avec des hauts et des bas. Abolition de pure forme Dès 1981, juste à une année du procès, à Rosso, de plusieurs leaders d’El Hor, l’Etat abolit l’esclavage. Théoriquement. Edicte des lois foncières réputées permettre, aux anciens esclaves, d’accéder à la propriété des terres qu’ils cultivaient pour leurs maîtres. Trente-trois ans après, la situation a, certes, évolué mais elle est restée, fondamentalement, la même. La preuve, le 29 avril 2013 : un important groupe de haratines, de toutes appartenances politiques ou militants de la société civile, lance une initiative, intitulée « Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratines », qui pose pratiquement les mêmes problèmes identifiés il y a plus de trois décennies. En plus d’en dresser l’état des lieux, le document propose, en trente points, des solutions qui permettraient d’extraire les Haratines qui représentent, selon le Manifeste, 50% de la population mauritanienne, de leurs souffrances et de leur marginalisation, d’une part, et, d’autre part, « de briser le cercle vicieux de cette condescendance teintée de dédain », afin de mettre, définitivement, fin à cette préjudiciable stigmatisation. Les Haratines poussent, comme ils peuvent. Mais dans une mésentente qui ne sert pas leur combat. Les régulières vicissitudes que connaissent les formations politiques ou syndicales qui leur sont comptées sont éloquentes, sur les manières dont ces cadres voudraient servir ou se servir de leur question. Des transfuges de l’Alliance Populaire Progressiste (APP) de Messaoud Ould Boulkheir, un des douze membres fondateurs du mouvement El Hor, sont allés fonder le parti El Moustaqbal. Ceux de la Centrale Libre des Travailleurs de Mauritanie, de Samory Ould Bèye, ont lancé la Centrale des Travailleurs de Mauritanie (CTM). De l’autre côté des organisations de la société civile, SOS Esclaves ou l’Initiative de résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA), de, respectivement, Boubacar Messaoud et Birame Ould Dah Ould Abeïd, font ce qu’elles peuvent, suivant des approches différentes. Au-dessus de tous, l’Etat caracole, en « inventant » des lois et des structures dont il tient, prudemment, la laisse, afin de continuer à « gérer » la question, en en faisant une épée de Damoclès qu’il fait peser sur la tête des milliers de cadres Haratines. La loi 0048/2007, pleine d’insuffisances, et que les magistrats n’appliquent qu’avec beaucoup de réticence, la Commission nationale des droits de l’homme et la nouvelle agence Tadamoun, qui ne sont pas plus que deux services publics complètements assujettis à leur « employeur ». Une feuille de route en vingt-neuf points, pour éradiquer les séquelles de l’esclavage, élaborée par les départements publics chargés de cette mission et la société civile nationale opérant dans le domaine, a obtenu l’aval des partenaires techniques et financiers. Ainsi que celui de la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les formes contemporaines de l’esclavage dont les visites, en Mauritanie, constituent des occasions rêvées d’un tapage médiatique officiel qui prouve, surtout, qu’il y a, bel et bien, anguille sous roche. Un arsenal juridique, des structures d’éradication et des professions de foi à tout va, qui ne sont d’aucune importance, si leur soubassement n’est pas une véritable volonté politique. Or, c’est au moins par deux fois que le président Mohamed Ould Abdel Aziz a déclaré, publiquement, que l’esclavage n’existe pas en Mauritanie. Alors, quoi d’autre ? Quel Manifeste, quelle loi, quelle feuille de route ? Ne dit-on pas que l’authentification des débuts conditionne la justesse des achèvements ? C’est pourquoi, ce que les organisations des sociétés civiles et les activistes de la lutte contre l’esclavage doivent d’abord demander, c’est la reconnaissance, officielle, de ce phénomène, en pratiques et en séquelles. Autrement, le combat est perdu d’avance, puisque le point de vue officiel sur la question détermine les comportements de toutes les autorités administratives, sécuritaires et judiciaires, dans le traitement des dossiers liés à ces violations.
Sneiba El Kory Danse
d'harratines (serviteurs) 1948 |
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Plaidoyer pour les femmes Hratines
Les organisations nationales des droits humains (SOS Esclaves et de l’Association des Femmes Chefs de Familles) ont organisé les 12 et 13 mars au siège de l’AFCF un atelier de planification pour le plaidoyer en faveur de l’intégration des femmes Hratines et leur accès aux sphères de décision au sein d’une société mauritanienne égalitaire, départie des préjugés de stigmatisation et de discrimination issus des stérotypes sociaux. Cet atelier s’inscrit dans le cadre du Projet d’appui et d’intégrations des ONGs mauritaniennes pour une approche d’égalité entre les genres et de plaidoyer pour les droits des femmes Hratines. Cette formation a pu être organisée par AFCF et SOS Esclaves grâce au soutien de l’Union Européenne et MRG (Minority Right Group) afin de proposer un plan de plaidoyer ayant pour objectifs entre autres : Informer la communauté mauritanienne sur les multiples formes de discrimination que subit la femme Hratine et encourager la société civile de lutter contre les stérotypes entretenus autour de ces femmes. Encourager le dialogue et favoriser le contact entre ces femmes Hratines et les décideurs aux niveaux local, national et international afin de créer un engagement ferme pour une bonne intégration de la femme Hratine dans le processus de prise de décision. Sensibiliser les décideurs aux niveaux local, national et international afin qu’ils aient la volonté d’aborder les questions spécifiques de la femme Hratine. Ainsi, les participants dont des Femmes leaders Hratines, des responsables d’organisations nationales de droits humains, des juristes et des journalistes ont fait une analyse du contexte politique, économique, social, légal, technologique et environnemental de la problématique avant d’identifier les actions nécessaires ou les réponses appropriées pour l’atteinte des objectifs du plaidoyer aux niveau local, national et international.
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Vase
de nausées En 2007, alors que le pouvoir était sur le point de tomber entre les mains de l’opposition, Messaoud fait volte-face et appelle à voter pour le candidat des militaires. Un coup de tonnerre que personne n’est parvenu à expliquer. Même une haine tenace ne pouvait justifier un tel revirement qui empêchait la Mauritanie de tourner, définitivement, la page des militaires et de s’orienter vers une démocratie civile et apaisée. Nous n’en avons pas toujours fini avec les conséquences de cette décision : candidat des militaires renversé, par ceux-là mêmes qui l’avaient fait roi, et pays coincé, depuis, dans un engrenage dont il n’est pas près de sortir… Coup d’Etat de 2008. Messaoud s’oppose à Ould Aziz, avec une grande fermeté mais, depuis l’élection de 2009, quelque chose paraît s’être à nouveau brisé, en lui. Deux années aux côtés de l’opposition radicale mais position incompréhensible, lors du Printemps arabe. Il s’oppose au choix de la rue, pour renverser le pouvoir, au motif que la Mauritanie est faible et ne saurait supporter une révolution. En 2011, il coupe les ponts avec la COD et se lance, aux côtés de Boydiel, dans un dialogue avec le pouvoir. La lune de miel avec Ould Abdel Aziz est entamée. En 2012, lors de l’absence prolongée de celui-ci, pour cause de « balle amie », Messaoud improvise, alors que l’opposition s’apprête à descendre dans la rue, une conférence de presse, pour déclarer qu’il a parlé, le jour-même, avec le Président et qu’il se porte bien. Une façon de couper l’herbe sous les pieds de la COD et de démobiliser ses militants, convaincus, jusqu’alors, qu’Aziz était out. On se demandait, depuis, de quoi se mêlait le président du pouvoir législatif, censé être totalement indépendant de l’exécutif, mais pas exempté, il est vrai, de lui faire la cour. Le vote à la communauté urbaine est la goutte qui fait déborder le vase des nausées. Mais elle semble, surtout, signer l’abandon de Messaoud de toute prétention à la présidence. Quels opposants au pouvoir actuel croiraient-ils, moins de six mois après ce coup de Jarnac, à l’alternative de l’ex-président de l’Assemblée nationale ? Sa candidature n’aura plus d’autre sens que de diluer le vote hartani, et encore… Messaoud hors-jeu, par quelle déliquescence la décomposition annoncée de l’opposition va-t-elle se poursuivre ? Mais le pouvoir, qui n’est certes pas, lui non plus, à l’abri de la corruption – c’est le moins qu’on puisse dire – doit-il s’en réjouir ? Car se profile, en filigrane, une bien plus préoccupante question : dans cette atmosphère de pourriture généralisée qui se propage au sein même du peuple, que va-t-il advenir de notre Nation ?
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Biram ould Dah Ould Abeid : « Les propos du Premier Ministre sont très graves et ne servent pas la paix sociale »
Le
Président de l’Initiative
de résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA),Birame
Ould Dah Ould Abeid a
été l’invité de la télévision Sahel libre dans son émission
Li’qaa (littéralement rencontre). Source : Le Calame 31-12-2013 |
La rédaction du Calame autour d’un thé.
Les gens du Calame
sont revenus de trois semaines de congé. Le mois béni du Ramadan est terminé.
Ses derniers jours ont été particulièrement rudes. Tout cela, les congés et le
Ramadan, c’est du passé. Les locaux du journal retrouvent leur habituelle
animation. L’école ne va, toujours, pas bien. La
santé va de plus en plus mal.La corruption étend ses tentacules, partout. Les
promotions-bidons, les parachutages de complaisance et les rétributions
post-électorales fleurissent, de jour en jour.Pourtant, il a la volonté, le
président de la République, de tout prendre en main et de sanctionner,
sévèrement, cette bande de malfrats.
Des instructions
auraient été données, pour procéder à des distributions équitables des terres.
Quelles garanties que les autorités administratives de Dar Naim et les
services de l’Agence du Développement Urbain suivront ces consignes? Le 10/10/09 Tiré de www.cridem.org Source : Le Calame (Mauritanie) |
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