Vous
dites: « 3- Le laps de temps très
court durant lequel il a dirigé ce pays a été marqué par
d’importantes réalisations et une lutte sans merci contre la
corruption et la gabegie. »
Un
corrompus ne peut lutter contre la gabegie
La fortune du Général Mohamed Ould Abdel Aziz
Le Général Mohamed Ould Abdel Aziz
veut se faire passer pour un dirigeant moralement irréprochable,
venu pour débarrasser la Mauritanie, le temps qu’il va rester au
pouvoir, des « Moufsydines » et autres
illicitement enrichis.
Joignant le geste à la parole, il a
déjà écroué plus d’une demi-douzaine de hauts fonctionnaires et
d’hommes d’affaires, qu’il n’a pas hésité à qualifier
publiquement de voleurs, prononçant ainsi un verdict que la justice,
qui instruit toujours les dossiers de ces gens, n’a pas encore dit.
Les informations que nous avons et certains articles anonymes qui
paraissent de temps en temps sur Internet prouvent qu’il a d’autres
personnes dans le collimateur, en particulier le Colonel Ely Ould
Mohamed Vall, dont la rumeur dit qu’il envie la fortune et menace
la liberté.
Nous apprenons aussi qu’il a chargé
Boumedienne Ould Batte qu’il vient de nommer directeur du
patrimoine de l’Etat d’enquêter sur les terrains attribués et
impayés, attribués à des personnes ayant déjà bénéficié d’une
ou de plusieurs attributions, etc. Une manifestation organisée un
jour avant la fête devant la Direction du domaine témoigne de
l’impopularité d’une telle décision.
Nous voulons bien, quant à nous,
croire à la bonne foi du Général et le glorifier pour l’objectif
ô combien louable de lutte contre la gabegie. Nous voulons même
l’aider à le réaliser.
Mais nous avons besoin, pour le
croire vraiment, que le Général prouve lui-même, en attendant que
ses sbires le font, qu’il est digne de piloter une opération
« Mains propres ». Et pour ce faire, nous lui demandons
de répondre, pour éclairer l’opinion publique nationale et
internationale, aux deux questions suivantes :
1) Comment un officier intègre et
honnête peut-il accumuler la fortune qu’on lui prête [et dont
nous listons ci-après une petite partie] en si peu de temps, s’il
n’est pas « moufside » ?
2) Quand compte-t-il restituer tous
les terrains qui lui ont été attribués tout au long de la
transition et même avant ?
Voici une petite partie de la fortune
du Général Mohamed Ould Abdel Aziz, telle que nous avons pu en
vérifier l’authenticité :
Immobilier :
Au moins six maisons au Maroc, dont
une villa à Souissi, acquise tout récemment auprès d’un certain
Ould Hormatalla contre la modique somme de 344 millions d’Ouguiyas ;
Un
bâtiment près de la fourrière de Arafat (face à la station Total
de Baghdad), démoli et actuellement en voie de reconstruction ;
Une
maison au Ksar, acquise tout récemment au prix de 50 millions d’UM ;
Un
marché au Ksar (près de l’école II), constitué de plusieurs
boutiques ; Une
série de Hammam éparpillés à Nouakchott ; Des
dizaines de terrains à Nouakchott, dont certains sont en
construction par les soins de l’entrepreneur Boubacar Ould
Ghaddour ; Un
ranch immense en Inchiri (entre El agar et Benichab), dédié à
l’élevage des outardes, des autruches et autres gibiers rares. Le
général y a fait effectuer, il y a quelques années, un sondage par
un certain ... Moulay Ould Med Laghdaf, son actuel Premier ministre.
Ce ranch serait gardé en permanence par des militaires en activité.
Sociétés :
La
Clinique Hayatt : Officiellement une propriété de Mélainine
Ould Ahmed (père de l’épouse du Général) et du député de
Tichitt, Monsieur Cheikhna (très lié à Mélainine depuis son
séjour estudiantin au Maroc), cette clinique appartient en réalité
au Général Ould Abdel Aziz. C’est elle qui a acquis les fameux
scanners autour desquels Nouakchott a jasé ces derniers temps.
La
société Brav’eau et d’autres « eaux minérales ».
La prolifération des « eaux minérales » en Mauritanie
(au moins une quinzaine maintenant !) est, dit-on, l’œuvre du
général, qui se serait fait attribuer plusieurs brevets sur la même
eau ... du robinet.
Autres :
Un
parc automobile impressionnant, qui fait de lui l’un des premiers
transporteurs de marchandises et de personnes dans le pays.
A suivre ...
Cheikh El Kebir Ould Doua
Ould Abdel Aziz président des pauvres pas pour longtemps.
Son plan de lutte contre la gabegie est tombé dans l’eau
juste après son accession au trône comme ces prédécesseurs. Malgré nos
différentes mises en garde, voila une fois de plus les Mauritaniens se
sont laissés entrainer par la naïveté
Lotissement d’El Hay Sakin: Un vrai micmac…
..Où les pauvres sont encore une fois les dindons de
la farce
Parmi les actions d’éclat que l’ancien chef de junte, Mohamed Ould Abdel
Aziz, a entreprises, juste après son coup d’Etat, pour gagner la sympathie des
couches les plus démunies, sa tonitruante visite du quartier populaire de Hay
Sakin figure en bonne place.
Là,
devant des populations extrêmement pauvres, lasses de plus de trente ans
d’attente, dans des «taudis indignes», selon le général, des coqs et des
poules, Ould Abdel Aziz a promis de lotir ce quartier, au profit de ces
laissés-pour-compte. C’est, d’ailleurs, à la suite de tels actes,
spécifiquement destinés aux couches les plus vulnérables, que l’appellation
«président des pauvres», un slogan qui paraît avoir fait mouche, pendant la
campagne électorale, lui a été accolé. Mais revenons-en à Hay Sakin.
Effectivement, quelques semaines après la visite du général, les modalités de
lotissement du quartier ont commencé. L’Agence du Développement Urbain (ADU) et
les services administratifs de la moughataa de Dar Naim ont été chargés de
superviser les opérations de distribution des terres, qui devaient venir à bout
d’un calvaire de plus de vingt-cinq ans. Mais, comme toujours, l’occasion était
toute en or, pour les riches hommes d’affaires, les personnalités influentes de
tout ordre, en complicité avec les hauts responsables de l’administration, de
profiter d’une si providentielle sinécure, laissant, sur le carreau, des
milliers de familles démunies, dont les plus chanceuses ont été larguées, sans
aucune pitié, à «Leghreigue», un lieu, comme l’indique son nom, inhabitable à
cause des eaux qui le submergent, après chaque pluie. Loin des regards
indiscrets, une bande de voyous tord le cou des indigents, sous couvert de
l’autorité de l’Etat, et s’adonne aux affaires les plus sordides, sans foi ni
loi, dans un océan d’injustice et de tort que relatent, en larmes, veuves,
orphelins, malades mentaux ou vieilles femmes chefs de ménage, badges à la
main, vivant, depuis plusieurs mois, en plein air, sous le soleil, dans des
hangars ou tentes de fortune, entre les glapissements de marmailles
déguenillées dont le physique en dit long sur les conditions misérables
d’existence de ces infortunés.
Une histoire
invraisemblable
M.A.M. est un paisible homme d’affaires, d’une cinquantaine d’années. En 2002,
il achète, pour trois millions d’ouguiyas, en toute légalité, comme l’attestent
les documents – permis d’occuper, acte de vente 3342, en date du 11 juin 2002,
lettre d’attribution – une maison, à Hay Sakin, construite en zinc. Lorsque,
suite à l’obtention d’une autorisation de construction d’une station
service, l’homme d’affaires démolit sa maison, plusieurs personnes, dont O.B. se
présentent, pour revendiquer sa propriété. Après moult tractations judiciaires,
une commission disqualifie O.B., pour avoir produit des permis falsifiés et
reconnaît, à l’homme d’affaires, la propriété des lieux. Mieux, la justice lui
délivre une décision d’exécution de la décision rendue en sa faveur. Mais,
curieusement, lorsqu’il se décide à poursuivre son projet, une autre personne
se présente, après l’expiration du délai de recours, pour réclamer, à son tour,
la propriété du terrain objet de la décision de justice précitée. Sept ans
après son achat, M.A.M, malgré qu’il détienne toutes les pièces justificatives,
sur la base desquelles les juridictions lui ont donné raison, n’arrive pas à
investir sur sa propre terre, à cause de complicités administratives. Pourtant,
les responsables du Ministère de l’Habitat et certaines autorités reconnaissent
que son dossier ne souffre d’aucune entorse. Mais les salaires de
fonctionnaires sont si maigres et les facilités tellement facilitées quand
elles sont motivées. Pour en finir avec cette affaire, l’un d’eux a, ainsi,
demandé, au malheureux propriétaire, cinq millions d’ouguiyas, pour
«soigner sa femme qui souffre d’un cancer», alors qu’un autre exigeait deux des
quatre terrains, contre le règlement de la question. Un grand responsable de
Dar Naim affirme, de son côté, qu’avec trois millions d’ouguiyas, il se fait
fort de faire régner le droit. Sans le vouloir, M.A.M. a été obligé de faire
intervenir, par le biais d’une connaissance, un ancien ministre de l’Equipement,
qui a demandé aux responsables concernés de lui faire une autorisation
d’intégration au plan. Vainement. Aujourd’hui, des femmes, venues d’on ne
sait où, ont été installées sur les fameux terrains. Alors que des gardes
empêchent le propriétaire des lieux de planter sa propre tente. Ainsi, depuis
plusieurs années, l’homme erre, sans savoir, entre la moughataa, l’Agence du
Développement Urbain et la justice. Sa faute? Avoir acheté des terrains dont
l’emplacement suscite la convoitise de lobbies très puissants, fortement ancrés
dans l’appareil étatico-judiciaire, qui opèrent, depuis des décennies, sous
couvert de hauts responsables qui perçoivent, dans l’ombre, leurs parts de
razzia.
Quelle injustice!
Vatma. Une vieille femme au visage ridé, assise à même le sol, sous le soleil
de plomb. Sur ses genoux, deux petits gamins, sans âge. L’un grignote un
morceau de pain, l’autre, le regard vide, paraît malade. Ce sont, me
confie-t-elle, les enfants de ma fille Amy, malade mentale depuis sept ans. Son
mari, «Mohamedou, est malade, lui aussi, il est dans la baraque, là. Nous
sommes cinq familles, ici. Nous partageons juste une baraque et cette tente.
Les deux femmes là-bas, ce sont mes filles, elles sont divorcées. J’ai un fils,
unique, d’à peine trente ans. Il est garagiste et c’est lui qui s’occupe de
nous tous. Depuis que le président est venu nous dire la bonne nouvelle de
lotissement de notre quartier, nous attendons. Moi, je n’ai rien reçu. Mes
filles non plus. Pourtant, nous vivons ici, depuis notre arrivée du Sénégal, il
y a juste vingt ans. Notre voisin, un colonel de l’armée, arrivé il y a
quelques mois, à peine, a eu trois terrains. Il nous menace, chaque jour, de
nous faire déguerpir, pour avoir un lot complet de quatre terrains».
Sur le visage de la vieille, tristesse et désespoir. Plus loin, sur l’avenue
Mohamed Ould Abdel Aziz, un groupe de femmes et d’hommes s’affairent, autour de
débris de baraques fraîchement démolies, par le peloton de gardes. L’une des
femmes, dont le bébé de quelques mois porte le nom du «président des pauvres»,
nous explique que l’ADU et le hakem veulent les emmener à «Leghreigua», pour
attribuer leur place à des commerçants. «Leur technique est simple», dit un
gaillard en colère, «ils nous disent que nous sommes dans un parc. Après, ils
donnent nos places à d’autres femmes puissantes et autres hommes influents.
Regardez cet étage qui pousse, là-bas, c’est là où vivaient le pauvre Bilal et
Mariya, depuis plus de vingt ans. L’actuel propriétaire n’est même pas de Haye
Sakin. Beaucoup de ceux qui ont reçu les meilleurs lots sont des gens de
Tevragh Zeina, d’Arafat, de Toujounine et autres quartiers de nantis de
Nouakchott. La concession, là-bas, ce sont 85 terrains qui appartiennent à un
homme connu de tous». Un autre détient 50 lots. La femme de la VX a 15 lots,
tous situés sur l’avenue Ould Abdel Aziz. Les petits fonctionnaires de l’ADU,
la puissante femme qui travaille à la moughataa de Dar Naim et l’incontournable
notable usent et abusent de la volonté du président d’en finir avec les
favelas. Mekfoula la pauvre, une handicapée, a vu son terrain bien placé
revenir, à son insu, à un riche commerçant. Et, pour avoir refusé un autre, en
«échange», à Leghreigua, elle vit dans la rue. N.C. exhibe un badge, en bonne
et due forme. «Pourtant, dit-elle, je n’habite pas ici. C’est ma chance, je
connais quelqu’un de la commission». M.L.A.L, douze enfants en bas âge, est
charretier, depuis 1983 à Haye Sakin. Il a dû donner 10.000 ouguiyas et deux de
ses chèvres, pour recevoir un terrain.
Administration
complice
A tort ou à raison, beaucoup des citoyens interrogés incriminent, sans
ménagement, les services de la moughataa, d’une part, et ceux de l’ADU, d’autre
part. Pour eux, toutes les transgressions ne sont, en fait, que les
agissements, prémédités, des agents de l’une ou de l’autre de ces institutions.
Malheureusement, lors de notre passage aux bureaux de l’ADU, sis à Teyarett, où
une vingtaine de personnes se bousculent devant un bureau, le responsable nous
signifie d’aller nous renseigner à la direction générale. Mais jeudi, aux
environs de 14 heures, les bureaux de celle-ci étaient pratiquement vides.
Comme c’est souvent le cas, le lotissement des quartiers populaires drainent
les lobbies et les mafias qui opèrent, dans le foncier de la capitale, depuis
les années 70; sinon, depuis la fondation de la ville. Inévitablement, ces
groupes, grâce à une générosité de mauvais aloi, parviennent à faire entendre
raison aux services responsables des opérations, déviant, ainsi, l’esprit et la
lettre qui ont motivé de telles actions de lotissement. Aujourd’hui, à cause du
clientélisme, de la corruption, du trafic d’influence et autres désagréments,
la volonté, réelle ou opportuniste, du président de la République de loger les
habitants de Haye Sakin, dans des domaines décents, n’aura servi, faute de
suivi, qu’à enrichir des réseaux de mafieux qui jouissent de la complicité des
administrations chargées d’exécuter l’ambitieux programme. Selon les habitants
du quartier, considéré comme un des plus pauvres de la capitale, plus de 80% de
ceux qui ont bénéficié des terres «ne sont pas d’ici» et sont, pour la plupart,
de riches Mauritaniens, détenteurs de plusieurs villas, dans toutes les zones
de Nouakchott. Une sorte de sabotage dont les responsables doivent répondre de
leurs actes. Moughataa de Dar Naim? Agence de Développement Urbain? Direction
de l’Habitat ? «Lakhbar Vem»: L’histoire est là-bas, comme on dit, si bien, en
Hassanya.
Sneiba El Kory
Le calame
Le 20/08/09
|