Visite chez
le kamikaze de l’ambassade de France : La famille réclame les restes de son
fils
NOUAKCHOTT-INFO
Le
père (debout) du Kamikaze dans l'enceinte de leur modeste demeure à Basra
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Premier kamikaze en Mauritanie, Abou Oubeida Moussa
Al-Basri, l’auteur disparu de l’attentat-suicide du 8 août courant qui visait
l’ambassade de France à Nouakchott dans une opération commanditée et
revendiquée par la branche d’Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), faisant
trois blessés légers (deux gendarmes français et une mauritanienne) , ne finit pas
de faire parler lui.
surtout de nos jours, la nébuleuse Al Qaida ayant publié, mardi
dernier, sur un site internet islamiste souvent utilisé par le groupe terroriste
pour diffuser
des vidéos et des communiqués, sa revendication de son attentat-suicide.
Nouakchott Info est allé à la rencontre de sa famille au populeux quartier
Basra de la Moughataa de Sebkha.
Là-bas, le sexagénaire, d’abord boulanger puis gardien, Beina Ould Zeidane
(originaire de «Sabwallah», une localité du département de MBagne, relevant de
la wilaya du Brakna) et la non moins jeune Khadija Mint Hartane (femme au foyer
et couturière par moments de voiles, originaire de Mounguel, wilaya voisine du Gorgol),
qui se trouvent être le père et la mère du kamikaze Abou Oubeida Moussa
Al-Basri, portent calmement leur deuil, non sans regretter le destin de son
fils.
Il est né le 12/12/84
Acceptant tant bien que mal de parler de leur enfant, sa mère dira qu’il était
venu au monde par une de ces nuits inoubliables: «Nous habitions la kebba de
Sebkha quand il était né le soir du jour-même du coup d’Etat de Maaouiya Ould
Taya, le 12/12/84. Sa tante voulait qu’on le baptise Maaouiya mais j’ai tenu à
lui donner le nom de mon frère Moussa.»
Ainsi donc le kamikaze Abou Oubeida Moussa Al-Basri, de son vrai nom Moussa
Ould Beina Ould Zeidane,
deuxième enfant de la famille, après sa sœur Aminetou,
née deux années auparavant, était un pur produit de la
capitale Nouakchott où il était né, avait fait ses études primaires et
secondaires ne réussissant pas à décrocher son baccalauréat scientifique.
Devant l’échec répété de ses études et les difficiles conditions de vie de la
nombreuse famille (8 enfants, quatre garçons et quatre filles) que peinait son
père à nourrir, «Moussa-Maaouiya»
, le futur
kamikaze se laisse d’abord aller aux petits métiers, devenant peintre ambulant
en s’efforçant, chaque matin, d’être à temps au carrefour de la Polyclinique
où, telle une fourmille renversée, des dizaines d’autres personnes se cherche
du travail, coudes à coudes.
Sans grande réussite, il tentera un recrutement de la gendarmerie nationale en
2008.
De la rue aux camps d’entrainement de l’AQMI
Bien qu’il ait grandi dans le dangereux quartier de Basra, réputé pour être le
fief des voleurs, des violeurs, des camés et autres malfaiteurs, locataires
récidivistes des prisons de Nouakchott, Moussa ne versera pas dans la mauvaise
voie. Du moins pas tout de suite, s’accommodant au «boulot-métro- dodo»,
quelques amis sans affaires et rarement il a quitté Nouakchott. «Pas plus
religieux que les autres membres de la famille, il avait même renvoyé, une fois
un groupe de prêcheurs venus dans le quartier. Novembre dernier, son père dira
qu’il a été surpris de le voir portant un sac de voyage contenant quelques
habits qui venait lui dire au revoir, sous prétexte qu’il partait à la
recherche du savoir. Le vieil homme essayera de retenir son fils en lui disant
qu’il avait besoin de lui pour l’aider à joindre les deux bouts et nourrir sa
nombreuse famille mais Moussa s’entêtera à partir, sans jamais lui avouer sa
destination. En réalité, il partait pour les camps d’entrainement d’Al Qaida au
Maghreb Islamique (AQMI), quelque part au Mali et/ou en Algérie. Dans ce
«nouveau monde», il portera le nom de Abou Oubeida Al Basri, s’entrainera sur
le maniement des armes, avant de se procurer la carte d’identité de son ami
Ahmed Ould Vilelbarka, enregistrera son testament avant de rebrousser chemin en
direction de Nouakchott, s’entourer d’une ceinture explosive et chercher le
bonheur éternel en se faisant sauter à quelques mètres de l’ambassade de
France.
Il revient le 06/08 et se tue le 08/08
Le soir du 6 août 2009, il fait son entrée au domicile familial où sa mère
l’étreindra de toutes ses forces, heureuse du retour de son fils, parti «à la
recherche du savoir». Elle ne pouvait s’imaginer que ce garçon de 25 ans
n’était plus Moussa mais Abou Oubeida Al Basri et qu’il revenait des camps des
«djihadistes». Il passera donc la nuit de jeudi à vendredi parmi les siens et
ne sortira pas de la maison contempler la pluie qui était tombée au milieu de
la nuit, se gardant toute la journée de vendredi de s’éloigner de chez lui.
Dans l’après-midi du samedi, il décidera de passer à l’action, quittant son
quartier de Basra en direction de Tevragh-Zeina où il comptait prévoyait
«d’attaquer un repère de Croisés». «Cette opération est venue en réaction à
l’hostilité des Croisés - menés par la France - et de leurs agents apostats
envers l’islam et les musulmans», dira le communiqué d’Al Qaida au Maghreb
islamique (AQMI) publié le mardi dernier.
La famille se remet à Allah
Moussa (que l’on peut également appeler Maaouiya (pour sa tante), Ahmed Ould
Vihelbarka (selon la pièce d’état civil trouvée sur lui) ou Abou Oubeida Al
Basri comme l’appelle AQMI) n’en portera avec lui personne dans son
attentat-suicide mais laissera son père, qui ne regrette pas sa mort parce
qu’elle est écrite pour tout un chacun des vivants, se demander s’il n’a pas
tout simplement commis un crime sur sa propre personne, car Allah interdit le
suicide. Beina Ould Zeidane ajoutera qu’il n’arrive toujours pas à comprendre
ce qui est arrivé à son fils, surtout depuis qu’il a vu les images de
l’attentat-suicide diffusées par la télévision nationale.
De même que les autorités sécuritaires l’avaient convoqué pour lui demander
d’identifier son fils et qu’il a demandé, en vain, qu'on lui remettre les
restes de son fils.
Le 24 /08 /09
Mohamed
Ould Khattatt |