Vent de sable Par Marwane Ben Yahmed
JEUNE AFRIQUE
Sauf improbable coup de théâtre, la
présidentielle mauritanienne se déroulera bien le 6 juin prochain. Et c´est le
tombeur de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, Mohamed Ould Abdelaziz, qui, faute
d´adversaire crédible, devrait l´emporter haut la main. Beaucoup de bruit pour
rien, donc. Depuis le 6 août 2008, l´Union européenne, l´ONU, la France, les
États-Unis et l´Union africaine ont multiplié les déclarations contradictoires,
alterné le chaud et le froid.
Quelle cacophonieâ! D´abord, le retour à l´ordre constitutionnel exigé
avec la plus grande fermeté. Puis des positions plus ambiguës, notamment celle
de la France. Comme lorsque Nicolas Sarkozy a condamné le coup d´État depuis
Niamey, où il était en visite officielle le 27 mars, tout en précisant que, «
d´un autre côté, personne ne se bat en Mauritanie pour réclamer le retour du
président déchu ». Une manière de ménager la chèvre et le chou, à peu de frais.
Apparemment, la lutte contre le terrorisme et l´islamisme, dont Abdelaziz est
le champion, vaut bien quelques entorses à la démocratie.
Les multiples négociations de sortie de crise ont été trop brouillonnes
et l´impéritie de certains de leurs acteurs trop flagrante pour aboutir à une
solution acceptable. Pouvait-il en être autrement quand, au sein de l´UA, les
émissaires portaient des messages contradictoiresâ? Jean Ping a vu ses efforts
- réels - sapés en un tournemain par le show Kaddafi du 11 mars dernier à
Nouakchott. Médiateur autoproclamé et partial, fervent partisan des pouvoirs
militaires qui ne doivent rendre de comptes qu´à eux-mêmes, le colonel libyen a
encore frappéâ! Était-il également souhaitable de confier une nouvelle
médiation à Abdoulaye Wade, qui s´est rendu à Nouakchott le 14 mai, alors qu´il
avait justifié le putsch dès septembre dernierâ? Quand on connaît, en sus, le
peu d´affinités, pour ne pas dire plus, entre Maures et Sénégalais...
L´ultime tentative menée par Cheikh Tidiane Gadio (Sénégal), Saïd
Djinnit (ONU), Ramtane Lamamra (UA) et Ali Triki (Libye) pour obtenir, entre
autres, le report in extremis de l´élection, s´est, elle aussi, logiquement
heurtée à un mur.
Abdelaziz ne pouvait rêver meilleur scénario et sera donc (mal) élu.
Ses adversaires auraient voulu l´aider qu´ils ne s´y seraient pas pris
autrement... Ensuiteâ? Le front antiputsch, attelage de personnalités
hétéroclites sans grands moyens, menace de faire monter la pression populaire
et d´envahir les rues de la capitale. Pas vraiment une habitude locale, malgré
une histoire parsemée de putschs (cinq depuis l´indépendance) . Situation
économique et sociale inquiétante, classe politique discréditée, chef de l´État
à la légitimité contestée, nouveaux bruits de bottes toujours possiblesâ: la
plus grande incertitude pèse sur l´avenir du pays. Comme, d´ailleurs, à Conakry
ou à Madagascar. Au faitâ: le 25 mai, c´était la journée de l´Afrique...
Source : Jeune Afrique
Le 25/05/09
|