Sarr vs Taqadoumy : le mot de la Rédaction
Nous avons suivi, à Taqadoumy, le chapelet
d'insultes déroulé par le candidat Ibrahima Moktar Sarr, le long de son dernier
périple dans les différentes capitales de l'Europe occidentale et des
États-Unis. La cause de l'îre de Sarr se rapporte à une dépêche sur l’achat,
par lui, d'une villa à 30 millions d'ouguiyas, dans un quartier cossu de
Nouakchott.
C'est le lieu, ici, de tirer
un certain nombre de points au clair :
- De prime abord, ce qui nous intéresse, c'est l'internaute. Avec lui, nous
avons tissé des rapports de connivence cordiale. Cette compréhension nous
honore et nous travaillons, chaque jour, à la renforcer en fournissant, au
lecteur, une information rapide, claire et sûre.
- L'objectif de la publication controversée ne consistait nullement à diffamer
le candidat Sarr, à qui nous vouons le plus grand respect. A l'homme mais aussi
son passé militant, une expérience chargée de sang et de souffrance par la
grandeur et l’honneur, nous avons toujours témoigné de la considération et
c’était bien peu en comparaison des sacrifices consentis par lui. Nous
considérons, également, les 8% de mauritaniens qui lui ont accordé leurs
suffrages en 2007. C'est justement parce que nous le mettons très au dessus de
la mêlée que nous nous devions une certaine exigence à son endroit.
Nous souhaitions éclairer l'opinion sur un homme
politique qui aspire à diriger le pays. Aussi, lui avions-nous opposé la même
rigueur qu'aux autres leaders de premier plan ; et il était hors de question,
pour nous, de taire une nouvelle de cette gravité, surtout après l'avoir
vérifiée et recoupée de plusieurs sources, à tel point que nous ne concevions
plus le moindre doute sur sa véracité ; exactement ainsi, Monsieur Sarr,
connait très bien le fait, aussi bien qu’il se trouve lui-même candidat à la
Présidence de la République.
Non, nous ne poursuivions le but d’insulter l'homme mais d'édifier le public.
Si l'homme en a été blessé alors c'est fortuit : la vérité absolue blesse
absolument.
Sarr n’ignore que si la diffamation pure et simple nous intéressait, nous
aurions alors publié le détail de son histoire avec cet officier de police, à
l'aéroport de Nouakchott, qui a fouillé ses bagages, au contrôle de sécurité,
lors de son dernier voyage à Paris. Notre Rédaction avait en effet reçu tous
les détails de ce scandale, un discrédit amplement suffisant pour précipiter la
retraite politique de l'estimé Sarr et réduire, à néant, ses chances d'accéder,
un jour, à la magistrature suprême.
Le préjudice induit d’une telle révélation causerait, à la campagne de Sarr,
une infortune autrement plus dévastatrice que l'achat d'une villa ; d’ailleurs,
là, nous nous abstînmes, sciemment, de dire quoi que ce soit sur la provenance
de l'argent facteur de l’acquisition.
Nous taisions le détail de l'aéroport et en cela nous cultivions la conviction
qu'il existe une ligne, dans la vie d'un homme politique, entre ce que ses
électeurs ont le droit de savoir et la marge de jardin secret, la fameuse
sphère de la vie privée.
- Depuis la publication de notre information, nous accordions droit de réponse
illimité à Sarr, y compris la vidéo mise sur YouTube par son équipe de
campagne. Ainsi, nous n’agissions pas tant par masochisme mais parce que nous
tenait l'habitude de diffuser tous les démentis ; nos lecteurs sont
suffisamment mûrs pour savoir qu’au lendemain d'un larcin, si l’on pose la
question au voleur, niera-t-il, toujours, le forfait. Nombreuses sont en effet
les occasions, pour nous d’accorder du crédit au déni d'une allégation tandis
que nous possédions la preuve de son bien fondé, voire de l’exactitude à la
ligne près. L’attitude, en dépit de son paradoxe apparent, découle de la
volonté de faire, de ce site, un espace d'échange où la diversité prévaut.
- Depuis la minute de la publication de la dépêche en cause, nous nous
apprêtions à répondre devant la justice et seront là, pour payer le tribut de
la liberté d'expression. Quant à moi, ès qualité de directeur de publication de
Taqadoumy, je m'engage à assumer la responsabilité du contenu des trois
versions - arabe, française et anglaise - excepté les commentaires et les
forums d'échange ; je dis, à tous ceux qui ont l'intention de casser nos plumes
: vous êtes en train de vider la mer avec une cuillère.
A nos lecteurs, nous renouvelons notre engagement de
n'économiser aucun effort afin de mettre à nu toutes les velléités d’abuser de
votre crédulité, la moindre tentative de détournement de votre argent, de vos
scrutins ; en somme nous empêcherons, systématiquement, le réflexe
d’anesthésier la rage citoyenne de l’interpellation. Nous continuerons à
démystifier le jeu des hommes et des femmes politiques et déchirer le voile
derrière quoi s’abrite leur mensonge, souvent celui de la société tout entière.
Nous serons toujours du côté du faible et de l'opprimé, sans toujours reculer
devant l’emphase, quelquefois le ridicule d’une telle résolution.
Nous tenons, également, à rassurer nos sources : afin de demeurer dignes de
votre confiance, sachez que vous êtes notre bien le plus précieux et le capital
de notre entreprise car, sans vous, il n'y a pas de révélation ni de
commentaire. Nous en avons la lucidité, le jour où nous ne bénéficierons plus
de votre confiance, notre travail cesserait.
L'ornement de notre métier, c'est la confidentialité de nos sources. Aucun
juge, aucun magistrat ni avocat ne connaitra un seul nom parmi nos
correspondants volontaires. Ce secret là, à la racine même de la déontologie,
nous le protégerons.
Que nos informateurs en retrouvent, ici l’assurance raide.
Merci.
Le 25/05/09
Hanevi Ould Dehah
Directeur de publication de Taqadoumy
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