Un député pro-putsch soupçonné de racisme contre un
candidat à la présidentielle
22-05-2009
Dans le caddre de ses efforts pour trouver des soutiens
de poids à ses concurrents, le Général Ould Abdel Aziz convoque Mahfoudh Ould
Khatry, l'un des députés de sa majorité et lui demande de soutenir la
candidature de Sghaïr Ould Mbareck. Comme ses deux précédentes tentatives, celle-ci n'aboutira pas mais
pour une raison qui a totalement surpris le présidentiable favori.
Le Général déroule son exposé, désormais rodé, sur la
nécessité, pour un parlementaire, de savoir parfois se sacrifier pour l'intérêt
de sa majorité. Nullement pris de court par la demande, Ould Khatry avait déja
préparé sa réponse :
- Cette requête est pour le moins surprenante de la part de quelqu'un qui
prétend connaitre la "Mauritanie des profondeurs".
- Et en quoi l'est-elle ? demande le Général.
- Cela se voit que vous ne savez pas qui je suis et qui est Sghaïr ! (En
Hassaniya : nté ma ta'rav ané menhou ou Skhaïr menhou).
Le ton est allusif mais le Général a compris : il est inconcevable, pour un
Ould Khatry, d'origine aristocratique, de soutenir un Ould Mbareck d'ascendants
esclaves.
En quittant le Général, Ould Khatry demande et obtient audience avec Ould
Cheikh Abdellahi, président déchu et principal rival de Ould Abdel Aziz ; le
député cherchait sans doute à faire comprendre, au Général, qu'il ne lui est
pas impossible, après cet affront, de rejoindre la coalition anti-putsch.
Naturellement, l'élu n'ira pas jusqu'à franchir le Rubicon mais le message est
passé.
Sous la dictature (1984-2005), Mahfoudh Ould Khatry était militant du Parti
républicain démocratique et social (PRDS, parti au pouvoir) dans son fief de
Djiguenni (Hodh Charghi). Après la chute de Ould Taya le 3 août 2005, Ould
Khatry rejoint la nébuleuse des indépendants, créée par les militaires pour
garantir la victoire de Ould Cheikh Abdellahi à la présidentielle de 2007.
Après le putsch du 6 août dernier, Ould Khatry rallie le Général.
Sa fille Fatimetou effectue un parcours identique, à ceci près qu’après
le putsch contre Ould Cheikh Abdellahi, elle décide de rester fidèle à ce
dernier dont elle était ministre. Aujourd'hui, elle incarne l'une des
principales figures féminines du front politique contre le coup d’état.
Source
: www.taqadoumy.com
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