Comment l’hypocrisie putschiste profane une noble
cause ?
Le barbarisme politico-militaire dont le peuple est présentement otage
suite à la parodie de démission du général imposteur, auteur du coup d’Etat de
la honte du 06 Août 2008, est non seulement responsable de la violation de la
Constitution nationale et des restrictions de toutes les formes de
libertés,
Mais aussi d’un recul gravissime de l’espoir né de la promulgation historique
de la loi n° 2007-45 condamnant et incriminant les pratiques de l’esclavage (
loi votée, pourtant, à l’unanimité des députés poussés par la synergie des
efforts fournis par l’ensemble des mouvances politiques,
Des organisations de la société civile et forces vives de la nation mues par
leur commun désir de tourner une page sombre de l’histoire du pays) et d’autres
instruments de la cohésion nationale mis en place sous l’autorité du Président
de la République.
Tout le monde
croyait et croit toujours avec fermeté à la possibilité de bâtir une Mauritanie
réellement nouvelle dont le credo est un triptyque fondé sur l’honneur, la
fraternité et la justice. Un mécanisme d’une dynamique de l’abolitionnisme
lucide, participative et efficace avait commencé à être mis en place ;
lentement, certes, mais sûrement. Aucune force n’en était exclue. Mais la
mutinerie du général a systématiquement mis fin à ce projet qui constitue la
pierre angulaire du renforcement de notre tissu social, condition sine qua non
de la stabilité politique et du développement durable des Etats, quels qu’ils soient.
Les cas avérés d’esclavage enregistrés, à Nouakchott jeudi 23
Avril2009 dont la victime est Hanna Mint Mariya, mineure de 11 ans à
peine puis à Guérou où Abderrahmane Ould Raby et
sa sœur sont privés d’une partie de leur héritage au nom de leur état servile
sont une preuve irrécusable de la consécration de l’injustice et surtout de
l’impunité dont jouissent les esclavagistes sous le régime des défenseurs
putschistes des nationalismes primaires qui font l’apologie du tribalisme, du
chauvinisme et du racisme... En effet, les deux cas cités ci-dessus n’ont joui
d’aucun intérêt sérieux des autorités administratives, ni judiciaires, ni des
forces de l’ordre.
Comment, d’ailleurs celles-ci qui subissent de lourdes pressions de la part de
la nébuleuse aristocratie féodale et le diktat des forces réactionnaires
(chefferies et notables subitement réanimés par le général putschistes sous
l’appellation «Mauritanie profonde».) pouvaient-elles
réellement contredire les ordres de leur chef ? Bref, les contrevenants au nom
des valeurs désuètes et des considérations inhumaines jouissent de la
complicité et de la protection du système putschiste. Les maîtres de la
jeune Hanna Mint Mariya (Abdarrahmane Ould Thounoureyne et
son épouse Toumenne Mint Thounoureyne) ont été mis en liberté
malgré les termes de la loi condamnant et incriminant l’esclavage. Proximité de
la campagne électorale oblige !
Pourquoi ces
scandales?
Ces scandales inadmissibles qui surviennent après neuf mois d’usurpation du
pouvoir par la force des armes confirment les premières déclarations du général
limogé et son «Premier Ministre», tout comme le discours tenu par
les colonels soumis à ses ordres au cours de leurs tournées carnavalesques dans
le cadre de la préparation de la mascarade des EGD. Les putschistes
militaires et civils ont partout confirmé que l’esclavage ne constitue point, à
leurs yeux, une priorité. D’ailleurs, ils sont allés jusqu’à reprocher au
Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi d’en avoir fait
une préoccupation majeure.
Pourtant, le général engagé dans une campagne avant l’heure, conformément à son
agenda unilatéral, va se dénier dans une volte-face aussi surprenante que
ridicule pour se saisir de ce problème naguère diabolisé et aller parader en
Lincoln des sables, dans les adwabas et autre triangle de la pauvreté ! Et la
lutte contre l’esclave et les esclavagistes, ce thème noble, se trouve soudain
profané, perd sa dimension et se banalise, hélas, pour devenir un fonds de
commerce au service d’une campagne à la fois vulgaire, populiste et
pécheresse.
Tout comme les problèmes des déportés mauritaniens et le passif humanitaire, la
guerre menée contre les pratiques esclavagistes a cessé d’être au profit de
l’émancipation des assujettis victimes de torts et vicissitudes en vue de
l’ancrage des valeurs égalitaires et de la justice sociale. Car tous les moyens
sont bons pour se servir des bidonvilles et des adwabas creusets de voix
électorales à bon marché du fait du niveau d’ignorance et d’indigence de leurs
populations très souvent malheureusement faciles à abreuver de déclarations
fallacieuses et de fausses promesses du général comique. Mais les jours et le
semaines qui viennent prouveront à Mohamed Ould Abdel Aziz et
à sa meute de partisans esclavagistes que les temps ont changé et bien changé
!
Ethmane Ould Bidiel |