Crise politique et institutionnelle en Mauritanie : A quoi joue la
France?
L’attitude des
autorités françaises par rapport à la crise politique et institutionnelle en Mauritanie
est en train d’épouser les contour flous de la Françafrique que le Président
Nicolas Sarkozy tente aujourd’hui de perpétuer et de revigorer.
Aux condamnations fermes et intransigeantes de la France contre le coup
d’Etat en Mauritanie aux lendemains du 6 août 2008, ont succédé les
atermoiements d’un Bernard Kouchner de plus en plus acrobatiques puis le
coup de massue du Président Sarkozy qui déclarait avec un sans gêne cynique,
samedi au Niger, que le coup d’Etat n’a suscité aucune réaction
populaire et que «force est de constater qu'il n'y a pas eu un député ou un
parlementaire qui a protesté et qu'il n'y a pas eu de manifestation».
Derrière ce revirement spectaculaire, de gros intérêts économiques et
stratégiques que la France de Sarkozy compte conserver.«Sur la
Mauritanie, vous connaissez bien ça, est-ce qu'on a souvent vu un coup
d'état sans manifestation et sans protestation, si ce n'est celle de la France
?
Lorsque le
président démocratiquement désigné [Ould Cheikh Abdellahi, ndlr]
a été retenu, moi-même je l'ai appelé, moi-même j'ai exigé qu'il soit libéré,
mais enfin, force est de constater qu'il n'y a pas eu un député ou un
parlementaire qui a protesté et qu'il n'y a pas eu de manifestation» Cette phrase
lâchée au cours d’une visite éclaire au Niger par le Président français Nicolas
Sarkozy, le 28 mars dernier en dit long sur la bénédiction que l’une des
plus vieilles démocraties au monde apporte à un régime issu d’un coup d’Etat en
Afrique.
Pourtant, l’Union européenne, dont il assurait il n’y a pas longtemps la
présidence, et le Groupe de contact international sur la Mauritanie
venaient quelques heures plus tôt de reconduire les mêmes sanctions prononcées
par la Commission Paix et Sécurité de l’Union africaine, alors
que le dossier Mauritanie poursuit son chemin vers le Conseil de
sécurité des Nations Unies.
Pour ce qui est des manifestations populaires organisées par l’opposition aux
lendemains du coup d’Etat, nous demandons au Président Sarkozy de revoir
les images transmises par les chaînes de télévision et de se demander par la
même occasion combien de députés et de sénateurs s’opposent au putsch, bien que
le rejet d’un acte anticonstitutionnel ne se mesure pas à l’aune de ses
souteneurs. La répression qui s’est abattue par la suite sur l’opposition,
empêchée de manifester, a finalement confiné les rassemblements populaires dans
des salles fermées et exiguës.
Le 31/03/09
Source : L'Authentique (Mauritanie)
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