Esclavage: une nouvelle
lecture de la problématique.
Aborder cette problématique nécessite de la situer non seulement par
rapport à l’Etat mais aussi par rapport à la société civile d’une part et de
l’insérer dans son contexte social spécifique à la Mauritanie d'autre
part.
Du point de vue de l’Etat, cette question ne devrait pas se poser de cette
manière mais il faut parler uniquement des séquelles de l’esclavage. C’est
notre discours politiquement correct sur cette question.
Par rapport à la société civile, cette réalité existe notamment pour SOS-Esclavage
et qui continue à la faire surgir à la surface, malgré le déni de l’Etat, à
travers un travail remarquable à la fois national et international.
Quant à la presse sérieuse, la problématique se réduisait à faire un
relais des déclarations des militant de cette question, signe de son
indépendance, sans engagement continu indispensable à son éradication. Quant
à la classe intellectuelle de toutes les communautés mauritaniennes, Il faut
dire qu’il n’est pas de l’intérêt ni des maurs ni des négros mauritaniens ni
des haratines que ce fléau soit effacé pour être enseigné dans l’histoire aux
élèves mauritaniens.
Evidemment, il ne faut pas généraliser Pour la plupart des maurs, cette
problématique ne dépasse généralement pas des cas liés essentiellement à la
situation économique du pays où la pauvreté ne fait pas de distinction de
race ni de couleur de peau. Pour certains négros africains, l’esclavage
n’existent que chez les maurs. Il faut dire que dans cette communauté ,
l’esclavage revêt un caractère essentiellement culturel.
Pour une minorité d’haratines, cette problématique soit tabou ou
instrumentalisée quand ils sont bien placé dans l’Etat. La résolution de
cette problématique passe par la remise en cause du modèle communautaire
mauritanien responsable du statut des haratines et de toutes les castes
marginalisées. La destruction de l’ordre social ethnique suppose d’abord
l’engament sincère de tous les mauritaniens pour bâtir une Mauritanie
nouvelle et juste où le vocabulaire de citoyenneté se substitue à celui
communautaire.
Cette destruction de l’ordre social exige que l’Etat reconnaisse non
seulement cette pratique barbare mais aussi une vraie campagne de
sensibilisation contre la face cachée de l’ordre tribal et ethnique qui
recèle à son tour son lot d’injustices encore catastrophiques. Ainsi, les
mentalités vont évoluer. Quant aux organisations non gouvernementales,
surtout SOS Esclavage, elles doivent s’interroger sur leur
méthodologie essentiellement occidentale.
Le combat est toujours utile mais le temps est souvent occulté d’où votre
efficacité est lente. Le combat doit tenir compte de son contexte mauritanien
à travers un discours adapté qui attire l’attention des jeunes progressistes
qui se trouvent en décalage avec la Mauritanie ancienne. La loi
d’incrimination de l’esclavage est une avancée théorique. Mais, il me semble
que l’observation d’un moratoire légiféré par une nouvelle loi donnant
uniquement droit à l’indemnisation des victimes serait efficace et prépare
sérieusement la phase de pénalisation effective de l’esclavage.
De plus, Le combat doit être dépolitisé car le choix politique discrédite
votre action. La sortie d’une liste d’esclavagistes par BIRAM en est
un bon exemple de neutralité vis-à-vis de la crise politique actuelle. Il
faut penser à constituer un fonds de solidarité qui nécessite de concevoir
une relation de partenariat avec l’Etat et non pas celle d’adversaire. Pour
finir, mon vieux Ould Hadid votre histoire sur un site m’a ému au
point que j’ai eu mal à dormir.
Ould Abderrahmane KADER
Source
: ouldissa
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