Dans une contribution en date du 22 mars dernier je
pointais du doigt ce que j'appelle l'incohérence et l'errance des
intellectuels. Qu'il me soit permis ici de compléter cette réflexion par un
éclairage sur les tares presque congénitales de la classe politique
mauritanienne et singulièrement, celle qui s'est toujours autoproclamée
responsable de tel ou tel parti politique, et qui prétend parler au nom du
peuple mauritanien.
Ma réflexion prend pour cadre un seul fait de positionnement politique qui
révèle son incapacité à traduire les aspirations de notre peuple, mais surtout
la nécessaire disparition de certaines personnalités et de leurs idéaux de la
scène politique mauritanienne ou ce qui y ressemble, au-delà du cirque en
présence pour entretenir l'illusion d'une classe politique, voire d'une
opposition capable de proposer une alternative au mensonge et par dessus tout
une chance aux générations futurs d'assister à un vrai changement.
Notre génération, la mienne, a choisi les convictions au détriment du marchandage, le combat pour des idéaux universels au
détriment des réflexes locaux qui veulent nous enfermer dans une culture de la
décadence du genre humain où la confession religieuse, la couleur de la peau,
la région et l'appartenance ethnique ou tribale sont érigées en dogmes des
affaires publiques….
S'il y a un fait récurrent à la
politique mauritanienne, au positionnement idéologique de ceux qui y font
l'apprentissage du combat politique c'est cette tentation nihiliste de lier
l'existence de la Mauritanie et
de ses citoyens à la cause arabe et particulièrement à la cause
palestinienne. Tout ce passe comme s'il n'existait pas de cause à défendre en Mauritanie.
Mieux, les responsables politiques de
tout bord font la course à un populisme primaire qui voudrait faire des
relations diplomatiques du pays dans le monde l'alpha et l'oméga de leur muse
politique. Même les figures emblématiques du combat contre l'injustice
en Mauritanie ont succombé aux sirènes de l'illusion et dans cette
orientation, les responsables
politiques maures du fait de leur hégémonie sans partage sont passés maître
dans l'art de violer nos consciences forgées dans l'histoire du temps. Mieux, par la mobilisation de dix mille
personnes conditionnées par l'ignorance et l'analphabétisme, ils viennent
imposer à la face de la majorité des mauritaniens une position minoritaire.
Qu'ils prennent le nom générique de Coalition
des Forces du Changement Démocratique cela a pour but ultime de masquer
les failles idéologique et l'inculture politique des uns et des autres.
Ces responsables politiques semblent
méconnaître une morale politique classique qui voudrait faire de la situation
géographique d'un pays sa Force primordiale et la réponse à la préoccupation de
ses citoyens la raison d'être des regroupements politiques…. L'histoire semble
se répéter une fois encore de plus. Le civisme et la maturité politique dont
certains supports de presse en ont fait l'écho n'est en fait que la
consolidation idéologique d'un sentiment qui ne rend pas compte de la réalité
objective de la Mauritanie
d'aujourd'hui. Certes, il est plus que légitime d'exprimer sa
solidarité avec qui l'ont veut. Mais faire de cette solidarité l'orientation et
la marque de fabrique politique de toute une nation, de tout un pays et même des
programmes politiques de partis demeure une chimère et une entorse à
l'expression de la tolérance et de la vérité.
En Mauritanie, si une solidarité ou un civisme politique doivent
s'exprimer ils doivent prendre pour cadre la résolution des contradictions
sociales, et des déportations comme étendard. Cette solidarité avec le monde
arabe n'est que l'expression d'un péril arabe pour la Mauritanie, en ce sens que ce positionnement occulte
les vrais problèmes des mauritaniens. Les réponses à l'injustice ici ne
viendront pas du positionnement diplomatique de la Mauritanie : le courage politique commande de
descendre dans les rues pour dénoncer la corruption, l'autoritarisme,
l'exclusion en tout genre, les assassinats, l'exploitation et la torture… etc
.
Ce que les mauritaniens attendent des partis politiques ce sont des réponses
pragmatiques à leur quotidien et à leur avenir. Cet avenir est à l'antipode
d'un soutien théorique à tel ou tel entité quand bien même que la Mauritanie,
ses dirigeants n'ont jamais eu une influence quelconque au-delà de ses
frontières. Dans cette situation il devient plus qu'urgent pour des partis
politiques qui se définissent comme telle de proposer une offre politique à une
demande de justice au lieu de compromettre un avenir déjà incertain :C'est ce
seul nationalisme qui vaille… au lieu d'un nationalisme despotique
Dans l'histoire du monde arabe ou des Etats qui se sont posés en chantre de ce
nationalisme, la realpolitik l'a largement emporté sur l'amateurisme
idéologique et politique. La situation politique dans ces pays où la dictature
est érigée en mode de dévolution du pouvoir et le peuple réduit en sujets
commande de briser toute référence à leur univers politique…. La formation
citoyenne et l'éveil des mauritaniens à la Culture de l'universelle dont la
tolérance en est la matrice fait partie des tâches de ces partis politiques ;
et cette formation citoyenne doit être poussée à son paroxysme quand il s'agit
des problèmes nationaux.
L'histoire politique de la Mauritanie n'échappe à aucun homme politique
responsable et soucieux d'œuvrer pour la création d'une vraie nation dans ce
pays : en effet, depuis les années
soixante, la Mauritanie titille
la guerre civile du fait du positionnement de ceux qui ont eu à un moment donné
la destiné du pays entre les mains et les années quatre vingt et quatre
vingt dix en ont été le moment culminant. Aujourd'hui,
les autorités militaires sont interpellés par les démons du passé une situation
qui conforte incontestablement la partie de poker menteur qu'elles jouent avec
ces mêmes responsables politiques et dont le référendum du 25 juin dernier
constitue la carte maîtresse.
El Arby OULD SALECK
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