A.H.M.E.
ARTICLE 221 :
Le Maroc interdit par avance une célèbre association féministe française
Par Naoufel Cherkaoui pour Magharebia à Rabat -- 26/02/09 Le gouvernement marocain a indiqué qu'il allait interdire à l'association française "Ni Putes Ni Soumises" d'ouvrir des bureaux au Maroc si et lorsque cette association en fera la demande. Ce projet d'interdiction est fondé sur l'approche de cette association dans le traitement des questions liées aux femmes, a indiqué un communiqué du gouvernement vendredi 20 février. "La ligne suivie par cette association, qui est par ailleurs engagée dans un travail tout à fait respectable en France, n'est pas conforme à l'approche adoptée au Maroc pour traiter des questions liées à la situation des femmes", a précisé le ministère. "Conformément à la législation marocaine, elle sera donc interdite." Comme l'a précisé à Magharebia Hassan Daoudi, membre du secrétariat général du Parti pour la Justice et le Développement, d'obédience islamiste, l'association "doit respecter les particularismes marocains". L'association n'a pas encore demandé l'autorisation de travailler au Maroc, ont déclaré ses membres, pour lesquelles ce communiqué du ministère a fait l'effet d'une surprise. Sa présidente Sihem Habchi considère cette interdiction comme une conséquence du "débat initié par les islamistes et certaines associations féministes de l'ancienne école". Elle a souligné que certaines ont accusé son association de vouloir transposer les problèmes français au Maroc. "Ni Putes Ni Soumises" est un mouvement féministe fondé à Paris en 2003 par la Franco-Algérienne Fadela Amara (actuelle secrétaire d'Etat française chargée de la politique de la ville) visant à lutter contre la violence envers les femmes musulmanes dans les banlieues françaises. Cette association milite également en faveur des droits des femmes et contre les mauvais traitements sociaux, comme la pression en faveur du port du hijab, l'abandon scolaire ou les mariages précoces et arrangés. "La coercition des filles en faveur du mariage est considérée comme un problème euro-méditerranéen, tout comme l'éducation des filles, et ils font partie de nos priorités au Maroc", a déclaré Mme Habchi. Cette interdiction intervient vraisemblablement en réaction aux propos tenus fin décembre par Zeineb Zulfakar, l'une des fondatrices de cette association. Elle avait à l'époque déclaré que l'association envisageait d'ouvrir un bureau au Maroc le 8 mars, à l'occasion de la Journée Internationale de la Femme, au vu des problèmes persistants "concernant les femmes, en dépit des efforts faits par les associations marocaines". "En ouvrant un bureau au Maroc, notre association viserait à soutenir le dynamisme marocain qui a fait de la situation des femmes une question centrale", a déclaré Mme Habchi. "Je comprends que le nom de cette association soit difficile à porter au Maroc, mais il reflète une dure réalité, violente en elle-même." L'interdiction de "Ni Putes Ni Soumises" "n'est pas une mesure très sage", a déclaré la présidente de l'Association Marocaine des Droits de l'Homme Khadija Riyadi. Alors qu'il existe des bureaux de plusieurs associations internationales au Maroc", elle explique ne pas comprendre pourquoi "Ni Putes Ni Soumises" ne pourrait disposer d'une représentation dans le pays. "Cette décision est sans fondement", a-t-elle poursuivi, "parce que cette association n'a encore déposé aucune demande d'ouverture d'un bureau au Maroc. Elle s'inscrit donc dans le procès d'intention que le ministère a récemment lancé. Comment le ministère peut-il connaître l'approche qui sera adoptée par cette association au Maroc et savoir si ce sera la même que celle adoptée en France ?" Source : http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2009/02/26/feature-02 Malgré son interdiction, l'esclavage pèse encore lourd sur la société mauritanienne
Certains mauritaniens sont encore victimes de l'esclavage, en dépit du fait que le Gouvernement ait édité des lois afin de criminaliser cette pratique. Par Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud à Nouakchott et Jamel Arfaoui à Tunis – 03/02/09
Au cours d'un séminaire intitulé "La Discrimination en Héritage", et qui s'est tenu à Tunis le 24 janvier, des organisations mauritaniennes des Droits de l'Homme et des activistes se sont insurgés contre l'esclavage, dont ils affirment qu'il ronge encore la société mauritanienne. "L'esclavage est une réalité douloureuse en Mauritanie", a déclaré Bairam Ould Messaoud, président de l'organisation mauritanienne SOS Esclaves. "Certaines familles possèdent encore des esclaves et les font circuler entre les maisons et les fermes, sans aucune intervention du Gouvernement". Les activistes ont également appelés les femmes qui participaient au séminaire à aider par tous les moyens possibles à débarrasser la Mauritanie de ce qu'ils ont qualifié de "fardeau et de problème" au coeur de la société mauritanienne, en particulier dans les banlieues est et sud. En dépit du fait! que l'esclavage ait été mis hors-la-loi par le Gouvernement en 1984, Ould Messaoud a déclaré que cette interdiction légale avait échoué à outrepasser les pouvoirs traditionnels, et qu'elle n'avait jamais fonctionné. "les esclaves sont liés à leurs maîtres par des menottes intellectuelles, religieuses et financières. A moins que les esclaves ne soient financièrement affranchis, l'esclavage continuera à avoir la main haute", a-t-il conclu. En 2006, le Gouvernement avait fait passer une nouvelle loi imposant une amende s'élevant de 200 000 à un million d'Ouguiyas à tout individu reconnu coupable d'implication dans le trafic d'êtres humains. Mais même cette loi n'a pas été respectée sur le terrain, dit la mauritanienne Aminatou Bent Mokhtar, Présidente de l'Association des Femmes Soutiens de Famille. Les autorités, ajoute-t-elle, font peu de choses pour mettre un terme aux souffrances de nombreuses filles qui endurent des formes d'abus divers, dont l'abus sexuel. Les autres participants au séminaire ont été sidérés d'entendre de tels compte-rendus sur l'esclavage en Mauritanie. "J'appelle les citoyennes en Mauritanie à agir à l'échelle la plus grande pour que de telles pratiques puissent se défaire", a dit Nabiah Hadoush, une des responsables de l'Association des Femmes marocaines. "Nous, au Maroc, sommes prêtes à les soutenir à travers nos relations régionales et internationales. Pourquoi ne pas créer un partenariat au niveau du Maghreb pour faire cesser de telles pratiques qui violent les Droits de l'Homme ?", a-t-elle demandé. "C'est insulter tous les citoyens d'Afrique du Nord. Nous ne l'accepterons jamais au XXIème siècle". Nfesia Iben, membre du Comité directeur de l'Association marocaine de Défense des Droits de la Femme, a suggéré la formation d'une alliance féminine visant à défendre les victimes du trafic d'êtres humains en Mauritanie. "Nous devons écrire au Gouvernement mauritanien et aux associations des Droits de l'Homme...Pour les informer que ce qu'il se passe est honteux et que nous ne devrions jamais garder le silence à ce sujet", ajoute-t-elle. Selon l'activiste mauritanienne Sarah Al Sadeq, les vendeurs de femmes esclaves trouvent habituellement leurs victimes dans les zones pauvres ou parmi les paysans qui ont rejoint la capitale, dans le but de fuir des années continues de sécheresse. Al Sadeq raconte que l'un des problèmes auxquels les activistes et les organisations se heurtent face à l'esclavage est le manque d'un effectif gouvernemental suffisant pour évaluer son envergure. "Les institutions de la société civile n'ont pas les ressources financières pour établir des statistiques précises, et les autorités ne prêtent attention à ce problème que difficilement", explique-t-elle. Les chiffres de l'ONU avancent qu'il y a presque 1.2 million d'enfants victimes du trafic d'êtres humains dans le monde ; ils sont approximativement 246 millions à travailler dès leur jeune âge. Les trafiquants collectent annuellement environ 31 milliards de dollars du commerce d'esclaves. Même lorsque les esclaves sont affranchis, leur manque d'éducation et de connaissance de leur environnement limite souvent leur nouvelle liberté. "Des esclaves affranchis ne peuvent pas être socialement indépendants", dit la journaliste Maryam Bent Mohamed Laghzaf, "parce qu'ils ont échoué à l'être financièrem! ent. En fait, l'esclavage réel est l'esclavage financier, il n'est pas racial, comme certains le présument. De nombreux maîtres ont affranchi leurs esclaves il y a déjà longtemps, mais ces derniers se sont trouvés dans des situations économiques très dures qui les ont mené à souhaiter revenir vivre sous l'autorité de leurs maîtres". Elle conclut en affirmant que c'est de la responsabilité du Gouvernement d'offrir une aide financière et éducative afin que ces victimes puissent se trouver en mesure de prendre un nouveau départ. D'un autre côté, le Gouvernement mauritanien insiste sur le fait que l'esclavage appartient au passé, et que le peu restant est en train de disparaître. "L'Etat est actuellement engagé dans la lutte contre les vestiges de l'esclavage, et il offre des opportunités d'égalité à toutes les catégories sociales", dit Mohamad Lamain Ould Idad, Commissaire aux Droits de l'Homme. "Le budget alloué par mon secteur à ce projet s'élève à 1.4 milliard d' Ouguiyas." Ould Idad dit qu'il a rencontré des groupes d'esclaves pour entendre leurs expériences. "Certaines victimes racontent les histoires tragiques de la réalité douloureuse dont ils ont souffert, sans aucune baguette magique pour les aider à y mettre un terme", dit-il. Bilal, 50 ans, est l'une de ces victimes. Il est né dans un milieu, dit-il, où la société ne pratiquait ni l'égalité, ni la justice. "Mon
père emmenait les chameaux brouter toute la journée", raconte-t-il.
"Ma mère s'occupait des chevaux. J'ai été dévoré par l'humiliation et la
mortification tout au long de mon enfance entière, durant ma vie adulte si
restreinte, avec mes rêve avortés. Et tout cela à cause de mon teint noir, avec
lequel je suis arrivé dans un monde d'oppression". Source :http://www.magharebia.com/
|