Hamidou Baba Kane, député du Rassemblement des
Forces Démocratiques (RFD) aurait reçu l'assurance, de la part des
militaires, d'occuper le perchoir de l'Assemblée Nationale. En contrepartie,
l'élu s'engagerait à soutenir la junte, en particulier quand celle-ci cessera
de bénéficier de la faveur de son parti.
Selon nos sources, les militaires ont toujours
l'intention de déchoir l'actuel président de l'assemblée, Messaoud Ould
Boulkheïr. Ils poursuivent la quête d'une parade juridique qui leur
permettrait de se débarrasser de ce farouche opposant au putsch. Les députés
favorables à la junte ont déjà effectué deux tentatives mais, à chaque fois,
sans le visa du Conseil Constitutionnel.
D'après les mêmes sources, le Général Mohamed Ould Abdel Aziz a
l'intention de profiter du renouvellement du tiers du Sénat prévu en mai
2009, afin d'imposer une personnalité de confiance à la présidence de la
Chambre Haute du Parlement. Le second personnage de l'état devrait assurer
l'intérim du chef de l'état, quand celui-ci démissionnera de ses fonctions de
fait et du métier des armes, pour se présenter aux suffrages des
mauritaniens.
La manœuvre s'avère parfaitement compatible avec la loi fondamentale.
Depuis la première élection présidentielle au suffrage universel, en
1991, la règle du dosage tacite stipule que la présidence du Sénat revient à
la communauté négro-africaine, notamment un Hal-Pularen.
Ould Abdel Aziz a donc l'intention d'inverser la "norme",
mais il compte la compenser par la présidence de l'Assemblée Nationale qui
reviendrait donc, selon se calcul, à Hamidou Baba Kane. L'actuel président de
la chambre basse, le Colonel Elarby Ould Jiddeîne constitue un pis-aller
assez gênant, à cause des présomptions de torture et de massacres à caractère
raciste qui pèsent sur lui, depuis l'épuration ethnique de l'armée en
1990-1991.
Et Bâ M'Baré dans tout ça ? Les observateurs s'accordent à dire que
l'actuel Président du Sénat ne poserait aucun obstacle au plan, contre la
promesse de l'abandon des poursuites dont il semble être l'objet. En effet,
le Sénat avait l'intention de mettre en place une commission d'enquête
concernant sa gestion financière à la tête de l'institution.
Concernant la personnalité qui remplacerait M'Baré, son identité
dépend du prochain remaniement ministériel. Deux cas de figures :
- Si le Général décide de remanier l'ensemble du gouvernement,
l'actuel premier ministre Moulaye Ould Mohamed Lagdhaf se présentera aux
prochaines sénatoriales, il occuperait la présidence de la chambre haute et,
par conséquent, assurerait l'intérim de Ould Abdel Aziz durant la prochaine
campagne présidentielle.
- Si le remaniement n'est que partiel, Ould Mohamed Lagdhaf garderait
la primature ; l'intérim du chef de l'état reviendrait, alors, à l'un des
membres du Haut Conseil d'État (HCE, junte). Selon nos informations, le mieux
placé, à ce jour, serait le Colonel Ahmedou Bemba Ould Baye, ex-commandant de
la première région militaire et actuel secrétaire permanent (et membre) du
HCE.
D'après nombreux analystes, l'ampleur du prochain remaniement
dépendra des forces politiques qui se décideront à y prendre part.
Quoi qu'il en soit, il semblerait que le Général Mohamed Ould Abdel
Aziz a un plan bien arrêté : il compte conduite la recomposition à son terme,
et au forceps, avec ou sans l'aval de la classe politique mauritanienne.
Les contours du projet se précisent, de jour en jour ; il atteindrait
son terme lors de la prochaine élection présidentielle, où Ould Abdel Aziz
accèdera à la magistrature suprême.
Et après ? Le problème est là.
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