A.H.M.E.
ARTICLE 209 :
La mascarade des EGD jette un voile de honte sur la démocratie
Le déroulement des prétendus « Etats généraux de la démocratie » prouve que ces assises ont été plus une parodie de concertation où résonne la cacophonie des thuriféraires des militaires putschistes, l’idéalisation archaïque de l’autoritarisme primaire, le culte désuet de la personnalité, le sacre de l’arrivisme laudatif et la quête alimentaire de quelques autres politiciens fauchés. Ces journées ont été tout sauf un espace de dialogue et de concertation. La preuve en est que la logique qui y a prévalu était bien celle des louanges au général limogé, la revendication largement médiatisée par les organes de presse publique de sa candidature. Ce sont, notamment, ces deux sujets qui fondent la consécration du fait accompli en tentant, vaille que vaille, de légitimer la mutinerie du 06 Août dernier. Le mot d’ordre « dicté » aux thuriféraires, soigneusement triés et sélectionnés dans la cours des courtisans de la junte, était de crier, au plus fort, à la candidature du Général. Aujourd’hui, l’ensemble du peuple mauritanien se pose la question suivante : « Pourquoi les formations politiques, centrales syndicales et organisations de la société civile qui se respectent ont-elles accepté de participer à ce cirque digne d’un anarchique débat au fameux Hyde Park de Londres ? » La menace de retrait de Ahmed Ould Daddah aux premiers jours de la farce suivie, un jour plus tard, des déclarations acerbes des présidents de HATEM, du PRDR, de l’UDP, et du RD dénotent bien le désarroi des leaders politiques qui avaient nourri un espoir vite déçu de pouvoir avoir un mot sérieux sur la situation grave que traverse notre pays. Tous ces partis semblent, en dépit de leurs tons variés, contrariés par le jeu suspect de la junte. Pour étouffer la voix des partis supposés crédibles, la junte a usé de la carte de la pléthore de formations cartables épaulées par d’autres figures avariées d’une pâle et compromise « Mauritanie profonde » toujours assoiffée de prébendes, de corruptions politiques et de faveurs. En clair, c’est le recours aux moyens d’instrumentalisatio n de la volonté populaire pour asseoir une légitimité illusoire, car usurpée. Les constats : Dès leur confiscation du pouvoir, les putschistes ont commencé leur processus d’embrigadement et de recrutement, surtout parmi les forces conservatrices, les ilotes et la plèbe. Et eu égard à l’énergique condamnation du coup d’Etat et à son rejet tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, le régime militaire qui s’est installé dans la précipitation et l’incertitude permanente a multiplié les manœuvres dilatoires pour gagner du temps et mettre en place des plans susceptibles d’asseoir, dans la confusion, un pouvoir que nul ne reconnaît. En plus du bataillon parlementaire des putschistes communément appelé députés de la fronde, ils ont décapité l’administration avec tout ce que cela comporte d’entorses et d’abus de droit, de délit de faciès et de règlement de comptes politiques. Ils ont usé de pressions morales et matérielles. D’autres stratagèmes, plus affûtés furent appliqués contre de paisibles citoyens qui ne faisaient que servir loyalement. Face à cette grande chasse aux sorcières, tous les cadres sont obligés de se plier à la volonté des putschistes sous peine de perdre leurs fonctions. Parallèlement, les moyens de désinformation, à travers toutes les formes de propagande et de contrevérités, sont mis à contribution afin de susciter une atmosphère de psychose qui encourage le repli sur soi et le rejet de l’extérieur présenté comme étant un bourreau naturellement acharné à affamer le peuple. Tout ceci sur fond de diabolisation des forces de la défense de la démocratie et de la légalité constitutionnelle. La junte a, à cet effet, enclenché un long processus devant affaiblir le front interne de refus du coup d’Etat et imposer le fait accompli pour la légitimation de son pouvoir à travers une supercherie de « journées de concertation ». Ainsi a-t-il fallu mettre à exécution un plan en cinq points : 1- Monopole et instrumentalisation des médias publics : L’attribution des directions des principaux organes de la presse publique, depuis la première semaine du coup d’Etat, à des affidés de la bande de la junte révèle le souci de divertir le peuple. Ainsi les radio et télévision de Mauritanie sont devenues les voix de leur maître n’alternant aux dithyrambes et endoctrinement du peuple que les émissions de calomnie des forces de défense de la démocratie et de la légalité constitutionnelle. Dans la foulée, la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel qui devait œuvrer à une indépendance des médias par rapport au pouvoir, a été confiée à un acolyte patenté du général et défenseur de son putsch. C’est alors que le pays qui occupait quelques heures seulement avant le 06 Août la 50ème place au classement mondial des Etats respectueux des libertés d’expression a chuté pour se retrouver un des derniers à l’échelle universelle, selon « Reporters Sans Frontières ». D’ailleurs l’arrestation de l’ex- Ministre Isselmou Ould Abdel Ghader, dont le seul crime est d’avoir exprimé son opinion, constitue l’exemple le plus édifiant sur le niveau du verrouillage médiatique atteint par la Mauritanie et lequel annonce des lendemains graves pour une liberté d’expression naguère en droit de cité. 2- Règlements de compte et sanctions ciblées contre les cadres qui défendent la légalité constitutionnelle et récompense des thuriféraires de la junte :
Des les premiers jours du coup d’Etat, la junte a engagé un processus de limogeage arbitraire des cadres sur la base de leur appartenance politique et souvent sur celle de leur appartenance ethnique, tribale ou régionale. Tous les fonctionnaires, ou presque ayant décidé de soutenir l’ordre constitutionnel en revendiquant la restauration du Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi dans la plénitude de ses fonctions se sont vus démis ou remerciés tel que Brahim Ould Ely dit Dina, sans oublier les multiples cas de démissions comme celle du jeune et intègre journaliste vedette de la télévision Ishagh Ould Mokhtar qui protesta par son acte contre la mascarade médiatique des putschistes. Par la même occasion, les cadres qui acceptent de porter allégeance à la junte sont systématiquement promus. Des symboles avérés de la gabegie ont ainsi été recyclés, alors que, durant la fameuse fronde, ces mêmes symboles passaient comme des pestiférés aux yeux des putschistes et leurs soutiens civils. C’est dire que ces nominations ne procèdent, hélas, d’aucun critère objectif, pas même la compétence. Mais la surprise est que la Mauritanie s’est retrouvée aujourd’hui dans une situation où la quasi-totalité de ses hauts postes de responsabilité sont occupés par les parents d’un député ou d’un sénateur frondeurs, d’un membre du HCE, d’un féodal endurci ou d’un arriviste sans scrupule. La tentative, jusque-là avortée, de destituer le Président de l’Assemblée Nationale, Monsieur Messsaoud Ould Boulkheir dont l’attachement à la constitution, à sa défense et à celle de la démocratie constitue une conviction inaliénable, est le sacre de l’exécution de la politique du chantage et du règlement de compte. 3- Campagne de propagande et de diffamation contre militants, cadres et symboles du FNDD : L’échec du général à convaincre le Président de l’Assemblée Nationale, Monsieur Messaoud Ould Boulkheïr et l’ensemble des leaders du Front National pour la Défense de la Démocratie d’inaugurer la bipolarisation de la scène politique nationale en un camp putschiste et un camp anti-putschiste. Tandis que le premier tire le pays vers le recul en voulant ériger la profanation de la constitution et la négation des acquis démocratiques en valeurs, le second fait du respect des institutions constitutionnelles et spécialement la Présidence de la République son cheval de bataille. Ce combat se mène sur la base de l’obligation du respect de la volonté du peuple mauritanien traduite par les 52,7 % des suffrages obtenus par le Président Sidi Mohamed Ould cheikh Abdallahi lors de la résidentielle de mars 2007. Le respect de cette réalité est la condition préalable à tout dialogue politique à même de préserver la démocratie et de sauver le pays des conséquences aventurières et de la félonie des généraux. Aussi fallait-il que l’entourage de Ould Abdel Aziz trouve un alibi pour s’en prendre aux symboles du refus de l’ordre anticonstitutionnel . Et le cheval de Troie n’est autre que la prétention prêtée au FNDD d’appeler à l’embargo sur le peuple, sachant que celui-ci, s’il devait être infligé à notre pays, n’est qu’un autre effet de l’entêtement des putschistes à violer des conventions et traités ratifiés par l’Etat et votés à l’unanimité par les deux chambres du Parlement devenant du coût une obligation à laquelle tous les contrevenants sont passibles de sanctions. 4- Entretien des amalgames et de confusion à travers des concepts issus du « génie » putschiste à l’instar de « la démocratie de la marmite », de « la Mauritanie profonde » et la stigmatisation de l’étranger: La junte s’est très vite rendue compte qu’en voulant s’assurer le soutien de l’ensemble de la classe politique et celui de l’intelligentsia à l’instar de ce qui s’est passé le 3 Août 2005, elle prêchait vraiment dans le désert. Ceci étant, elle s’est très vite cantonnée dans une opération d’endoctrinement du peuple. Tout a commencé par l’engagement, pour le compte de la junte, de quelques idéologues en banqueroute. Le plus illustre étant, sans doute, l’initiateur du tristement célèbre ITS et quelques autres « professeurs » universitaires qui ont développé la théorie du repli sur soi et vanté les mérites de l’isolement international lui attribuant, ironiquement, des vertus à la lumière de la misère du Cuba de Fidel Castro, de l’atomisation de l’Irak de feu Saddam Hussein ou bien de l’asphyxie et du marasme de l’Iran. C’est à peine s’ils ne nous ont pas dit que sur cette planète, nous n’avons qu’à aspirer au triste sort des birmans et des Coréens du Nord. Ces mêmes théoriciens n’ont pas, par ailleurs, raté l’occasion de s’en prendre à la démocratie comme moyen d’alternance pacifique. Ils ont lancé la mascotte de « la démocratie de la marmite » avec toutes ses connotations populistes. Plus grave, l’un de leurs sherpas dira même que la force brute est un instrument de gouvernement et de dialogue qui doit être utilisé pour forcer un consensus national. Autour du Général, entendez bien! La junte a également multiplié les clins d’œil aux fonctionnaires pour glaner quelques arrivistes assoiffés de nominations, fussent-elles éphémères, quelques partis rêvant d’une quelconque formule de partage de postes, d’autres en embuscade pour aller à l’assaut du pouvoir tout comme les partillons dits cartables en quête éternelle du lucre. Face à cet ensemble tout à fait hétéroclite, cacophonique et indomptable, les putschistes savaient bel et bien qu’ils n’étaient pas à l’abri de mauvaises surprises. Ainsi ont-ils pensé à une soupape de sécurité qu’ils ont obtenue dans ce qu’ils ont nommé, dans leur jargon pédant « la Mauritanie profonde ». Et celle-ci, a servi en amont des dits « Etats généraux de démocratie » non seulement à noyer les partis politiques mais aussi et surtout à les phagocyter. Pour imposer ce projet qui dénote de sa grandissime ambition, le général à recouru à la prestation de service de son « génie » militaire, et confié le travail à ses colonels donquichottesques dépêchés dans des tournées tout carnaval. Il a également demandé à ses muftis marmitons de se creuser les méninges. En idéologues de l’inceste politique, ces derniers ont accouché « la démocratie de la marmite ». L’exploitation obscurantiste des chefs de tribus, des émirs et des marabouts, c’est-à-dire, la féodalité dans toutes ses composantes et qui naturellement prête allégeance aux courtiers du général : walis, hakems et chefs d’arrondissements, n’était pas elle aussi en reste. Tout ce jeu d’acrobates et de trapézistes avait pour fin de noyer la discordance des voix et leur polyphonie des troubadours. Bref, la « Mauritanie profonde » version Ould Abdel Aziz était un antidote préventif contre toute velléité de résistance pouvant s’afficher à tout moment, ne serait-ce, qu’une petite ambition et, du coût sortir de la marche du troupeau. 5- les dits « Etats généraux de démocratie » : Les ridicules journées de déconcertations, présentées sous le nom pompeux des « Etats généraux de démocratie » ne sont, en fait, que le couronnement de la mascarade préparée en amont par un processus d’intoxication, de contrevérités et de diffamation visant l’Institution de la Présidence de la République, en la personne du Président élu, Monsieur Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi en vue de le discréditer et de dénaturer ses réalisations. En aval, elles avaient pour but de parvenir, par tous les moyens, à isoler les forces du refus regroupées au sein du Front National pour la Défense de la Démocratie. Cette tentative misait sur un rapport final consensuel des travaux de cette bouffonnerie devant permettre d’engager une « feuille de route » pour sortir de la crise dont seul le coup d’Etat du 06 Août est responsable. Ce qui est sûr c’est que les rencontres du Palais du Congrès ont été, sans surprise, une occasion de manipulation des participants désignés sur le critère d’allégeance aux putschistes pour défendre les thèmes chers au général lequel a brillé par ses réceptions à répétition des différents groupes auxquels il dictait clairement ses « directives » et « orientations ». Chefs de partis, ONG, syndicalistes, marabouts, chefs de tribus, émirs et cadres arrivistes qui se bousculaient au cirque. Tout au long de ces journées qui furent une occasion de détournement et de pillage de l’argent du contribuable, les mauritaniens ont assisté aux louanges du président autoproclamé, à l’appel à son maintien au pouvoir, à sa candidature, à lui confectionner une institution taillée sur mesure. Enfin, tout gravitait autour de lui. C’est pourquoi, il n’y avait de place ni à la dissonance, ni à la polyphonie des voies. Et toutes celles qui osèrent s’élever se sont vues qui noyées par les tintamarres de « la Mauritanie profonde » et la coalition des partis et partillons de soutien ou simplement poussées au retrait. Les bagarres, les joutes oratoires, les insultes et les boycotts, voilà tout ce que la montagne a finalement accouché. Mais en l’absence de légitimité et de volonté réelle, pouvait-on s’attendre à ce que la montagne accouche d’autre chose que d’une infirme et atrophiée souris? Ce n’est pourtant pas tout. Le Palais des Congrès fut le théâtre d’expression de l’extrémisme et du chauvinisme de tout bord. La montée au créneau du parti SAWAB avec sa banalisation des douloureux éventements survenus entre 1989 et 1991 et dont plusieurs milliers de négro-africains, de mauritaniens de souche, ont été victimes et les appels de l’AJD/MR à un partage du pouvoir sur la base ethnolinguistique et raciale sont des preuves irréfutables des dangereuses contradictions régnant dans le camp des putschistes dont tous les membres ne se soucient que du partage du « butin » disposé entre les mains peu inspirées d’acteurs d’un film Western. Preuve que l’unique et seul souci de la junte est de vouloir légitimer son pouvoir illégal par l’instrumentalisatio n de la participation des partis, entre autre le RFD, le rapport de synthèse des EGD était vide. La seule préoccupation du général et de ses connivents est la volonté réelle d’organiser, manu militari, une élection présidentielle à laquelle le tout-puissant Chef de la bande sera candidat à sa propre succession. Ceci démontre la volonté du chef de la bande de défier la communauté nationale et sa détermination à rejeter les injonctions de la communauté internationale qui refuse, à l’instar du FNDD et de toute l’opinion nationale, les résultats de cette mascarade. Mieux, les termes on ne peut plus clairs de la déclaration du RFD, un des plus importants partis participants aux dits EGD, prouvent que les valeurs du patriotisme et de l’intérêt suprême de la nation mauritanienne ne préoccupent nullement la junte et ses thuriféraires dont le seul mobile est d’asseoir l’autocratie et le clientélisme politiques. Ils justifient également les craintes du FNDD et tous ses sympathisants, qui sont convaincus que pour sauver la démocratie et toutes les formes de liberté dans le pays, pour renforcer l’unité nationale et instaurer les idéaux de l’égalité, de la justice sociale, pour défendre les institutions de la République et combattre l’archaïsme désuet, il faut que l’armée s’abstienne de s’occuper de la politique et s’en tienne à son devoir constitutionnel. A savoir la préservation de la sécurité, la défense de l’intégrité territoriale; ce qui ne saurait se réaliser que par l’échec du coup d’Etat du 06 Août et la prompte restauration de l’ordre constitutionnel. Mr Ethmane Ould Bidiel
|