Carte
d'identité : Pour mieux connaître le Général Aziz / Abdelkader O. Dehmass
L'homme défraye la chronique en Mauritanie depuis le
3 août 2005 où il s'est sorti de l'ombre en déposant le redoutable Colonel
Maaouya Ould Sid'Ahmed Taya, dont il garantissait jusqu'à ce jour la sécurité.
Depuis, il a pris le pays en main et occupe les racontars de salons de sa
capitale, Nouakchott.
Son attitude d'étroitesse, d! e rigidité et de
détermination rappelle celle de Ould Taya mais il semble bien mieux conseillé, dans le sens d'un cynisme habile qui s'instruit des
erreurs et en prévient la récidive.
Il ne sera pas aisé de démettre le Général.
Une fois, il ne s'entend pas avec le Colonel Abderrahmane Ould
Boubacar, Chef d'Etat-major, une autre il est opposé à Ould Cheikh El Alem,
encore supérieur hiérarchique et même s'offre-t-il le luxe de se facher, pour
des raisons nobles semble-t-il, avec son cousin germain, le Colonel Ely Ould
Mohamed Vall, Président du Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie (CMJD),
chef de l'état !
Pendant les élections, la rumeur d'abord - lui-même l'a confirmé
ensuite – insiste sur son interférence dans le processus démocratique alors que
l'armée mauritanienne, à travers le CMJD, s'engageait à ne pas se mêler de
politique partisane.
En 2008, il est élevé au grade de Général par le Président de la
République qu'il dépose quelques semaines plus tard ! Personne ne sait, jusqu'à
présent, pourquoi une telle promotion et si Ould Cheikh Abdellahi l'a faite de
lui-même ou sous la pression. De qui, le cas échéant ?
Mais qui est-il donc, cet officier aujourd'hui le plus gradé de
l'armée, alors qu'il n'est ni le plus ancien ni le plus méritant ?
Alors que les média de l'état le présentent comme "le président
des pauvres" on découvre, par un article publié sur le net et
qui a délié beaucoup de langues, l'importance de sa fortune. Un président des
pauvres qui commence ses visites par les bidonvilles, d'accord, c'est bien
pertinent. Mais d'où lui proviennent tous ces biens, si vraiment ils lui
appartiennent ? D'où lui tombent les maisons du Maroc, les immeubles, les
terrains constructibles, les sociétés, le parc automobile ?
Un officier intègre, dans l'armée mauritanienne, de surcroît mécanicien
de formation, ne peut pas obtenir tout cela de son salaire seulement ! Comment
a-t-il acquis toute cette fortune qu'on lui attribue ? Pourquoi n'a-t-il pas
trouvé une autre rue pour lui donner le nom de Moktar Ould Daddah, que celle à
proximité de l'une de ses villas ?
Ses partisans le présentent comme un homme "loyal" et
"sincère". Mais pourquoi alors trahit-il la confiance de deux
chefs d'Etat dont il assurait la sécurité ? Pourquoi alors depuis le 6 aout,
les média officiels ne font que mentir à ce propos : les justifications du coup
d'état sont des subjectives, la diminution des prix est fausse, la libération
du président est un leurre, tout comme l'affaire Air Mauritanie, la rupture des
relations avec Israël. Même le rapport des états généraux de la démocratie
(EGD) a été dénaturé ? Un président véridique peut-il autoriser, voire
encourager le mensonge d'état ?
Tous les mauritaniens veulent bien connaitre cet homme étrange, qui ne
ressemble à aucun des présidents précédents : il dit ne pas avoir opéré de coup
force mais fait jeter en prison le président et son premier ministre. Il
minimise les sanctions contre la Mauritanie, pourtant un pays du tiers-monde
sous perfusion de l'aide extérieure sous forme de dons, subventions et prêts
préférentiels.
Sa naissance et sa carrière
Mohamed Ould Abdel Aziz serait né en 1954 à Darou Mousti (près de
Louga, Sénégal). Mais sur les papiers officiels, il vient au monde, deux ans
plus tard à Nouakchott. Est-ce vrai ? En tout cas le Général parait avoir un
problème avec l'état civil. C'est grâce à Ould Abdel Aziz que l'actuel
directeur de l'état civil a été désigné à ce poste très important ; cet autre
personnage vendait des groupes électrogènes d'occasion, à l'origine douteuse,
stock de l'armée, murmurent les mauvaises langues !
Les soirées joyeuses avec le cousin Mohsen ould El Hadj, dans une
certaine maison de la Socogim-ksar, dont nous tairons le nom des propriétaires,
ont-elles une relation avec son enfance perturbée de l'autre côté du fleuve
Sénégal, la rupture prématuré de ses études en quatrième année du collège, dans
des conditions demeurées obscures ?
Et son arrivée à Nouakchott, quand et pourquoi a-t-elle au lieu ? Parce
que ses parents voulaient l'éloigner des mauvaises compagnies ? Et son stage de
dactylographie au Ministère des Finances où il travaille quelques temps, qui
l'a décroché pour lui ? Et ses études militaires à Meknès au Maroc ? Est-il
vrai qu'il ne détenait pas le baccalauréat exigé et a été inscrit sur une
intervention et l'engagement de suivre des cours à l'Université ? Est-il vrai
qu'il ne l'a jamais respecté ?
Pour toutes ces raisons, il ne trouvera comme spécialité militaire
possible que la mécanique auto, moyenne catégorie. Ainsi, peut s'expliquer son
intérêt ultérieur pour le transport en général, dont le même article affirme
qu'il est l'un des grands promoteurs en Mauritanie !
Début des années 1980, la carrière sur le terrain du futur
Général n'a pas dépassé 17 mois dans la région de Sélibaby, quand il se
retrouve parmi les des collaborateurs très proches du Président Ould Taya.
Pendant près de vingt ans, il était son homme de confiance, avant d'être son
tombeur. Il fera la même chose avec Ould Cheikh Abdallahi.
Son caractère
Sur le plan humain, l'homme est un taciturne nerveux, un peu triste,
pessimiste, désabusé de la nature humaine, ultra réservé et colérique. Il ne
surveille pas toujours son langage, ce qui l'amène souvent à commettre de
graves impairs : "si ould Waghef mange du riz avarié, nous le
libérerons" ; "c'est l'armée qui a amené l'ancien président au
pouvoir" ; "vous applaudissez pour le fauteuil", "ankoum
adlouhoum alla kwars" ("et ne m'embauchez pas que des négro-africains"
! sur le ton de la mise en garde, bien sur, en parlant des 5.000 emplois que la
construction de la route Dar Naim-Tenouich va créer).
Sa proximité avec Ould Taya lui a appris le mépris des politiciens et
des notables, qu'il a vus se déshonorer pour des miettes de la main du Prince.
Le Général déteste en réalité la plupart de ses applaudisseurs actuels mais il
s'en sert.
Sa connaissance de la Mauritanie ancienne, de sa stratification
sociale, de ses structures de solidarité, de la cohésion de ses différentes
composantes, de sa géographie, s'avère limitée. Au cours d'une visite dans un
centre professionnel, dont le directeur lui expliquait la vocation à former aux
métiers professionnels, il a déploré le surnombre de l'effectif négro-africain
et donné ordre de prendre, au moins 50% de "blancs" ! Racisme
primaire ou volonté de généraliser le travail manuel et d'encourager le
nivellement par le bas ? Le fameux concept de "Mauritanie profonde"
inventé, sous la dictée des idéologues populistes qui le conseillent, découle-t-il
de là ? Les promotions bizarres et népotistes (nous reviendrons dans un autre
papier sur ses frères, parents et ceux de son épouse qu'il a nommés à des
postes importants, le partage des positions entre les députés et les sénateurs
de la fronde... tout un programme !!! ), constitueraient-elles une preuve
suffisante de cette ignorance ?
Le Général n'a pas conscience des évolutions et des crises qui ont
secoué le monde ces derniers temps ; son mépris au moins affiché envers la
communauté internationale amplifie les risques graves que son refus de rendre
le pouvoir au Président légal font peser sur le pays et lui-même.
Voici en résumées quelques une des "qualités" de l'homme, que
les applaudisseurs professionnels et hypocrites au service de tous les
régimes nous présentent aujourd'hui pour "sauveur" et veulent
nous donner demain pour président élu !
Et ce n'est qu'une infime partie de l'histoire de l'homme. Il y a une
suite...
Le 15/01/2009
Abdelkader Ould Dehmass
Source : www.taqadoumy.com
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