Y a-t-il
eu morts d'hommes à Tourine, ou ne s'agit-il que d'un montage destiné à
détourner l'attention de l'opinion nationale et internationale hors du champ
de vision de la scène institutionnelle à Nouakchott ? Ce qui est sûr, c'est
que l'attaque de Tourine est encore entourée de beaucoup de zones d'ombre qui
lassent les observateurs sur leur faim.
Trois
jours après l'attaque de Tourine, l'opinion entière, aucun communiqué
officiel n'a encore été rendu public faisant état de ce qui s'est produit sur
cette partie de notre pays. Pour l'heure, l'unique réaction à ce que l'on
appelle " l'agression de Tourine, est confinée dans une dépêche de l'AMI
publiée lundi. Le texte est ainsi libellé : " l'AMI L'Agence
Mauritanienne d'Information a appris qu'une patrouille de nos forces armées a
fait face hier, dimanche 14 septembre dans la zone de Tourine dans la wilaya
du Tiris Zemmour, à une attaque d'un groupe terroriste menée par des éléments
du GSPC actuellement lié à "El Qaida" dans le Maghreb arabe. Ce
groupe comptait mener une attaque de grande envergure dans tout le nord du
pays. Nous allons vous fournir les détails de cette opération dès leur
réception des parties concernées ". Depuis, c'est le silence radio. Le
même jour, le chef de l'Etat et chef de la junte au pouvoir, Mohamed Ould
Abdel Aziz, s'est rendu à l'état major où il a conduit une réunion de crise à
laquelle ont assisté l'ensemble des officiers supérieurs de l'armée
nationale. Le lendemain, des renforts ont été envoyés sur le lieu de
l'attaque. En fin d'après-midi de lundi dernier, les agresseurs seraient
repérés par un avion militaire. Celui-ci les perdra de vue après le coucher
de soleil.
Mardi,
les renforts de l'armée nationale arrivèrent sur place. De sources
généralement bien informées, ils n'auraient trouvé ni de restes de voitures
calcinées, ni de reste de soldats morts, ni de traces de combat. Situation
invraisemblable ! Que s'est-il donc réellement passé ? Y a-t-il réellement
eu une attaque contre nos soldats ? Que gagneraient les agresseurs en
effaçant toutes les traces de combat ? S'agit-il d'une attaque terroriste
dont l'authenticité et les mobiles maqueraient quand même de spontanéité ?
Pourquoi, Al Qaeda, branche du Maghreb ne se prononce pas encore malgré
sa promptitude à revendiquer les actes de violence dans la sous-région ?
Nombreux sont les éléments qui entretiennent le flou autour de cette
opération dont certains ne s'empêchent pas de parier qu'il pourrait s'agir d'un
enlèvement de soldats qui serviraient d'otages ; les rebelles Touareg et les
groupes salafistes opèrent ainsi, dans le Grand Sahara et exigent toujours
une contrepartie de la libération des militaires ou civils entre leurs mains
Les
Mauritaniens et les observateurs internationaux sont perplexes d'autant que,
selon des sources informées, le commandant de l'unité donné pour mort, aurait
appelé sa famille à Nouadhibou pour lui dire qu'il se portait bien. Aussi,
les observateurs notent que cette opération présumée du Tourine est
intervenue 48 heures après le transfert des détenus salafistes de l'Etat
major de l'armée où ils étaient, semble-t-il, traités avec beaucoup d'égards.
Aujourd'hui, des rumeurs persistantes font état d'une supposée opération de
montage portant sur l'enlèvement des soldats mauritaniens par un groupe qui
serait à la solde de certaines forces politiques locales qui utiliseraient le
nom du GSPC dans le cadre d'une transaction pouvant conduire à la libération
des détenus islamistes impliqués dans les attentats d'Aleg et de l'ambassade
d'Israël, du meurtre des touristes à Aleg et de la fusillade au centre
émetteur de Nouakchott, en échange des soldats. Le but de cette opération est
clair, il s'agirait de couvrir certaines manipulations de ces actes
terroristes…