A.H.M.E.
ARTICLE 158 :
Le
choix entre le Coup d’Etat militaire
Le 06 août 2008, le général Mohamed Ould Abdel Aziz a pris le pouvoir en Mauritanie par la force. Il détrônait ainsi celui qui venait de le limoger de son poste de chef de la sécurité présidentielle. Face à cette situation, il
convient d’attirer l’attention sur un fait nouveau en Mauritanie : Il
Avant la pénétration coloniale, les Hassan étaient les maîtres incontestés de l’espace mauritanien. La France avait mis fin à leur suprématie : En effet, celle-ci a vaincu l’émirat du Trarza en 1902 et en 1909, celui de l’Adrar, le dernier à résister. Les Hassan, hier et
aujourd’hui, se croient toujours supérieurs aux Zwaya (Marabouts De 1960 à 2005, le pouvoir a toujours été entre les mains des Zwaya. En 2003, les officiers de la tribu Oulad Näcir (Hassan) ont mené un coup d’état militaire qui a fortement affaibli l’ancien régime de Ould Taya. Ce dernier fut sauvé de justesse. Qui étaient ses sauveurs ? C’étaient le colonel ould Abdel Aziz (général depuis) et le colonel Ely ould Mohamed Vall, deux cousins, issus de la tribu Oulad Bisbäa (Hassan). Ce sauvetage militaire et politique a montré aux sauveurs la fragilité de Ould Taya, issu de la tribu Smassid (Zwaya). Une interprétation, fondée sur la tradition maure, inciterait à penser que ce sont deux Hassan (Guerriers ) qui ont sauvé un Zawi (Marabout d’origine berbère). L’ordre social maure fait que ce sont les Hassan qui doivent protéger les Zwaya. Depuis, au moins le XIVe siècle, les Hassan ont imposé leur suprématie militaire sur les Berbères et les Noirs dans l’ensemble territorial mauritanien. Les rapports de force issus de cette domination ont donné le monopole du domaine militaire et politique aux Hassan. Quand les armes s’expriment, les Zwaya (marabouts d’origine berbère) disparaissent et apparaissent alors les Hassan avec leur bravoure et orgueil. En 1975, lors de la guerre Sahara Occidental, les Guerriers, les Négro-mauritaniens et les Haratine sont allés au front. Les militaires berbères ont trouvé de multiples alibis pour ne pas combattre. La bravoure et l’orgueil
sont les moteurs du Hassani (Guerrier). Tout ce que fait un Hassani, un autre
le fera. Les Hassan rivalisent de bravoure et d’orgueil. Ils appartiennent à
La Mauritanie vit aujourd’hui une phase de son histoire où les Hassan sont en train de reconquérir le pouvoir. La tentative de prise du pouvoir en 2003 a conduit au coup d’Etat de 2005 dont les principaux acteurs sont Mohamed Ould Abdel Aziz et Ely Ould Mohamed Vall (Hassan ). Ely Ould Mohamed Vall a dirigé le
CMJD (Comité Militaire pour la
Justice et la
Démocratie ) et a assuré la transition 2005/2007. Il a occupé
le fauteuil présidentiel. Dans la logique de rivalité qui caractérise les
Hassan, Mohamed Ould Abdel Aziz, son cousin, devrait Si cette ère Hassan
parvenait à s’installer, cela conduirait à une rotation au pouvoir politique de
toutes les tribus Hassan (Oulad Bisbäa, Oulad Näcir, Oulad Daoud, Oulad
M’bareck, Oulad Demane, Oulad Ahmed Mëndemane, Oulad Ghaylane,…) Car aucune
tribu hassan Le fait que les officiers et notamment Ould Abdel Aziz aient soutenu Sidi ould Cheikh Abdallahi n’était pas un hasard. Celui-ci est le Mari de Khattou mint El Boukhari, cousine de Ould Abdel Aziz et Ould Mohamed Vall. Ces derniers croyaient le tenir pour deux raisons : ils l’ont aidé à accéder au pouvoir et pensé que son épouse, leur cousine, les aiderait à le manœuvrer. La suite est connue. Le retour des Hassan au
pouvoir, dans le cadre d’une logique féodale, fait courir à la Mauritanie des risques
d’instabilité, du règne de la force, de l’extorsion, de la perpétuation de
Mohamed Ould Bouamatou,
homme d’affaires influent, Hassan des Oulad Bisbäa et cousin de Ould Abdel Aziz
et de Ould Mohamed Vall, a traité Saghïr
Ould M’Bareck, ancien Premier ministre sous l’ère de Ould Taya, d’esclave et de
sanglier (Ärr). Ely Ould Mohamed Vall a
nié Une analyse de la situation politique en Mauritanie qui ne tiendrait pas compte des enjeux tribaux et ethniques ne pourrait être que faussée. Les rivalités et solidarités tribales, les rivalités ethniques (Arabes/Berbères, Maures/Négro-mauritaniens, etc.) sont des éléments opérationnels sur le champ politique mauritanien. Par rapport à l’esclavage,
le bilan de Sidi ould Cheikh Abdalahi est très mince. La Loi Au cours d’une année entière 2007/2008, 43 esclaves ont été libérés par les ONG, à savoir SOS-Esclaves, AFCF et la CNDH. A raison de 43 esclaves libérés par an, en cent ans, il y aura 4 300 esclaves libérés. A ce rythme, l’esclavage se pérennise. C’est pourquoi la démocratie en Mauritanie est une démocratie raciste et esclavagiste. Les Haratine sont doublement victimes. Victimes en tant que Noirs du racisme d’Etat et du racisme des populations maures. Victimes aussi de leur statut d’esclave qui les met au service des Maures. Que faire ? « De deux maux, il faut choisir le moindre » (Socrate ). Sous l’ère de Sidi Ould Cheikh Abdalahi, la démocratie n’était pas effective en Mauritanie parce qu’elle excluait plus de 50% de la population, c’est à dire la quasi totalité des Haratine, des Castés des deux communautés maure et négro-mauritanienne. Elle était et reste au bénéfice des Féodaux et leurs acolytes maures, noirs et haratine. Cette brèche démocratique
aurait, cependant, pu permettre aux acteurs des droits de La lutte pour l’émancipation
des esclaves est parsemée d’embûches parce que les victimes de l’esclavage ne
sont pas aidées. Les partis politiques, à deux
ou trois exceptions, ne
La plupart des ONG négro-mauritaniennes refusent d’épauler la lutte haratine. Elles estiment que les militants des droits de l’Homme haratine dénoncent plus l’esclavage négro-mauritanien que l’esclavage maure. Les ONG maures, exception faite de l’AFCF, adressent le même reproche aux Haratine. Elles se plaignent du fait que l’esclavage maure est plus mis en avant et dénoncé que l’esclavage négro-mauritanien. Ces deux attitudes relèvent d’une mauvaise foi. Les Maures tiennent à préserver leur domination et ne s’intéressent qu’à l’arabité, la question palestinienne, etc. Les Négro-mauritaniens sont plus préoccupés par la question des réfugiés, de leur identité, de leurs terres, etc. Dans ces conditions, les Haratine et les Castés doivent faire face à leur responsabilité et lutter pour leur libération. Mohamed Yahya Ould CIRE
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