AGZAZIR ET EHEL CHAUMAD A quand la
guerre du sel ?
Des représentants de la communauté Agzazir ont
tenu une conférence de presse, le dimanche 16 juin
2008, dans les locaux du forum national de défense de droit de
l’homme à Nouakchott (FONADH). La communauté qui
exploite
la
Saline d’Idjil dans la commune de
FDERIK, attachée à Zouerate, refuserait désormais
de donner une partie de leur production à Ehel Chaumad.
« L’Etat essaye de nous imposer une taxe
non légale qui va dans les poches d’une autre tribu. Cette dernière
a une seule faveur : c’est le fait d’avoir une part de la
production de travailleurs de notre communauté alors que Ehel
Chaumad n’ont aucun droit de percevoir le revenu des pauvres gens. Nous
sommes prêts à nous acquitter de notre droit a condition que l’argent versé
revienne dans les caisses de l’Etat, a martelé l’un de ces
représentants. D’ailleurs nous payons à l’Etat son dû depuis des
années et des années », a-t-il ajouté.
« L’histoire remonte à plusieurs siècles lorsqu’il y
avait une sorte d’entraide implicite entre Agzazir et oulad
Choumad. Les Agzazir donnaient à un chef religieux d’Ehel
Choumad une part annuel de leurs productions. Cette part est de 30 Barres
de sel. Ehel Charmad ont continué à recevoir cette quantité
depuis la mort de l’ancien dignitaire. Durant la colonisation, les
administrateurs français ont réglementé le pacte qui consistait à payer
une taxe et une part de la production du sel a la tribu Ehel Charmad .
Cette part était estimée à l’époque à ½
francs. Après la colonisation, la répartition du fruit de la production
est comme suit : une tonne qui vaut actuellement 50
mille ouguiyas : 23 est donné aux producteurs
Agzazir , le restant qui est de 27 mille est partagé
entre le gérant- 12000, l’Etat –3000 mille (redevance communales) et
la tribu Ehl Charmad – 12000 mille. Toutefois, nous contestons
l’exploitation d’Ehel Charmad qui réclame chaque fois que
l’augmentation du prix de sel ait lieu une nouvelle part. Et cela en fonction
de la monté de la valeur de cette denrées », a déclaré Moustapha Jab
porte parole de la communauté Agzazir.
L’affaire a pris une nouvelle tournure lorsque les cousins
de Ehl Charmad ont voulu avoir, eux aussi, leur part du gâteau. Ces
cousins ont fait recourir au tribunal qui les a donnés le droit d’avoir
une partie de la production d’Idjil. L’affaire a remonté jusqu’à la cour
suprême qui a rendu son verdict le 08/12/08. Celui-ci donne
Ehl Mouhamed Lamine et Ehle Cheikh Abidine ould Echidou
Ibrahim ould Idy le plein droit d’être parmi les bénéficiaires du revenu
de l’exploitation d’Idjil.
Il est à préciser que le contentieux était
entre les plaignants Ehel Sidi Ahmed Ould Sidaty et les
accusés Ehl Laha Mouhamed Lamine et Ehle Cheikh
Abidine ould Taki Ould Echidou Ibrahim ould
Idy. Ehel Sidi Ahmed accuse ces derniers de falsifier des papiers pour
profiter de l’exploitation du sel. Soulignons que la production annuelle du sel
d’Idjil avoisine l’année passée selon les estimations de producteurs 500 mille
tonnes.
Cependant, « ce problème en plus de sa dimension
juridique est lourde des tribunaux qui ont abordé cette
affaire dans son aspect partage des recettes, nous constatons
que ces juges qui ont statué à tous les niveau (
jusqu’aux Chambre Réunies de
la Cour
Suprême) et ont passé totalement
et irrémédiablement sous silence des questions essentielles comme : la
nature de l’exploitation de la saline en question ? Les juges
ont ignoré toutes ces considérations fondamentales. En conséquence, l’exécution
de ces jugements constitue une énorme surprise et un choc immense pour
les vrais ayant-droit sur la saline et ceux qui ont payé les prix
physique et sanitaire de l’extraction des barres de sel. Il est
clair que ces gens de labeur sont les victimes les mieux
indiquées de jugement rendus dans le cadre de litiges entre des parties,
toutes étrangères à la saine depuis siècles. En effet, ces
gens n’ont pas de relation avec la saline depuis des
siècles. En outre, ces gens n’ont de relation avec la saline
qu’un préjugé de supériorité Jahélite sur des êtres humains
comme eux ou une prétention de propriété traditionnelle qui n’est
pas fondée par aucun document authentique ou travaille sur le terrain. Ainsi ,
la relation avérée entre les prétendus suzerains Ehl Choumad, Ehl Laha et
autres d’une part et la communauté des Agzazir est une relation de maître
à esclave ou de suzerains à serfs et c’est partant de ce principe que les
suzerains ont fait valoir leurs droits sur la saline qu’exploitent leurs
possédés ou serfs ». Explique le communiqué de
presse lu devant la presse par Birame Ould Dah Ould Abeid. Le chargé de mission
de SOS-esclaves a dénoncé cet état de fait qu’il qualifie d’ « esclavocratie
habillée en démocratie ».
Compte rendu M-F Barrada Source : La Tribune
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