Pendant la campagne présidentielle, Sidi Ould
Cheikh Abdallahi s’était engagé à lutter contre
l’esclavage, une pratique
aux contours mal définis - le nombre d’esclaves est inconnu - mais bien réelle
en Mauritanie. La promesse a été tenue : l’esclavage a été criminalisé
par une loi votée à
l’unanimité par l’Assemblée nationale le 8 août 2007.
Une ordonnance de 1981 l’avait déjà aboli, mais elle n’allait pas jusqu’à en
faire un crime, et l’un de ses articles disposait que le maître renonçant à
l’esclavage devait être dédommagé pour la perte de son esclave. Une situation
jugée scandaleuse par les associations des droits de l’homme et, en premier
lieu, par Boubacar Ould Messaoud, président de SOS Esclaves.
Contrairement à ses prédécesseurs, qui préféraient nier la persistance du
phénomène, Sidi Ould Cheikh Abdallahi a reçu les militants rapidement
après son investiture. D’après la loi, les auteurs
d’actes esclavagistes
encourent désormais cinq à dix ans de prison ferme ainsi qu’une amende allant
de 500 000 à 1 million d’ouguiyas (1 500 à 3 000 euros). Depuis sa promulgation
le 3 septembre dernier, une vingtaine de plaintes ont été déposées devant la
justice.
Mais,
bien souvent, la lenteur des procédures laisse le temps aux « propriétaires
» de dissuader les plaignants. « Les esclaves peuvent être réticents par
peur de l’inconnu », explique Boubacar Ould Messaoud. Une campagne
de sensibilisation a été menée par les autorités.
Si le président de SOS Esclaves ne la juge pas satisfaisante, il
reconnaît, après plusieurs décennies de lutte, qu’« une porte a été ouverte
et qu’on ne pourra pas la refermer ».
MAURITANIE - 25 mai 2008 - par M.M.