L’esclavage a été aboli en Mauritanie depuis 26 ans. Nous dit-on.
Mais rien n’a semble t-il changé. C’est pour cela que le nouveau
gouvernement, qui a remplacé la junte militaire dirigée par Ould Vall, a
décidé de soumettre un projet de loi à son Parlement pour la
« criminalisation » de l’esclavage. Les radios étrangères
notamment ont ouvert leurs micros aux auditeurs qui, tous, semblent douter
de la faisabilité du projet. Pour différentes raisons.
Pour
certains, l’esclavage n’est pas seulement le fait de « maures
blancs », mais aussi de Soninkés et de haal pular. Mais il y a aussi
le fait que les esclaves actuels, « ne veulent pas être libérés »
parce qu’ils n’auraient ni maisons, ni terres. Et qu’il faudrait donc des
mesures d’accompagnement. La honte pour l’Afrique, c’est qu’il puisse
encore exister ces choses-là : des hommes qui soumettent à leurs
milles volontés d’autres hommes. Que des hommes soient sans droits, sans
logis, sans terres et dépendent exclusivement d’autres hommes : leurs
Maîtres. Et que les chefs d’Etat et de gouvernements de ces pays-là,
puissent s’asseoir à la même table que d’autres qui prétendent respecter
les droits de l’Homme.
En
ce qui concerne la
Mauritanie où ces vestiges d’un autre temps existent encore,
c’est un « pays ami » du Sénégal (et d’autres pays), mais
justement voila une raison supplémentaire de lui dire la vérité : nous
ne pouvons tolérer qu’à nos frontières, ces rites d’un autre âge perdurent
et qu’on accueille en grandes pompes ses dirigeants et qu’on «
zappe », au nom de la raison d’Etat et de certains intérêts les
droits de l’homme et des peuples.
Le
ridicule, c’est qu’il y a une semaine, nos chefs d’Etat discutaient de
projets aussi sérieux qu’un gouvernement continental et des Etats-Unis
d’Afrique ! Comment aurait-on pu former un gouvernement commun avec
des Etats qui regardent se perpétuer des choses aussi indignes que
l’Esclavage que nous reprochons pourtant, gorge déployée à l’Occident.
La France en particulier.
Commençons par balayer devant nos portes pour être crédibles quand nous
formulons des revendications ou des critiques vis-à-vis des autres.
Les
nouvelles autorités de la
Mauritanie, si elles ne veulent pas rater cette mission
de « salubrité civique et citoyenne », doivent, non
seulement faire adopter ce projet de loi, mais aussi prévoir des mesures
d’accompagnement pour atténuer les hésitations des esclaves à quitter leurs
Maîtres, et les mesures de rétorsion de ces derniers.
« African
Global News » et son hebdo, « La Sentinelle »,
organes résolument panafricains et africanistes, souhaitent la réussite de
ce projet. Pour qu’enfin, dans aucun de nos pays, que des hommes oppriment
d’autres hommes. Nous appuyons également la décision de rapatrier les
réfugiés mauritaniens qui, depuis dix-huit ans, vivent au Sénégal et au
Mali. Les enfants qui sont nés dans ce pays sont aussi majeurs et auraient
pu participer au choix de l’actuel président mauritanien, s’ils avaient été
en Mauritanie.
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Cette chronique n’est pas quotidienne mais selon les besoins de l’actualité
continentale.