Le discours esclavagiste
du Chef de l’Etat, Maouya Ould Sid Ahmed Taya
Dans la ville de son ami et
homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou de la tribu Oulad Bissbâa , entouré de Dah Ould Abdel
Jelil de la tribu Idaouali et de N’Diaye Kane, l’un des
deux seuls gouverneurs négro-mauritanien que compte
le pays, Ould Taya disait ceci à propos des Haratine et, ceci ,dans un hassania très approximatif.
Comme tous les Mauritaniens le savent, il parle très mal
sa propre langue maternelle : « Des personnes
qui pas plus qu’hier travaillaient pour nous et nous versaient de l’eau sur les mains (soit
pour laver les mains des maîtres d’esclaves ou pour leurs ablutions) s’absentent pour trois
jours ( faisant référence au temps minimale requis pour s’initier
à la prêche) reviennent avec des barbichettes
et commencent à faire des Fatwa .
Ces paroles obscènes visent directement les Haratine qui comme,
chacun le sait et compte tenu des difficultés de la vie en Mauritanie,
se tournent vers la religion musulmane qui leur était
interdite dans le passé par les maîtres. Ces
derniers refusaient de transmettre le savoir relatif
au Coran et la Charia aux haratine, ceci pour éviter
qu’ils ne prennent conscience de leurs conditions de servitude.
Ce refus du savoir aux Haratine est l’une
des raisons de la perpétuation de l’esclavage en Mauritanie.
Le gouvernement mauritanien n’a rien
changé à l’enseignement traditionnel qui demeure entre les mains des tribus maraboutiques, celles
qui détiennent la majorité des esclaves maures. Quant à l’enseignement moderne, il
n’était pas obligatoire jusqu’à une date récente, c’est
à dire le 13 juin 2001. Mais, depuis cette date,
rien n’a changé dans les Adouaba ( villages haratine), bcampements et quartiers ou ville habités
par les Haratine. Il n’y a pas de nouvelles créations d’écoles
suite à cette loi qui ne concerne
d’ailleurs que l’enseignement primaire. Comme toujours, le gouvernement mauritanien
élabore des textes qu’il ne met pas en application. C’est le cas de l’ordonnance
81-234 du 9 novembre 1981 portant abolition de l’esclavage. A ce jour aucun textes d’application n’a
été édicté. Pourtant, le régime de Maouya considère que l’esclavage est aboli parce qu’un texte
a été pris par un régime précédent qu’il a, lui-même, écarté
du pouvoir. Cette déclaration n’est pas en contradiction avec ses convictions
profondes car, en 1997, il a nié l’existence de l’esclavage en Mauritanie
« Le président Ould Taya a déclaré en 1997 que ceux qui
évoquent la question de l’esclavage ne
cherchaient qu’à ternir l’image du pays ; il s’agissait selon
lui de personnes appartenant à un groupe précédemment
impliquées dans une tentative de coup d’Etat. De telles déclarations témoignent de l’attitude
de déni qui prévaut au plus haut niveau de l’Etat et qui permet à la fois de masquer la situation
réelle et de protéger ceux qui tirent profit de l’esclavage-
alors que ceux qui dénoncent cette pratique
et les atteintes aux droits humains qui en découlent sont sanctionnés. »
Les craintes du Président Maouya font qu’il tente de salir l’éveil
de la conscience haratine en l’assimilant à un islamisme pour
se rapprocher de thèmes porteurs auprès de l’Occident et
particulièrement les Etats unis d’Amérique.
Des faits récents témoignent de sa volonté de se
rapprocher des Etats Unis d’Amérique pour
trouver un protecteur sur la scène internationale . D’ailleurs
il a essuyé un échec dans sa demande
de visite au USA qui a été refusée. L’intérêt politique du chef de l’Etat n’est sûrement pas dans
la prise de conscience des Haratine mais dans le fait qu’ils demeueurent dans
l’obscurantisme et l’asservissement. La réaction de la rue haratine, suite aux déclarations
de Maouya a été telles que ses propos n’ont été diffusés à la radio et
à la télévision mauritaniennes contrairement à ce qui passe
d’habitude. Dans son élan racial et esclavagiste
Maouya a tenu les propos suivants : « Le problème n’est
pas de créer l’emploi, car l’emploi informel
(mécaniciens soudeurs tapissiers etc. ) existe, mais
il est occupé par des étrangers et vous ( les
Maures) vous êtes gênés de le faire. » En plus du recours aux fausses accusations islamistes, il désigne
un « ennemi extérieur », ici symbolisé par l’étranger pour détourner
l’attention de l’opinion publique de ses propres difficultés
et l’enlisement politique et économique de
son régime. Une
visite de l’histoire nous permet de comprendre l’attitude de
Maouya. Les Smassid, sa propre tribu, avaient demandé en 1909 au colonel
Gouraud de pouvoir garder leurs esclaves. Cette demande fut satisfaite par l’administration coloniale.
« On trouve dans les archives coloniales le récit d’une
rencontre en janvier 1909 entre la tribu
Smassid établie à Atar et le colonel Gouraud, de
l’armée française, à qui les Smassid expliquent
l’importance pour eux de posséder des moutons, des ânes et de la main d’œuvre. » Dans une lettre ultérieure, le lieutenant gouverneur répond
positivement à la requête des Smassid. « Les Smassid d’Atar, lorsqu’ils
se sont présentés au colonel Gouraud en janvier 1909, ont bien spécifié que leur fortune ne se composait
que de moutons, d’ânes et des produits du sol, et que sans leur main d’œuvre, leur principale
ressource, leur récoltes disparaîtraient. Il est bien entendu
que leurs serviteurs resteront. » L’une des raisons du coup d’Etat du
12/12/1984 qui a déposé Mohamed Khouna Ould Haïdallah est bien de mettre fin à l’abolition de
l’esclavage entamé par le régime de celui-ci. Les deux textes élaborés par l’ancien
régime, à savoir l’ordonnance 81-234 du 09 novembre
1981 portant abolition de l’esclavage
et l’ordonnance 83 127 du 05 juin 1983 portant réorganisation
foncière et domaniale n’ont pas été mis
en application par le régime de Maouya. Lors des élections municipales, au niveau des régions, de 1986,
la liste conduite par Ethmane Ould Yali en vue de briguer la Mairie
de la ville de Nuakchoott a connu toutes les difficultés. Ethmane,
lui-même, a été convoqué à plusieurs reprises
à la police pur y subir des intimidations. Au sujet de cette candidature voilà ce qu’adit le
chef de l’Etat. « Le premier maire de la capitale mauritanienne
à l’issue des premières élections municipales
organisées sous mon régime ne peut pas être un hartani. » Les cartes des électeurs de la liste
conduite par Ethmane Ould Yali ont été jetées à la mer pour
être repêchées par les pêcheurs,
au lendemain des élections, au bord des côtes
de Nouakchott. En Mauritanie, il n y a pas d’institut
de sondage. Le seul élément qui permet de déterminer la
popularité d’une liste est le nombre de
drapeaux à la couleur de celle-ci, hissé sur les toits
des maisons. Par ce critère, on pouvait constater
que cette liste avait du succès à Nouakchott. On
a empêché délibéremment une liste composée
de 36 personnes dont 12 haratine, 12 négro-mauritaniens, 12 Maures de gagner
des élections par esprit esclavagiste. On
peut comprendre à partir des déclarations de Maouya et
de ses comportements politiques à l’égard des haratine, les raisons qui
le poussent à ne pas appliquer les textes relatifs à l'esclavage
visant l’émancipation de cette communauté
servile.
Le 09 06 2005
Ould Ciré et Imigine Ould
M'Bareck
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