L’affaire d’un couple de
Mauritaniens accusés de pratiques esclavagistes sur une enfant de 10 ans et
interpellés le 23 avril à Nouakchott a été classée sans suite par la justice,
a appris l’AFP dimanche (25 avril) de source judiciaire. "Le substitut
(du procureur) qui a mené son enquête (...) a conclu à une affaire de famille
et a relâché le couple, classant l’affaire sans suite", a affirmé cette
source.
La décision a suscité
"l’indignation" de l’ONG Sos-Esclaves qui avait porté plainte et
qui y a vu "un mépris total pour les droits des esclaves" a déclaré
Birame Ould Abeid, haut responsable de l’organisation. "La lutte
pacifique contre l’esclavage n’a plus aucun sens", a-t-il ajouté,
appelant ses partisans à "manifester devant les symboles qui en
incarnent la pérennisation comme les mosquées, les palais de justice et
autres centres de décisions". Le couple, l’enfant et sa mère avaient été
présentés jeudi devant le procureur de Nouakchott qui les avait renvoyés à la
police jusqu’au dimanche pour examen de leur cas. Le père incriminé a nié les
faits, assurant que "des liens familiaux" s’étaient tissés entre sa
famille et celle de la fillette. SOS Esclaves dénonce au contraire une
"volonté de l’administration de banaliser l’affaire". L’ONG assure
ainsi que "contrairement aux prétentions de ses maîtres, la fillette ne
sait ni lire ni écrire". Longtemps couvert d’une chape de silence,
l’esclavage a officiellement été aboli en Mauritanie en 1981. Un texte est en
vigueur depuis 2008, mais il n’a jamais connu d’application stricte, affirme
M. Ould Abeid. Les associations de défense des droits de l’Homme évoquent
pour leur part une législation imprécise et qui prévoient des peines
insuffisantes.(Afp)
Source : Tahalil hebdo
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