Mauritanie / Agression et tentative d’enlèvement
d’un défenseur
Paris, France, 7 avril 2009 — L’Observatoire pour la
protection des défenseurs des droits de l’Homme, un programme conjoint de la
Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de
l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dénonce l’agression
physique et la tentative d’enlèvement par les forces de police de M. Boubacar
Messaoud, président de SOS-Esclaves.
Selon les informations reçues, le 2 avril 2009, à l’occasion de la marche
organisée par la Coordination des forces démocratiques (CFD), qui regroupe
des partis politiques de l’opposition et des organisations de la société
civiles, dont des organisations de défense des droits de l’Homme, pour
dénoncer le putsch du 6 août 2008, M. Boubacar Messaoud, président de
l’association SOS-Esclaves et membre de la Commission nationale des droits de
l’Homme, a été attaqué sur les ordres du commissaire Ould Nejib par des
éléments du commissariat du Palais de justice de Nouakchott, venus en renfort
des forces de police anti-émeutes.
M. Messaoud, bien connu des forces de police du Palais de justice, aurait été
visé à dessein et agressé par trois ou quatre policiers qui l’ont mis à
genoux et l’ont assommé à l’aide d’un coup de matraque sur la nuque. Alors
que M. Messaoud s’était évanoui, les policiers ont continué à le rouer de
coup, l’ont traîné à terre puis ont tenté de le jeter dans le coffre arrière
d’une voiture banalisée. Heureusement, deux passantes ont reconnu M.
Messaoud, se sont jetées sur les policiers et ont crié le nom de M. Messaoud
pour ameuter les passants.
M. Messaoud a dû se rendre à l’hôpital le lendemain pour passer un scanner.
Plusieurs autres personnes, en majorité des opposants politiques, ont
également été battues par la police lors de la marche du 2 avril 2009.
L’Observatoire dénonce ces violences et cette tentative d’enlèvement à
l’encontre de M. Messaoud. L’Observatoire craint que ces menaces ne visent
uniquement à sanctionner ses activités de défense des droits de l’Homme, en
particulier ses récentes prises de positions en faveur du respect des
libertés fondamentales, dans un contexte de crise institutionnelle en
Mauritanie.
L’Observatoire exhorte la junte mauritanienne à cesser tout acte de
répression envers l’ensemble des défenseurs des droits de l’Homme, se
conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de
l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre
1998, et, plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration
universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux
relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Mauritanie.
Le 07/04/09
African Press Organization (APO)
FIDH
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