George Nicolo, grand savant français : originaire de
Guadeloupe
Georges NICOLO
23 juin 1923-7 avril 1993
Un
grand Savant de la Guadeloupe
Georges NICOLO
Docteur de l’Université de Paris
Et s’il est un homme de science que la Guadeloupe ne devrait pas oublier et
lui rendre les honneurs,
et la reconnaissance qu’il mérite, c’est bien Monsieur Georges NICOLO.
Né à Gosier en 1923, des études secondaires au lycée Carnot, à
Pointe-à-Pitre, puis en France où il sort diplômé des études supérieures en
1953, il se spécialisera dans la physique et la chimie nucléaire.
ll est l’inventeur du bloc multicanal qui permet la réception de plusieurs
émissions sur un même poste récepteur de télévision, à la Compagnie
Française Thomson Houston.
En 1956, Il rentrera au Commissariat à l’Energie Atomique où la possibilité
lui est offerte pour
s’occuper des problèmes de contrôle des réacteurs, et deviendra l’un des
co-inventeurs du “procédé et dispositif de contrôle de réactivité en régime
sous-critique des piles atomiques”. Ingénieur, inventeur, ancien élève du
C.N.A.M, docteur ès sciences de l’Université de Paris (Science Physique
Nucléaire), obtenant la distinction de l’homme international de l’année
1992 par l’International Biographical Center en Angleterre, il est
regrettable de constater qu’en dépit du parcours exceptionnel de ce grand
savant natif de la Guadeloupe, aucun établissement, scolaire ou public,
aucune rue, aucune stèle, ne porte aujourd’hui le nom de Georges NICOLO.
Article paru dans Ka infos 2001 en Guadeloupe
Lorsqu'Aimé Césaire écrivait dès la fin des années 30, dans son Cahier d'un
retour au pays natal: “ Eia pour ceux qui n'ont jamais rien inventé ",
on aurait pu penser que la science, le “savoir”, qui se veut être avant
tout universelle, ayant pour but de servir l'espèce humaine pour un monde
et un avenir meilleur, appartenait à une certaine spécificité de sur-homme.
Il n'en est rien. Il conviendrait plutôt de dire que " tout homme
placé dans les mêmes conditions et développant les mêmes besoins est
capable de la même création…”.
Dans plusieurs livres et documentaires pourtant, on essaie rigoureusement
de nous faire croire, que la science serait dénuée de toutes sortes de
préjugés raciaux ou de sentiment de supériorité et que l'oubli volontaire
de grandes figures négro-africaines dans la recherche scientifique
(physique, nucléaire, biologique…) et parfois même en qualité d'inventeurs,
ne serait que pur hasard ou à défaut d'informations plausibles.
Quoiqu'il en soit, réparons cette injustice et s'il est un homme de science
que la Guadeloupe ne devrait pas oublier et lui rendre les honneurs, et la
reconnaissance qu'il mérite pour la plupart de ses travaux, c'est bien
Monsieur Georges NICOLO.
Du bloc multicanal pour la télévision au procédé de contrôle des réacteurs
au Centre de l'Energie atomique.
Né à Gosier en 1923, de modestes parents agriculteurs, Georges NICOLO fait
d'abord ses études secondaires au lycée Carnot, à Pointe-à-Pitre. A partir
de 1947, en France, il partage son temps entre deux activités, celle de
rédacteur-calculateur et étudiant le soir à l'E.C.E, (l'Ecole Centrale
d'Electronique) d'où il sort diplômé des études supérieures en 1953.
Puis, tout en se spécialisant dans la physique et la chimie nucléaire, il
est sollicité par l'un de ses professeurs, M. . Duchesne, au C.N.A.M
(Conser-vatoire National des Arts et Métiers) pour entreprendre des travaux
de laboratoires sur la télévision à la Compagnie Française Thomson Houston.
En toute logique, il participe aux études et à la réalisation de nombreux
projets, en particulier à celui du bloc multicanal. La paternité de ce
procédé qui par analogie avec la radio domestique, permet la réception de
plusieurs émissions sur un même poste récepteur, lui revient de droit et a
fait l'objet d'un brevet.
Dès 1956, il quitte la Thomson pour
rentrer au commissariat à l'Energie atomique.
La possibilité lui est offerte pour s'occuper des problèmes de contrôle des
réacteurs, par des méthodes s'assurant de la protection des vies humaines,
végétales, etc...
Ce grand savant guadeloupéen est aussi l'inventeur du “ procédé et
dispositif de contrôle de réactivité en régime sous-critique des piles
atomiques ”, brevet exploité pour le compte du Centre d'Energie Atomique.
En 1958, Georges NICOLO rentre à nouveau en Faculté pour préparer une thèse
de Doctorat patronnée par Maurice de Broglie, prix Nobel de Physique
Nucléaire, et décide de rédiger un ouvrage scientifique :
“ L'Electronique dans les appareils de contrôle nucléaire ”.
Le 14 Mai 1962, confiant et déterminé, il soutient avec brio sa thèse
intitulée “ la pompe à diodes, son implication au comptage de particules
nucléaires et à la détection des excursions rapides de puissance
neutronique des piles atomiques ”. Elle lui vaut les vives félicitations du
jury, la “Mention Très honorable”, la plus haute récompense décernée à un
candidat par la Faculté.
Le tome I de “l'Electronique dans les appareils de contrôle nucléaire ”
sorti en 1963 et préfacé par l'éminent professeur R.Guillien, est un
ouvrage impressionnant. Par son caractère technique, il constitue également
une mine de renseignements comme le relate la presse scientifique de
l'Epoque. Il est retenu pour représenter la pensée française à l'étranger.
Karukera, je ne t'oublie pas…
En première page de cet ouvrage, on peut lire “ à Gosier, à Karukera ”
dédicace personnelle à sa ville natale.
Répondant à une question sur les louanges de la presse à propos de son
livre et de la raison de cette dédicace, Georges NICOLO précise :
“Cet ouvrage est écrit dans le but d'essayer de donner une impulsion à tous
ceux qui peuvent mieux faire, et Dieu seul sait s'il en existe, mais qui,
soit par vanité scientifique, soit par paresse, hésitent à publier des
renseignements nécessaires à la formation technique des autres. Quant à “
Gosier ”, à “ Karukera ”, cela a une signification claire.
L'on dit: “Chacun est du climat de son intelligence”. J'ajouterai qu'une
région (ou un pays) est du climat de ses potentiels économique et intellectuel
et que son rayonnement réside uniquement dans la manière de l'utilisation
de ce dernier.
A l'inverse, de ceux qui, utilisant à mauvais escient leur connaissance,
confondent l'intérêt général avec l'intérêt particulier, j'ai voulu rendre
hommage tout particulièrement d'abord à ma ville natale, Gosier, puis à la
Guadeloupe, afin de donner à cette dernière un écho différent de celui qui
actuellement retentit partout et dont je souhaiterais être un modeste
exemple d'uti lisation saine et salutaire des connaissances acquises
".
Pour conclure, il ajoute : “Du point de vue personnel et au sujet des
départements d'outre-mer trop éloignés de la Métropole, hélas ! une prise
de conscience plus aiguë de chacun paraît une nécessité si l'on souhaite
marcher dans le sens du progrès. Il me semble aussi intéressant de faire
ressortir que le développement d'une région (ou d'un pays) est basé sur son
équilibre économique et que la qualité d'une population (ou d'un peuple)
réside dans son potentiel intellectuel et dans les méthodes d'utilisation
de celui-ci.
En conséquence, je conseillerais à la race noire et en particulier à celle
d'expression française, tant africaine qu'antillaise dont je fais partie et
j'en suis fier, de multiplier ses efforts afin de trouver les méthodes qui
permettent d'avoir le maximum de connaissances orientées vers la science.
Cette science qui, après avoir patiemment élucidé les secrets de la nature,
après s'être assuré son concours, son alliance, est parvenue à la maîtriser
jusqu'à transgresser son fonctionnement normal et qui, attaquant ses
secrets, atteignant sa constitution elle-même, libère ses énergies cachées
et les utilise au profit de la charité, afin d'être omniprésente dans tout
ce qui vise l'intérêt général et collectif.
C'est la seule voie qui, alliée à l'union, à une saine intelligence,
conduise au chemin de la paix dans le progrès.
En ce qui concerne, l'énergie nucléaire, elle se présente comme étant une
source prometteuse, pouvant apporter le bien-être, dans la paix, à chacun
d'entre nous; les sources d'énergie actuelles étant déjà insuffisantes pour
répondre aux besoins de l'humanité”.
Citons également que Georges NICOLO est à l'initiative d'une démarche pour
que soit célébré, dans le cadre des cérémonies nationales consacrées à la
libération de la France Euro-péenne, le centenaire de la naissance et le
quarantenaire de la mort du Gouverneur Général Félix Eboué.
Il est regrettable de constater qu'en dépit du parcours exceptionnel de ce
grand savant natif de la Guadeloupe, qu'aucun établissement, scolaire ou
public, aucune rue, aucune stèle, ne porte aujourd'hui le nom de Georges
NICOLO.
Merci à Madame M.T NICOLO.
Pour les documents "originaux" et les photos.
Extrait de la revue guadeloupéenne N°48 - 3ème Trimestre 1962 page 53
Bingo N°139 Août 1964 (Maurice Decraene)
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