L'ONG espagnole Medicos del Mundo a dénoncé lundi à
Nouadhibou (Mauritanie) le fait que des militaires marocains aient de nouveau
"abandonné", en septembre, des groupes de migrants africains
dans une zone de désert minée, entre Sahara occidental et Mauritanie.
"Un migrant y est mort en marchant sur une mine, en septembre, mais son
cadavre n'a pas été retrouvé", a déclaré Beatriz Relinque,
coordinatrice de l'ONG en Mauritanie, interrogée par une journaliste de l'AFP.
"Les militaires marocains emmènent les migrants maliens et sénégalais,
qui sont les plus nombreux, à Dakhla (ville du Sahara occidental, sous contrôle
marocain), pour qu'ils soient rapatriés en avion. Mais ils abandonnent les
migrants d'autres nationalités, en plus petit nombre, dans cette zone
désertique minée", a-t-elle expliqué.
"Ils leur donnent une bouteille d'eau, une boîte de
sardines et du pain et les laissent en leur disant: +marchez vers la Mauritanie+",
a-t-elle relaté.
Selon l'ONG, "ces migrants ne peuvent pas rentrer au Maroc qui les a
expulsés ni rentrer en Mauritanie parce qu'ils ont détruit leurs papiers avant
de monter dans les pirogues. Ils essaient alors de passer en Mauritanie la
nuit, à travers la zone minée".
"Entre le 7 et le 20 septembre, nous avons été avertis que des migrants
se trouvaient dans ce no man's land surnommé +Kandahar+ et nous y avons
découvert plusieurs groupes d'Africains qui étaient initialement partis de
Nouadhibou en pirogues et s'étaient échoués sur la côte marocaine",
a-t-elle expliqué.
"Nous y avons assisté au total 48 personnes de nationalité ghanéenne,
burkinabè, soudanaise, somalienne ou congolaise", a indiqué la même
source.
L'ONG appelle l'Espagne et l'Union européenne à faire pression sur le Maroc
pour que des migrants ne soient plus refoulés vers cette portion de désert.
En 2006, Medicos del Mundo avait déjà dénoncé le refoulement d'une cinquantaine
de migrants dans cette zone où son équipe avait trouvé le cadavre d'un migrant
et deux autres personnes très gravement déshydratées.
Des membres de l'ONG basée à Nouadhibou se rendent sur place lorsque des
chauffeurs ou des guides les avertissent par téléphone que des migrants y ont
besoin d'assistance.
La zone est surnommée "Kandahar" d'après la ville afghane
"en raison des mines qui y ont été posées lors d'un bref conflit entre la Mauritanie et le Front
Polisario", a rappelé Amnesty International dans un récent rapport
consacré aux "arrestations et expulsions collectives de migrants
interdits d'Europe".
"Plusieurs migrants rencontrés par Amnesty à Nouadhibou ont signalé
qu'ils avaient été expulsés du Maroc vers cette zone désertique de cinq
kilomètres de long", indiquait-elle dans son rapport publié en
juillet.
AFP, le 13/10/2008
Source : Romandie News
(Suisse)
Tiré de www.cridem.org