Le Mot d’ouverture de Biram Ould Dah Ould Abeid
Malgré le tapage médiatique et les déclarations
intéressées, le dossier de l’esclavage et de ses séquelles, comme celui des
déportés et du passif humanitaire sont en bute à des blocages sur le terrain.
Ces blocages sont la résultante de la mauvaise volonté des autorités et la détermination
des groupes dominants à maintenir et préserver des privilèges basées sur la
discrimination, l’exclusion et l’impunité.
Les crimes et délits d’esclavage qu’égrènent la presse au quotidien sont
ignorés, dénaturés et classés dans les oubliettes par les autorités
administratives, judiciaires et sécuritaires sous le patronage des plus hautes
autorités de l’Etat mauritanien.
Le retour des déportés se passe dans des conditions
déplorables comme le déni de fait du droit à la propriété foncière notamment.
En effet l’état ne fait rien pour remettre en cause l’expropriation des terres
des noirs de la vallée et des harratines et Abids du Chemama.
Il est donc indubitable que les dignitaires civils et militaires qui ont acquis
l’influence et la richesse dans un climat de gabegie et d’injustices
institutionnalisées depuis des décennies ont pu faire main basse sur la seule
source de revenue des gens de la vallée qu’est la terre cultivable.
Et il est aussi regrettable que le système judiciaire et administratif a
légitimé par ses pratiques discriminatoires et de classe l’emprise des
féodalités tribales, féodales et théocratiques qui imposent un régime
d’exploitation et de servage moyenâgeux aux couches serviles vivant et
travaillant sur les terres cultivables depuis la nuit des temps.
Ainsi, nous nous insurgeons contre deux faits essentiels parmi d’autres : Le
premier étant le lancement et le financement d’une campagne agricole de
laquelle sont exclus d’office les vrais cultivateurs que sont les Harratines et
les noirs par leur exclusion de fait de la propriété domaniale et foncière et
du crédit agricole au profit de l’agroBusiness et de la féodalité de
l’éthno-classe arabo-berbère.
Nous dénonçons la déviation systématique des programmes radiodiffusés et télévisés
de l’esprit de la campagne de dénonciation de l’esclavage vers une campagne de
négationnisme et du confortement du système idéologique et anachronique
esclavagiste.
Nous appelons tous les mouvements, les hommes et les femmes épris de justice et
d’égalité et de liberté à redoubler de vigilance et à d’avantage de
mobilisation.
Nouakchott Riad, le 07 Juin 2008
Info
source : www.cridem.org