Haby
Mint Rabbah et ses deux enfants habitants d’Eychaya, une petite localité
aux environs de Mederdra
(Trarza) ont été
libérés de l’esclavage par Birame
Ould Dah de SOS
Esclaves et Aminetou
Min El Moctar, présidente de l’AFCF, mandatés par la
commission nationale des droits de l’Homme. (CNDH). Haby et ses deux enfants sont
arrivés à Nouakchott
lundi 17 mars.
Il y a un peu plus d’un mois, le frère de Haby Mint Rabbah, Bilal, a saisi SOS Esclaves pour signaler le cas de sa sœur. SOS Esclave a posé le cas au
niveau e la CNDH. Une
mission de la
Commission
s’est rendue sur les lieux au Trarza. Haby qui «aurait été suborné », affirme : « je ne pars pas. Je ne suis pas une esclave. Je
suis libre.»
La semaine dernière, Birane Ould dah Ould Abeid et Aminetou Mint el Moctar, avec
des journalistes de la chaîne Arte
se rendent au Trarza
pour visiter les localité de Sawab,
Echaya et R’kiz. A Mederdra, les deux envoyés de la CNDH,
ont rencontré le hakem et le commandant de brigade de la gendarmerie.
Le second, selon eux, a multiplié les obstructions.
Ils auraient, toujours selon eux, reçu deux moutons de la parts des maîtres
de Haby Mint Rabbah.
Le commandant de brigade et les deux militants des droits de l’Homme embarquent
dans la voiture du préfet. Direction : Echaya. Une fois sur les lieux, le gendarme leur
demande de venir écouter Haby.
Aminetou Min El Moctar
répond : « Nous ne sommes pas venu
l’écouter. Nous somme venu la libérer et nous allons l’amener.»
Une fois vaincues les réticences du gendarme, Aminetou se retrouve avec Haby.
Cette dernière selon Aminetou,
aurait dit : « Je suis contente
d’être libre mais j’ai des chèvres ici que je dois récupérer. Ensuite, je
ne veux pas laisser cette vieille femme (la soeur de son maître) seule.
Elle est très âgé et elle est pauvre.» Finalement Haby a quitté Echaya avec ses deux enfants
mais sans sa vieille maîtresse et ses chèvres.
Au domicile de Birane
Ould dah au PK 11
de Nouakchott,
nous avons rencontré Haby
et ses deux enfants. Le premier, Yessar
Ould Taleb, a six ans. A part sa tête et ses bras, tout le
reste de son corps est presque paralysé. Il ne peut ni s’asseoir ni se
tenir debout. Il ne parle pas et observe ceux qui tournent autour de lui
d’un regard vide. « J’ai essayé de le
soigner mais il a une maladie de naissance incurable. » Dit Haby. Le second enfant a une
année et quelques mois.
Haby a affirmé n’avoir
jamais été battue par ses maîtres. A la question quel age avez-vous, elle
répond : « Je suis de l’année de
l’ouguiya.» Ca correspond à 1973. Haby a dit n’avoir jamais eu de
papiers d’état civil. Quand on lui a demandé son mari. Elle a dit que c’est
un certain Taleb qui
vit à Kiffa. A la
question : Taleb Ould quoi
? Elle a répondu : « J ne sais pas.
» Autrement dit, elle ne connaît pas le nom de famille de son mari.
Haby n’a pas d’age. Elle n’a jamais eu d’acte de
naissance. Veux-tu retourner à Echaya
? Elle a répondu : « Oui,
je veux bien. Ma vie est là-bas. Mon tout est là-bas. La vielle (la soeur
de son maître) est comme ma mère.»
Haby a été libérée. On lui
a ôté les chaînes des pieds. Les chaînes qu’elle porte dans la tête, elles,
sont ancrée, ossifiée et invisible. Ce sont les plus difficiles à enlever.
Si Haby n’est pas
suivie, soutenue, elle ne tardera pas à rechausser ses chaînes. Comme la
majorité des esclaves, elle n’a pas conscience de la tragédie qu’elle vit.
Libérer un esclave, c’est lui faire prendre conscience de sa liberté et
l’aider à l’assumer. Que fera Haby
sans ses chèvres et sa vielle amies ? Comme Hanne, une autre esclave libéré
avec ses deux enfants par SOS
Esclaves, elle sera peut être logée dans une maison louée à
Nouakchott par l’AFCF.
La sensibilisation sur la loi incriminant les
pratiques esclavagistes et les mesures d’accompagnement de cette loi sont
importantes. Libérer les esclave et les amener à Nouakchott, loin de leur leurs
maîtres, pour leur louer des maison, c’est bien. Mais, le changement des
mentalités, surviendra quand cette libération se fera su l’espace de
domination et d’exploitation. Quand l’ex esclave et l’ex maître se
retrouveront au puits du village pour chercher de l’eau chacun pour
lui-même.
Birame Ould Dah Ould Abeid de SOS Esclave a vivement condamné
les réticences des autorités face aux cas d’esclavage. Il a demandé qu’il
leur soit appliqué les sanctions prévues par la loi.
Pour Ould
Abeid, il faut aussi « assainir les mentalités sociales qui
subliment l’esclavage et l’érige en système de valeur. Le militant de SOS Esclaves s’en est
énergiquement pris à la
Radio Mauritanie qu’il a accusé de ne pas donner la parole aux abolitionnistes.
Birame Ould dah ould Abeid a
enfin plaidé pour un affranchissement économique des esclaves. «A quand la mise en place de l’agence chargé de
la prise en charge des victimes de pratique esclavagistes ?
S’est interrogé Ould Abeid.
LE
23/03/2008
Khalilou
Diagana
Source: Nouakchott-Info
Tiré de www.cridem.org