A.H.M.E.
TEMOIGNAGE 6:
L'état, l'esclavage et la démocratie : septembre 2004) :
L’Etat, l’esclavage et la démocratie en Mauritanie :
Comment l’Etat punit les esclaves qui refusent de voter pour le parti au pouvoir ?
L’observatoire mauritanien des droits de l’homme a appris de sources sûres que des événements graves de torture collective se sont produits à la fin du mois de Mai dernier. Les victimes en étaient les habitants tous des haratine, ex-affranchis de Lheseye Sidi, localité dépendante du Centre administratif Leweïci, près de Barkéol, dans l’Est de la Mauritanie. Les quelques 2000 villageois cumulent et avec leur statut castal d’anciens asservis celui d’avoir tort de s’être ouvertement refusés de soutenir le candidat Ould Taya lors des présidentielles du 8 novembre 2003.
Pour infliger une punition collective, les sbires du régime en place semblaient n’attendre qu’un prétexte. L’opportunité leur fit offerte par un différend qui a éclaté il y a une quinzaine de jours, entre les habitants de la dite localité et la préfecture au sujet d’une installation hydraulique. Le Gouverneur Giddou Ould Minni et le préfet Mohamed Abdallah Ould Bittah, ont dépêché une centaine de soldats se défouler sur les villageois. Ils ont passé à la matraque et sous les rangers tous les hommes adultes du village et exposé au soleil brûlant, trois jours durant, plusieurs blessés. Comble de malheur, le climat de terreur ainsi créé a occasionné plusieurs fausses couches chez les Sœurs en désarroi. Les soldats ont ensuite rebroussé chemin alors que plusieurs victimes gravement blessées jonchaient encore par terre.
Les frais du séjour infernal avait aussi était à la charge des villageois dont plusieurs bovins ont servi de nourriture à leurs tortionnaires. Les soldats ont exigé d’ailleurs en prime une somme de 250 000 UM ( monnaie locale) avant de quitter le village.
Nous, à l’Observatoire mauritanien des droits de l’homme : - Condamnons avec la dernière énergie cette atteinte abjecte à l’intégrité physique des villageois de Lheseye Sidi. - Exigeons qu’une enquête soit immédiatement ouverte et que des sanctions exemplaires soient pratiquées à l’encontre des tortionnaires. - Affirmons que la mentalité esclavagiste des officiels du pouvoir en est pour beaucoup dans la barbarie de cette punition collective, et rappelons que l’éradication réelle de l’esclavage et l’instauration de l’égalité citoyenne sont des préalables indispensables pour assurer la paix civile dans notre pays. - Appelons les organisations nationales, régionales et internationales de défense des droits humains (comme la FIDH et Amnesty international) à réagir contre les pratiques odieuses du régime mauritanien.
Signé le 8 juin 2004 Observatoire mauritanien des droits de l’homme. (Voir Afrique Education 159-160 du 1 au 31 juillet 2004)
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