La Mauritanie est le plus grand
marché d’esclaves au monde.Certes, il n’y a plus de marchés où les esclaves
sont vendus. Mais les maisons, les tentes, les mosquées, les boutiques, les
magasins, les mahadras, les restaurants, les caravanes,l’administration
publique,les entreprises privées, ect… sont tous des lieux où se pratiquent
toutes les formes d’esclavage
(travail, vente,dons,legs,héritages,locations…). C’est la spécificité
mauritanienne.
Mohamed Yahya Ould Ciré
Militaire libéré, mère de disparus en mer, mari de
servante…mardi premier janvier, le siège de l’association mauritanienne
des femmes chefs de familles (AFCF) s’est transformé en centre
d’écoute. Des citoyens « victimes de l’injustice » y ont
clamé leurs détresses et ont appelé à
l’aide. Une réalité digne des
Bas-fonds de maxime Gorki. Témoignages
►Cheikhna Ould Yoube : Le mari de la servante
Je m’appelle Cheikhna Ould Yoube. Je
suis né en 1974 à Addel Begrou. Je me suis
installé à Guerrou en 1988. J’ai été
employé comme berger. Je travaillais aussi dans un jardin. Je gagnais ma
vie correctement. J’ai payé une charrette qui me procurait des revenus
supplémentaires. En 1990, j’ai rencontré Kheitina Mint
Boita, une servante. Nous nous sommes mariés. Les maîtres
de ma femme avait un boeuf.
Un jour, j’ai lancé un bâton sur le boeuf qui mangeait mon foin. Il
s’est légèrement blessé. Les maîtres de ma femme m’ont demandé de payer.
Une réunion s’est tenue. L’indemnisation a été estimée entre sept et huit
mille ouguiyas. Les propriétaires ont demandé vingt mille ouguiyas. Je me
suis acquitté de cette somme (20 000) devant le cadi.
A partir de ce jour, j’ai décidé de déménager avec ma femme. Un
monsieur m’a donné
l’autorisation d’occuper sa maison pendant une année
sans aucune contrepartie. J’ai aménagé la maison.
Quand je suis venu prendre ma femme, ses maîtres se sont interposés. Il
y a eu une bagarre et nous sommes retrouvés à la police. De la police, nous
sommes allés chez le Cadi. Les maîtres ont dit que Kheitine,
avant moi, s’était mariée trois fois et qu’aucun de ses ex maris
n’avait
réussi à la faire déménager et qu’elle ne bougera pas.
Le cadi a tranché en ma faveur. Je suis allé avec des policiers pour
prendre Kheitina mais ses maîtres ont refusé. Pendant la journée je ne peux
pas la voir. Parfois, on se voit en cachette la nuit. Ma femme et mes trois
enfants sont toujours séquestrés. Je demande l’aide de l’AFCF et
de toutes les bonnes volontés. »
►Khadijettou Mint maoloud : J’ai été
expropriée et battue
Khadijettou Mint Maouloud est née en 1945. Elle vient
de la wilaya de l’Assaba. Elle accuse un sénateur d’avoir
exproprié une parcelle de terre qu’elle a héritée de son père. Cette
parcelle se trouve Seyitt Lehbch, vers la localité de Soudou,
à trente KM de Kiffa.
Khadijettou Mint maouloud dit détenir des papiers
attestant sa propriété. Khadijettou dit aussi avoir été
battue à coups de hache et de gourdin avec sa sœur par des hommes envoyés
par le Sénateur. Les plaintes déposées, selon elle, n’on eu aucune suite et
les auteurs n’ont pas été arrêtés. Au bord des larmes, Khadejettou
a dit « nous demandons une enquête pour savoir pourquoi nous avons
été expropriées, battues et blessées. »
►Khweidmalla Mint M’barreck : Je veux savoir
où est mon fils
Khweidmalla Mint M’barreck hésite sur son age. Elle
présente à l’assistance une carte
d’identité jaune. Visiblement, elle a une
cinquantaine d’année. Khweidmalla est la mère de
Ivoukou.
« A l’age de sept ans, mon fils Ivoukou
travaillait avec El Khadi ould Tveikhamer
et Biyah Ould Tveikhamer dans un village
en Assaba aux environs de barkéol.
Un jour Biyah est venu le prendre pour
qu’il aille garder les chamelles vers le Tiris Zemmour. Ils sont allés un
lundi. Le jeudi, par téléphone, on m’annonce que Ivoukou
s’est noyé en mer. Son frère Haiballa est
allé le chercher. A Nouadhibou, la
gendarmerie confirme à Haiballa la noyade.
Ça fait trois mois que nous tournons en rond pour connaître la vérité. L’Etat
ne veut pas faire la lumière sur cette affaire. Depuis un mois, nous
cherchons en vain à rencontrer le ministre de la justice. Nous voulons
savoir la vérité sur la disparition de notre fils.»
►Cheikh Ould Billal : « Mon
frère a laissé une veuve qui allaite »
Le 15 novembre 2007, six hommes originaires de Kankossa Néma
et barkéol embarquent dans une pirogue de pêche artisanale
à Nouadhibou. Ils ne son pas revenus. Raison de la
disparition en mer : La pirogue aurait été percutée par un bateau
russe. La gendarmerie aurait fait un dossier précisant l’heure et la zone
de l’avarie. Cheik Ould Bilal, né en 1972 à
Sélibaby a un frère et deux cousins parmi le six disparus en mer.
Il a témoigné : « Je suis allé à Nouadhibou.
J’ai rencontré les autorités locales et la gendarmerie. Je n’ai reçu aucune
réponse. Nous avons fait un dossier que nous avons déposé au tribunal. Il
n’y a eu aucune suite. Mon frère était marié. Il a laissé quatre enfants et
une veuve qui allaite. L’un de mes cousins aussi a laissé une veuve et un
enfant. Nous demandons une enquête, la saisie du bateau russe pour que ces
orphelins et ces veuves aient leurs droits. »
►Ex soldat 2eme classe : Laghdaf Ould
Mahmoud : « J’ai été victime d’un règlement de compte »
En août 2007, Laghdaf Ould Mahmoud, soldat 2eme clase en
service à Foum Gleita est libéré de l’armée. Motif :
Indiscipline. Il conteste la décision et parle de règlement de compte. Laghdaf
affirme que sa libération est intervenue au moment où il
était n consultation à l’hôpital militaire. « A
Foum Gleita, un Colonel après m’avoir accusé de vol, a
voulu me punir. Etant innocent, j’ai refusé de subir la punition. C’est
l’unique raison de ma libération. » A dit Laghdaf.
Après 18 ans de service, Laghdaf qui se considère toujours
comme soldat, est interdit d’accès à l’Etat major.
►Dah Ould zayed : Il erre avec une femme et
huit enfants
Dah, Ould zayed, 38 ans travaillait comme gardien à El
Mina dans un chantier de magasin. Il y est resté jusqu’à la fin
des constructions. Il a continué à surveiller les lieux pour les différents
occupants des magasins. Il habitait avec sa femme et ses sept enfants. Dah
gagnait entre 20 et 25 000 Ouguiyas. Au début du mois de décembre, il
dit avoir été licencié. Avec sa femme et ses sept enfants, il erre. Des
comme Dah qui évoluent en marge du code du travail, il en
existe des milliers en Mauritanie
A la fin des témoignages, la présidente de l’AFCF, Aminetou
mint Moctar, face aux réticences de l’Administration et de la
justice dans la prise en charge de ces cas, a demandé la rédaction pétition
qui sera adressée au président de la République.
Khalilou Diagana
04 janvier 2008
source : Nouakchott
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